mardi, octobre 30, 2007

jeudi 1er novembre - hossegor oui, mais l'accordéon...

Aller-retour Pau-Hossegor. 250 kilomètres. Nous avons loué un utilitaire pour transporter différentes choses encombrantes, dont une échelle qui nous permettra de peindre les clains les plus hauts, sous le toit, à presque 6 mètres. Il fait froid. La villa en rénovation est toujours un chantier peu hospitalier. Françoise, Nadja, Sébastien, Charlotte et moi-même, nous allons déjeuner chez "Amigo". Nous sommes les seuls clients. Tapas, tapas et tapas, puis moules -frites pour les uns, tagliatelles aux coquilles Saint-Jacques pour les autres, profiterolles au dessert pour Charlotte. Café et café (le fond de l'air est si frais). Rosé d'Espagne.



La salle où nous déjeunons est couverte d'affiches de corridas. Cela donne de la lecture à Charlotte et ravive chez nous des souvenirs heureux à l'évocation de certains cartels. Derrière les vitres, la lumière est vive. Le ciel est d'un bleu pur et profond, léger et cependant intense.




La plage est quasi déserte. Nous la parcourons après le repas. Le ciel s'est couvert de filaments gris et les vagues sont fortes. Le glacier n'a pas ouvert. Les surfeurs viennent au bord de la place des Landais pour jauger l'océan avant d'aller défier ses vagues.






Incongru au milieu de la plage un panneau d'avertissement. Au loin une famille veut croire qu'il fait suffisamment beau pour retrouver des postures estivales. L'imagination, il n'y a que ça de vrai !






Pendant que Nadja et Sébastien se livrent à quelques travaux de peinture, nous prétextons le froid et le fait qu'il n'y a qu'une échelle pour proposer une promenade en forêt à Charlotte. Nous allons du côté du golf de Seignosse. Autrefois, avant la création de ce golf, je parcourais la forêt à la recherche de palombières. J'avais fini par avoir un certain flair pour les débusquer. De vrais merveilles d'architecture forestière. Le golf et ses vastes trouées à travers les pins et les dunes les a fait disparaitre. J'en tire une règle pratique : pour lutter contre la chasse à la palombe, il ne faut pas semer la révolte, faire des manifestations ou des protestations. Il suffit de créer un golf.






La forêt est à nous. Pas un bruit, pas un souffle d'air. Une douce quiètude. Du haut des dunes, on aperçoit l'océan. Charlotte fait un bouquet de bruyères sauvages. On trouve encore quelques arbouses. Les champignons sont innombrables mais - prudence oblige - nous n'y touchons pas.










Retour à Pau où nous ramenons l'utilitaire vers 17 h 30. Peu de circulation. Temps couvert, mais cependant clair.






Au final, une journée sans soucis : Hossegor, une villa qui peu à peu prend forme nouvelle et habitable, un restaurant de bord de mer, des tapas, l'océan démonté, une promenade en forêt et la douceur des odeurs de pins. Oui, mais, avec tout ça, je n'ai pas eu le loisir d'écouter de l'accordéon et cela me manque. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. Hossegor ne remplacera jamais l'écoute de l'accordéon que j'ai envie d'écouter au moment où j'ai envie de l'écouter. Mais justement, c'est cela qui est difficile à réaliser. Comme aurait pu l'écrire Pascal, s'il avait vécu aujourd'hui, finalement tout le malheur de l'homme vient de ce qu'il ne sait pas rester seul chez lui en écoutant de l'accordéon.

















lundi, octobre 29, 2007

mercredi 31 octobre - encore studium et punctum

De même que pour le disque de Joë Rossi et du Quatuor de Paris, mon intérêt premier pour le disque, au titre improbable, d’Emy Dragoï, « Jazz Hot Club Romania, Emy Dragoï-Etno-Fonia », était de l’ordre du studium. Je voulais d’abord savoir de quoi il s’agissait. A près l’avoir écouté, je dirais que c’est un album déjanté. C’est à tout instant surprenant. On est sans cesse pris au dépourvu par le mélange des genres. L’exubérance roumaine passée au crible de l’esprit Jazz Hot Club. Ici, c’est une cornemuse qui surgit, là des voix décalées. La tradition est à la fois omniprésente et traitée sans respect excessif. Quant à l’accordéon, j’ai pensé à I. Minune, à Roberto de Brasov, et à tout le courant très influencé par le jazz que portent des accordéonistes roumains comme Lubenov ou Iliev.



Inutile de tourner autour du pot, mon intérêt initialement intellectuel, s’est vite augmenté d’un intérêt esthétique pour la complexité de cette musique. Complexe comme si rien n’était simple, comme si la moindre note était déjà le résultat de mélanges multiples. En tout cas, une musique manifestement issue d’une longue culture et toujours aussi vivante, comme en atteste ce que j’appelle la dimension déjantée de cette relecture de la tradition roumaine. Au meilleur sens du terme, un projet qui dérange et qui, par conséquent, oblige à penser de nouveaux classements et rangements. Donc à se poser des questions d’identité. Le même et l’autre. En quoi le même, en quoi autre… Par rapport à qui et à quoi…

mardi 30 octobre - studium et punctum

Dans un premier temps, quand j’ai commandé « Joë Rossi et le Quatuor de Paris », mon intérêt, suivant la terminologie de Roland Barthes, relevait exclusivement du studium, d’un intérêt d’ordre intellectuel et cognitif. Dans un second temps, la qualité très incertaine de l’enregistrement m’a conforté dans cette approche et j’ai écouté ce disque comme un document d’archive, comme un moment de l’histoire de l’accordéon.

Mais… en écoutant plus attentivement les différents morceaux, je me suis surpris à y trouver une tout autre dimension, quelque chose comme ce que Barthes nomme le punctum. Une émotion qui surgit d’un coup, sans crier gare.

Finalement, après plusieurs écoutes, je suis de plus en plus sensible à la qualité des morceaux 7 à 11, sans pour autant d’ailleurs rester insensible aux autres. Mais ces cinq morceaux sont vraiment, à mon goût, quasi parfaits et en même temps précurseurs de plusieurs styles développés ultérieurement. La virtuosité de Joë Rossi et des membres du quatuor est ici patente, quel que soit le registre :

- « Averse », M. Ferrero, arrangement J. Rossi, duo J. Rossi / F. Guérouet
- « Valse à Margaux », Quatuor de Paris / soliste R. Galliano
- « A Paris dans chaque faubourg », M. Jaubert, arrangement J. Rossi, Quatuor de Paris / soliste J. Rossi
- « Danses Polovisiennes », Borodine, arrangement J. Rossi, Quatuor de Paris / soliste R. Galliano
- « Scaramouchina », Zacharov, Quatuor de Paris / Soliste F. Guérouet

Dans ce dernier morceau, à certains moments, j’ai cru entendre des accents de Motion Trio, c’est dire !

samedi, octobre 27, 2007

lundi 29 octobre

… reçu samedi matin dans la boite à lettres deux cds, que j’avais commandés, l’un par Alapage, l’autre par Frémeaux & Associés :

- « Joë Rossi et le Quatuor de Paris, avec la participation exceptionnelle de Richard Galliano, Valérie Guérouet, Frédéric Guérouet". 2004, RDC Records, « Les monstres sacrés de l’accordéon, vol. 5 ».
- « Jazz Hot Club Romania, Emy Dragoï, Etno-Fonia », 2007, La Lichère (label Frémeaux & Associés).

