dimanche, juin 04, 2006

dimanche 4 juin

En continuant à explorer le dernier numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes », je relève quelques propositions, toutes en nuances, dont l’explicitation permettrait sans doute de préciser la définition de ce qu’est le jazz. C’est une manière de tourner autour pour construire cette définition par touches successives, sans exclure parfois les contradictions. Je note :

- Frédéric Schlick dit ceci : « Pour moi, la musique de Art Van Damme est 100% d’un jazzman ». Plus loin, « [plus tard il y eu] Marcel Azzolla que j’apprécie beaucoup, mais ce n’est pas à proprement parler un jazzman ». Si je pouvais en savoir un peu plus sur ce 100% et sur l’expression « pas à proprement parler », j’imagine que j’en saurais un peu plus sur cette définition… Qu’est-ce qu’en effet « un jazzman, à proprement parler » ?
- Lionel Suarez dit : « Je ne me considère pas comme un jazzman, j’aime tout autant la musique brésilienne, cubaine, classique, le rock». Est-ce à dire que le fait d’être un jazzman est exclusif d’autres styles ?
- Agnès Binet, à la question « Quel jazz jouez-vous dans votre quartet ? », répond ceci : « Nous sommes assez loin des standards, dans la conception des morceaux. C’est pourquoi je préfère toujours décrire ce que l’on fait comme du jazz contemporain. Nous sommes peut-être à mi-chemin entre le jazz et la musique contemporaine ». Est-ce à dire que le jazz « à proprement parler », ce sont les standards ?
- Justement, à propos de Daniel Colin, on lit ceci : « Colin a une vraie connaissance du jazz et des standards américains, c’est pour quoi il se lance toujours dans des chorus bien frappés ». Plus loin, « Daniel Colin est un musicien qui aime prendre des risques. Il joue, il démarre, il ne cadre rien, et après il peut partir dans n’importe quelle direction, déclare son ami Patrick Saussois. Il y a chez lui une prise de risque maximale, il joue à l’instinct, mais aussi comme un vrai jazzman. Entre une deuxième et une troisième prise lors d’un enregistrement, il y a un véritable écart, car Daniel s’échappe de toute contrainte ». Quel sens attribuer à ce « mais aussi comme un vrai jazzman » ? Le jazz serait-il incompatible avec le jeu à l’instinct et la prise de risque ? A rapprocher de ce que répond Daniel Mille à la question « Comment définiriez-vous ce genre musical [le jazz] » ?
- « Je parlerais volontiers d’espace liberté. La possibilité de s’approprier une mélodie, l’interaction entre chaque musicien, la capacité pour certains à inventer chaque soir, la prise de risques et la mise à nu que cela implique, tout cela participe à faire de cette musique une aventure profondément humaine où les faux-semblants ne sont pas conviés, et où il est question de partage ».
- En tout cas, dans ce même entretien, je retrouve cette idée que finalement ce qui définit le jazz, c’est qu’il est joué par des jazzmen. Je cite : « Ce disque ["Après la pluie"] est peut-être plus proche de l’idée qu’on peut avoir du jazz par son instrumentation et par le choix des musiciens qui sont des jazzmen ».
- Derniers mots. A la question : « Comment marier le jazz et l’accordéon ?», Daniel Mille répond : « En voilà une drôle de question, presque d’un autre âge… pourquoi l’accordéon aurait-il un statut particulier ? … Je ne sais pas si l’accordéon peut apporter quelque chose de nouveau, mais les accordéonistes le peuvent ».