mercredi, mai 28, 2008

vendredi 30 mai - autres images

recadrage

en noir et blanc... un autre horizon


verticales... sous le regard de l'ange


un concert cubiste



jeudi 29 mai - photonotes du concert à hasparren

Françoise a réussi à noter quelques attitudes caractéristiques de Philippe de Ezcurra et j'en suis drôlement content...

21 h 40
21 h 55
21 h 56

22 h 17


22 h 18




22 h 19




22 h 46






22 h 47












mercredi 28 mai - philippe de ezcurra à hasparren

Samedi 24 mai à 21 heures, concert de Philippe de Ezcurra, à l'église d'Hasparren. On est en Pays Basque. Hasparren est au sud-est de Bayonne, à une vingtaine de kilomètres ; à l'ouest de Pau, à une centaine de kilomètres. Nous partons de la maison vers 18 heures. Temps lourd de pluies et chargé d'orages. Les éclairs illuminent les Pyrénées. Tout à coup, vers Orthez, l'autoroute est jonchée de feuilles et de branches hachées, puis de grêle. Une longue file de voitures et de camions se forme et avance au ralenti. Dans cette atmosphère un peu irréelle, on dirait qu'il vient de neiger et la voiture roule dans des rails, nous échangeons nos pensées sur Philippe de Ezcurra tout en écoutant "Bahaki". C'est comme si nous traversions un sas nous préparant au concert.

L'église, fin XIX ème, n'a pas de charme particulier. Il pleut. Des groupes de deux à trois personnes arrivent pour assister à la messe du soir. A côté de l'église, un bistrot où nous commandons un sandwich au jambon de Bayonne et un demi. La finale de coupe d'Europe de rugby se termine. L'image, brouillée par le temps orageux, est difficilement lisible. Le comportement des joueurs du Munster au coup de sifflet final nous montre que les Toulousains ont perdu. Un groupe d'une vingtaine d'adolescents a rejoint la salle de restaurant et dîne sans bruits. Ce sont les élèves accordéonistes des écoles de musique d'Hasparren, de Briscous et de Saint Palais.

Vers 20 h 30, nous revenons à l'église presque pleine. Nous entrons et nous suivons la fin de l'office. Prières, chants, sermon, tout en langue basque. L'intérieur de l'église est beau avec ses galeries de bois sombre. A la fin de la messe, nous restons assis, c'est encore une manière de nous préparer au concert. Au moment où nous décidons de rejoindre le premier banc, Philippe de Ezcurra entre par une porte latérale. Son instrument sur l'épaule droite, sa tenue de concert sur un cintre à la main gauche. Nous échangeons quelques mots. Il est déjà concentré, ici mais déjà ailleurs, tout à l'heure.

Les élèves donnent trois morceaux. Nous sommes frappés par la rigueur de la mise en place. Les deux professeurs nous expliquent comment ils ont répété tout l'après-midi sous la direction de Philippe de Ezcurra. Nous sommes frappés par cette dimension de son action, à savoir le sérieux qu'il met à se comporter aussi en enseignant, en médiateur ou, peut-être serait-ce plus juste, en passeur. Nul doute que ces élèves n'oublieront pas cette présence du concertiste venu leur transmettre une parcelle de son savoir et de son savoir-faire. Je retrouve ce rôle d'enseignant ou de passeur dans la distribution du programme, qui permet à chacun de suivre l'interprétation des morceaux successifs. De même, chaque pièce est présentée succinctement, située. Il ne s'agit pas d'expliquer ce que l'on doit entendre, mais de donner le contexte historique ou subjectif ("pourquoi je l'ai choisi...") de chaque morceau.


Je ne garde que cette photographie du concert, car la lumière relativement faible, qui donnait au concert sa couleur intimiste, ne suffisait pas pour mon petit Nokia. Heureusement que Françoise a réussi les siennes, que je publierai dès demain. Elle les a réussies car plusieurs d'entre elles "rendent" bien les postures caractéristiques de Philippe de Ezcurra. Celle que l'on voit ici montre une de ses attitudes significatives : les yeux fermés, la tête levée vers sa gauche, très haut. Tout porte à croire qu'il s'agit d'une affaire entre lui, l'oeuvre et ce que j'appellerais faute de mieux son regard intérieur. Il n'a pas de partitions. Entre chaque morceau, un temps de plusieurs secondes. Un temps de recueillement pour lui et pour les auditeurs. Un sas pendant lequel on quitte le monde présent pour aller jusqu'au seuil de l'oeuvre à interpréter. Car il s'agit bien, tant pour le programme en sa totalité que pour chaque pièce, de faire émerger un monde. Ce travail d'organisation et de transcription nous touche comme une évidence, même s'il est difficile à expliquer ou à traduire en discours.
A la fin du concert, nous achetons "Aria di sortita", produit par Philippe de Ezcurra lui-même. Il écrit quelques mots aimables sur la pochette. Du coup, je lui demande de bien vouloir mettre un autographe sur son autre album "Bahaki", je crois que l'intrusion de ce cd dans ce concert clasique l'amuse. Autres mots gentils. Pendant que nous échangeons quelques mots, Françoise discute avec un couple sensiblement de notre âge, qui lui dit son admiration pour Philippe et qui s'extasie devant le travail considérable que demande la préparation d'un tel concert. Au moment où nous allons nous quitter, il nous dit : "Je vous présente mes parents".