En fait, j’avais commandé avec le disque de Joë Rossi un autre disque dont j’attendais beaucoup et que je pensais plus facile à me procurer. Il s’agit de « Scenes from a mirage » de Guy Klucevsek, un accordéoniste que j’apprécie beaucoup. En fait il semble qu’en l’occurrence le fournisseur ne fournisse pas, ce qui semble la règle commune pour mes commandes auprès d’Alapage. Passons. Profitons plutôt du plaisir d’avoir reçu ce cinquième volume des « monstres sacrés de l’accordéon ».Tout un programme ! Je pensais qu’il me serait difficile d’acquérir ce disque car j’avais lu quelque part que les enregistrements avaient été faits dans les années 80. En fait, il a été produit en 2004, ce qui explique qu’il soit accessible. La qualité technique laisse certes à désirer, mais le charme est là. Pour l’instant, je n’ai fait qu’une exploration superficielle, mais deux choses ont retenu mon intérêt : d’abord, les liens d’admiration réciproque qui unissent les quatre accordéonistes, et cela se perçoit immédiatement, ensuite les titres joués qui vont de « Fugitive » de Ferrero à « Pavane pour une infante défunte » (arrangements Galliano) de Ravel en passant par une superbe « Valse à Margaux » de Galliano. Mais je pourrais citer aussi « Indifférence » dans une interprétation étonnante ou « l’art de la fugue de Bach » en passant par « A Paris dans chaque faubourg » de Jaubert.



J’ai été frappé aussi par la qualité des témoignages quant aux qualités d’instrumentiste et de professeur de Joë Rossi et quant à sa réticence à enregistrer des disques. Sans doute préférait-il une relation directe et personnelle, limitée certes mais vivante. Un disque surprenant donc et attachant. Autre disque surprenant, celui d’Emy Dragoï. Le projet déjà en lui-même suscite l’intérêt. Je cite : « Le projet d’ethno-phonie proposé par Emy Dragoï plonge ses racines dans le patrimoine des musiques folkloriques roumaines qu’il métisse d’accents jazz – avec une formation quasi symphonique. La réunion de ces cultures populaires et savantes produit un cocktail d’explosivité balkanique, qui rappelle avec force l’exubérance des films de Kusturica, la virtuosité des musiques tziganes et le lyrisme du jazz ».



Quant au Hot Club de Romania, il est à géométrie variable suivant les morceaux, mais disons qu’il est composé fondamentalement d’un accordéon, d’un piano, de deux contrebasses, d’une flûte et d’une cornemuse, de percussions, d’un quartet de violons, d’un ou deux cymbalums. A quoi s’ajoutent des invités : chant, guitares (manouches), cymbalum, etc… C’est une musique venue de l’Est méditerranéen bien sûr comme le montre le grand nombre de titres qui sont des arrangements d’airs traditionnels, mais disant cela on n’a rien dit, tant cette musique est fascinante, déroutante et si je puis dire sui generis.



Nous sommes actuellement encore plongés dans « L’hymne à l’amour » et nous n’avons pas fini d’en épuiser les richesses que nous découvrons à la lumière du concert d’Ibos, mais bien entendu déjà le désir nous travaille de nous immerger dans le disque de Joë Rossi et du quatuor de Paris et dans celui d’Emy Dragoï. On en reparlera ! C’est sûr !

dimanche 28 octobre - jazz tango


Concert de 20h35 à 22h10. L’exactitude est à signaler tant elle est exceptionnelle dans le monde du concert. On sait que Galliano et Burton ont joué avec Piazzolla. Rien d’étonnant donc à retrouver l’influence de celui-ci dans ce concert, comme dans le disque correspondant, « L’hymne à l’amour ». Rien d’étonnant non plus, connaissant un peu leurs parcours, à ce qu’ils se l’approprient pour en faire quelque chose d’original. C’est en cela qu’on peut parler à la fois de tango et de jazz. On n’imaginait pas en effet un simple hommage à Piazzolla. En revanche, il s’agit bien d’un hommage fidèle à son esprit : écriture et ruptures, tradition et innovation.

D’abord, il faut noter la présence de la rythmique, Philippe Aerts, contrebasse, et Clarence Penn, batterie. Une présence de tous les instants plus des moments d’une rare inventivité. Et puis, quelle complicité avec Galliano !

La présence de Burton nous a semblé influencer le jeu de Galliano en ce sens qu’on n’a pas retrouvé ces moments explosifs dont il est coutumier. Comme si ces explosions, cette débauche d’énergie qu’on lui connaît, avaient risqué de casser l’harmonie avec le jeu fin, délicat, fragile et précis du vibraphone. Un Galliano donc tout en nuances, dans un registre plein de retenue et de mesure.

A plusieurs reprises, nous avons noté, qu’il s’était assis, accompagnant l’un ou l’autre. Volonté de se mettre en retrait et d’accompagner ses partenaires pour les mettre en lumière ou indices d’une fatigue qui n’aurait rien de surprenant au vu de son programme.

De mémoire, nous avons reconstitué en partie les titres du concert, sans pouvoir reconstituer exactement l’ordre :

- Heavy Tango (Galliano)
- Laurita (Galliano)
- Milonga is coming (Piazzolla)
- Sinfonia in G minor (Bach)
- Para Jobim (Galliano)
- Triunfal (Piazzolla)
- Opération Tango (Piazzolla)
- Waltz for Debby (Bill Evans)
- Chat-pitre (Galliano) et Indifférence (Murena – Colombo)
- Un solo de Burton non identifié
- Soledad
- L’hymne à l’amour (Monnot)
- Spleen (Galliano)
- Il postino (Bacalov)

Deux rappels… Puis les quatre s’en vont, un peu fatigués.

« L’hymne à l’amour » et « Mare nostrum » ont certes bien des différences, comme l’ombre et la lumière, mais nous sommes frappés, au sortir du concert, par une ressemblance dans le jeu de Galliano, moins explosif et comme contrôlé en permanence. On pourrait dire mezzo voce ou en demi-teinte. En outre, et cela aussi nous a frappés, il a joué avec ses lunettes et les partitions en permanence devant lui pour pouvoir les consulter.

Depuis notre retour, hier soir puis ce matin, nous écoutons « L’hymne à l’amour » d’une autre oreille. Comme si nous étions encore dans la salle de concert…



samedi 27 octobre


"Le Parvis", Ibos, scène nationale Tarbes Pyrénées. Richard Galliano / Gary Burton Quartet, vendredi 26 octobre 2007.
Autour du concert : soirée jazz tango.
18h30 - initiation tango proposée par Tangueando Ibos
19h30 - assiette espagnole au Café des Images
20h30 - concert
22h - bal tango




Le théâtre étant pratiquement rempli par les abonnés, dont nous ne faisons pas partie, nous n'avons pu obtenir des billets qu'au balcon : V28 et V30. Nous sommes donc loin, mais le son est excellent.



La photographie du quartet est certes peu lisible, mais elle reste pour nous émouvante par sa capacité d'évocation. Elle rend assez bien compte en effet de la situation des quatre musiciens et de la qualité de leur musique : fragile, comme les vibrations à la surface d'une eau profonde et précise comme une machinerie sophistiquée. Le son du vibraphone est pour beaucoup, me semble-t-il, dans cette impression mélangée de fragilité et de précision. Comme le travail d'un funambule.




Galliano solo.


Burton solo.






jeudi, octobre 25, 2007

vendredi 26 octobre

La journée est plombée. C’est la première journée d’hiver. Il fait froid. L’air est sec. Le quartier est calme. Pas de bruits de circulation. L’air est dense : c’est comme s’il absorbait les mouvements et les sons. C’est un jour à boire du chocolat en grignotant des madeleines. C’est un jour à regarder la télévision emmitouflé dans un plaid confortable.

Mais peut-être qu’il y a mieux à faire, comme, par exemple, écouter « Mare Nostrum ». C’est la bonne idée qu’a eue Françoise. Du coup, j’ai abandonné i-télé pour venir la retrouver au bureau. Calé au fond d’un fauteuil, les pieds sur la table de travail, sans oublier la couverture à grands carreaux gris et noirs.

