jeudi, février 02, 2006

jeudi 2 février

A l’origine, il y a une sorte de magma composé de choses plus ou moins semblables et plus ou moins dissemblables. Très tôt, l’accordéon et le bandonéon se distinguent par l’apparence et par le son. Plus tard, chromatique et diatonique se distinguent à leur tour. Des formes émergent : la valse musette, le tango, le tango nuevo, le new musette, le swing des Carpathes, la majesté du Bayan, le zydeco et le swing manouche. Toute une géographie apparaît avec des continents qui dérivent les uns par rapport aux autres, s’éloignent ou se rapprochent. Des noms émergent à leur tour qui, comme des amers, serviront à orienter la navigation autour de ces continents : Gus Viseur, Galliano, Piazzolla, Azzolla, Barboza, Perrone… Tout cela en désordre, avec parfois des lignes de force, de grands axes lumineux, d’autres fois des chemins en tous sens. Comment reconnaître le chemin forestier et le chemin de grande randonnée quand on ne sait lire ni les cartes, ni les panneaux indicateurs et que l’on avance sans GPS ? Il y a aussi de vastes clairières insoupçonnées : Anzellotti, Klucevsek, Küstner, Väyrynen, Fabiano… Le hasard d’une rencontre : Lassagne déclenche une série d’associations : Corti, Colin, Rossi… Un autre hasard : Manouche Partie et c’est le monde de Jo Privat qu’il faut explorer, non sous l’injonction d’un devoir mais sous la pulsion d’un désir insatiable. Hasard encore : le nom de Clifton Chénier ou celui d’Antonio Rivas, et l’envie de savoir quelle est leur musique. Une autre fois, une exploration rêveuse croise la route de Macias ou d’Amestoy et là, c’est la surprise d’y trouver son plaisir. Faut-il mettre de l’ordre dans tout ça ? Sûrement pas ! Faut-il choisir, trier, classer ? Encore moins ! C’est Bergson, je crois, qui disait en substance que le désordre n’est jamais que l’expression de la perplexité de l’observateur devant une réalité dont il ne comprend pas le principe d’organisation. L’ordre est là, toujours plus complexe que ce que l’on sait penser, mais petit à petit il se construit… Déjà, l’ordre alphabétique réserve de bien agréables rencontres. Par exemple : Matinier, Mercadante, Mille, Minune, Montironi, Mosalini, Motion Trio, Nano… Finalement, le chemin se construit au fil du parcours et non en mettant ses pas dans le tracé d’une carte…