jeudi 23 février
En parcourant des blogs où il est question d’accordéon, je suis tombé sur un commentaire, bref mais enthousiaste, à propos d’une prestation de Daniel Mille avec son quintet le 21 de ce mois, au New Morning.
Cet enthousiasme ne me surprend pas tant « Après la pluie » est un disque, disons une œuvre multiple et propice à la méditation. Une sorte de jazz intimiste et plein de profondeur. J’avais moi-même noté l’écoute du cd le 24 décembre dans ce blog.
En revanche, une phrase me parait à la fois étonnante et significative. Je cite : « A découvrir de toute urgence, pour ceux qui auraient raté une marche et seraient encore restés aux origines de l’accordéon jazz, avec le fameux Clifton Chénier de l’Acadie ».
Quel intérêt de se croire autorisé à donner ainsi des leçons et implicitement à désigner ceux qui apprécient Clifton Chénier comme des attardés ? Qu’a-t-on à faire de tels conseils ? Il est curieux de constater comme le jugement esthétique ici n’arrive pas à se détacher d’un jugement moral et quelque peu méprisant. Bourdieu y reconnaîtrait à l’œuvre le travail de la distinction. En un sens, ne serait-il pas plus simple, mais moins gratifiant sans doute pour l’ego, de s’en tenir au plaisir pur d’écouter Mille et Chénier et bien d’autres encore, sans se croire obligé de les situer sur une échelle de valeurs relatives…
Justement, a contrario de cette pensée, le génie de Richard Galliano me semble être dans une démarche d’ouverture et d’inclusion où le musette et le tango coexistent avec le jazz, sans qu’on se croit obligé de les enfermer dans des chapelles, ni de les situer historiquement, ni de les affubler d’étiquettes comme « ringard », « nouveau », « indispensable », « élitiste », etc…
Mais, venons-en à Richard Galliano et à « Ballet Tango »…
J’ai une affection particulière pour ce disque. L’illustration de couverture réalisée par Guy Peellaert installe d’emblée une atmosphère de café de Buenos Aires. Les couleurs chaudes du décor et les cheveux noirs et gominés des hommes connotent une certaine âme argentine. Un homme, en chemise blanche et fines bretelles, et une femme blonde, le dos nu, sont enlacés, les yeux clos. Ils dansent le tango dans leur tête.
Ce disque lui-même est dédié à Laura et Astor Piazzolla. A l’intérieur, Ballet Tango est dédié par Piazzolla à Galliano. Dédicaces croisées ; admiration réciproque. Galliano est le seul interprète.
J’y vois quatre parties :
- Adios Nonino, Oblivion, Chiquilin de Bachin, pour quatre accordéons et bandonéon solo ;
- Pedro y Pedro, pour accordéon solo ;
- Ballet Tango pour quatre accordéons ;
- Trois Préludes, pour accordéon solo.
Tout le disque exprime une culture hors du commun du tango. C’est l’âme du tango qui se manifeste de titre en titre. J’avoue que je suis particulièrement touché par les interprétations d’Adios Nonino, d’Oblivion, de Chiquilin et des Trois préludes, qui ont été pour moi une révélation. Ajoutons à cela la perfection du rerecording et la virtuosité de Galliano. Il joue sur un accordéon de concert Cavagnolo modèle Artiste III et sur un bandonéon Alfred Arnold modèle « Double A ».
Demain, on écoute "Blues sur Seine"…
Cet enthousiasme ne me surprend pas tant « Après la pluie » est un disque, disons une œuvre multiple et propice à la méditation. Une sorte de jazz intimiste et plein de profondeur. J’avais moi-même noté l’écoute du cd le 24 décembre dans ce blog.
En revanche, une phrase me parait à la fois étonnante et significative. Je cite : « A découvrir de toute urgence, pour ceux qui auraient raté une marche et seraient encore restés aux origines de l’accordéon jazz, avec le fameux Clifton Chénier de l’Acadie ».
Quel intérêt de se croire autorisé à donner ainsi des leçons et implicitement à désigner ceux qui apprécient Clifton Chénier comme des attardés ? Qu’a-t-on à faire de tels conseils ? Il est curieux de constater comme le jugement esthétique ici n’arrive pas à se détacher d’un jugement moral et quelque peu méprisant. Bourdieu y reconnaîtrait à l’œuvre le travail de la distinction. En un sens, ne serait-il pas plus simple, mais moins gratifiant sans doute pour l’ego, de s’en tenir au plaisir pur d’écouter Mille et Chénier et bien d’autres encore, sans se croire obligé de les situer sur une échelle de valeurs relatives…
Justement, a contrario de cette pensée, le génie de Richard Galliano me semble être dans une démarche d’ouverture et d’inclusion où le musette et le tango coexistent avec le jazz, sans qu’on se croit obligé de les enfermer dans des chapelles, ni de les situer historiquement, ni de les affubler d’étiquettes comme « ringard », « nouveau », « indispensable », « élitiste », etc…
Mais, venons-en à Richard Galliano et à « Ballet Tango »…
J’ai une affection particulière pour ce disque. L’illustration de couverture réalisée par Guy Peellaert installe d’emblée une atmosphère de café de Buenos Aires. Les couleurs chaudes du décor et les cheveux noirs et gominés des hommes connotent une certaine âme argentine. Un homme, en chemise blanche et fines bretelles, et une femme blonde, le dos nu, sont enlacés, les yeux clos. Ils dansent le tango dans leur tête.
Ce disque lui-même est dédié à Laura et Astor Piazzolla. A l’intérieur, Ballet Tango est dédié par Piazzolla à Galliano. Dédicaces croisées ; admiration réciproque. Galliano est le seul interprète.
J’y vois quatre parties :
- Adios Nonino, Oblivion, Chiquilin de Bachin, pour quatre accordéons et bandonéon solo ;
- Pedro y Pedro, pour accordéon solo ;
- Ballet Tango pour quatre accordéons ;
- Trois Préludes, pour accordéon solo.
Tout le disque exprime une culture hors du commun du tango. C’est l’âme du tango qui se manifeste de titre en titre. J’avoue que je suis particulièrement touché par les interprétations d’Adios Nonino, d’Oblivion, de Chiquilin et des Trois préludes, qui ont été pour moi une révélation. Ajoutons à cela la perfection du rerecording et la virtuosité de Galliano. Il joue sur un accordéon de concert Cavagnolo modèle Artiste III et sur un bandonéon Alfred Arnold modèle « Double A ».
Demain, on écoute "Blues sur Seine"…
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