lundi, juin 30, 2008

jeudi 3 juillet - efficacité, efficience, effectivité

En parcourant quelques pages d'un bouquin essentiel pour moi nonobstant quelques difficultés dérivées de son orientation très théorique, "La modélisation des systèmes complexes" de Jean-Louis Le Moigne, j'ai retrouvé deux pages qui m'ont donné à réfléchir. En résumé, l'auteur fait une disctinction entre l'efficacité, l'efficience et l'effectivité d'une décision. L'efficacité correspond au rapport quantifié entre les résultats ou les effets produits et les moyens consommés par une action. L'efficience correspond à l'optimisation de ce rapport : faire autant avec moins ou plus avec les mêmes moyens et in fine viser à faire plus avec moins. Ces deux critères sont le trébuchet des technocrates de tous poils. Toute action est réduite à sa quantification, à sa traduction chiffrée, et évaluée exclusivement en termes de coût, de ratio ressources produites / ressources consommées. L'effectivité n'a pas sa place dans ce jeu évaluatif et c'est bien dommage, car l'effectivité consiste à rapporter le résultat d'une action à l'intention ou au projet qui la fonde. A ce critère correspond non pas la question "combien ça coûte ?", mais la question de savoir si l'acteur a fait effectivement ce qu'il avait en projet de faire. L'effectivité implique la mise en rapport entre un résultat et le projet, et donc les finalités et donc les valeurs d'un système ou d'un acteur. Question de l'ordre du qualitatif, irréductible à la pure et simple quantification. Comme l'écrit avec humour Jean-Louis Le Moigne, une voiture qui va de Paris à Rouen en consommant 5l/100 kms est plus efficace qu'une voiture qui va de Paris à Reims en consommant 6l/ 100 kms, mais ce critère est bien peu pertinent si mon problème est de rejoindre Reims en priorité. Exemple intéressant car beaucoup d'évaluations technocratiques finissent, hypnotisées par la fascination de la mesure, par oublier de se demander si l'on veut aller à Reims ou à Rouen et pourquoi...





A l'occasion de cette réflexion, Jean-Louis Le Moigne propose une parabole que j'aime beaucoup car elle me semble ouvrir des horizons multiples, comme un jeu de tiroirs à double fond. Il s'agit de "la parabole de l'efficacité de l'orchestre symphonique".





Il était une fois un manager d'un opéra réputé qui, dès sa nomination, avait mandaté un auditeur social pour évaluer l'efficacité de l'orchestre symphonique et pour lui faire des recommandations d'organisation et de bonne gestion. L'auditeur consciencieux ayant assisté incognito à un concert avait aussitôt fait le rapport suivant (que je résume et que j'adapte assez librement ici) :





On observe que les quatre joueurs de hautbois sont pratiquement inoccupés pendant les neuf dixièmes du temps. Il importe donc de réduire leur nombre et de mieux répartir leurs interventions, plus régulièrement sur la durée du concert. Ou alors, placer leurs interventions en début de concert, de sorte qu'ils puissent ensuite aller s'employer ailleurs. Leur coût en serait réduit.


De même les douze violons jouent strictement les mêmes notes au même moment. Il y a là une duplication insupportable en termes de bonne gestion. l'effectif de cette section doit être réduit de manière drastique et si un grand volume sonore est nécessaire, il sera plus économique d'acheter, à un prix raisonnable, un amplificateur puissant.


Les musiciens consacrent beaucoup d'énergie pour jouer des demi-croches. Il y a là un perfectionnisme excessif. On pourrait arrondir les notes à la croches et de ce fait recruter des musiciens moins virtuoses, donc moins chers.


De même, l'orchestre abuse de la répétition de certains motifs. Est-il utile de faire répéter par les cuivres ce qu'on vient d'entendre joué par les cordes ? On pourrait réduire de deux heures à une trentaine de minutes la durée d'un concert en éliminant ces répétitions. On pourrait ainsi supprimer l'entracte onéreux compte tenu de l'éclairage du foyer, même si l'on prend en compte les bénéfices du bar.

D'autre part, il semble anormal de demander par moments aux musiciens d'instruments à vents des efforts qui paraissent excessifs. La médecine du travail pourrait s'en émouvoir et l'on ne peut prendre le risque d'avoir à verser des indemnités à ces musiciens. Ne serait-il pas plus judicieux d'en réduire le nombre et de doter l'orchestre d'un compresseur piloté par un technicien distribuant l'air sous la pression adéquate aux instruments concernés ? Comme il y a une pompe manouche, il y aurait une pompe symphonique.


Dernier point : l'obsolescence du matériel. Le programme indique que l'instrument du premier violon est vieux de plusieurs siècles. La valeur de cet instrument est donc évidemment quasi nulle aujourd'hui. Outre que cette information est une mauvaise publicité pour cet orchestre, un plan rationnel de gestion devrait permettre de prévoir l'investissement d'équipements plus modernes et donc plus performants.

J'aime bien cette parabole, d'abord parce qu'on croirait presque qu'il s'agit d'une description et non d'un récit imaginé, ensuite parce qu'elle nous donne à réfléchir sur cette dérive constante de l'évaluation qui ne sait traiter que des phénomènes quantifiés et qui oublie régulièrement de s'interroger sur les finalités de l'action en privilégiant exclusivement l'approche par le ratio objets produits / moyens consommés. Je l'aime bien aussi parce qu'elle me montre à l'évidence que le plaisir que je prends à l'écoute de l'accordéon, en concert ou sur cd, est irréductible à un jugement d'efficacité ou d'efficience. C'est bien d'effectivité et donc de qualité et de sens qu'il s'agit. C'est un jugement autrement complexe que celui qui se contente d'appliquer mécaniquement ou formellement les critères d'efficacité ou d'efficience.




mercredi 2 juillet - extrait de venitucci

Un truc rigolo...

Lundi, entre midi et deux heures, courses alimentaires et utilitaires (gilet et triangle homologués par la prévention routière) à l'hypermarché. Une atmosphère de vacances. Des gens en tenues disons décontractées, qui font leur emplettes sans se presser, en regardant les étiquettes, en hésitant sur le choix de telles ou telles conserves ; des accents étrangers dans les rayons : allemands, néerlandais, scandinaves...

En fin de parcours, c'est un vrai rituel, Françoise va choisir un ou deux polars pendant que je fouine dans les disques. Le premier qui a fait ses choix rejoint l'autre. C'est un bon principe, sauf que lorsqu'on a fini en même temps, on permute nos positions et l'on fait semblant de se demander où est passé l'autre, ce qui permet à Françoise de choisir un disque et à moi de fouiller dans les piles de bouquins. C'est un jeu. Il continue à nous amuser.

Bref... je tombe sur un disque, "Macadam Paseo", opus signé de Jean-Philippe Bruttmann, guitariste de style flamenco comme son nom ne l'indique pas ; au dos, je lis David Venitucci, accordéon chromatique... Intéressant ! La borne automatique de lecture ne fonctionne pas ; l'accueil du rayon des disques n'a plus de lecteur de cds. En réparation me dit le disquaire. Que faire ? Je prends le risque...

En arrivant à la voiture, j'ouvre la pochette : "David Venitucci, accordéon chromatique sur 6". Bon.

Je trouve ça plutôt rigolo... De l'extrait de Venitucci.