Ce disque est étonnant, lumineux comme un ciel d’hiver. Des compositions pour la plupart originales de Lundgren, comme « Mare nostrum », de Fresu, comme « Valzer del Ritorno", et de Galliano, comme ce chef-d’œuvre : « Chat Pitre ». Mais aussi des œuvres de Jobim ou de Vinicius de Moraes ; de Charles Trénet, « Que reste-t-il de nos amours ? » ; de Maurice Ravel, « Ma Mère l’Oye » ; des arrangements d’airs traditionnels.

Comment qualifier ce disque ? On peut me semble-t-il parler à bon droit de jazz contemporain. En disant cela, j’ai bien conscience d’énoncer une idée beaucoup trop large, même si elle me parait pertinente. Mais ce qui me frappe surtout c’est cette sorte de ligne claire à partir de laquelle s’articule le jeu des trois interprètes. Peut-être pourrait-on parler aussi de retenue, au sens où tout est maîtrisé, sans excès, sans aucune recherche d’effets faciles. Une écriture classique. On y revient toujours : le maximum d’effet avec le minimum de moyens.

- « Mare Nostrum », 2007, ACT Music. Paolo Fresu, trompette, fluegelhorn ; Richard Galliano, accordéon, bandonéon, accordina ; Jan Lundgren, piano ;

jeudi 25 octobre - lames et lames / 36 - 488

… nous avons donc deux places pour Tarbes-Ibos le 26 octobre et deux places pour Bordeaux le 5 novembre.

- 26 octobre, 20h30, au Parvis, à Tarbes-Ibos. Concert dans le cadre d’une soirée dite jazz tango. L’affiche se présente ainsi : Jazz – Richard Galliano / Gary Burton Quartet. Sur un courriel envoyé par Harmonia Mundi, partenaire de l’événement avec Leclerc, on apprend que le quartet annoncé est composé de Galliano, accordéon, Gary Burton, vibraphone, James Genus, contrebasse et Clarence Penn, percussions (en fait, il me semble qu’il s’agit plutôt de batterie). Autre chose : Genus remplaçant Larry Grenadier, le trio Galliano - Genus - Penn reconstitue le « New York Trio », formation de jazz s'il en est.

- 5 novembre, 20h30, au Casino Barrière, à Bordeaux Lac. L’affiche se présente ainsi : dans le cadre du 7ème Bordeaux Jazz Festival, Richard Galliano – Gary Burton, « Vibes and Winds – Tangaria ». Le concert est composé de deux parties, qui sont présentées ainsi : 1ère partie, Richard Galliano Tangaria ; Richard Galliano, accordéon, Alexis Cardenas, violon, Philippe Aerts, contrebasse et Rafaël Mejias, percussions. 2ème partie, Gary Burton Quartet ( !) ; R. Galliano, accordéon, G. Burton, vibraphone, Philippe Aerts, contrebasse, Clarence Penn, batterie, percussions.

Nous attendons ces deux concerts avec gourmandise et curiosité. Pour la gourmandise, c'est évident. Quant à la curiosité, je suis en effet curieux de savoir si Genus sera à Tarbes et Aerts à Bordeaux comme contrebassistes ; je suis aussi curieux de voir si Clarence Penn sera présent en 2ème partie à Bordeaux et non en 1ère partie, alors que le quintet Tangaria pourrait se reconstituer ; mais encore, Alexis Cardenas sera-t-il à nouveau avec Tangaria Quartet ? En tout cas, la proximité de ces deux concerts me fait prendre conscience, s’il en était besoin, du génie propre à Galliano qui transcende les clivages du type jazz versus tango, qui explore sans cesse des voies nouvelles et qui noue en toute occasion d’autres associations. Pour paraphraser le philosophe disant qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, je dirais que Galliano ne donne jamais deux fois le même concert. De manière plus intellectuelle, je dirais qu'il semble inventer à chaque concert un nouveau jeu d'interactions entre musiciens. Chaque concert est comme un système nouveau, comme un système qu'il s'amuse à reconfigurer sans cesse. Chaque fois un autre et cependant le même.

mercredi, octobre 24, 2007

mercredi 24 octobre

... reçu un courriel de "Audio Archives" annonçant la sortie d'un disque d'Emy Dragoi, "Etno-Fonia-Jazz Hot Club Romania". C'est un disque édité par Frémeaux et Associés, l'assurance donc d'un produit de qualité. Affaire à suivre... Le prix : 19,99 €. Je retiens de la présentation l'idée d'une musique qui plonge ses racines dans le patrimoine floklorique roumain, d'une formation quasi symphonique et d'une interprétation, d'une lecture dans le langage du jazz. Je retiens aussi cette idée d'une rencontre explosive entre tradition populaire et savante.

http://www.audio-archives.com.fr/catalogue/fiches/jazz_jazz_thematiques_LLL324.htm

mardi, octobre 23, 2007

mardi 23 octobre - pulsacion émotion







Il y a longtemps, j’avais fait la connaissance à Marciac d’un passionné de jazz, qui avait constitué une collection extraordinaire. Tous les aficionados de jazz la connaissait et l’enviait. D’année en année, nous savions que nous aurions l’occasion de nous rencontrer au moment du festival. Il me montrait ses trouvailles avec fierté, toutes importées des Etats-Unis, d’Allemagne ou de Hollande. Un jour, à ma grande surprise, à l’époque où les grands catalogues passaient du 33 tours au cd, il me proposa de me vendre une partie de sa collection. J’en fus à la fois surpris et ravi. Il m’expliqua qu’il lui fallait beaucoup d’argent pour renouveler sa collection en suivant le progrès technologique. C’est ainsi que nous avons fait l’acquisition de disques assez rares de Charlie Parker, de Miles Davis, de Monk, de Chet Baker, d’Art Pepper, de Duke Ellington, de Lester Young ou de Coltrane, entre autres… De temps en temps, de manière tout à fait irrégulière, l’envie nous prend d’en écouter. C’est toujours un bonheur d’entendre le son d’un 33 tours, plus chaleureux avec ses imperfections, si j’ose dire, que les cds parfaits techniquement.

Comme j’étais seul à la maison pour l’après-midi, j’ai commencé à explorer encore une fois les albums, en me tordant le cou pour en déchiffrer la tranche, quand, surprise ! je suis tombé sur un disque que j’avais totalement oublié :

- « Pulsacion », Astor Piazzolla et son orchestre, Pathé-Marconi, EMI / Columbia, 1975. Référence : 2 C 066-96680. Quatre titres sur la face 1, cinq sur la face 2.

Je l’ai immédiatement écouté et j’ai retrouvé ce son de 33 tours que j’évoquais ci-dessus. Pulsacion, émotion !




lundi, octobre 22, 2007

lundi 22 octobre - ballet tango solo






Hier, alors que j’étais allé rendre visite à ma mère à la maison de retraite Saint Joseph, à Nay, Françoise, restée seule à la maison, a eu envie d’écouter à nouveau « Ballet Tango » (Astor Piazzolla compositeur ; Richard Galliano, accordéon et bandonéon solo).

Je savais que ce disque était un chef-d’œuvre, mais je dois à la vérité de dire qu’hormis les titres emblématiques du génie de Piazzolla : « Adios Nonino », « Oblivion » et "Chiquilin de Bachin », j’avais oublié les thèmes et même le jeu de Richard Galliano. C’est pourquoi, lorsque Françoise m’a fait écouter cet album, en soirée, j’ai eu l’impression à la fois de le reconnaître et de le découvrir. Mais elle voulait surtout attirer mon attention sur les trois préludes, en particulier le deuxième, « Flora’s Game », (7:47). Et en effet, j’ai été sidéré par la beauté du thème et par l’interprétation qu’en donne Galliano.

