vendredi, novembre 23, 2007

samedi 24 novembre

J’ai eu l’occasion de dire hier dans quelles conditions j’avais découvert le disque de Marcel Azzola et Lina Bossatti, « Musique à la mode ». Quelques mots d’abord sur ces conditions, puis quelques mots sur ce disque.

Je suis littéralement tombé sur « Musique à la mode » en attendant Françoise et parce que je n’avais rien d’autre à faire que de me laisser guider par le hasard dans le rayon du jazz à la recherche d’un improbable disque d’accordéon. Parfois, il m’est arrivé d’éprouver quelque impatience, et même de la manifester, en attendant Françoise… pendant qu’elle hésite entre tel ou tel foulard, ou manteau, ou telle ou telle paire de chaussures, pendant qu’elle hésite encore au moment d’acheter tel ou tel vêtement, ou dans bien d’autres circonstances ordinaires de la vie.

Un petit calcul rapide me permet d’estimer à la louche le temps passé ainsi à l’attendre :

- 5 minutes / jour (minimum de minimum)
- 44 années de mariage (un peu plus de vie commune)
- 365 jours / an (laissons les années bissextiles)
- 80300 minutes !!! 1338 heures !!! 55 jours !!!

- En gros donc, cette petite attente, chaque jour répétée comme un goutte d’eau, m’a permis de passer l’équivalent de presque deux mois de ma vie à regarder le monde, à penser à « autre chose », à rêver, à imaginer et le cas échéant à tomber sur des disques improbables, sources de plaisirs inattendus. Attendre, c’est une façon de provoquer et de susciter l’inattendu. Je n’avais pas vu d’abord les choses ainsi, mais maintenant, c’est clair… merci Françou. Continue à hésiter entre deux vêtements à acheter ou entre deux paires de chaussures pour sortir.

Après ce détour quasi philosophique et d'inspiration bergsonienne sur les sens multiples de la durée par opposition au temps strictement mesuré par les chronomètres, je reviens à « Musique à la mode ». Ce disque me fascine ; je lui trouve une perfection certaine. Qu’il s’agisse de la complicité des deux instrumentistes ou de la pertinence de leur choix quant aux œuvres qu’ils jouent, c’est parfait. Et vraiment Marcel Azzola se place là parmi les plus grands, du moins à mon sens. Disons qu’il fait partie de mon Panthéon avec Galliano ou Viseur entre autres.

Parmi les œuvres interprétées, on trouve donc « Rhapsody in Blue », « Flamenco-valse » de Fosset, « Musique à la mode » de Chalet, « Danseuse étoile » d’Azzola et Péguri, etc… et pour finir « Marilina » du finlandais Heikki Valpola, que je trouve d’une étonnante modernité.

Sans oublier "Piécette pour duo" de Martial Solal !