Cela dit, c'est du néo-flamenco et c'est bien agréable...

mardi 1er juillet - commentaire d'hervé

Je reporte à mercredi les quelques notes que j'avais l'intention d'écrire aujourd'hui, car Hervé a déposé un commentaire le dimanche 29 - partition et logique floue - qui m'a paru très intéressant, en particulier par sa dimension expérientielle. Je préfère donc le mettre en évidence.

Deuxième commentaire sur ce blog si sympathique !! En tant que musicien de musiques dites traditionnelles, de tradition orale, ne connaissant pas le solfège, j'explore une troisième voix ...Celles des micro-variations. Ni de l'ordre de l'interprétation, ni de l'improvisation, comment jouer un air sur 16 mesures, qui sera répété 15 fois pour le plaisir des danseurs, sans ennui de part et d'autre ...Jouer avec une structure rythmique, une note en plus, en moins, modifier avec tact l'ordre des notes, modifier un appui, le supprimer pour le mettre en valeur .. Hervé FAYE

Avec tous mes remerciements !

dimanche, juin 29, 2008

lundi 30 juin - avant les vacances

Ainsi donc, comme les vacances approchent, nous sommes allés, Françoise et moi, de mercredi à samedi, préparer un peu la villa d'Hossegor pour accueillir les deux merveilles - dites "coeurs de fleurs" -, Charlotte et Camille. Pour accueillir aussi bien sûr Nadja et Sébastien... Il commence à y avoir du monde en ville et sur les plages : lycéens en attente des premiers résultats du baccalauréat, retraités français et européens, jeunes couples avec des très jeunes enfants, surfers de toutes parts... mais, mises à part une villa voisine où des ouvriers portugais s'affairent, une autre où les propriétaires font des travaux de rénovation et une autre encore habitée de toute éternité par de vieux hossegorois, pas d'autre présence dans le quartier.

Nous-mêmes, nous "faisons le vitres et les carreaux", comme on dit ; Françoise se bat contre le sable envahissant et fait tourner le lave-linge en continu ; moi-même, je lessive le muret extérieur et le portail avant de les repeindre : le mur en blanc, le portail bleu océan. Le soir, nous taillons quelques arbustes ou nous arrachons des mauvaises herbes ici ou là.

Tout ce travail, toutes portes et fenêtres ouvertes, accompagné par l'accordéon de quelques disques, évidemment.

Françoise a emporté quatre disques :

- "Piazzolla for ever" de Galliano et son septet
- "Appassionnata 2" de Bruno Maurice
- "Eclectismes" du Baïkal Duo
- "Bordoneo y 900" de Juan José Mosalini et son grand orchestre de tango

Pour ma part, j'ai choisi :

- " Dual" du groupe Esquisse
- "Pale bih ando" du quatuor O'djila"
- Banda Sonora" de Battista Lena avec Rava, Mirabassi, Coscia, etc...

On peut dire que ces sept disques tournent littéralement sans arrêt : du lever, avant même le petit déjeuner, jusqu'au soir tard, car par chance nous n'avons pas encore installé l'antenne de télévision. Parfois, très tard, après minuit, Françoise regarde un dvd... mais on peut dire que de huit heures à minuit, c'est radio accordéon en continu.

Souvent, nous avons le plaisir de reconnaitre des airs que nous connaissons bien et que nous aimons. C'est comme si l'on se trouvait en pays de connaissance. On a le plaisir d'anticiper... Parfois, un morceau surgit et, comme on dit, nous interpelle, au point de nous amener à suspendre nos activités pour mobiliser toute notre attention. C'est ainsi que, sans savoir pourquoi, nous avons été sidérés, à un moment, par un morceau d'une très forte puissance d'évocation, un morceau du Baïkal Duo : "La chambre du saltimbanque absent" de Jean Pacalet. Le titre en tant que tel est déjà de nature à déclencher l'imagination, mais l'interprétation elle-même est d'une subtilité extraordinaire. Du coup, nous avons écouté autrement "Meditango" de Piazzolla. Comme le noterait "Le Monde de la musique", deux morceaux-choc.

Et puis, samedi, après le déjeuner, nous avons eu la flemme de laver nos deux assiettes, nos deux couverts, nos deux verres et nos deux tasses et nous avons donc décidé d'aller faire un tour jusqu'à Bayonne pendant que le lave-vaisselle faisait son office. Il faut toujours cultiver la flemme, car en l'occurrence nous avons profité de cet aller-retour pour rendre visite au magasin Elkar, dans le vieux Bayonne, où l'on est certain de toujours trouver du bon accordéon basque :

- "Lau eskutara", un disque, peut-être le premier, de Kepa Junkera en duo avec un guitariste, Julio Pereira. Un disque édité par Elkar dans la collection "Triki" (accordéon basque).
- "Agur Intxorta Maite", un disque de chants basques de 1936-1937 de Joseba Tapia. Disque minimaliste : voix et accordéon. Je ne comprends pas un mot, mais le chant est poignant, sans fioritures.

Au moment de quitter le parking, Françoise a envie d'aller visiter encore une fois le musée Bonnat, magnifique musée. Qu'on en juge : comme exposition temporaire, un choix d'estampes des "Désastres de la guerre" de Goya ; comme expositions permanentes : une collection archéologique de pièces venues d'Egypte, de Grèce, d'etrurie ou du monde romain. Des amphores et de petites sculptures. Des salles consacrées aux arts et couleurs du Moyen-Age, à des peintures de l'école française des 17-18 et 19 ème siècle, à la peinture espagnole des 16-18 ème siècle, à une collection de terres cuites et à des oeuvres de Bonnat, lui-même, qui rappellent par bien des aspects des tableaux d'Ingres, dont certains sont d'ailleurs présents dans le musée.

A notre retour à la villa, la vaisselle était finie.

dimanche 29 juin - partition et logique floue

Parmi les courriels que je découvre ce matin, un message de Sylvie Jamet, en réaction aux réflexions que j'avais notées mercredi sous le titre "logique floue". Bien sûr, j'en fais mon miel. Mais, du coup, je me dis que je ne vais pas garder égoïstement pour moi seul toutes ces idées. Ci-dessous donc, brut de décoffrage le message de Sylvie.
… lu ton article (mercredi 25 juin – logique floue).

Pour moi, la partition est une nécessité pour se rappeler une musique, la transmettre à des musiciens, pour la stocker avec des codes compris par les musiciens.
Mais la partition n'est qu'une image de ce qui est mesurable (tempo quand il est indiqué : "60 à la noire", c'est exactement une noire par seconde, donc une précision, des hauteurs, des reprises, ...).
A cela s'ajoutent des indications d'émotion et de sensibilité, annotées. Là on tombe dans l'imprécis (ce qu'émet le compositeur, ce que comprend le lecteur, ce qu'il choisit comme option, ce qu'il réussit ou pas à faire passer dans son interprétation).
A cela s'ajoute ce qui n'est même pas retranscrit sur la partition, qui a une fausse image de "représentation graphique réelle de la musique" : la musique par elle-même. La musique, c'est autre chose, des sons, dans l'espace, et pour commencer un phénomène physique qui fait que le son se crée physique, occupe la pièce, résonne dans les cœurs, revient au musicien qui lui-même est acteur/spectateur/auditeur. La musique c'est aussi une émotion, un discours, un échange.
Tout ça n'est pas dans le papier.
D'où le problème lorsqu'on dit à un élève de jouer une musique qu'il lit sur une partition : il faut qu'il fasse appel en lui à un phénomène de création/imagination/conceptualisation/transformation physique pour transformer ce papier linéaire en cette chose qu'est la musique, dans le temps, l'espace (alors que même le musicien le plus averti est bien à mal s'il veut donner une définition de la musique : comment rendre cette musique , conceptualiser, lui donner vie physiquement, alors qu'on ne sait pas vraiment ce que c'est ? Il faut vraiment de l'imagination...). Le travail sur partition en vient à verrouiller la création et la musicalité.