Les trois préludes, enregistrés comme l’ensemble des titres en 1992, sont des pièces pour piano, arrangées pour accordéon de concert par Galliano à la demande de Piazzolla lui-même. Galliano joue sur un accordéon de concert Cavagnolo modèle Artiste III. C’est superbe ! Mais du coup, nous avons eu envie d’écouter la totalité des morceaux, pour accordéon solo et pour bandonéon solo. Et l’on se rend compte alors que c’est l’ensemble qui est superbe.

Je n’aime pas ce comportement qui consiste à dire pour un film, un disque, un livre qu’il faut absolument l’avoir vu, écouté, lu… En général, l’expérience montre que l’on peut vivre sans… mais, en l’occurrence, c’est sûr, grâce à Françoise, à Piazzolla, à Galliano et à ceux qui ont œuvré à la production ou à la distribution de ce disque, j’ai vécu une journée plus heureuse qu’elle ne l’aurait été sans…

Pour l’anecdote, petit rappel : ce disque est sorti à nouveau en 2006 sous le nom « Solo ». Et, comme je l’avais noté en son temps, cette affaire continue à m’intriguer. Mais peu importent les méandres commerciaux, reste l’album en tant qu’œuvre admirable.




samedi, octobre 20, 2007

dimanche 21 octobre - des airs belges

… écouté à deux reprises “[Pô-Z]s”, le dernier opus de Didier Laloy. Ces deux écoutes confirment mon impression première, à savoir que cet album exprime clairement un univers original. Les différents morceaux, bien loin de n’être qu’une somme, contribuent à la cohérence de l’ensemble. Ils se répondent et se font écho, si bien qu’au fur et à mesure de l’écoute, c’est comme si chaque nouveau morceau incitait à réinterpréter les autres.

Comme je l’avais noté pour un disque précédent, Didier Laloy me parait beaucoup plus présent comme compositeur et, si j’ose dire, comme metteur en scène ou meneur de jeu ou chef d’orchestre que comme instrumentiste. Chacune de ses interventions semble destinée à mettre les autres instruments en valeur bien plus qu’à se mettre lui-même en avant.

Pour aujourd’hui, nos préférences vont vers « Indian Blues » et surtout « L’école du Cirque », qui fait penser à l’univers de Fellini. Mais « The fishfeeding wheel » est aussi très fascinant par ses ruptures de tons et de climats. Encore un effort et je vais finalement trouver un charme particulier à chaque titre.

vendredi, octobre 19, 2007

samedi 20 octobre

Tout l’après-midi, j’ai accompagné Françoise pour « faire les boutiques de fringues ». La couleur tendance est plutôt chocolat et les textures plutôt fluides. Les pulls et les vestes se portent en plusieurs épaisseurs. En fin de parcours, après plusieurs stations dans la galerie marchande de l’hypermarché, nous faisons un détour par l’espace culturel. Françoise fait son marché de polars pendant que je traine mes pas du côté des disques. Rien de nouveau…

Juste avant de partir cependant, je jette un coup d’œil distrait sur le rayon « 100 succès d’accordéon », « Les grands succès de l’accordéon », « L’accordéon en fête » et autres « Les grands succès du musette »… dont j’avoue qu’ils manquent à ma collection mais que je n’ai pas l’intention de les acquérir tout de suite. Et là, surprise, parmi ces anthologies, un disque attire mon attention, le dernier Didier Laloy. Que fait-il là en cette compagnie ?

- "[Pô-Z]s", Didier Laloy, 2007, Alea.

Dès notre retour à la maison, nous commençons à écouter ce disque étrange et attachant. Difficile à classer, je le perçois comme un disque d’auteur, au sens où l’on y perçoit clairement la marque de Didier Laloy comme compositeur et où les instruments sonnent de manière bien particulière et souvent surprenante.

Les instruments justement : violoncelle ; guitare acoustique, piano ; accordéon diatonique ; flûte, saxophones ; percussions ; guitares acoustique et électrique, chant ; contrebasse, basse électrique.
Musique difficile à situer donc en première écoute. En tout cas un univers original, un monde d’auteur, comme je le notais un peu plus haut. L’accordéon donne une profondeur singulière aux différents morceaux.

Informations supplémentaires sur le site de Didier Laloy :

http://www.didierlaloy.be/pages/gr_proz.php

jeudi, octobre 18, 2007

vendredi 19 octobre - sélection personnelle


Quelques éléments d'une petite sélection personnelle : "Passion", "Indifférence", "Flambée montalbanaise", "La valse à Margaux"...
"Adios Nonino", "Libertango", "Milonga del Angel"...

Yann Tiersen et Hermeto Pascoal...
Je trouve particulièrement intéressant et agréable de pouvoir écouter successivement plusieurs versions d'un même morceau et j'ai une forte affection pour les cds que je tire de ces sélections. J'ai l'impression ainsi d'être quelque peu l'organisateur de mon écoute et cela ajoute au plaisir que j'en éprouve. Manipuler l'album, dans sa matérialité singulière, est déjà un plaisir tactile qui prépare à l'écouter d'une sélection elle-même singulière.
J'ai bien conscience que cette manipulation a quelque chose de puéril, mais justement c'est cela qui est délicieux.


jeudi 18 octobre


Un jour, vers la mi-juin, le lecteur de cds de mon portable est tombé en panne. Pour le dire en quelques mots, la mécanique tournait longtemps avant de s’arrêter, comme si le cd n’avait pas été reconnu. J’ai donc contacté l’assistance en ligne : le test que je fais sous la conduite de l’assistant se révèle négatif. Conseil en forme d’injonction : sauvegarder les données, puis restaurer le système. Pas d’autres solutions possibles. Je sens bien que j’ai affaire à un algorithme qui n’a pas des heures à me consacrer. En cas de problèmes, je rappelle le service.
Comme je n’ai pas besoin de mon lecteur de cds car je peux me débrouiller avec l’ordinateur de Françoise, je laisse l’affaire en suspens, non sans sauvegarder régulièrement mes données sur un disque dur externe. J’ai au moins appris cette technique. Et la vie va…

Il y a quelques jours, mon ordinateur ne reconnaît plus mon Nokia connecté par le câble USB. Malgré plusieurs manipulations et essais divers, rien à faire. Le livret d’utilisation ne me donne aucune indication quant aux problèmes précis que je rencontre. J’essaie donc de lire directement la carte mémoire du mobile sur mon portable, mais, fausse manœuvre, elle se bloque dans le tiroir.

Je porte donc le tout chez un réparateur en qui j’ai confiance vers 18 heures. Dès le lendemain matin, à 9h30, il m’appelle pour me dire que je peux venir récupérer mon matériel. Ce qui me parait intéressant, c’est précisément ce qui se passe lors de cette récupération. Le réparateur en question me fait entrer dans son atelier et me demande comment s’est produite la panne. Au fil de l’échange, il me suggère de nettoyer la carte avec de l’alcool. Je profite de la consultation improvisée pour lui parler du problème de mon lecteur de cds. Le diagnostic de l’assistance lui parait bizarre et il me suggère d’essayer d’utiliser un gaz dépoussiérant pour nettoyer la lentille du lecteur. En tout cas, ça ne me couterait que le prix d’une bombe et cela vaudrait la peine avant de se lancer dans une opération de restauration du système.

De retour à la maison, je nettoie la carte à l’alcool et la lentille avec du gaz nettoyant… et ça marche. Cette anecdote me parait significative. J’ai eu affaire à trois types d’assistance : un technicien qui déroule un algorithme d’aide impersonnel et qui ne prend pas en compte d’autres hypothèses que celles de son conducteur, un livret notoirement incomplet et en tout cas dépourvu de schémas explicatifs, une personne qui me donne de son temps et qui accepte de donner son attention à ce que je décris avant de s’en tenir à ce qu’il sait. Je ne tire aucune conclusion de cette anecdote, mais je n’en pense pas moins.

