mercredi, février 28, 2007

jeudi 1er mars

Françoise s’est lancée dans une entreprise de transfert de cds d’accordéon vers son baladeur MP3. Elle se concocte des sélections très personnelles, avec une préférence très marquée pour Richard Galliano, Marc Perrone et Gotan Project. Ses choix sont bien déterminés, mais les dosages se font au trébuchet. Tous les Galliano sont sur son bureau ; elle hésite entre des sélections plutôt disparates, voire aléatoires, des sélections fondées sur diverses interprétations d’un même titre, des sélections suivant tel ou tel style. Chaque hésitation est l’occasion de nouvelles écoutes, de nouvelles découvertes ou de redécouvertes, bref occasion d’échanges et de nouveaux plaisirs.

Parmi les disques de Galliano, le dernier, « Solo », produit et distribué par Dreyfus Jazz. Sur la page de présentation, je relis le paragraphe écrit par Patrice Trapier. Il cite Richard Galliano : « une valse, si on creuse, c’est toujours un retour vers l’Afrique ». Cette phrase m’intrigue, car je n’en saisis pas clairement le sens. Mais j’en retiens cette idée que la valse peut être animée par un souffle africain et du coup je comprends mieux certaines interprétations de Richard Galliano, qu’il s’agisse de valse ou autre.

A la suite de cette phrase, énigmatique et éclairante à la fois, je relis ce passage, que j’ai déjà cité et un peu commenté : « Avec l’âge, l’exigence ne fait que croître. Le trac est bien plus fort qu’auparavant. C’est la conscience d’enjeux musicaux plus affirmés, la tension qui permet, dès les premières notes, de faire disparaître toute trace de lassitude ». J’avais noté à quel point je comprenais bien ce propos et je le trouvais très juste. Il me semble en effet bien rendre compte du mouvement qui fait avancer Richard Galliano. Le moteur de ce mouvement, c’est le trac. Quand on a atteint en effet un tel degré de perfection, on ne peut se reposer sur ses lauriers. Tout au contraire, chaque nouveau concert correspond à une nouvelle mise en jeu de cette perfection. La difficulté est moins d’atteindre le sommet que de s’y maintenir ou, plus exactement, de le vaincre à chaque nouvelle tentative. Bien plus, comment, de concert en concert, garder la capacité de se renouveler en improvisant. Comment continuer à s’étonner, car je crois que Richard Galliano nous étonne dans la mesure même où il trouve chaque fois les ressources pour s’étonner. C’est Albert Camus, je crois, qui écrivait qu’il faut imaginer Sisyphe heureux. J’imagine Richard Galliano heureux. Chaque nouveau concert est certes une épreuve, mais cette épreuve à surmonter est la seule façon de sortir du trac généré par le concert précédent. Et cette épreuve, c’est un vrai bonheur.

Au bas du texte de présentation, quelques lignes manuscrites (Paris, le 23 novembre 2006) « j’ai traversé la vie avec mon accordéon dans les bras, c’est pourquoi jouer en solo est une chose naturelle pour moi comme parler, rêver, voyager, penser, pleurer, rire et aimer. Mon accordéon fait partie de mon corps. Je respire et expire à travers lui », Richard Galliano. Où l’on voit à quel point ce qui est perçu et vécu comme "une chose naturelle" est en fait aussi et d’abord un comportement culturel, l’expression immédiate d’un certain rapport au monde. Peut-être l’expression d’une certaine conception nomade de la vie où les attaches se confondent avec des rencontres.

mardi, février 27, 2007

mercredi 28 février

Après un voyage en « Solo » avec Richard Galliano, je reprends le fil de mon projet : me faire de jour en jour mon choix de « Trentels ».

Aujourd’hui, je retiens, cinq titres de manière absolument subjective, parce que je trouve entre eux des correspondances que je serais bien en peine d’expliciter. Ce n’est pas un fil rouge qui les relie, mais plutôt un jeu d’associations, comme des évidences.

- Karin Küstner, « Schattensprünge » de Heiner Frauendorf. Un exercice de style. L’accordéon de concert tel qu’il s’écrit. Un monde plutôt froid. Un jeu d’ombre quasi mathématique, en tout cas très conceptuel.
- René Sopa, « Mister Richard » in « Sandunga ». Un accordéon jazzy comme une démarche chaloupée le long d’une plage déserte, tétanisée sous un soleil aveuglant. On cligne des yeux pour mieux écouter. Ici, l’ombre elle-même est brulante.
- Motion Trio, acoustic accordions, « Game VI » in « Live in Vienna ». On est dèjà dans l’univers de “Play Station”. L’enfant improbable d’accordéons de concert polonais et du Pink Floyd. Quand on a les bases, on peut tout se permettre.
- Trio PSP, « A la Guardia Nueva » d’Anibal Troilo in « Las siluetas portenas ». Quelque chose de ciselé comme un objet artisanal tellement achevé qu’on ne peut s’empêcher de le considérer comme une œuvre d’art.
- René Lacaille, « La Bou Dan Fon » in « Mapou ». Lacaille et ses multiples talents : chant, accordéon Odyssée, guitare acoustique, etc… et la famille Lacaille avec Aldo Guinart aux saxophones. Un autre accordéon chaloupé, une autre plage déserte, un même soleil accablant. On ferme les yeux pour mieux voir le paysage imaginaire de « La Bou Dan Fon ». On ne peut pas ne pas bouger. De larges palmes rêvent dans le vent sucré.

Je ne sais ce qu’il en sera réellement à Trentels et, bien sûr, j’en attends des surprises, mais pour l’instant, ma petite sélection me plait bien et plus encore les écoutes que je fais pour faire mon choix.

lundi, février 26, 2007

mardi 27 février

Hier, lundi, 12h00 précises. Après avoir reconstitué les réserves alimentaires à l’hypermarché et avoir chargé la voiture, nous nous donnons un peu de temps pour aller voir, du côté des disques, à l’espace culturel, si par hasard il n’y aurait pas quelque nouveauté intéressante. Nous n’y croyons guère, c’est pourquoi notre surprise est grande quand Françoise voit, en tête de gondole, le disque de Richard Galliano, « Solo », annoncé pour le première semaine de mars. Couverture sobre : Galliano, yeux clos, visage tendu, et son accordéon, de profil, en plan serré. « Richard » en lettres blanches, « Galliano » en lettres jaunes, « Solo » en lettres blanches manuscrites. Le fond est sombre ; on peut dire noir.

Vérification faite, il s’agit bien de l’enregistrement public réalisé au Museo Emilio Greco, le 31 décembre 1998, lors du festival Umbria Jazz Winter, c’est-à-dire de l’album intitulé « Solo », qui est l’une des trois pièces de l’ensemble édité sous le nom « concerts inédits ». C’est un disque Dreyfus Jazz.

L’album dure une cinquantaine de minutes. Richard Galliano enchaine neuf morceaux, en prenant seulement le temps de dire « merci » à la fin de chacun d’entre eux et d’annoncer le titre suivant. Parfois, il ajoute un bref commentaire.

L’intérêt d’un tel concert en solo, c’est que l’on va à l’essentiel et qu’une certaine tension, installée d’emblée, ne faiblit à aucun moment.

Tout en l’écoutant maintenant pour la troisième fois, j’ai plaisir à en recopier les titres :

- Dum, Dum, Dum (Eddy Louiss)
- Ballade pour Marion (Richard Galliano)
- French Touch (Richard Galliano)
- Billie (Richard Galliano)
- Bébé (Hermeto Pascoal)
- Il Cammino (Aldo Romano)
- Des Voiliers (Claude Nougaro / Richard Galliano)
- Taraf (Richard Galliano)
- Les Forains (Henri Sauguet)

En présentation, Patrice Trapier écrit ceci à propos de Richard Galliano : « Avec l’âge, l’exigence ne fait que croître. Le trac est bien plus fort qu’auparavant. C’est la conscience d’enjeux musicaux plus affirmés, la tension qui permet, dès les premières notes, de faire disparaître toute trace de lassitude ». Je comprends bien ce propos et je le trouve très juste. J’imagine bien en effet que la perfection à laquelle est arrivé Richard Galliano génère en lui un trac de plus en plus intense, trac à la mesure des enjeux qu’il engage à chaque concert, trac dont il ne peut se libérer qu’en jouant avant d’être tout de suite après repris par le trac du concert à venir… Et ainsi de suite, pour notre plus grand plaisir.

dimanche, février 25, 2007

lundi 26 février

… autre « Trentels ». Je vais finir par me faire "mon" festival...

- Karin Küstner, « Prélude, fugue et variation op. 18 n° 3 des six pièces pour orgue » de César Franck. L’accordéon est peut-être le piano du pauvre, c’est ici un orgue portatif. A écouter dans une église.
- René Sopa et Dino Mehrstein, à la guitare, « Pomme Cannelle » in « Crazy Rythm ». Quelque chose comme du jazz manouche.
- Motion Trio, « Tranceaccordion » in « Play Station ». Des masses sonores qui se déplacent à peine les unes par rapport aux autres ; un monde d’échos qui se croisent, s’entrecroisent, se décroisent sans jamais perdre le fil qui se dévoile au fur et à mesure.
- Trio PSP, « Toda mi Vida » d’Anibal Troilo in « La siluetas portenas ». Classique.
- René Lacaille, « Banm kalou banm », Danyel Waro, chant, in « Patanpo ». Où il est question d’esclavage, d’hier et d’aujourd’hui, et où l’on se rend compte qu’il y a dans cet album plus de profondeur qu’on aurait pu le croire. La jovialité cache parfois des cicatrices profondes…

dimanche 25 février

Dans la continuité d’hier, j’ai décidé aujourd’hui encore, de nous faire un « Trentels ». Sans être excessivement content de moi, je trouve que c’est une bonne idée. En tout cas, c’est l’occasion pour la réaliser de réécouter attentivement Karin Küstner, René Sopa, Motion Trio, le Trio PSP et René Lacaille et, du coup, de faire des rencontres plus ou moins inattendues. J’ai décidé de m’en tenir à un seul morceau pour chaque interprète et ce n’est pas facile, mais j’ai déjà matière pour d’autres « Trentels ».

