lundi, décembre 10, 2007

mardi 11 décembre - macias en solo


Ce vendredi 8 décembre donc, concert de Michel Macias, solo :
- première partie : 21h40 – 22h20
- pause : 22h20 – 22h40
- deuxième partie : 22h40 – 23h40

De ce concert, nous retenons d’abord et de toute évidence le plaisir immédiat pris à écouter et à voir Michel Macias, à trois mètres de nous. Accordéon acoustique : le son sans intermédiaire. Sa présence sur une scène minuscule, haute de quinze centimètres.

Mais, quelques heures plus tard, trois « choses » me viennent à l’esprit :

- j’ai noté que souvent les musiciens, les accordéonistes en l’occurrence, enchainent les morceaux sans en annoncer le titre, ni avant, ni après, ou, s’ils le font, c’est seulement pour une partie de ceux-ci. En tout cas, annoncer les titres joués ne m’a jamais semblé être pour eux une priorité. Sauf, peut-être, parfois à l’occasion de la sortie d’un disque. Je pense par exemple à la sortie de « Luz Negra » au New Morning, où Galliano avait présenté et commenté les morceaux interprétés. Mais c’est la première fois que j’entends un accordéoniste « théoriser » une telle attitude. En début de concert en effet, et non sans humour, Michel Macias nous a expliqué qu’il ne donnerait pas les titres des morceaux qu’il jouerait parce que, de deux choses l’une, ou bien on les connaît et il ne veut pas nous donner l’impression qu’il croit qu’on les ignore ou bien il s’agit de compositions récentes dont les titres sont provisoires et donc il est peu opportun de les fixer pour en changer ensuite. Humour !

- même s’il n’y a aucune contradiction, aucune antinomie entre ses attitudes, il me semble qu’on peut distinguer deux comportements très différents chez Michel Macias : d’une part, le poète inspiré, qui est dans son monde dès les premières notes, d’autre part le saltimbanque qui joue en sollicitant les auditeurs et en tenant compte de leurs réactions. Le poète inspiré se manifeste dans des postures qui relèvent du corps à corps avec l’instrument jusqu’à la contorsion et surtout par un visage où le regard se perd au loin, comme s’il cherchait un horizon qu’il est seul à percevoir ou à pressentir. Avec le regard, c’est sa bouche qui attire l’attention, sa bouche d’où sortent une voix et des sons venus d’ailleurs. J’ai le sentiment, en le voyant alors, qu’il est seul au monde dans son monde. Souvent d’ailleurs, à la fin des morceaux où se manifeste cette attitude, il a l’air étonné de se retrouver là. Le moment entre sa dernière note et les premiers applaudissements est alors d’une intensité extraordinaire. C’est le moment du retour sur terre. Mais, presque à l’opposé de cette posture inspirée, il y a le saltimbanque, qui met le public dans la complicité, au risque parfois, quand il lui demande de chanter et qu’il est trop attentif à ce que celui-ci chante, de se perdre un peu et d'en rigoler. Dans le même type d’attitude, je mets sa demande au nième rappel : « Bon ! J’ai fait le tour… qu’est-ce que vous voulez que je vous joue ?». Un tango disent les uns ; une valse disent les autres… Et pourquoi pas, dit-il, un bal… Justement, on sent le type qui connaît la baloche.

- dernière « chose » : le Macias nouveau est arrivé. Nous avions déjà eu ce sentiment à Gironde-sur-Dropt. Au cours du concert, j’ai le sentiment qu’il met à l’essai certains morceaux. Je pense aux dix-huit minutes de « Naissance », à une série de menuets enchainés ou à ce morceau dédié à « la dame des arènes de Saint-Sever ». Nous faisons le vœu que ces œuvres trouvent un producteur et un distributeur. Pourquoi pas « Daqui » ?