Pour la remise en service de mon lecteur de cds, j’ai eu le plaisir de me faire deux disques avec les morceaux que j’avais téléchargés – en toute légalité – sur le site de Radu Zaplitnii. Quatre-vingt-quatorze minutes ! Pour la remise en service du chargement des photographies de mon mobile sur mon portable, j’ai photographié une page de ce site : Radu Zaplitnii Quintet. Et ça m’a fait plaisir !

mardi, octobre 16, 2007

mercredi 17 octobre - A.O.C. 14° / Celsius 24°

Entre deux périodes de temps perturbé, nous profitons de la douceur de l’automne. Déjeuner sur la terrasse sous le prunier. Un bon coup de balai est nécessaire pour dégager les feuilles jaunes et craquantes sous les pieds. Le soleil, bien qu’à son point le plus haut, est bas dans le ciel et sans l’appui du vent il n’est pas capable de sécher le linge sur l’étendoir. Il est encore moins question d’étendre draps, nappes ou serviettes sur l’herbe qui reste imprégnée de rosée toute la journée. Deux des chats des voisins, qui ont quatre enfants et quatre chats, ont élu domicile dans le jardin. Ils sont tranquilles pour jouer à chat perché, car leurs courses désordonnées ont fini par faire fuir tous les oiseaux vers un autre quartier. L’un des chats est blanc et noir, tout fou, capable de se battre avec son ombre pendant de longs moments. L’autre est blanc et ses yeux pâles de myope semblent toujours chercher à se fixer sur ce que ses oreilles entendent sans y parvenir. C’est le poète du couple.

Pour accompagner le déjeuner : tarte aux tomates, tarte aux champignons, salade d’endives, pommes, crêpes, café, nous avons ouvert, au hasard, une bouteille de Bordeaux A.O.C. 2003, « Château Roques Mauriac ». Il se laisse boire, mais d’un commun accord nous convenons qu’il chauffe un peu. Un coup d’œil à l’étiquette nous confirme cette impression : 14°. C’est un mélange de Merlot (40°), de Cabernet franc (40°) et de Cabernet Sauvignon (20°). Période de garde indiquée : 3 à 5 ans. C’est sûr, 14°, ça cogne.

Pour accompagner musicalement le déjeuner, « Jazz in my Musette », Viviane Arnoux, accordéon, voix, François Michaud, violon, alto et François Parisi, accordéon. A l’écoute, l’album nous parait plus complexe qu’il n’y parait en première impression. Aujourd’hui, d’un commun accord, nous convenons que notre préférence va aux compositions de François Parisi, « Alcantara », « Annie-Zette » (il fallait oser !), « Roger le Vénitien ». Question d’humeur, de moment, de météo et d’un tas d’autres petites sensations… Demain sera un autre jour.

Le site (bien fait) de MAM : http://www.mammusique.com/accueil/accueil.php

lundi, octobre 15, 2007

mardi 16 octobre

... écouté, ré-écouté, puis ré-écouté "Paroles de swing" avec la plus grande attention pour essayer de percevoir ce qui aurait pu m'échapper jusqu'à présent. Quelques phrases ici où là... mais décidément je reste sur le seuil.

Peut-être que "Sous le ciel de Paris"...

En attendant, on peut visionner cinq vidéos de Ludovic Beier sur YouTube :

http://www.youtube.com/results?search_query=beier+ludovic+accordion&search=Search

... plus une avec Angelo Debarre, à Toulouse en 2004.

http://www.youtube.com/watch?v=pqjJznHOSWA&mode=related&search=

dimanche, octobre 14, 2007

lundi 15 octobre - surf manouche

… écouté le dernier opus de Debarre et Beier, « Paroles de swing », 2007 City Record, 2007 Le chant du monde / Harmonia Mundi.

Cette écoute me conforte dans ma première impression : c’est un disque agréable. Par agréable, j’entends qu’il accompagne agréablement le cours du temps. C’est un divertissement qui fait passer un bon moment. Mais je n’arrive pas à le qualifier de beau, car je le trouve « facile » au sens où il me semble plein de « facilités ». Peut-être que je suis victime d’a priori, mais c’est ainsi. Parmi ces a priori, il y a cette impression qu’il s’agit d’un produit qui s’inscrit dans la vague du label des « nuits manouche » et qui surfe sur un certain engouement en grande partie conditionné par une stratégie marketing efficace. Le bonus « Django Reinhardt plays Solo » me semble correspondre à une telle démarche. La présence de Sansévérino de même est certes sympathique, mais sa présence ici, là et ailleurs a fini par me lasser. Disons qu’il ne m’étonne plus et qu’au contraire le plus souvent j’ai l’impression de l’entendre se répéter. Les titres enfin sont « en béton », de « Paris, je t’aime… » à « La mer » en passant par « Que reste-t-il de nos amours ? ». Je dois avouer que je n’apprécie guère non plus le « Medley sans paroles » composé à partir de « Je m’voyais déjà », « L’homme à la moto », « A bicyclette » et « J’entends siffler le train ». J’ai toujours été rebuté par le côté fourre-tout des « medley », quelque chose comme « je vous en donne quatre pour le prix d’un ! ».

En essayant d’identifier mes a priori, j’ai bien conscience qu’il suffirait de peu de choses pour en modifier du tout au tout la tonalité ou, plus exactement, la valeur. Par exemple, le bonus de Django Reinhardt serait une façon de rendre hommage à l’initiateur de ce mouvement de swing manouche, les titres populaires seraient une façon de montrer comment il est possible de les relire, de les interpréter dans un style qui leur donne une vie nouvelle, etc… Pour l’instant, c’est l’impression que Beier est très en deçà de ses capacités qui domine. Il me semble en effet, à l’écoute de disques précédents, qu’il est capable, sinon d’une virtuosité supérieure, du moins d’une autre créativité que celle qu’il manifeste ici. Je pense à « Swing Rencontre » et à « Come into my swing ! ».

Reste que le son du VS 2480 DVD de Roland est toujours aussi bluffant et que Beier n’y est certes pas étranger. Raison de plus pour regretter d’avoir l’impression qu’il aurait pu tirer un autre parti de cet instrument.

samedi, octobre 13, 2007

dimanche 14 octobre

Finalement, c’est « Violento » qui tourne en boucles sur le lecteur. Sans pouvoir expliquer clairement d’où me vient cette impression, je le classe dans la catégorie de ce que j’appelle les musiques méditatives ou de méditation. C’est une pensée sans éclats ni effets excessifs, quelque chose comme un filet d’eau qui trace son chemin dans un terrain ni trop escarpé, ni trop plat, une sorte de pente moyenne, qui suit son cours et se déploie comme un discours tout en nuances. L’ensemble est très homogène dans ce registre. Bien entendu, il n’est pas question de faire un palmarès parmi des pièces que je tiens pour un ensemble d’une très forte unité. Néanmoins, je puis dire que j’ai beaucoup aimé « Fables of Faubus » (7 :24) de Mingus et « Crepuscule with Nellie » (3 :18) de Monk. J’ajoute que les compositions originales de Mosalini, Caratini et Beytelmann n’ont rien à envier à la perfection de ces deux œuvres. Je me rends compte aussi à quel point j'apprécie le jeu classique de chacun des trois interprètes ; j'appelle classique un jeu qui produit le maximum d'effets avec le minimum de moyens. Rien de trop, rien que l'essentiel. Pas de fioritures ou d'enjolivements inessentiels.

La durée totale des huit morceaux du disque est de 52 :24. Je me rends compte que le disque vient de passer quatre fois. Il est un peu plus de deux heures. Je n’ai pas vu le temps passer.