- Karin Küstner, « Disco Toccata » de Petri Makkonen ; un morceau de toute évidence complexe et à la limite de l’exercice de style.
- René Sopa, « Paris anachronique » in « Nuits parisiennes » ; un morceau étrange, le dernier de l’album, et qui me semble ouvrir la voie vers d’autres inspirations. Quelque chose comme la transition avec un album à venir.
- Motion Trio, « Yellow Trabant » in « Play station ». L’humour polonais, entre Eisenstein et Nino Rota, par trois virtuoses de l’accordéon acoustique. Fellini juste après la chute du mur de Berlin.
- Trio PSP, « Valsecito Amigo » in « Las siluetas portenas ». Je ne sais s’il faudrait parler de retour aux sources, en tout cas il y a bien quelque chose d’originel dans le jeu du trio : café de Buenos Aires, lumière tamisée par la fumée des cigares, velours des banquettes et reflets dorés des sols cirés par les pas des danseurs. Chaque titre est comme un fusain définitif. Un art introverti.
- René Lacaille, « Dalonaz » in « Mapou ». Un art extraverti. Une mélodie qui pourrait durer des heures et qui, en tout cas, continue de résonner dans nos oreilles longtemps après ses dernières notes. Même si l’on est dans un autre univers que dans le disque précédent, on a ici aussi affaire à quelque chose d’originel.

samedi, février 24, 2007

samedi 24 février

Comme chaque jour, je suis allé sur le site du festival de Trentels. La fiche de location pour les différents concerts et stages n’est pas encore opérationnelle, mais ça se présente bien. En attendant, je me fais un « Trentels », c’est-à-dire un choix de morceaux joués par les artistes qui s’y produiront. Si le site tarde à se mettre en place, d’autres « Trentels » suivront. C’est finalement une manière assez bonne de préparer le festival.

Pour aujourd’hui, ce sera :

- Karin Küstner, « Contrabajeando », (Anibal Troilo / Astor Piazzolla)
- René Sopa, « La valse du soleil » in « Sandunga »
- Motion Trio, « Asfalt Tango » in « Pictures from the Street »
- Trio PSP, “Milonga Triste” in “Las Siluetas Portenas”
- René Lacaille, “Domin ki koné” in “Patanpo”

Je garde à portée de main ces disques et quelques autres, comme « Nuits parisiennes » ou « Crazy Rythm » de René Sopa, comme « Live in Vienna » ou « Play Station » du Motion Trio, comme « Mapou » de René Lacaille… De quoi faire encore quelques « Trentels ». Peut-être même que j’y trouverai des correspondances ou des fils rouges…

A suivre…

vendredi, février 23, 2007

vendredi 23 février

Françoise étant partie à Dax pour la journée, je me suis préparé des sandwiches au pâté de campagne et au jambon de Bayonne, des fruits et du café, et j’ai entrepris de suivre la piste brésilienne dans quelques disques de Richard Galliano, à partir de « Salsamba », autrement intitulé « Chet Baker and the bodo brazilian quartet », 1980. Dans cet album, sept titres sont de Rique Pantoja Leite, le pianiste du quartet, le huitième étant signé Marcos Rezende. Je ne sais si je suis plus attentif aujourd’hui, mais j’ai mieux perçu les interventions de Richard Galliano, qui restent cependant fort discrètes à mon goût. Les jalons de cette piste :

- « Christopher’s Bossa » in « Viaggio », 1993
- « Leo, estante num instante » in « Laurita », 1995
- « Sertao » in « New York Tango », 1996
- “Medley : Sertao / Leo…” in “Trio / Concerts inédits”, 1996
- “Chorinho pra ele” et “Leo…” in “Blow Up”, 1997
- “Sanfona “ et “Bébé” in “French Touch”, 1998
- “Bébé” in “Solo / Concerts inédits”, 1998
- « Leo… » in « Duo / Concerts inédits », 1998
- “Berimbau / sermao” et “Beija Flor” in “Face to Face”, 2001
- “Chorinho…” et “Beija Flor” in “Michel Portal / Richard Galliano, Concerts”, 2004
- “Historia de un Amor” in “Ruby, My Dear”, 2005
- “Sertao”, “Sanfona” et “Chorinho…” in “Samba do Aviao / Hamilton de Hollanda”, 2006
- “Sanfona “ et “Sertao” in “Luz Negra”, 2006

Outre le plaisir de l’écoute, qui finit par me faire croire que les vagues de l’autre côté de l’Atlantique vont et viennent mollement au rythme d’une improbable marée, juste au-delà de la haie du jardin, je note quelques fils rouges : « Leo, estante num instante », « Sertao », « Chorinho pra ele », « Sanfona », « Beija Flor »… Comme l’écrivait Boileau, « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage… ». Je suis fasciné par ce travail obstiné et inlassable de reprise pour tirer chaque fois du nouveau et de l’inouï des mêmes thèmes.

jeudi, février 22, 2007

jeudi 22 février







« Les petits » sont partis ce matin à 9 heures, après un petit déjeuner rapide, rejoindre leurs pénates toulousains. Nous étions tous un peu tristes, malgré la perspective de nous retrouver bientôt pour un concert d’Amestoy le 2 mars à Toulouse, puis pour un concert de Barboza le 23 mars à Pau. Nous avons en effet le projet d’aller chercher Charlotte et Camille pour qu’elles assistent au concert de Barboza. Il ne faudra pas oublier les rehausseurs !

Je me rends compte, après leur départ, qu’il est temps de mettre à la poubelle les bouteilles que nous avons bues pendant leur séjour. Un dernier garde-à-vous, le temps de noter les vins qui nous ont plu. Je me rends compte alors que j’ai négligé depuis quelque temps la dimension « bistrot » de ce blog. C’est l’occasion de garder trace des menus « contrôlés » et en partie suggérés par Charlotte et Camille, et des crus éclusés.

Pour m’accompagner dans mon travail d’écriture, j’écoute « Salsamba » ou plus exactement « Chet Baker and the boto brazilian quartet ». J’ai toujours autant de difficultés pour entendre Galliano. Il écrit dans un texte de présentation : «Chet Baker voulait que je lui joue les mélodies ad libitum pour s’entraîner à choruser avant les prises ». Cette phrase m’amuse, car je me dis que la présence de Richard Galliano pour ce disque a consisté essentiellement à entraîner Chet Baker, mais cela n’a pas été enregistré. Dommage !

Parmi les menus de midi, je note :

- rôti de porc aux pruneaux / frites « Manon » / plateau de cinq fromages / glace ou sorbet ou fruits ou fondants au chocolat / café et canard-café / eau fraiche / vin
- lapin à la moutarde / poivrons au four / pâtes fraiches / plateau de cinq fromages / sorbets / dessert de mardi-gras / café et canard-café / eau fraiche / vin
- chichons / magret de canard / petits pois / ananas de la Réunion / café et canard-café / eau fraiche / vin

Parmi ceux du soir…

- soupe de légumes / foie gras / assiette de charcuteries / buffet de crudités / plateau de cinq fromages / fruits et beignets ou fondants au chocolat / café et canard-café / eau fraiche / vin
- saucisses de Toulouse au canard ou jambon blanc / pâtes « Gansettes », fromage râpé / salade verte « feuilles de chênes » / plateau de cinq fromages / ananas de la Réunion / café et canard-café / eau fraiche / vin
- rôti de bœuf / spaghettis ou pommes de terre au four / salade d’endives et de betterave / plateau de fromages du pays avec leur confiture de cerise / « Russe » de chez Thibaud / café et canard-café / eau fraiche / vin

Pour accompagner ces repas frugaux, j’avais choisi des vins à prix modérés, entre 5,50 et 7 euros. Tous mis en bouteille au château par le producteur et élevés en fûts de chêne. Même si nous avons fait des différences entre les uns et les autres, aucun ne nous a déçus. Disons qu’ils correspondaient bien avec les plats des différents repas.

- Château Bellegrave, Médoc Cru Bourgeois, 2002
- Château Pont de la Tonnelle, Côtes de Bourg, 2001
- Château Les Tresquots, Médoc, 2003
- Château Barrie, Côtes de Bourg, 2003
- Château Anglade-Bellevue, Cuvée Les Moulins, 2003
- Château Bernard Duroc, Côtes de Bourg, 2000
- Moulin d’Anglade, Premières Côtes de Blaye, 2001

J’ai calculé notre consommation : 15 cl par adulte et par repas… S’il est vrai que le vin de Bordeaux a des vertus bénéfiques, entre autres celle de détruire le mauvais cholestérol, on peut dire qu’il s’agit d’une consommation quasiment homéopathique…

Je dois ajouter enfin que nous avons beaucoup écouté « Les p’tites chansons de Marc Perrone » et que « les petits », comme nous, ont été intrigués par les paroles de plusieurs morceaux. Ils ont, comme nous, été frappés par la couleur surréaliste du texte d’Arthur H. On pense à quelque chose qui pourrait être apparenté à de l’écriture automatique, l’expression d’un rêve éveillé. Troublant !




mercredi, février 21, 2007

mercredi 21 février

Après quelques jours passés à Cauterets, « les petits » se sont installés à Pau avant de rejoindre Toulouse et les tâches quotidiennes. La maison est pleine d’animation et ça s’agite comme dans une ruche. Les grands sont comme vissés à leurs ordinateurs ; Charlotte et Camille n’ont de cesse de jouer à l’école. L’intendance nous laisse peu de loisirs. Assez cependant pour aller voir et écouter une vidéo repérée par Nadja. Je note l’adresse ci-dessous. Il s’agit d’un moment live, en fait le final, de l’émission de Frédéric Taddeï, « Ce soir (ou jamais) », émission de FR3 plutôt branchée culture et, en tout cas, très parisienne. Les invités sont tous des gens qui savent causer dans les machines acoustiques et bouger devant les machines cinématographiques. Rien que des professionnels des media. Pas de surprises, ou presque pas ; ça roule.

