samedi, octobre 06, 2007

dimanche 7 octobre - en attendant Godot

Le dimanche est donc consacré à rendre visite à ma mère, à Nay, à une vingtaine de kilomètres de Pau. La maison de retraite Saint Joseph, où elle réside, est en voie d’agrandissement et de rénovation. La trace des travaux en cours est partout présente. De grands panneaux présentent des photographies des chambres témoins avec des échantillons des matériaux, du mobilier et des matériels qui les équiperont. Semaine après semaine, je croise aux mêmes endroits les mêmes personnes âgées, dans les mêmes postures. Le temps s’est, pour ainsi dire, arrêté. Des gens, souvent les enfants des résidents, eux-mêmes âgés, sont là, assis, silencieux, immobiles, le regard un peu vide. Ils sont penchés vers leur parent, père ou mère, attentifs au moindre signe, qui ne viendra pas. Dans la salle de repos où la plupart des résidents somnolent – sommeil naturel ou artificiel ? – il y a un fond sonore d’opérettes et d’airs d’accordéon. Régulièrement, les media nous informent de ce que la durée de vie ne cesse de s’allonger… Dans cette maison de retraite où je viens rendre visite à ma mère, je me demande à quoi bon ? Et je note que si l’on veut bien écouter attentivement les conversations chuchotées entre résidents, tous aspirent à la fin de leur vie, aucun n’a le désir de la prolonger.

En attendant, au sens de Becket, « En attendant Godot », en cette soirée de samedi, je me prépare une petite sélection pour la route. Pour me donner du courage et pour me redonner le goût du plaisir. Un petit choix entre cinq albums que je connais depuis peu de temps et dont la variété m’enchante :

- « L’hymne à l’amour », la rencontre de la précision chirurgicale du tango et des ambigüités du « clair obscur »,
- « Paris Moscou, Duo », un voyage entre deux mondes aux multiples facettes,
- « Taraf de Haïdouks, Band of Gypsies”, l’ordre qui procède du désordre ; ici, bazar rime avec art,
- “Jazz in my Musette”, bien moins simple et modeste qu’il n’y parait de prime abord,
- “Nuits de Paris, Alma Sinti”… qui me réconcilie avec le swing manouche, dont je trouve que trop souvent il donne son nom à des réalisations médiocres.