D'où l'idée de pratiquer les deux modes de jeu : celui, guidé, avec une partition, et celui de « l'impro » pure, où l'écoute sera le guide et où l’on travaille directement sur la matière, sur les sons (le nirvana : acte créatif direct, on joue avec ses oreilles, succès garanti).
Si on a la chance de pratiquer les deux (quelle chance j'ai !), les deux méthodes s'interpénètrent. On a alors conscience des limites de chaque méthode : apprentissage par cœur fastidieux ; si pas le moyen de noter pour retenir, impossibilité de jouer certaines pièces pour orchestre très longues et de formes compliquées. A l'opposé, verrou par la partition qui inhibe la musicalité.
Si on pratique les deux méthodes, avec un peu de chance, et de discernement, et de libre arbitre, et une volonté d'aller dans ce sens, on développe chacun des avantages des deux méthodes, et ayant conscience du verrouillage par la partition on arrive à se faire une autre représentation de celle-ci que celle d'un papier en 3D.
Attention, jouer par cœur une musique apprise sur partition ne permet pas de se libérer de la représentation graphique de la partition (le cerveau ayant mémorisé la musique telle qu'apprise, donc avec ce verrouillage)

Voili-voilou mon expérience de musicienne...

Bon je retourne à mes articles écolos...

Sylvie

En lisant ce courriel de Sylvie, je retrouve une réflexion que je me suis faite souvent en regardant des émissions de télévision montrant un artiste essayant de transmettre sa vision d'une oeuvre à ses élèves. Quand j'ai le sentiment que cette transmission est une véritable formation, j'observe qu'elle se réalise essentiellement par des tâtonnements successifs. Tâtonnements faits de concepts, de notions, d'images, de mimiques, de postures, de gestes, d'émotions partagées dans l'instant d'un échange de regards. C'est comme si le sens ne pouvait se transmettre simplement par des messages "durs" : conventions, relations logiques, définitions dépourvues de toute ambiguité, etc... Comme s'il fallait nécessairement procéder par ajustements progressifs, comme si le message ne pouvait se construire qu'en construisant en même temps le langage qui lui donne sens. En cela on est bien dans une logique floue, le flou étant le signe non d'un manque ou d'un défaut, qu'il faudrait s'efforcer de réduire, mais tout au contraire le signe qu'on a affaire à une pensée vivante, mixte de normes et de règles d'une part, et d'interprétations subjctives d'autre part.
A suivre...

mardi, juin 24, 2008

mercredi 25 juin - logique floue

Comme je lisais un article, page 38, du numéro 11 des « Grands dossiers » de la revue « Sciences Humaines », article intitulé « l’histoire paradoxale de la notation musicale », une réflexion m’est venue à l’esprit, que je note tout de suite pour ne pas l’oublier. Brut de décoffrage. On verra plus tard quels en seront les prolongements, s’il y en a. Ou plus exactement, j’ai l’intuition que des prolongements intéressants pourraient en découler, mais je ne suis pas certain d’être capable de les penser.

L’idée est la suivante : si je comprends bien le rôle de la notation musicale, la fonction de la partition, il me semble qu’il s’agit de se donner une image lisible, décodable, des notes, de leur hauteur, de leur durée et de leurs positions relatives (simultanéité / succession). En première approche, la partition apparait comme un support prescriptif et normatif, puisqu’elle signifie par son agencement ce qui doit être joué, qu’elle institue pour ainsi dire la permanence de la musique à interpréter à la différence de la musique improvisée. Mais quelque chose échappe à la prescription et à la norme, c’est le tempo, c’est-à-dire ce qui, finalement, donne vie aux signes lus et au travail de décodage de l’interprète. Le tempo, en effet, même dans le cas de notations explicites, écrites en toutes lettres, n’est ni strictement quantifiable, ni réductible à des indications objectives, c’est-à-dire dépourvues de toute ambigüité, quels que soient les lecteurs-interprètes-traducteurs qui en font un objet concret.

Par exemple, « allegro ma non troppo », « andantino », « rondo-allegro », etc… et toute autre indication de ce type n’ont pas de sens en soi, pas de sens fixe ; elles n’ont de sens que par référence au système-tempo de chaque interprète. Le sens n’est pas dans la formule en tant que telle ; il ne prend corps, littéralement parlant, que par rapport à une totalité temporelle, à un réseau de notes, propre à chaque interprète, qui traduit la partition qu’il lit. Comme dans tout système, on peut dire que chaque partie ne prend sens que par son rapport au tout ou encore que le tout précède la manifestation de chacune de ses parties. C’est pourquoi aussi telle partie, quand on a affaire à un interprète et pas à un simple déchiffreur de partition, est en quelque sorte significative de toutes les autres et du tout. La partie est dans le tout ; le tout est en chacune de ses parties.

Je ne sais pourquoi cette réflexion m’a fait penser à ces petites annonces du type « cherche appartement pas trop cher, proche du centre ville, bien ensoleillé, à proximité du métro » ou « à vendre maison de style, bien située, finitions soignées, travaux à prévoir, combles aménageables ». Ou encore à des informations comme celles-ci : « au cours de la matinée, il est possible que la circulation soit ralentie sur la rocade nord » ou « on peut s’attendre à des bouchons en fin de soirée sur le périphérique intérieur ». Dans tous ces cas, l’information est irréductible à la logique binaire ou exclusive du vrai/faux. Ici, l’information est trop complexe et trop chargée d’incertitudes pour se réduire à un raisonnement du type « ou bien… ou bien… », à l’exclusion de tout intermédiaires. Cette complexité et cette incertitude, bien loin d’être un défaut, sont précisément des modalités de l’information qui font place à la prise de décision et, en amont, à l’interprétation. On a pu parler à ce sujet de logique floue, de traitement d’informations imprécises. C’est cette même imprécision qui permet la liberté et disons-le l’existence même des interprètes. C’est ce qui fait que chaque concert est un moment radicalement imprévisible, un moment unique. C’est ce flou qui explique que si Richard Galliano joue « Indifférence », ici et maintenant, à la fois je reconnais cette valse et je reconnais que c’est bien « du Galliano ». Paradoxe ! Je reconnais cette composition comme je la reconnaitrais interprétée par un autre accordéoniste et en même temps je le reconnais comme étant « du Galliano » même si je ne l’ai jamais entendue auparavant interprété par lui.
Bon, il faudra creuser un peu ce filon, mais d’ores et déjà j’aime assez l’idée d’une relation étroite et quasi essentielle entre les morceaux d’accordéon que j’apprécie et la logique floue…

dimanche, juin 22, 2008

samedi 21 juin - fête de la musique à pau

Fête de la musique à Pau. Pour être synthétique, deux impressions opposées. D'une part, des formations de tailles diverses, du big band qui joue des compositions de Duke Ellington au quatuor de musique de chambre ou au quartet de jazz en passant par des égarés de bandas exécutant "Viva Espana" sur le pont à l'entrée du château. Tout cela est sympathique. D'autre part, moins sympathique, l'attitude minable d'un certain nombre de bistrotiers qui diffusent des tonnes de décibels de musique enregistrée dans le seul but de taper plus fort que leurs voisins. La musique enregistrée devrait être interdite par la municipalité en ce jour de fête de la musique. L'histoire reste morale, car trop, c'est trop, et les bistrots survitaminés sont désertés par les buveurs et autres assoiffés. Et puis, devant le Palais des Pyrénées, face aux montagnes, une heureuse surprise. Cinq musiciens sur un podium. Beaucoup de spectateurs. Nous arrivons au moment où l'accordéoniste joue solo un morceau de sa composition. Il est très applaudi.








