vendredi, décembre 23, 2005

samedi 24 décembre

« La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères […] A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées.
[…] Le tout vit avec intensité comme un mécanisme compliqué, aussi précis que hasardeux, comme une horlogerie dont le ressort est la pesanteur d’une masse donnée de vapeur en précipitation.
[…] Lorsque le ressort s’est détendu, certains rouages quelque temps continuent à fonctionner, de plus en plus ralentis, puis toute la machinerie s’arrête. Alors si le soleil reparaît tout s’efface bientôt, le brillant appareil s’évapore : il a plu ».
Francis Ponge, Tome premier, Le parti pris des choses, Pluie, NRF - Gallimard, 1965, pp. 35-36.


- Daniel Mille, Après la pluie, Editions Abacaba, Universal Music France, 2005.

Daniel Mille joue sur un accordéon Cavagnolo Vedette 10SK et sur un accordina fabriqué par Marcel Dreux d’après A. Borel. Stéphane Belmondo joue du bugle, du cor, de la trompette ; Rémi Vignolo et Sylvain Romano de la contrebasse ; Eric Laignel du piano et Pascal Rey de la batterie et des percussions. Il y a aussi un quatuor à cordes : Marc Aidinian, violon ; Véronique Ragu, violon ; Catherine Pacheu, alto ; Isabelle Cordier, violoncelle. Khalil Chahine a fait les arrangements et assure la direction des cordes. Thomas Dorn a fait les photos. Sans compter la régie, l’enregistrement, et c…



« L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir…
[…] A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger… »
Francis Ponge, Tome premier, Le parti pris des choses, Pluie, NRF - Gallimard, 1965, p. 48.


Il y a à Pau, place Gramont, un restaurant « Le bistrot de l’huître » où l’on peut commander pour les déguster chez soi des huîtres ouvertes, couchées sur leur lit d’algues et de glace.
- « Allo ! Bonjour ! J’aurais voulu vous commander un plateau à emporter de quatre douzaines de fines de claires pour 13h. Est-ce possible ? »
- « Bien sûr, monsieur. A quel nom ?… »
- « A mon nom. »
- « Parfait, monsieur. C’est noté. A tout à l’heure… »
- « A tout à l’heure. »

Pour préparer le repas de ce soir, il faut déjeuner léger. Nous nous contentons donc, Françoise et moi, de ces quelques huîtres avec deux ou trois gouttes de citron. Un pacherenc de Vic-Bilh sec. Un chocolat. Quelques tasses de café bien serré.

Nous dégustons nos huîtres en silence. Les titres s’enchaînent :

- 1 & 2. Après la pluie …
- 3 Juste avant…
- 4. Oblivion…
- 5. La valse des adieux
- 6. Ouro prêto…
- 7 . As rosas nao falam…
- 8 & 9. Les soirs de pleine lune..
- 10. L’ultimo giorno…

A la fin du repas, Françoise recule un peu sa chaise, se tourne vers les enceintes, ferme les yeux, hoche la tête de haut en bas, puis fait claquer sa langue et dit doucement mais distinctement : « Oui ! ». Il y a des manières plus verbeuses mais moins pertinentes de porter un double jugement esthétique.