mardi 18 septembre - le pernod et l'accordéon
Hier après-midi, vers quatre heures, je tombe en zappant sur un film de Denys de la Patellière, « Rue des Prairies ». Gabin y joue le rôle d’un ouvrier rentré de captivité depuis peu et qui vit seul avec ses enfants, des jeunes gens, après le décès de sa femme.
La scène : Gabin, qui a découvert que sa fille était la maitresse d’un riche chef d’entreprise, qui pourrait être son père, vient enjoindre à celui-ci de ne plus la revoir. Il est introduit par un majordome. Le chef d’entreprise en question le reçoit avec toute la morgue dont il est capable. Deux exemples de son attitude. Les dialogues sont de Michel Audiard, mais je n’ai pu les retranscrire. Dommage.
- premier exemple : il s’adresse à Gabin, plus ouvrier que ça tu meurs, pour lui offrir un apéritif. « Un pernod, sans doute »… Il demande à son majordome s’il y a du pernod dans la maison… Non, bien sûr, répond le larbin complice, l’air faussement désolé.
- deuxième exemple : au moment de l’arrivée de Gabin, la chaine stéréophonique, très nouveau riche avec ses baffles gigantesques et orientables, débite des décibels au-delà de l’audible. Gabin, un peu agacé de ne pouvoir se faire entendre, demande s’il ne serait pas possible de couper ce truc… Ce truc, s’offusque le chef d’entreprise, c’est la messe en ré de Bach. Coupant le son, il ajoute, perfide, « peut-être voulez vous entendre autre chose ? », un temps de pause puis « ah ! oui, mais je n’ai pas de disques d’accordéon »…
Pernod et accordéon, même combat. Le film est de 1959. La scène se passe au milieu des années quarante. Lutte des classes dirait un marxiste. Habitus de classe aurait dit Pierre Bourdieu. Et aujourd’hui qu’en est-il ? Le mépris a pris des formes plus subtiles. Peut-être qu’aujourd’hui le chef d’entreprise se ferait une gloriole de connaître sinon d’apprécier Bach et l’accordéon, du moins un certain accordéon, mais il serait toujours incapable de concevoir qu’un ouvrier puisse apprécier Bach. Quant à reconnaître à l’accordéon, outre son existence comme phénomène sociologique, une véritable qualité esthétique, j’en doute…
La scène : Gabin, qui a découvert que sa fille était la maitresse d’un riche chef d’entreprise, qui pourrait être son père, vient enjoindre à celui-ci de ne plus la revoir. Il est introduit par un majordome. Le chef d’entreprise en question le reçoit avec toute la morgue dont il est capable. Deux exemples de son attitude. Les dialogues sont de Michel Audiard, mais je n’ai pu les retranscrire. Dommage.
- premier exemple : il s’adresse à Gabin, plus ouvrier que ça tu meurs, pour lui offrir un apéritif. « Un pernod, sans doute »… Il demande à son majordome s’il y a du pernod dans la maison… Non, bien sûr, répond le larbin complice, l’air faussement désolé.
- deuxième exemple : au moment de l’arrivée de Gabin, la chaine stéréophonique, très nouveau riche avec ses baffles gigantesques et orientables, débite des décibels au-delà de l’audible. Gabin, un peu agacé de ne pouvoir se faire entendre, demande s’il ne serait pas possible de couper ce truc… Ce truc, s’offusque le chef d’entreprise, c’est la messe en ré de Bach. Coupant le son, il ajoute, perfide, « peut-être voulez vous entendre autre chose ? », un temps de pause puis « ah ! oui, mais je n’ai pas de disques d’accordéon »…
Pernod et accordéon, même combat. Le film est de 1959. La scène se passe au milieu des années quarante. Lutte des classes dirait un marxiste. Habitus de classe aurait dit Pierre Bourdieu. Et aujourd’hui qu’en est-il ? Le mépris a pris des formes plus subtiles. Peut-être qu’aujourd’hui le chef d’entreprise se ferait une gloriole de connaître sinon d’apprécier Bach et l’accordéon, du moins un certain accordéon, mais il serait toujours incapable de concevoir qu’un ouvrier puisse apprécier Bach. Quant à reconnaître à l’accordéon, outre son existence comme phénomène sociologique, une véritable qualité esthétique, j’en doute…
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