samedi, juin 21, 2008

vendredi 20 juin - après le festival rio loco à toulouse

Retour vers Pau. Passage à hauteur de Tarbes à 11h20. Qui dit Tarbes dit Harmonia Mundi. On quitte l'autoroute à Tarbes Est. Il y a longtemps que j'avais repéré un disque que je voulais acheter : "Banda Sonora" (compositeur, Battista Lena), un disque du même tonneau que les "Cosmonautes russes". L'exemplaire en question m'attend patiemment à sa place. A l'accordéon, Gianni Coscia, qui manifeste sa présence au milieu de cette fanfare d'une cinquantaine d'exécutants. Evidemment, on pense à Nino Rota.




Comme je cherche un autre disque d'accordéon éventuel, Bruno me signale "O'djila", un disque, façon musique serbe, de quatre musiciens : guitare/choeurs/chant leader ; accordéon/choeurs/chant leader ; percussions/choeurs ; contrebasse... plus quelques invités, violon, clarinette, etc... Une révélation. A l'accordéon, Boban Milojevic.

Avant d'aller déjeuner, nous discutons quelques minutes avec Bruno. Il nous parle de la situation actuelle de "Label bleu" et du fait qu'Harmonia Mundi ne le distribue plus. Je note qu'il a encore plein de merveilles de ce label ; il m'offre un disque "Daniel Goyone 2", où j'ai noté la présence de Richard Galliano sur deux morceaux, au bandonéon, à l'accordina et à l'accordéon. Le disque est de 1986.

jeudi 19 juin - le festival rio loco à toulouse

Ce jeudi soir, nous avons donc pris deux places pour le festival Rio Loco, qui s'étale sur la semaine. Et qui a pris ses quartiers sur la prairie des filtres, le long de la Garonne. En début de soirée, nous dînons avec Charlotte et Camille, et Nadja qui nous a rejoints. Les petites sont émerveillées. On mange sur la terrasse d'un restaurant mi-turc mi-grec, où le patron et les serveurs ont un délicieux accent toulousain. Un orchestre de jazz roumain anime les allées.

Les appareils photos son interdits. Dont acte. Après avoir ramené les petites à la maison, je retrouve Françoise et Nadja qui s'agitent au milieu d'une mer humaine au pied de la scène du Pont Neuf. D'abord, à partir de 19h30, le Taraf de Haïdouks, puis, tout de suite après, à partir de 21h30, Mahala Raï Banda. La nuit tombe doucement. Il y a des gens partout. C'est comme un rythme de vagues. Les morceaux s'enchainent sans qu'on trouve le temps de reprendre son souffle ni ses esprits.



Vers 22h45, nous quittons cette scène pour rejoindre la scène Village, car à 23 h, Martin Lubenov se produit en quartet - accordéon, guitare, contrebasse, percussions. Mais surtout, il a invité Richard Galliano. Nous nous asseyons à trois mètres de la scène, presque au pied des barrières. Peu à peu, dans le noir qui s'installe, des gens prennent place : les uns mangent une assiette anglaise, d'autres boivent bière ou jus de fruits, d'autres enfin répandent autour d'eux une agréable odeur de plantes exotiques. Ce n'est pas la brume qui monte de la Garonne, non, ce sont des fumées venues d'ailleurs. Je note qu'au fur et à mesure des bouffées partagées, les gens prennent des visages d'anges baroques, extasiés, en attente de je ne sais quoi. Et au moment où le concert commence, vers 23h15, tout le monde se lève comme un seul homme, nous comme les autres. On se retrouve accoudés aux barrières. Nadja rigole. Elle croyait ce comportement réservé aux adolescents attardés. En fait, l'âge ne fait rien à l'affaire. C'est bien un comportement d'adolescent et c'est délicieux. En plus on voit les mains et les doigts de Galliano et de Lubenov, et c'est fascinant. Autour de nous, les fumeurs semblent littéralement traversés par les accords de la musique. Bonjour l'enthousiasme. Les photos étant interdites, je vole quelques images avec mon Nokia.








Lubenov, nimbé de lumière, a allumé une cigarette. Le rappel est hénaurme : les cinq musiciens impovisent sur une proposition du guitariste. Si je pouvais bouger un peu, je dirais que j'en reste sur le cul.

Au retour, vers une heure, Nadja, enchantée, nous dit :"je n'y connais rien, mais j'ai l'impression que lorsque Galliano joue, on n'entend plus que lui". Que dire d'autre ? Peut-être que Martin Lubenov a réussi son pari en invitant Richard Galliano. Et que ce n'était ni évident, ni facile.
Avant de quitter Rio Loco, nous avons regardé quels étaient les disques que vendait Lubenov. Deux disques que nous avons déjà, ce qui a beaucoup étonné la personne chargée de cette vente. Occasion ici de remercier Harmonia Mundi qui me les a fait connaitre. Merci à Bruno, à Tarbes.

mercredi 18 juin - avant le festival rio loco à toulouse

10 h. La nouvelle factrice (facteure ? factoresse ?), la préposée à la distribution du courrier, quoi, sonne une fois. un paquet et une lettre. Joli cadeau avant de partir pour Toulouse où, demain, nous irons prendre notre part des concerts de Rio Loco. Suivant une habitude que je cultive scrupuleusement, j'étale les deux objets sur mon bureau, histoire d'imaginer un peu ce qu'ils recèlent.
Au verso, l'adresse de Paris Jazz Corner sur le paquet, l'adresse de Nano sur l'enveloppe.

Dernier opus de Nano : "L'écorce". L'écorce, les Corses. Variations sur la fascination exercée par un pays. Nano, c'est vraiment un auteur. Un compositeur certes, mais aussi un artiste capable de construire et d'exprimer un monde trèe personnel, une vision du monde. Sans doute a-t-il été fasciné par la Corse ; mais, du coup, son accordéon aussi nous fascine. J'avais noté, sur son album, "L'autre côté du vent", que les morceaux étaient numérotés de 41 à 51. Ici, ils sont numérotés de 71 à 81. Sans doute s'agit-il d'une identification de ses oeuvres.



L'intérieur de la pochette montre un portrait de l'artiste et une composition naturelle/abstraite, qui donnent une bonne image de sa psychologie, le regard fixé sur l'horizon inaccessible de ses rêves et les éléments naturels recomposés.