On peut voir et entendre le trio Mosalini - Beytelmann - Caratini sur YouTube :

http://www.youtube.com/results?search_query=mosalini&search=Search

Ils donnent quatre morceaux : "Naomi" (9:05), "La Bordona"(10:59), "Milonga de la Tierra"(9:22) et "Le Crabe"(8:23), qui donnent une idée tout à fait conforme à la musique de "Violento".

samedi 13 octobre




Tarbes. 14 heures. Quelques nuages discrets dans le ciel. Pas un souffle d'air. Les terrasses des bistrots et des restaurants sont pleines de monde. Une sorte de douceur de vivre. Un bonheur calme et, si j'ose dire, ordinaire, sans ostentation. Qui pourrait croire que ce soir se prépare une confrontation titanesque entre les Français et les Anglais dans le cadre de la coupe du monde de rugby. En s'approchant des terrasses on pourrait sans doute vérifier que toutes les conversations tournent autour de cet événement historique. Forcément historique ! Mais nos préoccupations, en attendant 21 heures, sont autres...
Ayant appris fortuitement ce jeudi 11 octobre la sortie du dernier album de Debarre et Beier distribué par Harmonia Mundi, je me suis assuré hier qu’il était bien arrivé à la boutique de Tarbes, si bien qu’en début d’après-midi nous avons pu nous mettre en route pour aller le chercher sur place. D'où notre présence en cette capitale de la Bigorre.

-« Paroles de swing », Angelo Debarre et Ludovic Beier, 2007 City Record, 2007 Le Chant du Monde / Harmonia Mundi.

A côté du guitariste et de l’accordéoniste, qui commencent à avoir produit une belle série de disques ensemble, leurs complices habituels : Antonio Licusati, contrebasse, Tchavolo Hassan, guitare rythmique et Marius Apostol, violon.

En dehors de deux chansons originales d’Angelo Debarre, qui sont interprétées par Sansévérino, l’ensemble de l’album est constitué de standards, comme entre autres « Paris, je t’aime… », « Sous le ciel de Paris », « Que reste-t-il de nos amours ? », « La mer », « Le poinçonneur des lilas ». Première écoute en voiture pendant le trajet de retour. Première impression : des virtuoses s’emparent de standards, les interprètent à la façon swing manouche et c’est bien agréable…

Avant de quitter la boutique, je me suis laissé tenter par un disque, que j’avais repéré déjà lors d’une visite précédente :

- « Violento », Mosalini / Beytelmann, Caratini, 1990 Label bleu.

Je me suis d’autant mieux laissé tenter que d’après mes informations ce magnifique label a cessé ses activités. C’est une bonne raison donc d’acquérir ce disque. La première écoute, dés notre retour à la maison, est très favorable : créations originales de Mosalini, de Beytelmann et de Caratini, plus un titre de Mingus et un autre de Monk. Entre tango et jazz, un beau disque. J’aurais regretté d’avoir laissé passer l’occasion…

jeudi, octobre 11, 2007

vendredi 12 octobre - lautari

Après quelques heures de travail intellectuel, l’envie m’a pris de prendre un peu l’air. C’est ainsi que mes pas m’ont conduit presque automatiquement jusqu’à l’espace culturel de l’hypermarché, ses caddies, ses promotions « marque repères » et sa défense du consommateur. Et de manière encore plus automatique, ils m’ont conduit vers les rayons de disques. Je note que conformément à la politique de l’enseigne un lot de musique kletzmer a été mis en exposition « nouveautés » et un lot de musique venue de Roumanie a été ajouté au rayon des musiques d’Europe centrale. J’y vois de l’accordéon, mais le plus souvent en position d’accompagnement, ce qui ne suffit pas pour me décider à en acquérir un ou deux.

Avant de partir cependant, un disque attire mon attention : « Lautari de Bucarest » avec trois noms qui me sont familiers : Ionica Minune, Panseluta Feraru et Pane Marinache. Je connais Panseluta Feraru en particulier par un disque de grande qualité, "Chants lautar de Bucarest" avec son mari, Constantin Lacatus, à l'accordéon. Je connais Ionica Minune par deux ou trois disques et j'apprécie beaucoup le son de son Weltmeister. Petit prix : 8,99 euros. L’accordéon n’est pas l’interprète principal dans la majorité des titres, mais une première écoute, où je retrouve le son de Minune et son toucher, emporte ma décision.

De retour à la maison, je vérifie que ce n’est pas un disque très novateur et qu’il ne m’apporte rien que je ne sache déjà sur cette musique des lautari de Bucarest, mais il est agréable à écouter et retrouver Minune est toujours un grand plaisir. Je ne sais pourquoi, mais je trouve le son de son accordéon « boisé » et son style tout en glissements et décalages.

- « Lautari de Bucarest », 2007 Iris Music, distribution Harmonia Mundi.

Avec Roberto de Brasov et le "Taraf de Haïdouks" voilà de quoi se donner un joli panorama de cette musique née à Bucarest ou alentour, auquel j'ajoute volontiers Martin Lubenov, sans doute le plus novateur de l'ensemble.

Bien entendu, on trouve sur YouTube des vidéos sur les lautari, sur le "Taraf", sur le Martin Lubenov Orkestar et sur Minune, par exemple en compagnie de Martin Mexicanu.

mercredi, octobre 10, 2007

jeudi 11 octobre - bande de brigands

Cette photographie du "Taraf" me ravit. Il suffit de croiser le regard des treize instrumentistes pour y lire leur humour, leur détachement, leur individualisme. J'essaie d'imaginer à quel prix de patience le photographe a pu tirer ce portrait de groupe. Je n'ose imaginer l'environnement foutraque de ce cliché. Foutraque mais professionnel !

De gauche à droite en regardant la photographie, on reconnait les trois accordéonistes : Marin Manole "Marius", Ionel Manole "Ionitsa" et Marin P. Manole. On reconnait aussi les Weltmeister et Hohner traditionnels en Roumanie ou, plus exactement, en Tziganie.

... Pour en savoir plus sur le « Taraf de Haïdouks », on peut évidemment faire un tour du côté de YouTube.

http://www.youtube.com/results?search_query=taraf+de+haidouks&search=Search

On y trouve un grand nombre de vidéos, de qualité inégale, mais dont plusieurs sont fort intéressantes au plan documentaire. Qualité inégale, intérêt documentaire… Concernant la bande de brigands, on pouvait s’en douter. En tout cas, je vois mal comment on pourrait résister à leur énergie et au malstrom qu’ils provoquent dans leur sillage.

mardi, octobre 09, 2007

mercredi 10 octobre - taraf de haïdouks

... écouté ce matin « Taraf de Haïdouks, Band of Gypsies ». Comme je parcourais les différents volets de la pochette, où figurent les photographies des membres de la bande, les noms de leurs invités, venus de Macédoine, de Bulgarie et de Turquie, et les interprètes de chaque titre, je me suis aperçu qu’il y avait un fascicule de présentation dont la présence m’avait d’abord échappé.

Ce fascicule est un vrai régal, qui vient compléter très heureusement le plaisir de l’écoute. Il confirme en particulier le bien fondé de l’impression de « foutoir volcanique » donné par cette musique essentiellement ambulante, même lors des concerts sur scène.

Le texte est composé de douze volets autour de l’enregistrement de cet album à Bucarest, lors de trois concerts donnés spécialement à cet effet. C’est une sorte de récit bourré d’humour sous l’apparence d’une description objective. On y apprend que le « Taraf de Haïdouks» (la bande de brigands), de renommée mondiale, se produit pour la première fois dans la capitale roumaine et que leur présence est d’abord mal vue étant donné leur apparence et leur réputation douteuse. Ce ne sont pas les vrais tsiganes dont le pays peut être fier. On y apprend aussi qu’ils ont invité moult musiciens de pays voisins et que les uns et les autres n’ont pas de langue commune. Malgré cela, ils sauront composer en trois jours nombre de morceaux nouveaux pour les enregistrer. On y apprend enfin que la maison de disques a invité pour couvrir cet enregistrement des journalistes de divers pays qui vivront à cette occasion des aventures drolatiques, picaresques et mémorables. Dernière information : le tout est filmé par Elsa, la fille de Tony Gatlif, victime d’un infarctus la veille du tournage.

