mardi, novembre 20, 2007

mardi 20 novembre

… écouté le cd 2 de « S-Tres », « Version originale et Remixes ». « Version originale » : 11 morceaux. « Remixes » : 4. Entre les deux, le morceau 11, intitulé « Silence », dure 4 minutes. C’est évidemment plutôt surprenant et cette surprise se traduit pour moi en une attention extrême aux bruits de la maison. Ce silence institue en effet un vide sonore où tous les bruits, les petits bruits habituels et de ce fait non perçus consciemment se mettent à exister. Le silence leur donne l’occasion de se manifester. En parlant de petits bruits, je pense à la notion de « petites sensations » développée par Leibnitz, notion apparemment simple, mais pour moi d’une grande pertinence et d’une non moins grande finesse. Il fait entre autres cette remarque que se promenant quotidiennement le long d’un cours d’eau où se trouvait un moulin, il n’avait jamais perçu le bruit de la mécanique jusqu’au jour où celle-ci avait été arrêtée. Tout à coup, il manquait quelque chose dans son monde. Cette absence ipso facto suffisait pour que le banal «imperçu » manifeste son existence. Ce morceau, « Silence », fonctionne de la même manière. L’absence plutôt incongrue de sons sur un cd, dont la fonction est de remplir l’espace et le temps de vibrations sonores, suffit à donner vie au monde. Exercice de perception. Plaisir de percevoir l’épaisseur et la densité du monde.

Avant d’en arriver à « Silence », j’ai été frappé, en écoutant « Version originale », par le fait que les différents morceaux m’évoquent immédiatement des tableaux de Brueghel. Je pense à des œuvres parfaites comme « les aveugles » ou les « jeux d’enfants ». Tout aussi spontanément, cette musique et en particulier l’accordéon de Laloy me disent avec évidence qu’il s’agit d’une musique du Nord. Je ne cherche pas à m’expliquer ; je constate et j’y prends plaisir.

En tout cas, me frapent aussi l'unité et l'homgénéité des différents morceaux, comme les pièces d'un puzzle.