jeudi, novembre 29, 2007

vendredi 30 novembre - roberto de gennevilliers


Concert Roberto de Brasov / Philippe de Ezcurra. Entrée libre et gratuite. Après la master class animée par Roberto de Brasov l’après-midi au conservatoire Maurice Ravel, concert donné dans le cadre de la « Semaine des Arts de la scène du monde ».

Mercredi, départ de Pau à 18h15. Il fait nuit noire, mais comme nous nous dirigeons, plein est, vers Anglet, l’horizon est lumineux comme embrasé par un gigantesque incendie. Des camions et une circulation dense mais fluide. Arrivée devant la mairie d’Anglet à 19h45. Deux personnes installent des chaises dans la salle des fêtes et un technicien règle deux micros sur la petite scène. En attendant l’ouverture des portes, nous nous garons de manière à voir l’entrée de la salle des fêtes. Il fait 7°. Nous grignotons nos sandwiches jambon-fromage en buvant du café maintenu brulant dans la bouteille thermo.

Alors que nous observons les arrivées de jeunes accordéonistes accompagnés le plus souvent de leurs parents, un break gris se gare à côté de notre voiture. Philippe de Ezcurra, qui semble branché sur un courant survolté est au volant. Roberto de Brasov, placide, à la place du passager. Son allure me fait penser à un Orson Welles débonnaire. Un salut rapide : «… A tout à l’heure ! ».

Peu de temps après, alors que des gens arrivent de manière dispersée mais continue, nous nous disons qu’il serait temps d’aller voir s’il est possible d’entrer à des spectateurs ordinaires. Roberto de Brasov téléphone. Nous arrivons devant l’entrée au moment où il a fini de téléphoner ; j’en profite pour lui demander s’il a apporté des disques et en particulier son tout dernier. Le sujet semble sensible, car il nous dit alors à quel point il a des difficultés à se distribuer. Ce soir, par exemple, il n’a pas reçu les exemplaires pourtant réclamés avec insistance à son distributeur. Nous parlons de choses et d’autres. Il est chaleureux et sympathique, au point de me proposer de m’envoyer son dernier album si je lui laisse mon adresse. Il ne nous connaît pas, mais il est prêt à m’en faire cadeau. Il ajoute que s’il vient un jour à Pau, je pourrai lui rendre la pareille en lui offrant un pot… A la vérité, cette offre me gêne un peu, car le Béarn n’est pas terre d’accordéon, et nous nous quitterons sans que je lui ai donné mon adresse. Il ne me reste plus qu’à commander son dernier album… Tout en discutant, il insiste sur le fait qu’il est en France depuis quatorze ans et qu’il connaît ce pays mieux que le sien. Cela semble lui tenir à cœur, car il en reparlera au début du concert. Tout en discutant, nous voyons à travers les vitres de la salle des fêtes que celle-ci se remplit. Quand nous entrons, nous constatons que les quatre premiers rangs sont réservés, que les deux suivants sont occupés. Le septième rang nous parait un peu loin, mais la conversation sympathique avec Roberto de Brasov valait bien ce petit inconvénient. On n’y perd rien du point de vue acoustique ; en revanche, les photographies seront ce qu’elles seront…

Les jeunes de la classe d’accordéon, au fond de la salle, mettent tout leur cœur pour nous préparer au concert.

A 21h10, entrée des artistes. Quelques mots de présentation. Philippe de Ezcurra nous explique l’intention de cette rencontre : instaurer, le temps d’un concert, un dialogue entre la culture basque et la culture roumaine des Carpates par le biais de la musique. L’idée de départ est que chacun à tour de rôle propose un air de son pays et que les deux s’en emparent en improvisant. Après un début conforme à cette intention, on sent bien que les deux accordéonistes vont s’en dégager… Ils sont en effet d’un pays mais aussi citoyens du monde de l’accordéon. Roberto de Brasov, revenant sur les propos qu’il avait tenus devant nous tout à l’heure, insiste d’ailleurs sur le fait qu’aujourd’hui il vit à Gennevilliers. On comprend que, pour lui, son inspiration procède au moins autant de cet ancrage actuel que de son origine roumaine. Et pourtant, notamment lorsqu’il chante et dialogue avec son accordéon, c’est vraiment cette origine qui s’exprime.
Connaissant Roberto de Brasov par son album « Le swing des Carpates », nous le retrouvons en direct live tel que nous l’attendions. Quant à Philippe de Ezcurra, nous sommes toujours aussi admiratifs devant la précision de son toucher et sa créativité. Nous l’avions écouté à Gironde sur Dropt dialoguant avec Macias, Amestoy et Lacaille après avoir joué dans le registre classique (« Asturias »), nous l’avions écouté au bandonéon (« Suite del Angel », nous l’écoutons maintenant complice de Roberto de Brasov… Il nous tarde déjà de trouver la prochaine occasion de l’entendre.

Le concert se termine, à 22h20, après un rappel chaleureux, par une interprétation de « La foule » qui me rappelle une certaine interprétation de Raul Barboza au festival de Montmagny (cd 3 de « L’anthologie »).

Deux musiciens maliens, un flûtiste et un joueur de tambour africain, invités à la « semaine des arts de la scène du monde », tissent ensuite une sorte de mélopée envoutante et quasi hypnotique. Le temps est suspendu…

22h35. Nous rejoignons notre voiture. Roberto de Brasov vend quelques exemplaires de son album « Le swing des Carpates ». Un rapide salut à Philippe de Ezcurra, juste pour lui signifier notre satisfaction. Encore un café, qui est resté brulant. En sortant d’Anglet, puis de Bayonne, nous grignotons nos derniers sandwiches. Un concert, ça creuse. Et puis, l’autoroute… éclairée par la lune.

Arrivée devant la maison, à Pau, à minuit pile. J’ai encore une petite faim.
A deux heures, je suis toujours en train de regarder, de trier et de recadrer les photographies que j’ai prises avec mon Nokia. Ce ne sont pas des chefs-d’œuvre, mais en tant que traces, que notes et que déclencheurs d’émotions, elles remplissent bien leur office.
Il est temps d’aller se coucher. Dehors, il fait 0°.