Dans l'envoi de Paris Jazz Corner, deux disques très différents : "Tango Motion, neo tango chill", dix-sept morceaux d'électrotango, contribution à l'univers du tango à la façon de Gotan Project. Dans cet univers, on trouve de tout. Ce disque fait partie des bonnes surprises. L'autre disque est une curiosité : "United Rhythms of Messidor", compilation du label Messidor sous forme de calendrier de l'année 1995. En 5, le mois de mai donc, "Decarisimo" par Piazzolla y su Quinteto Tango Nuevo. En 6, "Blues for Astor", par Paquito D'Rivera & The United Nation Orchestra. Je le répète, une curiosité. Un album de rythmes afro-cubains. Et, au milieu, Piazzolla, toujours aussi rigoureux, presque froid.


Avant de partir pour Toulouse, déjeuner sur la terrasse avant. Depuis la fin mars, nous n'avions pas vu le soleil. Pluie, orage, pluie, orages, etc... tel a été notre lot. Dès que le ciel bleu, sans taches, se déploie, nous ne pouvons résister au désir de profiter de l'ombre du prunier, avant que ses fruits trop murs ne s'abattent sur la pelouse. Nous déjeunons donc dans une lumière verte. Les feuilles sont lourdes d'eau et de sêve. C'est presque étouffant, mais tellement agréable.





La nature explose et déverse de tous côtés son trop plein de vitalité. Françoise a porté le faitout directement sur la table. C'est plus amusant d'y piquer alternativement la nourriture que de remplir nos assiettes. Un coup de Médoc là-dessus... Il est temps de penser à boucler les valises.













lundi, juin 16, 2008

mardi 17 juin - esquisse espace / temps

… écouté maintes fois « Dual », le cd du groupe « Esquisse ». On sent un vrai style, une manière de jouer une musique à la fois ancrée dans une tradition et ouverte à toutes les influences. J’ai la même impression que pour une certaine musique basque très contemporaine où singularité et métissage donnent naissance à une musique clairement identifiable tout en étant à l’écoute des autres et accueillante à leurs propositions.

En même temps, comme je n’ai vu ni photographies de concert du groupe, ni vidéo, je me rends compte que je n’arrive pas à visualiser l’allure de chaque instrumentiste ni leurs positions les uns par rapport aux autres. En ce sens, je vérifie l’observation de Françoise : ce défaut d’information m’empêche de me représenter la manière dont le groupe habite l’espace, la manière dont il l’anime, et cela réduit mon écoute. Je suis certain que si j’avais l’occasion de voir des images du groupe en action, ma perception auditive en serait modifiée et approfondie, en tout cas complexifiée.

En attendant, un petit tour sur myspace m’a permis d’en savoir un peu plus sur « Esquisse » et sur son accordéoniste, François Badeau, par ailleurs preneur de son et chargé de mixage du disque qui est toujours en train de tourner…

- site du groupe, dont on peut écouter trois morceaux et consulter le programme des tournées d’été :
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=96185962

- site de François Badeau, où l’on peut écouter cinq morceaux :
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=114142560

dimanche, juin 15, 2008

lundi 16 juin - esquisse

Suivant un rituel bien établi, samedi matin : courses alimentaires, rangement dans le coffre de la voiture, petit tour dans l’espace culturel. Petit tour, d’abord pour chercher un remplaçant à l’ordinateur de Françoise fusillé par un coup d’orage, ensuite pour essayer de trouver un disque nouveau. Depuis des semaines, je tourne autour du dernier album du Taraf de Haïdouks, mais, décidément non, je n’arrive pas à avoir envie de l’acquérir. Les extraits que j’écoute ressemblent trop aux produits calibrés d’une opération commerciale. Il ne s’agit plus de musique du monde, mais de musique internationale : des morceaux classiques et d’autres qui le sont moins passés à la moulinette qui transforme toute musique en flux digeste en tous points de la planète… surtout s’il y a des ascenseurs ou des grandes surfaces. En m’obstinant un peu, je retrouve un disque qui avait attiré mon attention il y a quelques semaines à cause du nom de Maugein parmi les producteurs. Ce seul nom suffit à susciter ma sympathie.

- « Esquisse Dual », 2007.

« Esquisse », c’est le groupe : Thomas Badeau, clarinettes, effets, voix, sifflements, Moog ; Pierre Le Normand, batterie, rire ; Vincent Marin, bombardes, saxophones soprano et ténor, voix, effets, boite à meuh ; François Badeau, accordéon diatonique génétiquement modifié, voix, accordéon chromatique.

En première écoute, un disque plein de fraicheur et de talents ; les vents de Bretagne rencontrent l’esprit des tarafs et l’inspiration kletzmer… et ça donne un disque drôlement agréable à écouter.

dimanche 15 juin - espace / temps (suite)

Après avoir pris connaissance de mon blog de mercredi, Françoise m’a fait quelques commentaires qui m’ont ouvert de nouvelles pistes de réflexion :

- d’abord, la différence radicale entre l’audition d’un morceau directement sur cd et l’audition de ce même morceau après l’avoir entendu en concert. Dans ce second cas en effet, Françoise m’explique qu’elle se représente la « source » musicale et surtout la « composition » au sens de disposition relative des différents musiciens. C’est comme si le concert permettait de se représenter comment se construit la musique, par opposition à l’écoute exclusivement par l’intermédiaire d’un cd, écoute que l’on pourrait qualifier d’abstraite par opposition à l’autre situation que l’on pourrait qualifier de concrète.
- ensuite, elle m’explique, à propos de la partition écrite, qui est en fait de la musique dans un espace conventionnel et codé, qu’elle a toujours eu ce « vieux rêve » d’entendre de la musique directement « dans sa tête », sans passer par la médiation d’un instrument. Comme un court-circuit entre l’écrit et la conscience sonore. Je pense à l’analogie avec la lecture verbale où le sens est construit ou peut être construit directement en parcourant les mots du regard sans avoir la nécessité de les oraliser pour accéder au message. Sauf que la musique, c’est du son, pas du sens. Ou, si c’est du sens, de la signification, on n’est pas dans le même registre sémantique que dans le verbal. Le rapport du signe au sens n’est pas le même dans l’un et l’autre cas. En tout cas, il faudra creuser la question. Pour l’instant, je m’interroge : dans le cas d’un message verbal, on peut passer immédiatement de l’espace page et de ses signes au sens, qu’en est-il dans le cas de la lecture d’une partition et des signes qu’elle contient dans son espace pour celui qui sait lire la musique ?
- enfin, autre question dérivée, qui préoccupe Françoise depuis qu’un jour Philippe de Ezcurra a parlé de musique écrite devant nous. Que signifie cette expression de « musique écrite » ? Ecrite, donc stable, permanente, oui, mais pas intangible si j’en juge par le rôle de l’interprétation. Je pense à cette idée que j’avais rencontrée un jour chez un musicien de jazz, je crois. Il disait que la différence entre un musicien classique et un musicien de jazz, c’est que le premier se demande sans cesse comment il va jouer telle note, alors que le second se demande quelle note il va jouer. Piste à explorer.
- d’autre part, j’ai reçu de Sylvie Jamet un courriel relatif à ma page blog de mercredi. Courriel d’autant plus intéressant que justement Sylvie pratique la musique et sait la lire : « ai lu avec beaucoup de plaisir ton article musique /espace / temps /éloignement / présence... très bien vu. Vu de l'intérieur de la musique, j'ai bien les mêmes sensations quasi schizophrènes; Visualisation de la musique graphiquement devant soi, dans le volume de la pièce, et dans le monde imaginaire qu'on se construit à l'écoute (parce que même en tant qu'émetteur, on reste principalement un récepteur réceptacle) qui est autre et peut donner l'impression de fugacité comme le plus profond sentiment d'éternité, dans la contemplation ou le bien être ou dans l'énergie ou dans la folie la plus pure ! ». J’aime beaucoup ces quelques lignes car elles se situent sur le double registre de l’analyse (bien fondée) et de l’intuition, et il me semble que c’est bien en tenant les deux pôles de ce double registre que l’on peut et que l’on doit réfléchir à cette question des rapports entre musique, espace et temps. L’analyse seule en effet manque de densité expérientielle, mais l’intuition seule, a contrario, risque de se diluer en simple subjectivité.