Quelques mots sur le programme...
- Chaconne en ré de J.-S. Bach, transcription de Ph. de E.
- Sonate n°2 de Kusjakov (allegro moderato, lento docissimo, presto). Le silence entre chaque mouvement !
- Dumka de Tchaïkovski, transc. Juri Sidorow
- Pavane pour une infante défunte de Raval, transc. Ph. de E.
- Divertimento d'Astier
- Nocturno et Final de Cholminov
- Adagio de Barber, transc. Ph. de E. C'est le seul morceau dont il suit la partition. C'est, nous dit-il, la première fois qu'il le joue.
Deux rappels :
- une pièce "Carnaval" d'une suite d'un compositeur russe, inspirée par un séjour en Pays Basque en 1992, je crois, et par sa musique
- un tango, encore anonyme, pour justifier la présentation faite dans un journal local, qui présentait Philippe de Ezcurra comme étant un compositeur.
Ce fut un concert magnifique. A plusieurs reprises, j'ai observé les élèves des écoles de musique, assis aux premiers rangs. Subjugués. Comme nous.
Après le concert, dans la nuit noire et humide, nous avons rejoint Hossegor à une trentaine de kilomètres. En écoutant "Aria di sortita". Que nous avons encore écouté jusqu'à une heure, dans la villa silencieuse, entourée d'habitations désertes, avec loin, là-bas, le bruit profond des vagues qui se brisent sur le sable immense, tout en mangeant des sandwiches préparés à tout hasard avec une bière, puis une tisane.
Dimanche et lundi, nous avons continué nos travaux de lasure et de peinture. Toutes portes ouvertes. Pas une âme qui vive dans le quartier. En alternance, "Aria di sortita" et "Bahaki". Le bonheur, quoi !
Dès demain, je publie les photonotes de Françoise. Evidemment, on les choisit en écoutant...





jeudi, mai 22, 2008

samedi 24 mai - où est passé l'accordéon ?

Message reçu le 30.01.2008 de la part de France Musiques en réponse à mon courriel expédié le 29 de ce même mois.

Bonjour,
Nous avons bien reçu votre courriel et l'avons fait suivre auprès de monsieur Jean-Francois ZYGEL...
Bien cordialement.

-----Message d'origine-----
De : michel.rebinguet@wanadoo.fr [mailto:michel.rebinguet@wanadoo.fr]
Envoyé : mardi 29 janvier 2008 14:42À : FRANCEMUSIQUES
Objet : [RF MULTIMEDIA] Un message via le site internet...

nom = rebinguet
prenom = michel
email = michel.rebinguet@wanadoo.fr
sexe = M
age = >60 ans
pays = France
personne = jean françois zygel

message = Bonjour !
Vous serait-il possible de faire une série sur l''accordéon classique ? J''imagine déjà, à la lumière du travail que vous faites, tout ce que vous pourriez nous révéler quant aux possibilités de cet instrument.

Très cordialement
Michel Rebinguet



Commentaires : on notera que France Musiques a répondu à mon message par retour du courrier. On notera que pratiquement quatre mois après cet échange, j'attends toujours une réponse de Jean-François Zygel. Je n'en tire aucune conclusion. Tout juste quelques hypothèses. Par exemple que Jean-François Zygel voyant associés les mots "accordéon" et "classique" a pensé qu'il s'agissait d'un canular, tant les deux notions ou les deux réalités lui paraissent étrangères l'une à l'autre, pour ainsi dire dans un rapport d'exotisme radical. Par exemple, qu'il n'est pas omniscient et qu'il ne connait que les instruments de musique, les vrais. Par exemple encore, qu'il ne répond pas directement au courrier des auditeurs, qu'il confie cette tâche à des secrétaires formés à la musique classique, et que ceux-ci ont cru que l'accordéon relevait de l'ethnologie musicale, de la sociologie des banlieues ou de la préhistoire...