Richard Galliano interprète « Tangaria » en quartet. Je n’identifie pas le violoniste. Recherche en cours…

http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/article.php?id_article=186&id_rubrique=79&video=20070214_live.wmv


Ce matin, j’ai reçu un disque que j’avais commandé à Alapage depuis le 5 février. Il s’agit de « Salsamba ». En ouvrant le colissimo, je découvre un disque intitulé « Chet Baker and the boto brazilian quartet », mais, vérification faite, il s’agit bien du même disque. Entre temps, depuis le 5 de ce mois donc, sur le catalogue Alapage, la couverture a changé. En fait, il s’agit d’une réédition, de 1999, de la version remixée en 1991 de la première version enregistrée au studio Davout les 21, 22 et 23 juillet 1980. C’est d’abord un disque de Chet Baker. A l’intérieur, une dizaine de lignes de Richard Galliano, signées de février 1991, et une photographie où on le voit, hilare, en 1880, avec José Boto. Il est moustachu, barbu, hirsute et mince. Depuis, plus de vingt-cinq ans ont passé… Comme je manque de temps, je n’ai pu écouter les huit titres qu’en diagonale ; assez cependant pour me demander où se trouve Richard Galliano… Est-ce une illusion ? Enquête en cours… De toute façon, Chet Baker justifierait à lui seul l’écoute de cet album.

Je note, à la guitare basse, Michel Peyratout. Je me rappelle que, dans le dernier Perrone, il figure à la contrebasse et à la guitare basse.

lundi, février 19, 2007

mardi 20 février

Le dernier morceau de l’album « Les p’tites chansons de Marc Perrone » a pour titre « Les voyages immobiles ». Le texte est de Patrick Winzelle, la musique de Marc Perrone. Il est chanté par Marc Perrone lui-même, accompagné de Di Donato, Lubat, Cravic, Peyratout, Jean-Luc Bernard, Didier Havet et David Lewis. A plusieurs reprises je pense à Nino Rota. Ce dernier titre est affiché pour une durée de 6 :08 sur la troisième et la quatrième de couverture. Il ne figure que pour 3 :46 sur le livret. Quoi qu’il en soit, la chanson dure effectivement 5 :02, puis les secondes s’égrènent une à une dans le silence, 03, 04, 05, 06, 07… jusqu’à 28. On entend alors une fin d’échange téléphonique entre Marc Perrone et son interlocuteur, en langue italienne. On comprend qu’il vient de lui parler de son disque : disque de chansons, avec les amis de longue date, Azzola, Lubat, Minvielle, etc… On comprend aussi qu’il s’agit d’un certain Massimo. Massimo Castagnari, je présume. L’échange se clôt sur plusieurs « Grazie… » de Marc Perrone. Mais s’agit-il d’un échange téléphonique ou d’une conversation avec un autre monde, quelque part en Italie, bien sûr… mais déjà ailleurs… un monde où tout n'est que musique, chansons, poésie et accordéons !

Entre 5 :28 et 6 :08, ce sont donc quarante secondes étranges, difficiles à situer et à localiser, difficiles à interpréter, sauf la référence italienne… Le propos est familier et anodin. Mais justement, pourquoi ces mots ici et maintenant ? Ils ne sont pas là par hasard. Ce sont des signes, comme des petits cailloux jalonnant un chemin. Mais, signes de quoi ? Leur banalité même contribue à mettre du mystère dans ce disque lui-même en apparence léger et simple.

dimanche, février 18, 2007

lundi 19 février

J’ai essayé, hier, de mettre des mots sur mes sensations, sur mes impressions et mes sentiments pour les fixer dans l’instant de l’écoute des petites chansons de Marc Perrone. Je n’ai pas tout noté ; je n’ai rien dit, je crois, du texte très étrange d’Arthur H intitulé « Marc dans la jungle ». Un texte que je qualifierais volontiers de surréaliste et qui, en tout cas, parle immédiatement à l’inconscient. Texte troublant.

Aujourd’hui, j’aurais voulu trouver une phrase qui résume mon impression globale de l’album. Mais la tâche est difficile, car je voudrais citer in extenso « De dame et d’Homme », le beau texte, étrange, d’André Minvielle sur la musique de « La valse Dombelle ». Un texte aussi beau que celui qu’il avait écrit sur « Flambée montalbanaise ». J’aurais voulu citer la « Lettera a Poldino » : « Très cher Poldino,/ l’air frais de ton dialecte avec toi s’en est allé / Il ne m’en reste que quelques mots / Je me les dis de temps en temps, ils me font du bien / Au cœur et à l’esprit / Merci à toi… ». J’aurais voulu recopier « Banlieue Chronique » ou « A toi mon accordéon » ou « Les voyages immobiles » ou « Sans toit ni moi »… Autant dire que je suis incapable de choisir.

Pourtant, en m’obstinant, j’arrive à trouver quelques mots qui répondent à mon intention. C’est la dernière strophe d’un texte de Guy Lefebvre, « Le colibri » : « L’accordéoniste s’est tu / Il a quitté tous ses amis / Le doigt sur la touche du mi / En murmurant : Valse le temps / ».
On pense à Prévert, à Desnos, à Jules Laforgue, à Apollinaire, à Verlaine… tous poètes de la vie ordinaire ; ordinaire, oui… mais rêvée !

Post-scriptum : message personnel à Sylvie Jamet. Perrone à Lille ! Finalement, tu as de la chance. Lille, c'est un peu loin de Pau... Au fond, le tout est de savoir tirer le meilleur parti des circonstances.

samedi, février 17, 2007

dimanche 18 février

Toujours vigilante et dévouée à la promotion de l’accordéon, malgré diverses difficultés et autres problèmes à surmonter actuellement, Sylvie Jamet signale, dans son blog, un article paru dans le « Nouvel Observateur » en date du 15 février concernant Marc Perrone, à l’occasion de la sortie de son dernier disque, « Les p’tites chansons de Marc Perrone ».

Je rappelle l’adresse de ce site :

http://sylviejamet.over-blog.com/

Bonjour Sylvie ! Merci encore pour ton blog !

Ce disque me touche beaucoup. L’accordéon est entièrement dévoué à l’accompagnement de la voix. En route, on rencontre les amis de longue date, comme Cravic, Lubat, Peyratout, Minvielle, Di Donato ou Marie-Odile Chantran. On découvre de nouvelles figures comme Sara Chenal, Catherine Demonchy ou Renaud Guieu. J’en oublie évidemment ! Et Marc Perrone, on le sent bien, est heureux de leur présence, si proche et si attentionnée. Tous sont au service de sa voix. A cet égard, Marcel Azzolla montre, s’il en était besoin, qu’il est vraiment un grand instrumentiste, tout en finesse, et un type bien.

A un moment, écoutant les titres l’un après l’autre, il m’a semblé que certains thèmes traversaient l’ensemble de l’album, et puis ce mot, « thème », m’est apparu abstrait, formel, trop marqué par ce qui pourrait être l’expression d’un point de vue d’analyste. Je m’explique. Là où l’on pourrait reconnaître le thème de la précarité, Marc Perrone parle d’une chanson suscitée par l’histoire d’une femme du film « Femmes précaires », dont il a composé la musique. Parler de précarité, comme le font les hommes politiques, ce n’est pas du tout la même chose qu’être ému par le sort d’une femme en situation précaire. De même, la « lettre à Poldino », c’est bien une lettre à son père, pas à un père immigré plus ou moins abstrait. Monte Cassino, c’est bien Monte Cassino, pas le symbole des racines géographiques des immigrés italiens. Mais encore, « Banlieue Chronique», ce n’est pas une chronique de la banlieue, c’est de sa banlieue qu’il s’agit… et c’est admirable, avec un phrasé de plus en plus personnel. Un style impressionniste, une syntaxe qui lui est propre. Syntaxe où l’on retrouve quelque chose de l’écriture de Minvielle. On n’est pas l’ami de Minvielle et de Lubat sans que cela se manifeste dans le langage et dans la vision du monde que l’on se construit peu à peu. Je suis très touché aussi par le travail fait avec des élèves de maternelle ou d’école primaire, car je pense à l’émotion et à la fierté de ses enfants. Ce sont des expériences qui feront références pour eux tout au long de leur vie. Ils ne pourront pas oublier ces moments magiques de création avec Marc Perrone et Agnès Rouget-Clément. Mais, je reviens sur ma remarque d’hier, je suis frappé aussi par la présence de la mort, par sa proximité. Elle m’apparaît comme une sorte de fil rouge, plus ou moins perceptible, mais toujours latent et insistant. Pour finir, une chanson au titre significatif quand on connaît la maladie dont est frappé Marc Perrone, « Les voyages immobiles ». Et ces mots : « je voyage du bout des doigts », j’aurais envie d’ajouter : « … sans avoir l’air d’y toucher ». Un disque superbe donc, chargé de gravité, avec, il faut absolument le signaler, un titre chanté par Marie-Odile Chantran, « Sans toit ni moi ».

J’ai déjà noté que les circonstances actuelles, les épisodes de la campagne pour l’élection présidentielle, me poussent à faire un rapprochement entre l’attitude des candidats, l’inflation rhétorique, l’obsession de la communication, le bombardement incessant d’images, le comportement « mouton de Panurge » des journalistes, la dictature de la pensée correcte, etc… et l’attitude de Marc Perrone. Pour être exact, plutôt que de rapprochement, je devrais parler de distance, d’écart, d’antinomie entre ces deux mondes, d’une part le monde politico-journalistique, d’autre part l’humanisme de Perrone. D’une part des idées et des formules, d’autre part des sensations, des émotions et des paroles. On ne fait peut-être pas une politique avec des sensations, des émotions et des paroles, mais on vit déjà plus heureux. Ne serait-ce qu’en écoutant « les p’tites chansons » de Marc Perrone. Ce que je fais…

vendredi, février 16, 2007

samedi 17 février

Vendredi matin, à 10h30, le facteur me remet un colissimo envoyé par Alapage : « Les p’tites chansons de Marc Perrone ». Toutes affaires cessantes, nous l’écoutons deux fois de suite, en parcourant le livret de présentation et en lisant les textes des chansons au fur et à mesure de leurs passages.