Il faut donc lire ce texte à propos des trois jours de l’enregistrement, de son environnement ou de la virée de toute l’équipe à Cléjani, village mythique s’il en est pour qui apprécie le « Taraf », sa vie, son œuvre… Une anecdote pour donner le ton. Alors que les musiciens occupent de leur musique et de leurs danses tout l’espace de la salle communale du village, un habitant, bien chargé en vodka, s’interroge : « Il est temps qu’ils s’arrêtent ceux-là. Pourquoi ce ne sont pas nos tsiganes qui jouent ?». On frôle la castagne générale. Le dit habitant se ravise : « Allez, tsigane, voilà dix balles, joue pour moi ». On frôle à nouveau la castagne. Une semaine plus tôt en effet les membres du « Taraf » se produisaient à Los Angeles dans le club très select de Johnny Depp, « Viper Room » pour un cachet, dit-on, de 100 000 dollars. Chiffre que le « Taraf » nie avec la plus grande force par crainte de racket.

Comme l’ont écrit d’éminents spécialistes de systémique, on peut dire à bon droit qu’avec ces musiciens « l’ordre procède du désordre ». On pourrait dire aussi qu’ils montrent que l’équilibre vivant résulte toujours d’une succession indéfinie de déséquilibres rectifiés.

lundi, octobre 08, 2007

mardi 9 octobre - jazz manouche

… écouté « Nuits de Paris » de Patrick Saussois et Alma Sinti. Disque Djaz / Isamusic de 2006. Je connaissais, des mêmes, « Le chemin des forains », disque de 2003, du même éditeur.

Dans ce disque-ci, l’accordéon était joué par Daniel Colin avec interventions de Raul Barboza en guest star. J’avais alors beaucoup aimé la prestation de Dominique Vernhes à la clarinette et à la flûte. Dans « Nuits de Paris », le même Dominique Vernhes tient l’accordéon, mais aussi la clarinette et la flûte. J’aime beaucoup sa sonorité qui m’a rappelé à plusieurs reprises le style d’Armand Lassagne.

Plusieurs titres ont retenu mon attention, comme « String Valse » (Saussois et Vernhes), « Dans ma Verdine » (Privat et Lassagne), « Quai aux fleurs » (Saussois et Vernhes) ou encore, des mêmes, « The Slide Stomper » ou « La chineuse ».

Dominique Vernhes à l’accordéon, une vraie révélation pour moi. Un classique. Sauf erreur de ma part, il était invité sur les autres disques de Patrick Saussois et Alma Sinti. J’espère qu’il en sera dorénavant un membre permanent.

lundi 8 octobre - paris moscou

… écouté avec intérêt et plaisir le disque en duo de Domi Emorine et Roman Jbanov, « Paris - Moscou », 7 Music, RDC Records, 2002.

La liste des compositeurs suffit pour en démontrer la variété et l’éclectisme : Mozart, Rizol, Azzola et Astier, Besov, Chalaiev, Baselli et Rossi, Dittel, Piazzolla, Angelis, Koniaiev, Tchernikov, Bach.

Leurs origines montrent aussi à l’évidence la bi-polarité de l’album entre deux univers musicaux, l’un plutôt français et influencé par le musette, l’autre plutôt classique, influencé par la musique traditionnelle russe.

Pour ma part, j’ai bien apprécié « (l)’Adagio » de Mozart, « Caprice Mazurka » d’Azzola et Astier, « Boutade » de Baselli et Rossi, où j’ai cru entendre des échos mozartiens, « Ave Maria » de Piazzolla et « Cow-Boy » de Tchernikov. Parmi les différents morceaux, l’un a une place particulière, « Paris – Moscou » d’Angelis, d’abord par sa durée de plus de 10 minutes, ensuite par sa forme d’exercice de style, où l’on reconnaît des thèmes comme « A Paris », « Iamshik », « Le temps du muguet », « La romance de Paris », « Kalinka ». Exercice de style à double titre, en premier lieu pour le compositeur, mais aussi pour les interprètes. Exercice de style sur mesure.

samedi, octobre 06, 2007

dimanche 7 octobre - en attendant Godot

Le dimanche est donc consacré à rendre visite à ma mère, à Nay, à une vingtaine de kilomètres de Pau. La maison de retraite Saint Joseph, où elle réside, est en voie d’agrandissement et de rénovation. La trace des travaux en cours est partout présente. De grands panneaux présentent des photographies des chambres témoins avec des échantillons des matériaux, du mobilier et des matériels qui les équiperont. Semaine après semaine, je croise aux mêmes endroits les mêmes personnes âgées, dans les mêmes postures. Le temps s’est, pour ainsi dire, arrêté. Des gens, souvent les enfants des résidents, eux-mêmes âgés, sont là, assis, silencieux, immobiles, le regard un peu vide. Ils sont penchés vers leur parent, père ou mère, attentifs au moindre signe, qui ne viendra pas. Dans la salle de repos où la plupart des résidents somnolent – sommeil naturel ou artificiel ? – il y a un fond sonore d’opérettes et d’airs d’accordéon. Régulièrement, les media nous informent de ce que la durée de vie ne cesse de s’allonger… Dans cette maison de retraite où je viens rendre visite à ma mère, je me demande à quoi bon ? Et je note que si l’on veut bien écouter attentivement les conversations chuchotées entre résidents, tous aspirent à la fin de leur vie, aucun n’a le désir de la prolonger.

En attendant, au sens de Becket, « En attendant Godot », en cette soirée de samedi, je me prépare une petite sélection pour la route. Pour me donner du courage et pour me redonner le goût du plaisir. Un petit choix entre cinq albums que je connais depuis peu de temps et dont la variété m’enchante :

- « L’hymne à l’amour », la rencontre de la précision chirurgicale du tango et des ambigüités du « clair obscur »,
- « Paris Moscou, Duo », un voyage entre deux mondes aux multiples facettes,
- « Taraf de Haïdouks, Band of Gypsies”, l’ordre qui procède du désordre ; ici, bazar rime avec art,
- “Jazz in my Musette”, bien moins simple et modeste qu’il n’y parait de prime abord,
- “Nuits de Paris, Alma Sinti”… qui me réconcilie avec le swing manouche, dont je trouve que trop souvent il donne son nom à des réalisations médiocres.

samedi 6 octobre

Hier soir, en arrivant de Toulouse vers 20 heures et avant d'aller manger un morceau chez le chinois, nous trouvons un envoi d'Alapage : "Jazz in my musette", album de Viviane Arnoux, accordéon et voix, François Michaud, violon et alto, et François Parisi, accordéon. disque édité en 2005 par Buda musique.

Nous l'avons écouté toute la matinée avant d'aller, nécessité oblige, faire quelques courses alimentaires à l'hypermarché. Il faudra l'écouter encore pour se faire une opinion plus précise que la première impression, mais d'ores et déjà celle-ci est favorable, car c'est un disque agréable, plein de fantaisie et de variété, un disque qui pourrait paraitre "facile", mais dont la technique est sans failles. Les compositions sont de Viviane Arnoux, de Parisi, de Michaud, de Trenet, de Gerschwin, de Reinhardt et Grappelli. C'est lumineux comme un matin de printemps, au point qu'on ne se rend même pas compte que le crachin a gommé toutes les ombres et que le prunier laisse tomber au sol ses feuilles gorgées d'eau.