No comment.

vendredi 23 mai - pistes et commentaires

... reçu deux courriels, que je répercute ici :

- L'un de Sylvie Jamet, qui me signale l'existence d'un groupe, "Bardan", que l'on peut situer grosso modo comme un groupe de rock, et dont le site se trouve sur Myspace. J'ai bien apprécié les titres que j'ai pu écouter. L'un d'entre eux, "Quartier des vivants", je crois, m'a rappelé l'inspiration de Brel.

Leur site myspace : http://www.myspace.com/bardanmusic


- L'autre est un commentaire, signé Hervé, à propos de ma page sur Riccardo Tesi, le 13 avril, et plus précisément sur son dernier opus, "Presente Remoto". Hervé me signale que R. Tesi joue de l'accordéon diatonique et non du mélodéon, comme je l'écrivais, même si, ajoute-t-il, le mélodéon est une forme particulière d'accordéon diatonique. Dont acte. Mais, vérification faite, je lis sur le fascicule de présentation de l'album en question, "Riccardo Tesi : melodeon". J'imagine que cette information a été contrôlée par Tesi lui-même et s'il est vrai que le mélodéon est une sous-catégorie des diatoniques, tout porte à croire qu'il a voulu clairement indiquer la spécificité de son instrument.

jeudi 22 mai - une journée ordinaire

En ce mois de mai où les orages se suivent et se ressemblent, ce mercredi est comme une parenthèse de temps délicieux. Grand ciel bleu, un léger souffle de vent. J'occupe la matinée à faire différentes courses. Les gens me paraissent détendus. Je fais le plein d'essence ; je trouve que la hausse du prix du pétrole commence à sérieusement se faire sentir, mais ça ne suffit pas à obscurcir mon moral. A midi, nous déjeunons sur la terrasse, à l'ombre du prunier dont les feuilles sont lourdes de sève et à l'abri des lauriers qui bruissent. De temps en temps, une prune de la taille d'un noyau de cerise tombe sur l'herbe. Après déjeuner, une heure passée à tondre la pelouse. Comme une odeur de foin humide. On profite de la météo favorable pour étendre la lessive de draps sur l'herbe fraichement coupée. En début d'après-midi, nous allons jusqu'à "La cueillette d'Aragnon", vaste ferme aux portes de Pau, ramasser des pommes de terre (la fourche est à disposition), des oignons frais, des fèves, des salades "feuilles de chêne" et des fraises.
Les rangées de fraisiers s'étendent à perte de vue. Des couples âgées ramassent des brouettes de fraises pour faire des confitures. Un car d'enfants se répand sur la zone et en un clin d'oeil remplit un nombre impressionnant de cagettes.

Nous choisissons nos fraises du soir une à une et Françoise remarque que plus les fraisiers sont abondants en feuilles, moins les fruits sont beaux. Plus ils sont abrités, moins ils voient le soleil. Françoise a l'esprit scientifique.

Evidemment... avec la complicité du soleil, encore un autoportrait !


Au retour, comme il fait très chaud, une chaleur moite, l'envie nous vient d'aller boire un thé glacé à la boutique "Théoucafé" dans la galerie marchande de l'hypermarché. C'est l'occasion de jeter un coup d'oeil à une exposition de photographies. Photographies réalistes et abstraites. Il s'agit des bords de l'Adour, de vagues, de forêts... Noir et blanc, argentique. Le tirage met bien en évidence que les photographies n'ont pas été retouchées. Le noir et blanc privilégie les formes sur le réalisme des couleurs. C'est en ce sens que je parle d'images réalistes (quant aux formes) et abstraites (quant aux couleurs).