Je me donne du temps avant de mettre noir sur blanc mes sensations, impressions et autres sentiments. Je note cependant quelques premières observations « à chaud » :

- le graphisme de la couverture inscrit bien cet album dans la continuité de « Son éphémère passion ». On reconnait le trait de Jacky Liégeois au premier coup d’oeil.
- la liste des musiciens qui ont participé à ce disque l’inscrit dans « la famille de Marc Perrone ». On sent bien ici en effet qu’il s’agit d’un monde où l’amitié comme la fidélité ne sont pas de vains mots, non plus que la tendresse.
- la première écoute situe cet album dans le registre de la gravité. A plusieurs reprises, j’y ai trouvé comme un air de testament.
- l’écoute suivante m’a frappé par la force des enracinements et des origines. L’enfance n’est pas du passé ; elle est la source même de la vie présente, elle est comme un filtre à travers lequel le présent est vécu et perçu.
- ces deux écoutes suggèrent à quel point tous les disques de Marc Perrone forment une œuvre : ils se font échos et se renvoient les uns aux autres. Curieusement, tout se passe comme si l’ensemble se bouclait (d’où l’idée de testament), sans se refermer sur lui-même, car chemin faisant il s’approfondit sans cesse. De ce point de vue, « De Dame et d’Homme », reprise de « La valse Dombelle » est exemplaire de ce travail de relecture et d’approfondissement.
- en cette période de campagne pour l’élection présidentielle, de programmes et de projets pour l’avenir des différents candidats, je me dis qu’on peut rêver et imaginer un monde où les gens ressembleraient à Perrone ; bien sûr, c’est utopique, mais tout de même quelle leçon d’humanisme il nous donne. Ce n’est certes pas par hasard que son premier titre est une chanson de Brassens.
- en fait, la musique de Perrone, ses chansons, son style, ses copains, tout cela trace les linéaments d’une vision du monde que je qualifierais volontiers de politique en ce sens qu’on peut y lire l’expression d’une conception des rapports entre les personnes, formule que je préfère à celle, abstraite, de rapports sociaux.
- deux autres choses encore : d'une part, sa voix m’a ému, fragile et obstinée ; d’autre part, les deux photographies de la première et de la quatrième de couverture du livret sont très belles. Un beau visage, grave, serein, attentif… un visage de philosophe.


Vendredi après-midi, à 16h00, sur le parking de l’hypermarché où nous venons de faire les courses hebdomadaires, il fait 27°. Les gens sont en chemises et tee-shirts ; les voitures roulent vitres baissées. Les Pyrénées dominent toutes les avenues orientées nord / sud de Pau. Seuls les plus hauts sommets sont enneigés. « Les petits » nous téléphonent sur le portable de Françoise. Ils sont à Cauterets. Il fait chaud. Les pistes sont fermées, soit pour cause de vent, soit pour cause d’enneigement insuffisant. Ils envisagent de se replier sur Pau… avant d’aller se baigner à Hossegor ? Je sais bien qu’il y a des questions avec lesquelles on ne devrait pas plaisanter, mais cette image du réchauffement de la planète ne contribue pas à me terrifier. Je me dis qu’un jour, peut-être, Camille et Charlotte s’étonneront que l’on ait pu s’intéresser aux chutes de neige en février, alors qu’elles se préoccuperont du coefficient des marées. Peut-être que les saisons seront à durées variables : le printemps de février à avril, l’été de mai à septembre, l’automne d’octobre à mi-décembre, l’hiver de mi-décembre à fin janvier. En tout cas, aujourd’hui, même à Pau, les mimosas sont resplendissants. Bonjour les allergies ! Rien n’est jamais parfait…

mardi, février 13, 2007

vendredi 16 février

En réfléchissant, il y a quelques jours, aux facteurs capables de rendre compte du plaisir que l’on peut prendre à l’écoute musicale, j’avais essayé d’analyser les facteurs en jeu dans l’attitude d’écoute et par conséquent de formaliser les paramètres qui en déterminent la qualité, qui se manifeste par une sensation de plus ou moins grand plaisir.

-Samedi 27 janvier. « Si l’on essaie maintenant de dresser la liste des facteurs en interactions dans l’attitude d’écoute, il me semble que l’analyse conduit donc à dégager les éléments suivants :

- E : qualité de l’écoute
- f : fonction de…
- Su : le sujet –auditeur
- O : l’objet – œuvre
- C : le compositeur
- I : l’interprète ou les interprètes
- P : le projet d’écoute de l’auditeur
- M : la chaine matérielle de l’enregistrement à la restitution
- Si : situation, c’est-à-dire conditions spatiales et temporelles de l’écoute
- A : climat affectif

Si maintenant on essaie de formaliser cette attitude, je pense qu’en première approximation et sous réserve du travail critique, qui reste à faire, on peut écrire la formule suivante :

E = f [(Su, P),(O,C,I),(M,Si)].A

Cette formule a, me semble-t-il, un double intérêt : d’un point de vue théorique, elle met en évidence la complexité de l’attitude d’écoute, le jeu de relations nécessaires à sa (bonne) réalisation ; d’un point de vue pratique, elle nous alerte sur les éléments que nous devons nous efforcer de contrôler si l’on veut que cette attitude nous permette d’atteindre le plaisir que l’on recherche. On n’écoute pas n’importe quoi, n’importe comment, n’importe où, dans n’importe quel état d’esprit, etc… si l’on a des visées esthétiques et pas seulement de consommation. Dit d’une autre façon, cela signifie aussi que l’expérience de la beauté ne se réalise pas sans conditions. Conditions qu’il nous appartient d’aménager. Conditions qui sont de notre responsabilité d’auditeur. Ce qui suffit à monter à quel point l’écoute est une véritable action créatrice et pas seulement un comportement de pure et simple réception ».

Après examen critique de cette formule, je ne vois pas d’autre élément à ajouter. En revanche, il me semble qu’il serait utile d'en approfondir quelques uns. Par exemple, le sujet pourrait être spécifié quant à son histoire et sa situation sociale, sa culture, sa pratique (ou non) musicale ; l’œuvre pourrait être spécifiée quant à ses qualités formelles, son type, son style, son histoire ; de même le compositeur et l’interprète (singulier ou collectif) devraient sans doute eux aussi être caractérisés…

Tout cela exige encore beaucoup d’approfondissements. Néanmoins, en l’état, cette formule me semble avoir pour intérêt de relativiser les conditions du plaisir lié à l’écoute musicale. Elle montre en effet que celui-ci dépend des interactions entre les différents facteurs en jeu et de la cohérence de ces interactions, non d’une seule catégorie de facteurs qui seraient déterminants en tant que tels. Il en découle donc une définition relativiste du plaisir de l’écoute musicale. Ainsi l’analyse esthétique formelle fonde une attitude relativiste et donc tolérante au plan moral. Elle interdit en effet par exemple de décréter que telles œuvres ou tels styles ou telles interprétations doivent être en soi et a priori sources de plaisir ou non. Ce résultat n’est pas insignifiant, car j’ai pu observer assez souvent des attitudes contraires, c’est-à-dire capables de décréter a priori que ceci est beau et cela non, que ceci est source d’un plaisir légitime et de bon aloi, et que cela ne peut être source que d’un plaisir frelaté, voire vulgaire. Tout cela n’est pas sans rapport avec la reconnaissance à laquelle peut prétendre l’accordéon dans le monde musical ; ce n’est pas sans rapport non plus, à l’intérieur du monde de l’accordéon, avec la question de la coexistence et de la reconnaissance réciproque des différents styles qui le constituent.

A suivre…

……

Retour sur trois faits notables de mercredi après-midi :

1. chaque jour, depuis quelques semaines, je cherche à savoir si le festival de Trentels a ouvert son site pour mai 2007… Cet après-midi, vers 14h30, heureuse surprise, le site est ouvert et même si le prix des places n’est pas fixé, le formulaire de réservation est prêt à fonctionner. Ce site est tout à fait agréable à consulter et je le trouve fort bien fait, particulièrement riche d’informations sur les artistes. Il en émane quelque chose de très sympathique, en quelque sorte l’impression d’avoir affaire à un bénévolat professionnel. Le programme est tout à fait excitant. Tous les concerts ont lieu en soirée (ouverture à 19 heures) :

- Karin Küstner dans une église le 17 mai
- René Sopa puis Motion Trio le 18 mai
- Trio PSP puis René Lacaille le 19 mai
- Concert de clôture le 20 mai.

Rappel de l’adresse du site :

http://accordeon.catfamilie.com/index.html



2. ce même jour, vers 17h45, je tombe littéralement sur une interview de Richard Galliano dans le « journal de la culture » sur I-Télé. Egal à lui-même ; toujours aussi passionné / passionnant. Il présente « Luz Negra » et explique comment lui est venu le désir de faire ce disque, ce désir procédant de forces profondes et de circonstances favorables. Il raconte comment l’écoute de Bach a pu l’inspirer et comment la formation a trouvé son équilibre quand le piano, qui ne s’accordait pas avec les percussions, a été remplacé par la contrebasse de Philippe Aerts. A cette occasion, on voit un extrait du concert de Marciac. Peut-être est-il tiré du DVD à venir, « Live in Marciac », dont la sortie est annoncée pour le 5 mars ? L’interviewer est en sympathie avec Galliano, mais il ne me semble pas bien connaître son sujet et, à en juger par l’enthousiasme de celui-ci, il me semble qu’il y aurait eu matière à bien d’autres réflexions sur l’accordéon et sur la composition. Mais ne boudons pas notre plaisir.