Au retour des courses, après avoir regardé à la télévision le match de rugby entre l'Angleterre et l'Australie et constaté une fois de plus que les rosbifs sont étonnants, j'écoute en alternance des morceaux de "Jazz in my musette" et de "Paris Moscou". Cette écoute aussi est étonnante.

vendredi 5 octobre - toulouse accordéon

Ce matin, profitant du fait que nous avions quelques courses à faire, Nadja m'a fait découvrir une boutique très attachante, "Toulouse Accordéon", avenue des Etats-Unis, dans le quartier des Minimes chanté par Nougaro. Tout en admirant les accordéons exposés en vitrine, je remarque sur un petit présentoir quelques cds, un en particulier que je cherchais à me procurer depuis quelques temps : "Paris Moscou, Duo" de Domi Emorine et Roman Jbanov. L'intérieur du magasin est encore plus attachant que l'extérieur : des accordéons partout, sur des étagères et au sol. Au sens propre, il faut se frayer un chemin tortueux et risqué (pour les instruments) jusqu'à la caisse.

L'après-midi, je fais découvrir "Toulouse Accordéon" à Françoise, tandis que Camille fait sa sieste sur le siège arrière de la voiture. Il est moins de 14 heures. Le rideau de la boutique est fermé. Nous faisons quelques photographies.



















J'ai bien l'intention de rendre une petite visite plus approfondie à ce lieu pour rêver dès notre prochain séjour toulousain.






jeudi 4 octobre

Hier soir, nous sommes arrivés de Pau à la nuit tombée pour jouer le rôle de Papou et Mamou, un méchant virus ayant aggripé notre Camille. Pour nous tenir en état d'attention, car le crépuscule était sombre et la circulation intense avec un grand nombre de camions, nous avons écouté, fort, deux disques d'accordéons toniques : "Taraf de Haïdouks, Band of Gypsies", où interviennent pas moins de trois accordéons et "Alma Sinti, Nuits de Paris" de Patrick Saussois, avec Dominique Vernhes à l'accordéon, à la clarinette et à la flûte.

Ce jeudi après-midi, je profite de ce que Camille fait une petite sieste pour faire un tour de quartier. Chemin faisant, je découvre une exposition, "Mémoires privées", aux Archives municipales.




L'entrée des archives, très toulousaine avec son appareil de briques roses, débouche sur une passerelle, d'où l'on surplombe les anciennes machines et canalisations de ce qui fut un château d'eau. Cela me rappelle la magnifique galerie de photographies, crée par Jean Dieuzaide, la " galerie du château d'eau" précisément.






En sortant, un portail attire mon attention. Il ferme une allée de belle taille débouchant sur un terrain plat entre les habitations.



Je m'approche du panneau accroché au portail et je lis...



De retour à la maison, je lis dans le numéro 139 (octobre 2007) de « Jazzman » un article sur la rencontre entre Galliano et Burton à l’occasion de « L’hymne à l’amour » (pp. 34-36).
Une fiche critique complète cet article. Elle est favorable, mais sans enthousiasme inconditionnel. Il y est question d’un « beau disque, sage et serein (…) mais qu’on aurait aimé plus vibrant, plus fougueux et avec davantage de prises de risques ». J’adhère à cette opinion. Je trouve en effet « L’hymne à l’amour », le morceau et l’album, en deçà du lyrisme qu’on aurait pu attendre. Comme Lionel Eskenazi, l’auteur de la fiche, j’ai beaucoup aimé « Milonga is coming », « Opération Tango » et « Triunfal » de Piazzolla, et « Waltz for Debby » de B. Evans. En revanche, alors qu’il a des réticences pour l’interprétation de Bach, je l’ai trouvée pour ma part tout à fait réussie. Le vibraphone et l’accordéon y « fonctionnent » fort bien.
L’article place la rencontre de Galliano et Burton sous le signe de Piazzolla, ce qui parait en effet pertinent, même si l’album est composé à parts égales de Piazzolla d’une part, de jazz, d’exploration de Bach, de M. Monnot et de compositions originales d’autre part.

L’article aborde aussi quelques points intéressants comme Piazzolla en tant que référence commune aux deux musiciens avant leur rencontre, on pourrait dire de toute éternité, comme leur intérêt commun pour Art Van Damme, comme l’importance qu’ils accordent au tango, parce que c’est une musique rigoureusement écrite, comme leurs réflexions sur sa généalogie et son histoire, et comme… l’influence du tangage sur cette musique. Tango rime avec bateaux.







lundi, octobre 01, 2007

mercredi 3 octobre - hossegor, après...

Avant-hier, lundi, nous avons passé l'après-midi à Hossegor. Rendez-vous avec l'architecte sur le chantier de la villa en rénovation. Avant de prendre le chemin du retour, nous allons "voir l'océan" depuis la place des Landais. Dimanche, a pris fin l'étape hossegoroise d'épreuves de surf de renommée mondiale. Il reste un podium réduit à l'état de squelette, dont la structure métallique me parait belle. Il fait gris, l'orage gronde au loin, vers l'ouest, à l'horizon. Il est 16h35.


La plage est désertée. Au loin, quelques engins ratissent le sable. Un filet de volley-ball attend d'improbables joueurs. Il est 16h36.



Deux randonneurs hollandais ont déposé leurs vélos le long de la promenade. Ils boivent de la bière dans des verres énormes. Il est 16h39.




Françoise mange une crèpe au sucre. J'ai commandé une crèpe sucrée au beurre salé. Nous buvons un chocolat chaud sous les parasols, mais l'orage s'approche. Il est 16h53.





Une équipe d'ouvriers de la ville vient d'arriver et commence aussitôt à démonter la structure du podium. Ils sont à contrejour et l'image me plait. Je pense à une photographie de Doisneau représentant un peintre de la tour Eiffel. Il est 17h00.






Un engin vient d'arriver sur la place pour emporter les tubes et autres pièces du podium. L'orage est maintenant au-dessus de nos têtes. Il est 17h01. Nos chocolats sont tièdes. Il est temps de partir. D'ailleurs, les bistrots plient les parasols.





...Au cours du retour vers Pau, nous évoquons l’album de Richard Galliano, « L’hymne à l’amour ». Françoise et moi, nous convenons que « Mare Nostrum » en a quelque peu brouillé l’écoute. « Mare Nostrum » est tellement limpide et lumineux, tellement construit sur ce que l’on pourrait appeler une ligne claire, que, par opposition, « L’hymne… » nous est apparu sombre, grave, tendu. Du coup, évidemment, l’envie nous vient de l’écouter dès notre retour à la maison.
Le temps d’ouvrir les volets et « L’hymne… » tourne sur le lecteur. Je parcours les deux pages du livret de présentation en français ; les renseignements qui y figurent sont pleins d’intérêt. On y discerne bien, sinon comment fonctionne Richard Galliano, du moins des traits caractéristiques de son parcours et de la manière dont il le construit.
Je retiens quelques uns de ces éléments : d’abord, « depuis toujours » un goût pour le vibraphone découvert, au début de son adolescence, par l’intermédiaire d’un disque d’Art Van Damme Quintet, « Cocktail Capers ». Puis une amitié commune de Richard Galliano et de Gary Burton pour Astor Piazzolla. Ensuite, un fait étonnant et significatif : en 2003, lors d’un concert à Londres du « Piazzolla forever », l’agent de Burton pense le mettre en contact avec Galliano. Peu après, ils décident de monter un projet avec le New York Trio de Galliano. Ce passage, ce glissement, je ne sais comment dire, montre assez combien ce dernier échappe à toute tentative de catégorisation. Le répertoire est largement emprunté à Piazzolla avec des inspirations venues de Bach ou de Marguerite Monnot, élève comme Piazzolla de Nadia Boulanger.
Parlant de ce disque, Richard Galliano évoque Lamartine et Rembrand, notamment le « clair/obscur ». On tient là une des clés de cet album.
Dernière chose : ce disque a été enregistré fin août 2006 à New York ; en septembre était enregistré « Luz Negra » avec Tangaria. Autre fait montrant la vanité de toute tentative pour enfermer Galliano dans des genres ou dans des classes ou dans des catégories préétablies. Son lieu, c’est le passage et son corollaire, le métissage.