Avant de retourner à la maison, évidemment, petit détour par l'espace culturel. A tout hasard. Nous écoutons plusieurs extraits, en particulier de fanfares roumaines et de musique kletzmer, mais rien ne retient vraiment notre attention. Avant de quitter ces lieux, encore une petite exploration du rayon, très riche, de musique basque. Le rock basque est d'une vitalité étonnante. Et, tout à coup, je tombe littéralement sur un disque où je reconnais immédiatement Philippe de Ezcurra, et où je lis en couverture ces deux mots : "Bahaki Bordagarrai". Bordagarrai est le nom du leader. "Bahaki" signifie je ne sais quoi... Il s'agit de chansons basques très modernes, même si elles restent fidèles à une certaine tradition, interprétées par six musiciens. Je cite : Jojo Bordagarrai, ahots nagusia, koruak ; Ph. de Ezcurra, akordeoia, bandoneoia, koruak ; Marc Tambourindeguy, pianoa, teklak, koruak ; Eric Ruiz, gitarrak, tres ; Eric Otxandaburu, kontabaxua ; Vincent Thomas, bateria.
Philippe de Ezcurra joue sur un accordéon "Mythos" de marque Pigini. J'observe qu'il est capable de jouer de l'accordéon classique en solo, du bandonéon en septet, de l'accordéon encore dans ce disque. On a l'impression que ces différentes expériences ne sont pas disjointes, mais que tout se passe comme si un jeu dialectique les reliait entre elles. La journée était consacrée, au plan mondial, à la diversité culturelle et la radio, d'émission en émission, nous a farci le chou avec des réflexions et des pseudo-réflexions sur ce thème. Je me dis que Philippe de Ezcurra, par sa pratique même, est un bon exemple, voire modèle, d'une diversité culturelle en acte. Il passe d'un univers musical, d'une vision du monde à une autre avec un égal bonheur, et l'on comprend bien en l'écoutant que la diversité peut exister sans se dégrader en inégalités et vains classements.

Plus j'écoute ce disque, plus je me convainc que l'on peut parler de jazz basque, très typé et très ouvert à la fois à maintes influences. C'est ça la culture !




mardi, mai 20, 2008

mercredi 21 mai - pavane pour une infante défunte

… écouté six ou sept fois successivement, je ne sais pas exactement, la « Pavane pour une infante défunte » de Maurice Ravel. Il s’agit de la version, arrangée par Richard Galliano, et jouée par le Quatuor de Paris : Joë Rossi, Richard Galliano, Valérie Guérouet, Frédéric Guérouet.

C’est le titre 14 du volume 5 de la collection « Les monstres sacrés de l’accordéon » consacré à Joë Rossi et au Quatuor de Paris. Enregistrements originaux des années 80, RDC Records / 7 Music. Durée : 6 minutes.

Comme nombre de compositions de Ravel, la musique est obsédante. Une image me vient à l’esprit : des voiles de brouillard passent devant un paysage incertain. Leurs lentes ondulations masquent et dévoilent tour à tour de grandes masses sombres, plateaux pierreux ou vagues immenses à perte de vue. La tonalité est difficile à définir : de la tristesse sans doute, mais aussi une sorte de sérénité. Peut-être serait-il plus juste de parler de mélancolie… En tout cas, quelque chose de stoïcien, comme l’acceptation de l’ordre des choses.

Le son des quatre accordéons est surprenant. C’est un tissage de couleurs éteintes, comme celles d’un tapis du Maroc maintes fois lavé et mis à sécher sur des terrasses écrasées de soleil. L’éclat a disparu, ne reste qu’une tonalité complexe. Un poète parlait de l’obscure clarté qui tombe des étoiles. Cette expression paradoxale caractérise assez bien cette tonalité, me semble-t-il…

D’écoute en écoute, une autre image me vient à l’esprit : un cloître roman. Lieu de méditation par excellence. Monde hors du monde. Tellement hors du monde qu’après cette succession d’écoute de la « Pavane… », il m’apparaît impossible d’écouter un autre morceau.

Philippe de Ezcurra a inscrit cette composition au programme de son concert de samedi en l’église d’Hasparren. C’est ma façon de me préparer à l’écouter et à essayer de saisir les particularités de son interprétation. C’est ma façon d’exercer mon attention.

vendredi, mai 16, 2008

samedi 17 mai - philippe de ezcurra en concert solo

... reçu vendredi matin ce courriel de Philippe de Ezcurra :

Concert d' Accordéon Classique : Philippe de Ezcurra

Samedi 24 Mai à 21 h., à l'église d' Hasparren.

Au programme : JS- Bach "chaconne en rém" , A. Kusjakov "sonate N° 2 ", P. Tchaikovsky "Dumka",M. Ravel "Pavane pour une infante défunte" , A. Astier "Divertimento" , S. Barber "Adagio", W. Semionov "Carnaval"....

Venez nombreux........

Nous comptons bien assister à ce concert. Nous espérons bien aussi que Philippe de Ezcurra, à cette occasion, distribuera son disque classique, "Aria di sortita". Notre seul dilemme est de savoir si nous ferons l'aller-retour de Pau ou si nous rentrerons le soir à Hossegor pour y passer le dimanche ou si nous irons à Hossegor dès le vendredi, etc... Il y a des problèmes plus difficiles à résoudre. D'ores et déjà, on se réjouit en attendant ce moment d'accordéon classique, ce qui est plutôt rare en notre région.

jeudi, mai 15, 2008

vendredi 16 mai - danças ocultas... et après...