3. à l’occasion de cette présentation de « Luz Negra », le journaliste annonce la sortie d’un autre album de Richard Galliano, « Solo » et, associé à ce disque, j’entends le nom de Dreyfus. Perplexité ! La couverture, noire et verte, ne ressemble en rien à celle du disque édité par Milan sous le même nom, disque qui est en fait une réédition de « Ballet Tango ». Alors quoi ? « Solo » est le nouveau nom de « Ballet Tango » et ce nouveau « Solo », c’est quoi ? En fait, renseignement pris sur Alapage, je découvre que ce disque est la réédition du concert d’Orvieto, enregistré le 31 décembre 1998. Il existait déjà comme l’un des trois albums constituant le coffret des « Concerts inédits », qui se déclinait en « Solo », « Duo » et « Trio ». Il devrait être disponible dans quelques jours. Je dois dire que, nonobstant mon admiration pour Richard Galliano, tout ça fait un peu désordre. Je récapitule : un disque, « Solo », qui est une réédition presque à l’identique d’un disque qui existait sous un autre nom ; ce disque est édité chez Milan, comme l’original. Un autre disque, « Solo », qui est la réédition à part d’un album d’abord publié avec deux autres sous le titre « Concerts inédits ». Ce solo-là est édité par Dreyfus. Il faut s’y retrouver…

Je n’ai aucun goût pour les problèmes commerciaux, mais, voyez-vous, mon cher Watson, j’ai le sentiment qu’il y a ici des intérêts financiers en jeu, des conflits de droits et de contrats, et peut-être même quelques règlements de comptes. « Solo » contre « Solo », ce n’est pas le fait du hasard, ça sent la préméditation et les arrières pensées… A suivre.

lundi, février 12, 2007

jeudi 15 février

La semaine dernière, j’ai recensé mes cds de bandonéon pour essayer de mieux me représenter le fonds, modeste, dont je dispose et, si je puis dire, pour me les remettre en tête. Au terme de ce travail, je me demande toujours s’il serait plus pertinent d’en faire un classement spécifique ou de les laisser mélangés aux disques d’accordéon suivant l’ordre alphabétique des interprètes. Pour l’instant, je les garde mélangés. Mais je viens de me rendre compte que j’en avais oublié deux, que j’avais mis à part pour les écouter plus attentivement :

- « Joaquin Amenabar y su Orquesta Tipica, De La Guardia Vieja ». Quatre bandonéons, quatre violons, un piano, une contrebasse. Des compositions de Cobian, de De Caro, de Padula… Du tango classieux, à l’ancienne. La photographie de l’orchestre donne une bonne image de son style. Les quatre bandonéonistes sont assis comme quatre enfants sages sur des chaises de salon. On les imagine jouant dans un café, dorures au plafond et velours rouge sur les banquettes, rempli de vapeurs de xérès et de cigares. Le tango chaloupe sans la moindre vulgarité. C’est le tango des grands transatlantiques, pas celui des cargos.
- « Astor Piazzolla, Tango Sensations », Daniel Binelli, bandonéon, Camerata Bariloche. La Camerata Bariloche est un ensemble de musique de chambre argentin ; D. Binelli a fait partie de l’orchestre d’Osvaldo Pugliese, puis du Sexteto Nuevo Tango de Piazzolla. Il joue ici, entre autres, « La Casita de Mis Viejos », « Cinco Tango Sensations » (for Bandoneon and String Quartet) et le « Doble Concierto for Guitar, Bandoneon and String Quartet). En l’écoutant, je ne peux m’empêcher de penser que c’est de la musique classique… En parcourant le livret de présentation, je m’aperçois que les promoteurs du disque remercient Emmanuel Chamboredon en tant que producteur et je me rappelle que Richard Galliano également l’a remercié d’avoir produit « Luz Negra ».

...

TRES IMPORTANT !!! Festival "Accordéons-nous"

Le site du festival de TRENTELS sera très bientôt opérationnel !
A consulter d'urgence !

http://accordeon.catfamilie.com/festival-trentels/index.html



samedi, février 10, 2007

mercredi 14 février

Toujours dans la dernière livraison d’« Accordéon & accordéonistes », je suis frappé par l’encart de six pages intitulé « Boutique », qui se trouve au milieu de la revue. C’est une telle prolifération de cds que je me demande comment une telle production est possible. Je dis bien production et non création, car il me semble bien qu’il est plus question de produire que de créer. Je suis d’ailleurs effaré, à la lecture de certaines interviewes d’accordéonistes spécialisés dans les bals, soirées dansantes, thés dansants et autres animations de croisières, par la quantité quasi industrielle des œuvres qu’ils ont déposées à la SACEM. On pense à Bashung : « ma petite entreprise ». Sauf que l’entreprise n’est pas si petite que ça ! On est bien, me semble-t-il, dans une logique de productivité et non de créativité. Il s’agit de « mettre sur le marché » des produits calibrés, des sortes de clones, dont l’audition place d’emblée le récepteur en terrain connu, ce récepteur étant d’abord un danseur, et non de faire « émerger » des œuvres, originales et surprenantes, que l’on ne peut apprécier qu’avec beaucoup d’attention. Même si je n’arrive pas à apprécier ces produits de grande consommation, je constate qu’ils constituent une facette fort importante du monde de l’accordéon. Et j’admets fort bien que l’on puisse apprécier d’écouter de l’accordéon pour retrouver toujours de la même chose, même si, quant à moi, je préfère y trouver de la surprise et matière à étonnement. On pourrait d’ailleurs m’objecter que moi aussi, quand j’écoute Galliano, je cherche bien à me retrouver en pays connu. Oui, sauf que le pays de Galliano est, en tant que tel, varié, surprenant et inépuisable. Il faudra aussi qu’un jour je me renseigne sur la réalité de ce marché et que j’aille voir justement si la diffusion de cette production de cds et, de plus en plus, de dvds a lieu préférentiellement sur des marchés. Pour l’instant, les cds de la « Boutique » sont à 23 euros, ce qui a priori me parait fort élevé par rapport aux prix habituels de la grande distribution.

….

Après avoir sacrifié au rite de l’achat de produits alimentaires, ce qui n’est pas sans lien avec mon propos ci-dessus, je suis allé voir ce qu’il en était du rayon des cds à prix réduits à l’espace culturel de l’hypermarché. Parcourir ces présentoirs, au nombre de huit maintenant, est toujours un ravissement. Comme les gens fouillent et déplacent les disques, il finit par se produire des rapprochements surréalistes. Par exemple, « Le soldat rose » et « Les fanfares militaires »… Lors de mes dernières visites, j’y ai trouvé plusieurs « Noir Désir », « Arno », « Sanseverino », etc… Parmi les disques ainsi proposés, il y a quantité de disques d’accordéon. « Les rois de l’accordéon », « Les plus beaux airs d’accordéon », « La France de l’accordéon », « Accordéon Séduction », « 100 ans de succès à l’accordéon » ou « Les 100 plus grands succès d’accordéon », « Les disques d’or de l’accordéon », etc… Dois-je dire que je n’ai guère envie de les acheter ? Mais je regarde toujours attentivement les titres et les interprètes qui y figurent, à la recherche d’une perle rare. Et justement, j’en ai trouvé une : « Paris Bal Musette », compilation Vogue de 1984, remasterisée en 1988. A côté du « Bal à Jo » (Privat 1969), de « Soir de dispute » (Gus Viseur 1969), de « La migliavacca » (Armand Lassagne 1961), il y a neuf titres de Georgette Plana. Je ne résiste pas au plaisir de les recopier :

- « Le dénicheur », 1956
- « Du gris », 1969
- « Le tango du chat », 1965
- « La vipère du trottoir », 1969
- « Là où y’a des frites », 1962
- « Les nocturnes », 1956
- « La java bleue », 1956
- « Dans les bouges la nuit », 1970
- « Les roses blanches », 1959

Et tout ça, pour la somme modique de 4,99 euros…

vendredi, février 09, 2007

mardi 13 février

En lisant attentivement la dernière livraison de la revue « Accordéon & accordéonistes », le numéro 61 de février 2007, je constate, comme dans chaque numéro, l’importance quantitative des mentions faites de concours et de prix, et conséquemment de jurys, dont certains sont qualifiés de prestigieux. Cette insistance me parait significative d’un certain fonctionnement du monde de l’accordéon et c’est tout à fait passionnant d’un point de vue sociologique. Je compte approfondir cette question, mais pour l’instant je m’en tiens à quelques réflexions :

- les concours, les prix et les jurys sont apparemment des éléments déterminants quant aux carrières d’accordéonistes et aux stratégies y afférentes ;
- par analogie avec le monde universitaire, monde de laboratoires et de jurys cooptés, je fais l’hypothèse que le monde de l’accordéon est constitué d’un certain nombre d’écuries, qu’il est donc essentiel pour les formateurs, professeurs ou responsables d’instituts de formation de se placer comme membres des jurys, car cette position permet de négocier des influences et des renvois d’ascenseurs, sur le mode du « donnant / donnant » : "je donne ma voix à ton poulain aujourd’hui, j’en attends ton appui demain… "
- cette analyse me conduit à penser qu’il y a une grande analogie entre ce monde de l’accordéon de concours et celui du patinage artistique : dosage diplomatique des jurys, influences occultes, échanges de services rendus, épreuves imposées et épreuves libres, etc… De même, il y a des analogies avec le monde des prix littéraires, où s’affrontent les éditeurs par auteurs interposés, mais dans ce dernier cas il n’y a que des premiers prix, pas de classement. On n’a pas de second prix du Goncourt ou du Fémina.
- en ce sens, les stratégies de carrière diffèrent aussi du monde des arts plastiques où les distinctions obtenues dans les salons n’ont pas la même signification et où, à l’instar du monde littéraire, il n’y a pas de classements aussi formels que pour l’accordéon. Dans le monde des plasticiens, la carrière se fait plutôt en entrant dans une écurie cotée, je veux dire une galerie. J’imagine que, dans le monde de l’accordéon, le bon cheval, c’est aussi celui ou celle qui sait ne pas se tromper de driver, d’entraineur, de coach.
- "Accordéon & accordéonistes" se charge d'ailleurs de bien diffuser urbi et orbi les résultats des concours où ont brillé les élèves de certains collaborateurs attitrés et présentés comme des professeurs prestigieux (comme certains jurys, dont ils font partie)
- je constate que le monde du bandonéon ne semble pas du tout fonctionner sur ce modèle. A approfondir...
- j’imagine les luttes plus ou moins voilées entre d’une part les écoles de formation entre elles et d’autre part les facteurs d’instruments entre eux. Je me souviens à ce sujet d’un courrier furieux adressé par monsieur Cavagnolo à la direction de la revue « Accordéon & accordéonistes » pour un compte-rendu pas assez laudatif des récompenses obtenues par l’un de ses poulains, avec retrait de son budget publicitaire. Retrait qui a duré quelques numéros. Je suppose qu’ensuite les intérêts financiers étaient tels qu’on a fini par s’arranger…
- il faudra un jour que je m’interroge sur l’incidence de cette filière de carrière sur le renouvellement des instrumentistes et sur les canons de la « bonne » interprétation. Si j’osais, je me demanderais ce qu’il en est du style d’accordéonistes à qui l’on a dit et redit: « plus tard tu exprimeras ta personnalité, mais passe ton Bach d’abord ! ».
- sans aller jusqu’à penser que le monde de l’accordéon est un « univers impitoyable », je suppose qu’il n’est pas totalement angélique ; je le vois plutôt comme un mixte d’inspiration, de travail et de stratégie. Suivant quel dosage ? Je ne connais pas assez le milieu pour en décider, mais j’imagine assez bien que tel ou tel, fatigué des jeux stratégiques, puisse se détourner de ce monde codé pour privilégier le travail au service de son inspiration et prendre ainsi le risque d’une rupture, voire d’un déchirement, par besoin d’authenticité. Si tel est le cas, cela mérite toute notre estime, car ce comportement met en question rien moins que la reconnaissance acquise et oblige à entreprendre tout un parcours vers une reconnaissance vécue comme authentique. La question cruciale de l’authenticité, ici comme en d’autres domaines, étant de savoir par qui l’on veut être reconnu.

