lundi, décembre 12, 2005

lundi 12 décembre

« Le bistrot joue un rôle de reconnaissance du quartier puisqu’il se distingue d’autres établissements qui ont davantage leur place dans d’autres lieux, qu’il s’agisse de drugstores ou de brasseries ou de grands cafés. Dans un petit bistrot, tout se sait et les habitués forment une famille élargie. On y donne à manger à quelques favorisés.
Ils se permettent de chahuter, de charrier le patron s’il arbore un nouveau costume – toutes choses qu’ils ne s’autoriseraient dans un grand café et qui traduisent une conduite directe, virile ; un goût du chahut […]
Ce qu’il faut remarquer, c’est que cette familiarité s’accompagne curieusement d’une certaine retenue […]
Un tel établissement peut gagner en intimité. Il fait, à la fois, office de café, de restaurant, d’hôtel. Quelques célibataires y trouvent le logis, le couvert et des amis. Ils s’y étaient installés pour quelques jours. Ils y demeurent des années. Des rideaux ajourés protégent les clients du vacarme de l’existence et de la curiosité des étrangers […] ».
Pierre Sansot, Les gens de peu, Quadrige / Puf, 1991.


Dehors, la nuit tombe brutalement. Il fait très froid. Les bruits de la circulation sont étouffés par le brouillard. Les habitués se sont regroupés autour de la longue table. Le patron est aux fourneaux. La patronne apporte une énorme soupière. « Attention ! Chaud devant ! ». Le fils de la maison pose un cd sur la platine. Play !

Emmanuel Pariselle, La Nonchalante, Le roseau, 2005.

- Le temps des puces
- La marche nuptiale
- Les cornemuses
- La nonchalante

Quelle qualité d’attention et de silence ! L’émotion leur a coupé la parole, pas l’appétit. Certains ont les larmes aux yeux : ça résonne bien au-delà des souvenirs, ça secoue la mémoire et ça remonte à la surface comme un spasme. Quelques uns pensent à Marc Perrone.
Perrone, Pariselle… Ils sont de la même famille.