Durant les deux jours que nous venons de passer à Hossegor, où nous avons fait des travaux de peinture du matin au soir – les encadrements des portes et des fenêtres ! Les portes ! Les sous-couches !-, les six disques de Trentels et le dernier Riccardo Tesi ont tourné sans relâche et, curieusement, de plus en plus fort. Pas de problèmes de voisinage, les villas alentour sont vides. Le facteur à dix heures, la camionnette d’un artisan, un touriste égaré, le bruit de l’océan en arrière-fond, la benne de ramassage des ordures, un chien errant, c’est à peu près tout. On en profite ! Parmi ces disques, l’un d’entre eux a particulièrement retenu mon attention : « Pulsar », 2004, le dernier opus (à ma connaissance) des « Danças ocultas ». Il marque en effet une évolution manifeste dans le parcours du groupe. Que signifie cette évolution ? Je ne saurais le dire de manière assurée, car je n’ai pas d’informations sur les intentions du quatuor, mais le fait est qu’elle ne peut pas ne pas être significative. Qu’on en juge : au fil des différents morceaux, on note l’adjonction d’un accordéon (sur plusieurs titres), d’une contrebasse, d’un piano, d’une guitare, d’une mandoline, d’une clarinette, etc… C’est ainsi que le quatuor ne se réduit jamais aux quatre membres, mais qu’il oscille entre quintet et septet. Il ne s’agit donc pas de l’invitation occasionnelle d’un musicien, mais d’une volonté délibérée, qui marque plus qu’une évolution progressive, une véritable rupture avec la formation originelle. C’est pourquoi, même si je ne connais pas le projet des « Danças ocultas », je pense qu’il s’agit bien pour eux d’explorer des voies d’ouverture et de complexification de leur répertoire. Cette complexification est sensible dans les différents morceaux où intervient un cinquième accordéoniste, Gabriel Gomez. L’ouverture est perceptible dans un morceau comme « Alchimie », particulièrement à travers la voix et les percussions d’Abed Azrié, le piano de Mario Laghina et l’accordéon de Gabriel Gomez. Je serais tenté d’imaginer que le groupe a encore beaucoup à explorer du côté de la musique arabe et arabo-andalouse. A suivre… En tout cas, on est bien obligé de noter le rapprochement entre le nom du quatuor « Danças ocultas » et le titre « Alchimie », l’alchimie étant définie comme une science occulte. D’une certaine façon, il s’agit bien de la même veine originelle, d’une évolution fidèle aux sources du groupe : occulte, hermétique, mystique… Peut-être une manière d’approfondir l’intention fondatrice en la développant.

dimanche, mai 11, 2008

mardi 13 mai - riccardo tesi

Samedi en fin d'après-midi, il était environ 19 h 30, le désir m'est venu d'aller faire un tour à l'espace culturel de l'hypermarché. Histoire de voir... A tout hasard... Le rayon de disques basques est toujours aussi fourni, mais il y manque les productions du label "Elkar", qui me parait à ce jour le plus intéressant. Ne serait-ce que parce qu'on y trouve Philippe de Ezcurra. Nonobstant cette absence, le rock basque, presque toujours accompagné d'accordéons, est d'une vitalité extraordinaire. J'écoute quelques extraits d'albums pris au hasard, mais je n'arrive pas à m'arrêter sur un choix.

Chemin faisant, une couverture attire mon regard. Quatre visages jeunes, sans aucune indication d'instruments. Au dos, parmi les noms des producteurs et soutiens, je lis "Maugein Tulle". Il y a donc de l'accordéon, forcément de l'accordéon. L'écoute des extraits me convainc qu'il s'agit d'une musique fondée sur des airs traditionnels, mais traduits dans le langage d'aujourd'hui. En tout cas, le son est acide à souhait. Et l'humour ne fait pas défaut. Mais j'hésite, car les extraits, limités à 30 secondes, ne donnent qu'une portion congrue à l'accordéon. J'hésite encore quand mon regard tombe sur le dernier album de Riccardo Tesi :

- "Riccardo Tesi, Presente Remoto", Felmay 2008.