mardi, juin 10, 2008

mercredi 11 juin - espace / temps

Il y a quelques jours, le 30 mai, à l’occasion du concert d’ouverture des « Scènes d’été » à Langon, j’ai été frappé par l’importance de l’espace dans ma perception des prestations de Michel Macias, du trio Amestoy et du trio Miyazaki. Je crois que mon attention a été alertée par les différences « géométriques » entre la disposition de Michel Macias en solo, celle du trio Amestoy, placé frontalement par rapport au public, et celle du trio Miyazaki comme les trois sommets d’un triangle avec les trois interprètes comme des repères verticaux par opposition aux kotos horizontaux. Michel Macias seul au milieu d’un cercle de lumière brutale. Le trio Amestoy qui se comprend sans avoir besoin de se regarder, chacun dans son monde. Le trio Miyazaki avec Bruno Maurice qui, en se déplaçant, anime le triangle des trois interprètes comme une sorte de pulsation. A la réflexion, c’est la succession en un temps court de ces trois dispositions qui, je le pense, a focalisé mon attention sur cette dimension spatiale du concert.

Du coup, une autre réflexion me vient à l’esprit. On considère naturellement la peinture comme un art de l’espace et la musique comme un art du temps. Cette conception est certes fondée, c’est pour ainsi dire une évidence, mais elle me parait un peu simple et la réalité est, je crois, un peu plus complexe. Quand je contemple une peinture en effet, sa place définit et oriente immédiatement l’espace où elle est accrochée. Sa surface sur le mur la définit en même temps qu’elle définit son environnement. Sa taille détermine le point de vue que je vais adopter pour la voir au mieux. Elle va déterminer aussi mes mouvements d’avant en arrière pour me donner une vision macro ou micro. Sa position conditionne aussi ma perception du volume de la salle d’exposition. Le nombre de tableaux accrochés alentour a aussi une influence certaine sur ma perception de celui que je suis en train d’observer hic et nunc. Mais ce n’est pas tout. La contemplation d’une peinture demande du temps et ce temps, c’est moi qui le détermine, comme je détermine le parcours de mon regard. Il me faut du temps pour construire ma perception à partir des éléments picturaux que me donne le peintre. Finalement, le peintre propose et c’est le spectateur qui dispose en réglant la durée et le parcours de sa contemplation. Autrement dit, la peinture est un art de l’espace et du temps, l’art d’un complexe espace/temps où aucune des deux dimensions de l’existence n’est séparable de l’autre, sinon par une analyse abstraite et artificielle, qui perd de vue le sens de l’expérience esthétique.

De la même manière, lorsque j’écoute un morceau de musique, la durée m’est donnée et même imposée. Il ne m’appartient pas, contrairement à la contemplation picturale, où je règle librement le mouvement de mon regard, de ralentir ou d’accélérer mon audition. Mais, tout au long de ce temps de l’exécution de l’œuvre, je ne suis pas simplement traversé par un flux de sensations auditives. Mon attention varie, se focalise sur différents éléments de la réalité. En un sens, on peut dire que je construis à ma manière, la durée qui me semble imposée. Comme pour la peinture, le compositeur et l’interprète proposent, mais in fine c’est l’auditeur qui dispose du pouvoir de donner sens à cette proposition. Or, l’expérience de Langon m’a fait prendre conscience de l’importance primordiale de l’espace et des conditions spatiales de l’audition dans ce travail de construction. Le son ne se déplace pas dans un univers abstrait, linéaire et unidimensionnel. Il se matérialise et se concrétise dans un espace réel : salle de concert, place de l’auditeur, nombre du public, disposition et postures des interprètes, jeux des lumières, qualités acoustiques du lieu, etc… J’ai souvenir de quelques moments de concerts où le bruit sec et répété d’un réflex suffisait à m’interdire toute audition satisfaisante et à m’empêcher de trouver le moindre plaisir à ce que j’entendais. Finalement, l’écoute d’un concert, c’est aussi un travail de neutralisation des parasites de l’environnement, un travail de mise entre parenthèses de l’espace réel. Le temps du concert ou plus simplement d’un morceau, c’est un temps que je ne contrôle pas quant à sa durée, mais c’est un temps où il m’appartient d’être à la fois là et ailleurs, ici et maintenant en tel lieu, mais aussi ailleurs dans un espace imaginaire construit à partir de mes sensations. Cette attitude de dédoublement, quasi schizophrène, si l’on veut, me semble être une des dimensions essentielles, au moins pour moi, de l’expérience esthétique des concerts. C’est pourquoi il me faut toujours un peu de temps pour revenir sur terre après un concert réussi. Finalement, comme la peinture, la musique est aussi un art du complexe espace/temps et seule une analyse abstraite peut réduire celle-ci à n’être qu’un art du temps.

La différence entre les deux arts pourrait être que l’un « active » ce complexe par l’ entrée « espace » alors que l’autre privilégie l’entrée « temps », mais les deux permettent, chacun à sa façon, de faire l’expérience d’une présence / absence, source de plaisirs, présence à l’œuvre proposée, mais absence aussi en ce que cette proposition ouvre sur un autre espace et un autre temps, imaginaires.

Peinture, musique : espace / temps ; présence / absence. Il faudra réfléchir un peu à cette relation : "/", conjonction - disjonction et à la manière dont elle fonctionne dans l'un et l'autre cas.

lundi, juin 09, 2008

lundi 9 juin - em português

Petit parcours habituel : courses alimentaires à l'hypermarché, dans un premier temps, par nécessité, puis dans un second temps détour par l'espace culturel, pour le plaisir. Après avoir feuilleté quelques bouquins, cherché un livre à offrir à notre facteur qui prend sa retraite jeudi et parcouru le rayon des ordinateurs portables (celui de Françoise n'a pas résisté à une surtension), nous jetons un coup d'oeil du côté des disques, évidemment, à la recherche d'un éventuel accordéon, évidemment.

Et justement, le nouveau Rabih Abou-Khalil est là !

- "Em português", Rabih Abou-Khalil, 2008 Enja Records.

Toutes les compositions musicales sont de Rahib Abou-Khalil. Les textes sont de divers auteurs. Tous les morceaux sont chantés.

Le personnel : Ricardo Ribeiro, vocals, Rabih Abou-Khalil, oud, Luciano Biondini, accordion, Michel Godard, tuba, bass guitar, serpent, Jarrod Cagwin, drums, frame drums. auxquels s'ajoutent Walter Quintus, sound engineer et Peter "Boutros" Gieler, food. J'avais déjà noté la présence de Biondini sur un disque précédent de Rahib Abou-Khalil, "Morton's Foot". Je ne connais certes pas toute l'oeuvre de ce compositeur, mais j'apprécie toujours ce j'écoute de lui et, à travers une certaine diversité, je crois qu'on peut parler à juste titre d'une oeuvre pour qualifier l'ensemble de ses disques tant l'unité de l'inspiration est forte, renforcée par les sonorités si particulières du oud entre guitare et contrebasse.