jeudi, février 08, 2007

lundi 12 février

… pour terminer, huit albums :

- « Trottoirs de Buenos Aires ». Sexteto Mayor. José Libertella, Luis Stazo, bandonéons
- « Quejas de Bandoneon ». Sexteto Mayor. José Libertella, Luis Stazo, bandonéons
- « Emigrante (electrotango». Tanghetto. Guest : Daniel Ruggiero, bandonéon
- « Tangoloco, Tangos de Liverpool ». Walther Castro, bandonéon.
- « Tango Vivo, Noches de Buenos Aires ». Un disque Winter & Winter. Cafétango !
- « Tango Alla Baila, Tangata Rea ». Luis Longhi, bandonéon. Un autre Winter & Winter ! Deux disques rares et pleins de charme.
- « Nocturno, La Tipica, Orquesta de Tango ». La version grand orchestre du Cuarteto Cedron. Aux bandonéons, Daniel Cabrera, Manuel Cedron, Marisa Mercadé, Facundo Torres.
- « Ultratango, Astornautas ». Mariano Cigna, Julio Perez, bandonéons.

A suivre…

.....

Je ne sais pourquoi, mais cet après-midi une idée m'a traversé l'esprit : l'accordina aurait dû être appelé "accordica" ou, à la rigueur, "accornica", voire accordnica. Ainsi, on aurait mieux senti qu'il s'agissait d'un enfant naturel de l'accordéon et de l'harmonica !

dimanche 11 février



… je suis allé porter deux caisses de livres à « Emmaüs ». Même s’il ne pleut pas, l’air est chargé d’humidité. Il neige sur les sommets. Le sol du parking est gorgé d’eau. Les roues des voitures y tracent de profonds sillons. Au retour, mes souliers auront besoin d’un bon coup de cirage. Il y a foule ; d’abord, je ne comprends pas pourquoi, avant de me rendre compte que les gens se pressent sous un hangar plein de fripes et de fringues pour carnaval. Véritable caverne d’Ali-Baba, mais leurs comportements affairés et leurs mines plutôt crispées me laissent une impression bizarre. Carnaval, c’est pas la joie. J’avance sans projet ni idée préconçue. Mes pas me conduisent ainsi jusqu’à une étagère sur laquelle se trouve un accordéon Hohner. Il ne me parait pas en excellent état, loin de là et bien que je n’y connaisse rien, ou parce que je n’y connais rien, je suis surpris par le prix affiché : 450 euros. Je fais deux photographies sous l’œil intrigué et perplexe de deux personnes.

….

Continuons le recensement des disques de bandonéon.

- « Tango Passion, Luis Rizzo Trio ». Daniel Cabrera, bandonéon ; Juan-José Mosalini, sur deux titres.
- « Astor Piazzolla, Libertango, Quatuor Caliente ». Guillaume Hodeau, bandonéon. Un très grand disque. J’attends avec impatience un autre opus de ce quatuor, qui joue d’ailleurs souvent en quintette avec Vincent Maillard au vibraphone
- « Las siluetas portenas, Trio PSP ». Rigorisme, classicisme.


Et puis, un ensemble que j’affectionne particulièrement, cinq disques de Dino Saluzzi :

- « Responsorium »
- « Kultrum, Music for bandoneon and string quartet
- “Senderos”
- “Cité de la Musique”
- “If”. Un des plus beaux disques que je connaisse.

mercredi, février 07, 2007

samedi 10 février

En faisant le point sur mes cds de Piazzolla, je prends conscience que j’ai affaire à un certain nombre d’albums indépendants, mais que je n’arrive pas à les saisir comme un ensemble avec ses lignes de force et ses phases chronologiques. Je n’arrive pas à me représenter une ou quelques perspectives qui me permettraient de trouver un ordre et des relations entre eux. J’ai bien quelques connaissances sur les différentes formations de Piazzolla, sur les grandes périodes de son œuvre, mais je me rends compte qu’en fait je l’ai toujours écouté en me fiant à mon intuition, au hasard ou à l’occasion d’un achat. Les disques que je viens d’étaler sur la table de mon bureau sont comme les pièces d’un puzzle, qui attendraient que quelqu’un vienne faire l’effort de les emboiter.

Voyons nos ressources… telles qu’elles se présentent, sans même chercher à les mettre en ordre chronologiquement, car plusieurs compilations mélangent allégrement les dates des enregistrements.

- «Astor Piazzolla Quintet, théâtre national de Milan, 15 octobre 1984 » (2 cds)
- «Astor Piazzolla, Tristeza De Un Doble A », « Resurreccion del Angel, Balade para mi Muerte, Tangata del Alba, Adios Nonino, Libertango » (4 cds)
- «Astor Piazzolla », Membran Music Ltd (10 cds)
- “Astor Piazzolla, Tango Fever” (2 cds)
- “Astor Piazzolla, The Rough Guide to Astor Piazzolla”
- “Astor Piazzolla, Adios Nonino, Live au festival international de guitare”
- «Astor Piazzolla, Libertango », Digimode Entertainment Ltd
- «Astor Piazzolla, The Lausanne Concert »
- “Lalo Schifrin, Astor Piazzolla, Two Argentinians in Paris”
- “The essential Tangos of Astor Piazzolla”
- “Astor Piazzolla, Vuelvo al Sur”
- «Astor Piazzolla, L’Amour du Tango, L’Album d’une vie » (2 cds)
- «Astor Piazzolla, Tangos, Concerto pour bandonéon »
- «Astor Piazzolla, Tango, El exilio de Gardel, Sur El Viaje »
- "Astor Piazzolla and The New Tango Quintet, Tango : Zero Hour". Un titre qui, à mon sens, signifie bien la place que Piazzolla se donnait dans l'histoire du tango. A l'articulation de la fin d'un monde et à l'origine d'un tango nouveau.

Et voilà ! Certains de ces disques sont faciles à classer, comme le concert de Lausanne ou l’enregistrement du 15 octobre 1984 à Milan ou le concerto pour bandonéon, mais la plupart sont des compilations, dont les titres ne sont pas présentés chronologiquement, et donc difficiles à classer. Il va falloir que j’essaie de m’y retrouver si je ne veux pas me résoudre à écouter « du Piazzolla » sans pouvoir situer et mettre en perspective ou en réseau ce que j’écoute. Je n’ai pas ce problème avec Galliano par exemple ni même avec Perrone ; je le découvre avec une acuité particulière à l’occasion du recensement alphabétique que j’ai entrepris.

mardi, février 06, 2007

vendredi 9 février

… chemin faisant, je me rends compte que j’ai plusieurs disques de Mosalini et cela me surprend. Il est vrai qu’il joue dans des registres différents et avec des formations différentes :

- « Mosalini y Quatuor Benaïm interpretan Beytelman »
- « Récital : Du baroque européen à la musique du Rio de la Plata ». Mosalini, bandonéon, Gieco, flûte.
- « Bandoneo y 900 », Juan-José Mosalini et son grand orchestre de Tango.
- « Ciudad Triste », idem
- « Mosalini / Agri Quintet »
- « Conciertos para Bandoneon y Guitarra », Mosalini et l’ensemble orchestre de Basse – Normandie

En parcourant ces disques, une impression dominante s’impose : une lecture rigoureuse et rigoriste du tango. Je ne parlerais pas de rouages, car l’image serait mécaniste et inappropriée, mais d’organisation de toute évidence travaillée, travaillée et retravaillée… Cent fois sur le bandonéon remettez votre ouvrage… Une fois de plus, je pense que l’exigence esthétique inclut une exigence morale, un souci de n’avoir de cesse d’arriver à quelque chose de parfait.

Dans la foulée, deux autres disques, et ce sera tout pour aujourd ‘hui :

- un autre album de la collection « Signature », « Una Voz de Bandoneon ». Cholo Montironi. « Träumerei » de Robert Schumann, « Yesterday » de Lennon et Mc Cartney, « La Casita de Mis Viejos » de Cobian et Cadicamo. Rencontres !
- « A los orquestas », Julio Pane Trio. Bandonéon, piano, contrebasse. Le titre dit assez l’intention de rendre hommage aux grands anciens et de perpétuer une certaine tradition avec une formation janséniste, je veux dire sans concessions. En ce sens, on n’est pas loin du monde de Mosalini.

Décidément, le rapprochement entre éthique et esthétique n’est pas simplement phonétique.

jeudi 8 février

… en continuant mon parcours, je rencontre successivement :

- Galliano avec « Ballet Tango » (ou « Solo »), où il interprète « Adios Nonino », « Oblivion » et « Chiquilin de Bachin », pièces pour quatre accordéons et bandonéon solo. Le plus extraordinaire, c’est que la virtuosité et la performance technique n’étouffent pas l’expression.
- un beau disque de la collection « Signature », « Solo » d’Olivier Manoury. Je le cite : « Le bandonéon a toujours été pour moi un instrument magique, et d’autant plus mystérieux qu’il est devenu très rare, comme ces animaux sauvages dont on sait qu’ils existent mais qu’on ne voit que très rarement. Depuis, il rit, il pleure et respire avec moi, il dit ce qu’on ne peut pas dire avec les mots, il est devenu une partie de mon corps ».
- « Touched by Tango », Alfredo Marcucci et l’ensemble Piacevole. Un disque de grande qualité technique, dont je retiens, de Piazzolla, « Los Paraguas de Buenos Aires » et « Lo que vendra ».
- un disque que j’avais oublié, mais qui me touche et que je retrouve avec plaisir, « Con un Taladro en el Corazon » de Marcelo Mercadante. On tourne autour du quintet / sextet et ça sonne très classique dans l’expressionnisme. Je retiens « Tal Vez » chanté par Miguel Poveda. La voix, le piano, le violon et le bandonéon : déchirures…
- à propos de classicisme, « Tango para todo el Mundo », disque Winter & Winter. Osvaldo Montes, bandonéon, Anibal Arias, guitare.