Avec Riccardo Tesi, virtuose du mélodéon, inutile d'écouter des extraits. J'achète de confiance. Depuis mon retour à la maison, nous l'écoutons autant que possible. Magnifique. Quelques titres nous accrochent tout de suite : "Accorsa", "Tango Di Buona Speranza", "Marock", "La Citta Vacchia", "Jazzy"...

Autour de Tesi, les formations sont multiples. Parmi ses amis, on peut citer Geri, guitare, Carboni, saxophones, Mirabassi, clarinette, Li Castro, jew's harp, Vaillant, mandoline, Bonnafé, percussions, Bollani, piano, Testa, voix, et bien d'autres encore comme le quintet Archaea, cordes. une musique éclatante, lumineuse, très italienne, sans le moindre clinquant.

De toute évidence, Tesi fait partie de ces accordéonistes qui créent une oeuvre, d'album en album. C'est d'autant plus manifeste que les formations avec lesquels il joue sont à la fois variables et récurrentes. La multiplicité des associations fait d'autant mieux apparaitre l'unité de son inspiration. Comme Galliano par exemple qui multiplie aussi les coopérations, qui explore des genres divers, mais qui toujours imprime sa marque et impose son style.

samedi, mai 10, 2008

lundi 12 mai - dix photonotes

Tout en écoutant les disques que nous avons rapportés de Trentels, j'ai plaisir à contempler les photonotes que j'avais prises. Leur qualité laisse certes à désirer, mais leur pouvoir d'évocation est puissant.
Ainsi, Bruno Maurice en noir et blanc. Deux couleurs pures, qui correspondent bien à la rigueur de son style et à sa capacité de provoquer l'imaginaire des auditeurs.


Jean-François Baez, tout en tension et en concentration.

J'aime bien cette image, peut-être à cause du contraste entre l'accordéoniste peu éclairé, un peu mystérieux, et une contrebasse, éclatante, qui interviendra avec Ponty Bone en seconde partie de soirée. C'est déjà le contraste entre l'intériorité de Baez et l'extériorité de Ponty Bone, qui est comme mise en scène.



Ces deux postures de Ponty Bone caractérisent bien sa prestation. Chaque morceau est à la fois le même et autre que tous les autres. Variations sur une attitude chaleureuse, professionnelle et détendue.



Et puis, on le voit bien , accordéon et chant sont inséparables.





De même, pour Meriadec Gouriou, la voix de l'accordéon et la voix humaine sont inséparables, comme un Janus aux portes de profondeurs infernales. Les deux voix se font échos, se soutiennent mutuellement pour proférer un message obscur mais troublant. Quelque chose de magique se passe.




Bien sûr le contraste est artificiellement exagéré, mais cette exagération même me parait rendre assez bien compte de la prestation de Gouriou. L'excès est sa norme. On est aux antipodes de Bruno Maurice. Deux manières de créer des émotions. La plus intense n'est pas forcément la plus explosive.



Quant aux "Danças ocultas", la juxtaposition des deux clichés montre bien leur posture. Impavides, présents comme des statues, ils ne bougent pratiquement pas, mais ils font monter du sol des rythmes envoutants par leur force d'obsession même. On est loin de Gouriou, on est plus proche de Maurice, mais la force magique qui émane de leurs jeux respectifs est dans tous les cas aussi intense. Il s'agit bien en effet de magie, au sens où, le temps de leurs prestations, les repères spatiaux ou temporels et les raisonnements rationnels sont comme mis entre parenthèses. On est apparemment ici et maintenant, à Trentels, un jour du mois de mai entre 21 heures et 23 heures, en fait, on est quelque part ailleurs...

























vendredi, mai 09, 2008

dimanche 11 mai - rencontre en sud-ouest

Le dernier numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes », mai 2008, numéro 75, consacre plusieurs pages de « Tête d’affiche » à une « rencontre dans le sud-ouest » entre Françoise Jallot et René Lacaille, Jean-Luc Amestoy, Michel Macias et Philippe de Ezcurra. En complément de cette visite en sud-ouest, deux pages sur le Trio Miyazaki et donc aussi sur Bruno Maurice. Une page enfin consacrée à Patrick Lavaud, directeur artistique des « Nuits atypiques de Langon » et du label « Daqui », qui a voulu cette réunion des quatre accordéonistes, Lacaille, Macias, Amestoy et De Ezcurra. Un dossier fort intéressant.

A propos de « Danças ocultas », je parlais de mousquetaires et de fines lames. Je pourrais reprendre ces mêmes termes pour qualifier les « trois mousquetaires du sud-ouest » avec le cadet, De Ezcurra, dans le rôle de d’Artagnan.