Onze poèmes de 2:46 à 8:29, poèmes d'amour et de mélancolie.

Le quatuor des musiciens soutient avec constance le chant rauque de Ricardo Ribeiro. J'ai beaucoup aimé la présence de Biondini sur deux titres : le 3, "A Lua num Quarto" et le 11, "Jogo da Vida". Le croisement du oud, de l'accordéon, des drums, du tuba ou de la guitare basse avec le chant du fado donne naissance à une musique originale et en même temps profondément ancrée dans l'espace méditerranéen. On se laisse facilement prendre aux charmes d'un temps oriental et d'une poèsie qui prend naissance à l'abri des moucharabiés.

mercredi, juin 04, 2008

vendredi 6 juin - tribal musette

Comme je manque de temps pour peaufiner cette page (Camille débordant d'activités et de projets), je m’en tiens à l’essentiel :

- « Tribal Musette » de Dominique Cravic et les Primitifs du futur, Universal Music 2008.

Bien sûr, tout porte à croire qu’il faut entendre « tribal » au double sens de « tribu » et de « (tri)bal ». Bal musette et le musette comme totem d’une tribu de 52 participants, chiffre donné dans le livret de présentation. Une tribu donc qui, au gré des morceaux, se forme et se déforme, avec un lien fort, un vrai fil rouge, une intelligence musicale et une intelligence tout court hors du commun. On entend dans ce disque ce que signifie la culture en acte. Non une culture de concepts et d’idées, non une culture de références obligées, mais la culture comme mode de vie culturelle. Bref, l’intelligence à l’état pur. Avec cette décontraction apparente, une forme de politesse, qui est la marque de la culture incarnée. Tout est construit et réfléchi, tout se donne comme spontané et facile. Facile, tu parles ! rien n’est plus élaboré que cette entreprise. Et puis, pour l’amateur d’accordéon, quel régal :

- Daniel Colin sur plusieurs titres ; Daniel Colin en duo avec J.-C. Laudat, avec Azzola, avec Barboza ;
- mais encore Francis Varis
- ou, en duo diato, Robert Santiago et Flaco Jimenez.

Tous les titres méritent notre attention et suscitent notre plaisir. Il faut en citer plusieurs :

- La valse hindoue
- Dalinette
- Je cherche après Titine, paroles en arabe
- Canal Saint Martin
- Syldave ou Bordure ?
- Nous sommes seul(e)s avec Mieko Miyazaki
- Mingus Viseur (même astuce linguistique sur Gus que sur Bal dans le titre. A cette occasion le dialogue entre Colin et Viret à la contrebasse est un délice rare
- Syldave et Bordure
- La dernière rumba de Django
- Les anges de San Antonio

Mais il faudrait tout citer tant l’ensemble et les détails sont magnifiques. Je n’ai pas d’autre mot qu’intelligence pour caractériser cet album.

lundi, juin 02, 2008

jeudi 5 juin - des accordéons et des primitifs du futur

« Accordéon & accordéonistes », n° 76, juin 2008 est arrivé. Plusieurs informations intéressantes. Une page, la page 24, rend compte du festival de Trentels. Je suis content. Le commentaire est succinct, mais pertinent.

Je note…

- « Le Band de Seilhac », entretien de F. Jallot. Questions : « A quel moment avez-vous commencé l’apprentissage du diatonique ? », « Que recherchez-vous dans la sonorité du diatonique ? »
- « Olivier Duris », entretien de F. Jallot. Question : « Pourriez-vous definir le diato ?»
- « Riccardo Tesi », entretien de F. Jallot. Questions : « Où en est votre aventure musicale avec le diato ? », « Pourriez-vous définir les caractéristiques du diatonique ? »
- « Didier Laloy », entretien de F. Jallot. « … Là, il découvre le diatonique : c’est le déclic. D’autant plus que le solfège ne semble pas nécessaire pour se mettre à jouer sur ce fascinant instrument ».
- « Benjamin Macke », entretien de F. Jallot. « … Ce ch’ti gars diatonise avec finesse et intelligence ».

On l’aura compris, le diatonique joue le rôle du fil rouge entre les entretiens menés par Françoise Jallot dans ce numéro. Soyons juste cependant. Dans l’entretien avec Juliette Daum, on peut lire cette question : « Pourquoi le [l’accordina] préférer à l’accordéon chromatique par exemple ? ». En revanche, dans l’article consacré au groupe Davaï, dont l’accordéoniste joue du chromatique, on trouve cette question : « Comment l’accordéon est-il entré dans votre vie ? », l’accordéon en général, mais rien sur la spécificité du chromatique. Tout de même, une chronique très élogieuse (à juste titre) sur le disque de Frédéric Daverio, « Silence… on tourne », mais rien sur la spécificité de son instrument. Cette focalisation sur le diatonique m’a amusé.

….

Après quelques courses alimentaires à l’hypermarché, petit détour par l’espace culturel. Je tombe littéralement sur le dernier disque des « Primitifs du futur », « Tribal Musette ». Un vrai feu d’artifice, si j’en juge par la couverture et par le livret détaillé qui accompagne le cd. Entre autres, à l’accordéon, Daniel Colin, Jean-Claude Laudat, Marcel Azzolla, Francis Varis, Raul Barboza. Et, aux diatoniques, Flaco Jimenez et Robert Santiago.

J’avais bien l’intention d’écouter ce disque dès ce soir, mais Camille, qui passe la semaine à Pau, avait d’autres projets. Ce sera donc pour demain…

mercredi 4 juin - langon : autres photonotes

Michel Macias, solo, dans la lumière d'un projecteur comme un scalpel. Son regard cherche d'autres ailleurs. Tension.

16 h 3116 h 37
Trio Amestoy : un fluide passe de l'un à l'autre et circule entre eux, face au public, mais leurs regards portent bien au-delà, là où de l'horizon commencent à émerger les rêves.
17 h 16

Marc Dechaumont s'est déchaussé. Ses pieds comme des percussions.
17 h 24

Le trio Miyazaki. Verticalité / horizontalité ; un triangle à géométrie variable.
18 h 17


Le regard qui se porte sur les différents interprètes est comme guidé par les pas de Bruno Maurice qui s'approche ou s'éloigne de ses collègues. Pulsation du trio / triangle.
18 h 21









mardi 3 juin - langon : éléments géométriques

En introduction concert d’ouverture des « Scènes d’été », un débat. Quatre professionnels de l’action culturelle jouent les rôles de témoins à partir de leurs expériences et de leurs points de vue. Quatre points de vue convergents et complémentaires. On sent bien qu’ils se connaissent de longue date. Ils dissertent, chacun à son tour. Sans doute se connaissent-ils trop pour produire de l’interaction. Les idées passent ; les images restent. Malgré moi, j’accorde plus d’attention aux photographies en noir et blanc qui défilent derrière eux qu’à leurs propos destinés, me semble-t-il, d’abord aux professionnels dans la salle. Professionnels qui se connaissent entre eux et qui connaissent bien les débatteurs. Parmi ces photographies, Bernard Lubat.