J’avais oublié plusieurs de ces disques et c’est un plaisir de me les remettre en tête, comme l’on se remet un vin en bouche. Du moins, je croyais les avoir oubliés, car bientôt les sensations reviennent et le plaisir ressurgit dans un mélange d’instant présent et de mémoire.

mercredi 7 février

… je continue :

- Cuarteto Cedron : César Stroscio, Manuel Cedron, William Sabatier (dans la configuration La Tipica), Facundo Torres, Daniel Cabrera, Pablo Nemirovsky (dans La Tipica), Gabriel Rivano… Permanence d’un esprit à travers la multiplicité des instrumentistes. Les acteurs changent, mais l’inspiration permane. Les éléments varient, mais le système de relations entretient leur unité.
- « Yo! » (Silvana Deluigi), Walter Castro, Horacio Roma. Le bandonéon au service du chant.
- Gotan Project : Nini Flores du premier album à “Lunatico”, Nestor Marconi à partir de « Lunatico ». Nestor Marconi a une présence indéniable, en particulier en concert, mais Nini Flores sera pour moi toujours associé à l’origine du projet et à son originalité. Comme il demeure associé à son frère, Rudi, pour deux disques de chamamé. Il joue d’ailleurs du bandonéon en alternance avec l’accordéon sur l’un d’entre eux.

J’ai eu plaisir à écouter Silvana Deluigi qui s’est entourée pour son album, outre le bandonéon, d’un piano, de violons, d’une guitare, d’une contrebasse et de percussions. On y retrouve Beytelsmann, Horacio Malvicino, Renaud Garcia-Fons, entre autres… Un tango de salon ; pas un tango des rues. Je ne sais pourquoi mais je pense à l’atmosphère d’un monde que Proust aurait pu décrire à sa manière. « Cuesta Abajo » de Carlos Gardel et Jorge de Castro est superbe ! Je pense à l’obstination des rythmes sahariens. De même, « Milonga for Three », de Piazzolla, avec son velours et ses stridences. Piazzolla, j’en prends conscience à l’instant, est apparenté au chat. Tout sucre et tout miel, de la douceur pure, mais il ne faut pas s’y laisser prendre, le coup de griffes ne prévient pas. Ici, on a plutôt affaire au chat rêveur. Rêverie encore avec « Te Amo » de Chico Buarque. Pour finir, « Milonga en el Viento », dont chaque mot est finement ciselé par Silvana Deluigi, sans éclats inutiles ou excessifs ; juste une histoire sentimentale accompagnée par un piano et un bandonéon magnifiques.

mardi 6 février

… noté, sur le site de France 2, deux vidéos de Richard Galliano [recherche : richard galliano] :

http://musique.france2.fr/

- la première, à l’occasion de « Piazzolla forever » où il commente avec simplicité et chaleur les images qui lui viennent à l’esprit lorsqu’il joue du tango. C’est simple, mais ça donne une bonne idée de son imaginaire qui, j’avais déjà eu l’occasion de le noter, est très visuel. On comprend pourquoi il ferme si souvent les yeux : il se fait son film ; ça donne une bonne idée aussi de ce que l’on pourrait appeler la culture du tango, indissolublement liée à la vie des ports, aux marins et au tangage des navires en haute mer.
- l’autre n’est pas encore visible. Elle annonce un passage à l’antenne le 9 février. D’après l’affichette d’annonce et ce que j’ai pu voir en avant-première des vidéos de la semaine, il s’agit de « Luz Negra » et, me semble-t-il, d’un court extrait du concert du New Morning.

… noté également une très bonne interview sur Arte. A mon sens, cette séquence est l’exemple même d’une vraie émission culturelle, même si sa durée est limitée. Galliano dit l’essentiel de sa philosophie en quelques mots, le lancement est un bon cadrage et l’interviewer est manifestement en empathie avec son « sujet ». Un moment dense, ce qui est assez rare dans le flux actuel de la « communication »…

http://www.arte.tv/fr/recherche/1396964.html


……….

D’autre part, j’ai classé mes cds, matériellement, suivant l’ordre alphabétique des instrumentistes, sans distinguer entre l’accordéon et le bandonéon. Cela n’est pas sans conséquences. Parfois, j’ai oublié l’initiale du nom de l’instrumentiste et je tâtonne un peu pour retrouver tel ou tel disque, parfois en classant un album à sa place, j’ai la surprise de découvrir tel autre album oublié, etc… Bien entendu, ma bibliothèque WMA me permet de varier les entrées et de retrouver ce que je cherche sans coup férir, mais c’est moins amusant. Tout en appréciant bien les rencontres aléatoires, que ce type de classement provoque, l’envie m’est venue de faire un point un peu systématique sur le bandonéon et les interprètes que j’apprécie. En route… sans se fixer ni rythme, ni durée pour aller au bout, car cela dépendra du temps que je consacrerai à l’écoute, chemin faisant.

Dès le début, je m’aperçois que j’ai dérogé à mon principe : classement par ordre alphabétique des instrumentistes.

- « Artango, Métropole », Jacques Turpin. « Fleurs fanées » de Piazzolla, superbe !
- « Artango, In Extremis », idem. Tensions.
- « Belgrano 64, Seccion Vermu, cuarteto tipico », Ramiro Boero
- « Tango Futur, Paris – Buenos Aires », Max Bonnay. Classique.
- « Quatre chemins de mélancolie », Daniel Brel. Méditation. Rencontre improbable entre bandonéon, violes et théorbe.
- « Autour du tango », idem.
- « Bando solo », idem. Variations et chemins.

dimanche, février 04, 2007

lundi 5 février

… écouté cet après-midi trois albums, comme j’aurais rencontré avec grand plaisir trois copains, plus ou moins perdus de vue.

Le premier, « Viaggio » de Richard Galliano, disque de 1993, est déjà un disque de maturité, en ce sens que l’on y perçoit en filigrane beaucoup de pistes qui seront explorées ensuite au fil des années. Rencontre d’une tradition musicale parisienne menacée d’obsolescence avec un jazz intimiste, tout en demi-teintes. Il s’agit de chuchotements, de secrets échangés à demi-mots. Pas d’éclats de voix. La présence de Biréli Lagrène, de Pierre Michelot et de Charles Bellonzi contribue à installer un climat d’apesanteur. On est finalement assez loin du style actuel de Galliano, beaucoup plus violent et débordant d’énergie, et pourtant on ne peut s’y tromper, c’est bien son style. Galliano, c’est le copain solide, qui ne fera jamais défaut.

Autre rencontre, « Son éphémère passion » de Marc Perrone. Magnifique album de 2004. Vingt et un morceaux. La générosité à l’état pur. Je me rappelais « L’échappée belle », « La marche de Victor Baton » et « La valse d’Hellemes ». Je les ai retrouvées avec émotion. Jacques Di Donato, entre autres, est admirable. Il contribue grandement au climat du disque. Si les mots ont un sens, je dirais volontiers que Marc Perrone incarne des valeurs, un esprit et une attitude de gauche. Marc Perrone, c’est le copain humaniste, idéaliste et désarmant de bonté. J’ai eu l’occasion d’écrire qu’à mon sens l’esthétique englobe l’éthique. Il me semble que Perrone vérifie assez bien cette proposition. La place du chant, de plus en plus importante au fil de ses albums, me parait contribuer à cette dimension humaniste : voix fragile, mais obstinée et sans failles, voix de proximité.

Dans les deux cas, l’accordéon n’est pas seulement ce qui enjolive la vie ; l’accordéon, c’est la vie, un art de vivre. De ce point de vue, on pourrait à bon droit les qualifier d’accordéonistes épicuriens.

Et puis, enfin, j’ai retrouvé « Confluences » de Jean-Louis Matinier, disque de 2003. Quartet avec R. Rangel à la flute, N. Veras à la guitare et R. Garcia-Fons à la contrebasse. J.-L. Matinier parle de l’influence de la Loire et de ses méandres sur son inspiration. Il qualifie son album d’itinéraire, de « Chemin de Compostelle ». Je ne peux m’empêcher de penser à cette présence constante du voyage, que l’on retrouve dans « Fuera » avec Garcia-Fons ou dans « Le voyage de Sahar » avec Anouar Brahem. Un disque intimiste. Faut-il parler de quartet ou de quatuor ? Le label, « Enja » incite à garder quartet. Matinier, c’est le copain discret et en apparence modeste, mais drôlement déterminé, avec une ligne de conduite bien tracée, ce qui ne signifie pas toute droite.

dimanche 4 février

Tout en écoutant l’album de J. Molard, « Acoustic Quartet », je parcours l’ensemble de l’emboîtage pour y repérer quelques indices.

- « Jacky Molard Acoustic Quartet », Innacor Records / L’Autre distribution, 2006.

En couverture, le titre « Acoustic Quartet ». Indices : acoustic quartet et non quartet acoustique. Quartet et non quartette. Connotations anglo-saxonnes. Quartet et non quatuor. Connotations jazzy.

Au dos, les titres manifestent l’esprit d’éclectisme des compositions, toutes de Jacky Molard, hormis un morceau traditionnel dont il a fait l’arrangement. Exemples de ces titres : « Tigidum », « Kudel », « Iasi », « Nishka Bania », « As Crechas », « Un jour perdu », « Just Around the Window », « Marche des gens qui s’en vont ».