Leur réunion et les concerts qu’ils donnent en commun procèdent donc du projet du directeur de « Daqui », qui les produit, et tout porte à croire que ces quatre fortes personnalités ont accepté de jouer le jeu à fond. Ce n’était pas évident étant donné leurs « carrures » et leurs carrières respectives. On connaît d’autres situations semblables où les egos des uns et des autres auraient pu mettre à mal ce projet. Comme le dit René Lacaille, tout repose sur le fait qu’à partir de leurs expériences propres, ils sont capables de s’écouter et d’improviser en commun. Chacun apporte sa spécificité : Lacaille, la musique des iles et les rythmes de la Réunion ; Amestoy, son toucher et sa créativité, son expérience du flamenco, son imprégnation des musiques rencontrées à Toulouse et autour de Toulouse ; Macias, son art de susciter la surprise, son répertoire ouvert à de multiples influences ; De Ezcurra, sa connaissance intime de la musique basque et son expérience d’accordéoniste classique. Il me semble que la force du projet tient au fait qu’ils n’ont, les uns et les autres, pas à prouver leur qualité et qu’ils ont maints autres projets personnels en chantier, soit en solo, soit avec d’autres associations. La force du projet vient, me semble-t-il, de ce qu’ils n’ont pas besoin d’y participer pour être reconnus. Une association de pairs, librement engagés dans une sorte de parcours non balisé, mais où chacun fait entièrement confiance aux autres. A terme, on peut penser que Bruno Maurice, lui aussi reconnu pour ses qualités multiples au niveau international, rejoindra les quatre autres, puisque comme eux il est produit par « Daqui ».

Le dossier de Françoise Jallot est donc tout à fait intéressant. A travers les différentes interviewes elle fait ressortir un trait commun, qui est l’attention de chacun à chacun, l’attention de chacun au groupe, le souci d’une écoute réciproque, la prise de risque dans l’improvisation, et en fin de compte cette impression que les quatre accordéonistes sont disposés à jouer le jeu d’un périple commun. On met ensemble ses différences et la nave va

Tel quel ce dossier me satisfait. Au bout du compte, je trouve cependant qu’il reste un peu idéaliste. On en reste trop à ce que l’on pourrait qualifier d’aventure humaine. Comme le dit Amestoy, « Tout est basé sur la circulation musicale entre nous : l’inattendu… La hiérarchie musicale change à chaque projet. Il n’y a pas de chef, nous sommes dans une conversation et tout dépend du moment où l’on joue… L’unité musicale, la couleur, le style, c’est avant tout de l’humanité. Je me sens récepteur, j’écoute. Je ne suis pas dominant ou dominé… ». Attitude possible précisément parce que chacun a bien conscience de ses qualités propres et de la reconnaissance dont il est l’objet. Néanmoins, pour compléter cette dimension, disons psychologique et morale, de ce projet, j’aurais aimé des informations sur ce que j’appellerais la base matérielle ou concrète qui permet de le réaliser : comment s’articulent les agendas respectifs, comment et quand se font les répétitions, comment sont choisis les morceaux à interpréter, comment les concerts sont-ils organisés entre différents moments de solo, duo et quartet, quelle est la part d'improvisation, etc… etc… Ces éléments me semblent en effet essentiels à prendre en compte. Sans une base organisationnelle précise, il n’y a en effet que des intentions. J’aimerais bien savoir comment « ça marche »… Les navigateurs se sont bien embarqués sur le même bateau, oui, mais... comment ont-ils organisé les quarts et les manouevres communes, comment ont-ils tracé leur route, comment ont-ils décidé en commun quelles ressources emporter pour arriver à bon port ?

jeudi, mai 08, 2008

samedi 10 mai - trentels hosssegor cds

La rénovation de la villa d'Hossegor n'est pas finie, mais depuis peu il est possible, d'y manger, d'y dormir, de s'y laver (douche ou bain au choix !). Les volets roulants électriques fonctionnent parfaitement. Mardi et mercredi donc, nous avons décidé de nous y installer pour avancer quelques travaux : nettoyer les terrasses et les balcons, rude tâche après le passage des platriers, et les lasurer (deux couches). Plus quelques autres bricoles comme débroussailler le fond du jardin, enlever les ronces, tailler quelques branches mortes... et déjeuner aux "Amigos", près de la place des Landais : merlu à la plancha, une fois, moules frites, l'autre fois. Vin rosé d'Espagne. Un temps délicieux, chaud et venté, juste ce qu'il faut pour lasurer dans de bonnes conditions.