En observant attentivement les trois moments du concert, j’ai noté des différences du point de vue géométrique, du point de vue de l’occupation de l’espace par les musiciens. Je ne saurais en tirer de conclusions, mais je sens bien que ces différences ne sont pas sans effet sur ma perception musicale.

Michel Macias est inscrit dans un cercle lumineux, qui se découpe sur l’environnement noir de la scène. Il est assis. Il a fait remplacer la chaise métal qui lui était destinée par un siège en forme de coque, de couleur rouge pâle. Harmonie en noir et blanc. Noir de la scène, blanc du cercle défini par le projecteur fixé dans les cintres, noir de son habillement, de ses cheveux et de sa barbe. Du centre à la périphérie, comme une cible, noir / blanc / noir. L’image de la cible me suggère par association d’idées celle de l’archet : tension extrême de l’énergie jusqu’au paroxysme, détente explosive. Pulsations. Alternance de concentrations et d’explosions.



Le trio Amestoy occupe la scène de manière frontale. C’est à peine si le bassiste est un peu en retrait. Trois instrumentistes sur un même plan. Ils sont assis. Mon regard va de l’un à l’autre jusqu’au moment où il est attiré par les pieds nus de Marc Dechaumont. Parcours du regard entre quatre points fixes : les trois interprètes et ces pieds nus qui marquent la mesure.






Le trio Miyazaki occupe l’espace comme les trois sommets d’un triangle. Violon et accordéon au premier plan, à droite et à gauche, le koto en arrière-fond. Les trois musiciens sont debout. Verticalité du violon et de l’accordéon ; horizontalité du koto. Des kotos devrais-je dire. Bruno Maurice avec son accordéon est comme le sommet mobile de ce triangle. Parfois, il le réduit en se rapprochant de l’un ou l’autre de ses collègues ; parfois, il le dilate en s’en éloignant jusqu’à sortir de la surface du projecteur. Un triangle à géométrie variable.
















Comme je l’ai écrit plus haut, il serait prématuré de vouloir tirer quelque conclusion de cette observation ; en revanche, je suis certain que cette géométrie propre à chaque moment du concert a eu quelque influence sur ma perception auditive et donc sur la manière dont mon plaisir s’est construit. A suivre…






dimanche, juin 01, 2008

lundi 2 juin - les deux triptyques de langon

30 mai. Langon, salle des Carmes : concert d’ouverture des « Scènes d’été ». Un double triptyque.

Premier triptyque :
- Pau-Langon, aller. 150 kms.
- Langon, le concert. 16h30 – 19h00.
- Langon-Pau, retour. 150 kms.

Deuxième triptyque :
- 16h30-17h00 : Michel Macias, solo
- 17h15-18h00 : Trio Amestoy
- 18h15-19h00 : Trio Miyazaki

Premier triptyque, premier volet. Départ à 12h15 de Pau. La nationale entre Pau et Langon est indigne et dangereuse. Les 150 kms, que l’on parcourt de limitations en limitations de vitesse sont saturés de camions. Nous arrivons à Langon à 14h30. Le temps de trouver la salle des Carmes et de se garer, il est 15 h. Le concert d’ouverture, concert gratuit, commence en principe à 16 h mais il est précédé par un débat sur l’action culturelle, l’édition de disques de musiques du monde, en particulier par le label Daqui, sur les Nuits atypiques, les droits d’auteurs, la « phynance », etc… Nous profitons de ce moment de débat pour nous informer sur l’état d’esprit des acteurs de ce monde de culture populaire et de musique, et pour prendre place au premier rang en vue du concert. La salle, comme le dira plus tard Michel Macias, est majoritairement constituée de professionnels de ce monde.

Second volet : le concert, lui-même composé de trois volets :
- Michel Macias solo. Entre sons boisés, profonds, graves et stridences ; entre Bach et ce que j’appellerais du néo-cajun. Toujours cette attaque violente et puissante, crispée, tendue. Chaque prestation de Michel Macias me confirme dans l’idée qu’il cherche quelque chose de nouveau. Lors d’un entracte, nous aurons l’occasion de discuter avec lui et Anne-Marie Bonneilh, venue de Trentels avec un projet à lui proposer. Il est vêtu entièrement de noir, des pieds à la tête, barbe comprise. On sent en lui la tension et l’inquiétude des créateurs. C’est lui qui note la présence majoritaire de professionnels dans la salle ; il l’a sentie de toute évidence par intuition immédiate et je crois que cela ne l’a pas mis en confiance. Nous lui disons à quel point nous avons apprécié le Menuet de Bach. L’image est sans doute convenue, mais en sa présence on le sent animé par un feu intérieur qui ne doit pas le laisser longtemps en repos. Son comportement suscite la sympathie.
- Trio Amestoy. D’emblée, nous nous regardons avec Françoise. Le trio fonctionne à merveille et Amestoy lui-même semble effleurer son clavier avec une précision et une délicatesse extraordinaires. Les contraintes de temps ne permettront pas au trio d’aller au bout de ses intentions. Ils étaient partis pour une heure et demie de concert. Imaginons un morceau d’étamine de soie qui flotte au gré des vents, tantôt lentement, tantôt rapidement, avec des mouvements amples et liés, mais aussi des ruptures brutales. Autre image : un cerf-volant. Tout parait tellement facile. Fausse impression.
- Trio Miyazaki. L’échange des regards entre les membres du trio dénote une complicité rare. Tout est finesse, précision et volupté. Une musique cristalline où traditions orientale et occidentale se mélangent pour produire une musique spécifique de haute culture. Dialectique des différences. On aurait bien écouté ce trio encore et encore… mais les impératifs du timing les obligent à couper court.

Bien sûr, qu’il s’agisse de Macias, du trio Amestoy ou du trio Miyazaki, on les aurait écoutés un peu plus avec plaisir, mais si l’on considère que de concert, gratuit, était destiné à lancer une saison et à susciter le désir de retrouver ces artistes, on peut dire que le but a été pleinement atteint. Langon est vraiment un foyer d’animation culturelle de haute tenue.

- Troisième volet. Retour à Pau. Le ciel incertain en début d’après-midi est maintenant tout à fait dégagé. Uniformément bleu. Arrêt-pizza à Captieux. Circulation facile. Les voitures sont rares et les camions sont garés sur les aires de repos. Nous remarquons ici et là des travaux préparatoires à la future autoroute Bordeaux – Pau. Nous entrons dans la maison à 21h30. Le parcours nous a permis d’écouter des disques de Macias, d’Amestoy, du trio Miyazaki et de Bruno Maurice.

Sur le coup de minuit, en grignotant quelques fruits tout en continuant à écouter ces disques, nous sommes étonnés de nous retrouver à la maison, moins de douze heures après notre départ, avec tant de belles choses en tête, tant de rencontres si plaisantes.

Pendant le concert, nous avons essayé de faire quelques photonotes. Les conditions d’éclairage n’étaient pas très favorables ; pour ma part, j’utilisais mon Olympus, fin comme un étui à cigarette, destiné à prendre le relais de mon mobile Nokia, pour la première fois. Les résultats ne sont pas fameux, mais avec les photographies prises par Françoise avec son numérique et par moi-même avec mes deux petites machines photographiques, nous allons essayer tout de même de tirer quelques traces visibles de ces moments de concert. Dès que possible…