L’ensemble se présente comme une composition très architecturée : une introduction (I), une suite 1 (titres II à VII), une suite 2 (VIII à X), une conclusion (XI).

S’ajoute un reportage vidéo de 10 :26 minutes, reportage situé en Centre-Bretagne. Ancrage nullement incompatible avec la tonalité jazzy revendiquée en titre général. Ancrage, enracinement et ouverture. Dépassement des contradictions apparentes.

Le quartet : Jacky Molard, violon & alto, Yannick Jory, saxophones soprano & alto, Hélène Labarrière, contrebasse, Janick Martin, accordéon diatonique. Je situe Jacky Molard par rapport à Erik Marchand avec qui il a collaboré sur plusieurs disques, notamment « Pruna » (Erik Marchand et les Balkaniks) et « Unu Daou Tri Chtar » (quatuor : chant, taragot, violon, alto & contrebasse, et accordéon).

Au fur et à mesure des écoutes, à côté de morceaux où le saxophone donne clairement la couleur jazzy, un titre se détache, qui me touche particulièrement : « VII. Pifarello », 7 :33. Je pense à Anouar Brahem. J’y retrouve ce rythme propre à la méditation qu’on trouve dans « Le pas du chat noir » ou « Le voyage de Sahar ».

Parmi les indices qui me font sourire et que, je l’avoue, je trouve un peu ridicules, j’en note deux :

- la bande publicitaire au bas de la couverture. Comme d’habitude pour les disques de ce distributeur, c’est dithyrambique. Je m’en tiens aux trois dernières lignes : « Une musique euphorisante, au son unique, dense, véloce et pétillant, les musiques Bretonnes, Irlandaises et Jazz se marient en noces sublimes, un album d’une extrême richesse ». Heureusement qu’on ne prend pas ce type de texte trop au sérieux, car ce pourrait être de nature à suggérer un doute. Trop de dithyrambe tue l’éloge.
- le texte de présentation du livret, intitulé « L’ensemble vraisemblable », me parait vide, creux et, pour tout dire, amphigourique. Rappel : amphigourique se dit de ce qui tient de l’amphigouri. Synonymes : alambiqué, embrouillé, incompréhensible. Amphigouri : discours burlesque rempli de galimatias. Je m’en tiens à la conclusion : « La musique du quartet de Jacky Molard est celle de la dignité de l’être ». L’ensemble est du même tonneau. Trop, c’est trop. Parfois, il vaudrait mieux laisser la musique dire, dans son langage, ce qu’elle a à dire, et s’adresser directement à nos émotions, sans l’affubler de commentaires vains, qui pourraient servir à habiller à peu près n’importe quelle œuvre musicale.

J’ai examiné d’un peu près ces indices, car il me semble qu’ils font partie de l’écoute. Dès que l’on en a pris conscience, ils orientent d’une certaine manière l’attention et l’attente. Ici, en l’occurrence, il me semble qu’il faut savoir faire le tri entre des informations significatives et d’autres, comme celles que je viens de citer, qu’il faut être capable de mettre entre parenthèse pour construire un rapport authentique avec l’œuvre. Cette authenticité ne se confond pas avec quelque rapport immédiat. Elle doit être construite patiemment ; elle n’est pas donnée. C’est en cela que l’écoute est un problème. Pour reprendre le vocabulaire de Barthes, le plaisir de l'écoute ne relève pas seulement du punctum, il met aussi en jeu le studium, qui peut être à la fois médiateur ou obstacle.

samedi, février 03, 2007

samedi 3 février

… acheté au point « presse » de l’hypermarché le dernier numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes », numéro 61, février 2007. Je trouve toujours quelques informations à y glaner, même s’il m’arrive de regretter la place prise par ce que j’appelle l’accordéon « émail diamant ». Je ne sais pourquoi, mais j’ai peu de goût pour les accordéonistes qui me semblent forcer leur sourire, même si j’imagine que s’ils sont si nombreux dans les pages de cette revue, c’est qu’ils correspondent à un lectorat et à un certain type, voire à une certaine idée de l’accordéon. Dont acte.

En parcourant ces pages en diagonale, je suis tombé sur l’annonce de concerts de Marc Perrone, à Paris, du 12 au 14 mars. L’encart dit qu’il présentera sur scène son nouvel album, « Les p’tites chansons ». Un détour par Alapage me permet de voir qu’en effet cet album figure comme nouveauté disponible. C’est l’occasion de le commander et, par la même occasion, de commander aussi un disque réédité de Galliano avec Chet Baker, « Salsamba ».

Avant de quitter l’hypermarché, bien entendu, nous allons voir s’il n’y aurait pas quelque nouvel album d’accordéon… Alors que « Solo » est difficile à trouver, « Luz Negra » figure en bonne place. Au prix de 17,98 euros. Et dire que je me suis déplacé à Paris pour le payer 20 euros en avant-première. Mais, ça valait bien ça ! Un album attire mon regard : « Jacky Molard, Acoustic Quartet ». Je connais ce musicien par ses participations à des disques d’Erik Marchand. Préjugé favorable donc. Autre impression favorable, la composition du quartet : violon et alto, saxophones soprano et alto, contrebasse, accordéon diatonique. Impossible d’en écouter des extraits, le lecteur est en panne. Peu importe, c’est tentant.

Je n’ai écouté les différents titres que deux fois, je n’ai pas eu le temps de visionner la vidéo, mais d’ores et déjà je ne regrette pas d’avoir fait l’achat de ce cd. La musique est beaucoup plus complexe que ce que j’attendais. Ma première impression est un ancrage fort dans la musique traditionnelle bretonne retravaillée à la lumière du jazz et de la musique contemporaine. Ici ou là des accents kletzmer, voire orientaux, mais surtout une tonalité ou un esprit « jazz ». Si j’osais, je dirais que j’ai trouvé dans le travail d’écriture musicale de Jacky Molard, compositeur de tous les titres sauf un, traditionnel, quelque chose d’apparenté à celui d’Erik Marchand. Le saxophone donne une couleur particulière au disque, même si le violon joue bien le rôle de leader.

Autres réflexions : j’ai noté à plusieurs reprises mon goût pour l’écoute avec des haut-parleurs extérieurs par opposition au casque et, du même coup, mon plaisir à manipuler des disques avec leur emboitage complet, avec une notice ou un livret de présentation, avec du texte donc. J’aime que le son emplisse l’espace d’une pièce, j’aime que la qualité plastique de l’objet « cd » soit équivalente à sa qualité musicale. En cela, j’ai bien conscience d’être d’un autre monde, antérieur au téléchargement et à « la musique immatérielle ». Je ne peux m’empêcher de sentir le MP3 comme un écrasement de la musique et j’ai une image forte de cette impression d’écrasement, comme si le son était passé au laminoir. J’ai bien conscience que cela gêne mon écoute en la perturbant. Mais, ici ou là, des faits me donnent à penser que cela pourrait changer. D’abord, lors de notre dernier voyage à Paris, Françoise a écouté des heures durant la sélection qu’elle s’était faite de titres de Galliano sur son baladeur MP3. Et son plaisir était évident. D’autre part, il y a peu de jours, Charlotte (6 ans et demi) m’a sidéré en utilisant avec naturel, assurance et facilité son propre baladeur. Elle avait projeté de copier sur son cahier de chansons certaines paroles du « Soldat Rose » et pour s’aider dans cette tâche d’écriture, elle avait trouvé plus agréable de les écouter en même temps. Et sa satisfaction était évidente. Dans les deux cas, l’attitude de Françoise comme celle de Charlotte suffisaient à prouver à quel point elles étaient « dans leur monde » et heureuses d’y être, à l’abri des bruits extérieurs. Cela m’a donné et me donne à réfléchir. Peut-être qu’un certain déficit de qualité musicale est compensé par la certitude de pouvoir s’isoler… Il se trouve que cette réflexion en croise une autre, qui pourrait bien la compléter. Hier soir, pendant plusieurs heures, j’ai mis de l’ordre dans ma « bibliothèque » Windows Media Player. Pourquoi d’ailleurs ne dirait-on pas discothèque ? J’y ai pris un grand plaisir, d’abord en me préparant quelques sélections personnelles, ensuite en observant les images des couvertures des disques. Le plaisir de la facilité d’utilisation se doublait du plaisir visuel. Je me suis surpris à jouer avec les sélections et avec les images comme Charlotte joue avec les cartes du jeu des « Sept familles » ou Camille avec les pièces de ses puzzles. En disant cela, j’ai bien conscience du ressort puéril qui m’anime et je pense que ce pourrait bien être le début d’un parcours où je finirai bien par trouver plein d’avantages et de charmes à un baladeur, à ses sélections et à son casque…

jeudi, février 01, 2007

vendredi 2 février

Journée quasiment sans soleil avec des moments de froid. Nous avions quelques projets du côté des boutiques de Toulouse avec Françoise, mais Camille et Charlotte jouent Gastro et Broncho, si bien que nous nous en sommes tenus à un projet unique : les garder au chaud devant la télévision, les persuader de prendre les remèdes prescrits par le médecin, leur préparer des compotes aux quatre pommes ou des bananes en fines rondelles. Maintenant, je connais bien « Tiji » et j’ai vu et revu plusieurs fois les aventures de « Sissi »… Quel régal ! Il y a aussi « Les 101 Dalmatiens » ou « Charlie et la chocolaterie »… Un vrai festival !

Avec la soirée arrive un peu de calme et l’envie d’écouter quelque chose qui me ferait plaisir. Les conditions ne sont pas optimales, néanmoins en cherchant parmi les morceaux enregistrés sur mon ordinateur et avec un casque de bonne qualité, je trouve mon bonheur :

- « l’éphémère, quatuor », 2 :58
- « l’éphémère, duo bayan », 2 :36

Il s’agit de deux versions de cette composition, que Jacques Pellarin m’avait envoyées successivement il y a quelques semaines. Pour le coup, alors que d’habitude je préfère l’écoute avec des baffles extérieurs, en l’occurrence l’écoute au casque me permet de m’isoler et d’entrer dans le monde de « l’éphémère » et cela suffit à marquer la journée d’une pierre blanche.

Je me dis que Jacques Pellarin, en trio, quartet ou quintet, un soir de mai à Trentels, ce serait vraiment bien.