Ce travail silencieux et méticuleux, qui nous occupe un grand nombre d'heures, est accompagné, en continu, par l'écoute des six albume rapportés de Trentels... et interrompu par quelques pauses où j'ai plaisir à fixer quelques formes, sur les murs ou sur les terrasses, quelques formes étranges destinées à disparaitre après les finitions de peinture. Cette alliance d'écoute d'accordéon et de contemplation d'images éphémères dues au hasard donne une tonalité esthétique plaisante à ce séjour. C'est pourquoi j'ai plaisir à en garder traces... Bien entendu, nous n'apprécions pas tous les morceaux également, mais pour l'heure je m'en tiens aux albums. Il sera temps, plus tard, d'affiner nos préférences actuellement variables.


- Trio Miyazaki, "Saï-Ko", Daqui 2007.

- Jean-François Baez Trio, "Nikita", Charlie Art Production / Harmonia Mundi distribution 2005

- Ponty Bone, "Fantasize", Loudhouse Records, 2002


- Meriadec Gouriou, "Another World", Produit par M. Gouriou 2008




- "Danças Ocultas", EMI 1995



- "Pulsar", Danças Ocultas, Magic Music 2004





vendredi 9 mai - trentels autour des concerts...

Trentels, c'est le festival et ses concerts, bien sûr, mais c'est aussi un environnement. Les ateliers auxquels nous ne participons pas, mais qui sont un moment fort de ce rassemblement d'amateurs d'accordéon. C'est aussi un restaurant au bord du Lot, où le fils des propriétaires, officie comme cuisinier et nous sert ponctuellement chaque année à 19 heures afin que nous ayons largement le temps d'arriver à l'heure pour le premier concert à 21 heures. Arriver à l'heure, pour nous, c'est 20 h 15, au plus tard... Cette année, jambon serrano en entrée, puis pâtes fraiches, riz de veau, cèpes, une petite tranche de foie gras pour donner du moelleux, quelques fraises en dessert, café bien serré.


C'est aussi une exposition de peinture à la mairie de Penne d'Agenais où l'on peut voir plusieurs tableaux d'un peintre local, qui nous rappelle Nicolas de Staël. Géomètrie des paysages, variations sur une palette volontairement réduite. Une figuration abstraite.

C'est encore une exposition de photographies de très grande qualité au musée de Gajac à Villeneuve sur Lot. Le photographe, Gilles Garcin, "arrivé dans le monde de la photographie il y a dix ans... en même temps qu'il prenait sa retraite". Le grand nombre de ses photographie est comme une variation sur la solitude de l'individu au milieu d'un monde où la quantité règne sans partage. Une oeuvre véritablement surréaliste. On pense à Magritte et à Tati. Une présence étrange, incongrue, obsédante.


Je ne peux m'empêcher de lire cette photographie ci-dessous comme une métaphore du fil de la vie, comme une variation linéaire sur le thème de Sisyphe.



Je ne peux, évidemment, résister au plaisir de me tirer l'autoportrait et de m'inscrire ainsi dans l'oeuvre de ce photographe. Magnifique exposition !


Trentels, c'est aussi, comme l'atteste le document ci-dessous, une table, la table n° 1, que nous occupons avec un plaisir extrême depuis maintenant trois ans. C'est pourquoi, chaque année, nous surveillons avec la plus grande vigilance l'ouverture de la location. Il nous est arrivé ainsi d'envoyer nos demandes de "pass" avant même que le site ne soit complètement configuré.



D'autres images encore... avant le concert du troisième jour, avant la prestation de Meriadec Gouriou, son accordéon et ceux des "Danças Ocultas" sont disposés, en bon ordre, sur la scène. J'imagine toujours que ces instruments, si humains par leur respiration, se concentrent avant d'entrer en jeu. J'attends toujours avec la même émotion la première phrase musicale.


Au pied de la scène, en attendant 20 h 30, apéritif-concert. Le soir du 3, cinq musiciens jouent cajun. Au centre, trois membres de la famille Macias : Vincent, accordéon, Michel, voix et la petite soeur, qui fait des merveilles avec sa classe, à l'accordéon.

Ttrentels, c'est encore bien d'autres choses : les paysages, les bords du Lot, les villages, les bastides, le musée Bernard Palissy, etc... etc... C'est le retour vers Pau par des interminables lignes droites entre les pins des Landes. C'est un panneau devant une maison de garde-barrière transformée en restaurant, qui annonce :"Escargots tous les jours". Qui va piano va lentano, qui va lentano va sano !