dimanche, avril 01, 2007

dimanche 1er avril






















La pluie semble devoir nous accompagner durant toute la journée. Le ciel est bas et sans issues. Comme chaque jour depuis maintenant deux semaines, nos préoccupations tourneront autour de notre visite quotidienne au centre gériatrique de l’hôpital. C’est pourquoi il est très important de garder trace ici du moment privilégié que nous avons vécu hier soir.

Concert au manoir d’Argeles à Morlanne. Samedi 31 mars 2007, à 21 heures.

« Exil, une fantaisie tango. Daniel Brel, bandonéon, France ; Cilla Landa, piano, Israël »

Morlanne est un superbe village situé à une quarantaine de kilomètres de Pau. La vue sur les Pyrénées est magnifique. Le manoir est plein de charme. Nous avons répondu à une invitation de Daniel Brel qui présente sa dernière création dans le cadre d’un concert privé. J’ai essayé de prendre quelques photographies du lieu, de Daniel Brel et de Cilla Landa avant le concert, puis de Daniel Brel jouant ou commentant les différentes pièces. Il me semble que tant du point de vue descriptif que du point de vue de l’ambiance elles rendent bien compte de nos impressions. L’accueil a été chaleureux et les longs applaudissements ont bien manifesté le plaisir pris par tous les participants à cette soirée. Il m’a semblé, à la fin, que les deux musiciens étaient heureux et émus de nous avoir donné ce moment de satisfaction esthétique.

Daniel Brel avait préparé une fiche de présentation avec les grandes lignes de on projet et le programme. Heureuse initiative. Avant chaque pièce, il lit un texte pour en expliquer la composition et le genre, et pour expliciter ses intentions. Ce texte elliptique et allusif est en lui-même comme une sorte de poème en prose. Il prépare ainsi la réception de chaque morceau sans imposer un sens, mais en suggérant quelques chemins possibles.

L’exil donc comme thème principal. L’exil comme nécessité et comme choix. Nécessité et choix sont moins des attitudes contradictoires et exclusives entre elles que les deux volets d’une quête identitaire, les deux faces d’un Janus identitaire. « Exil, une fantaisie tango » se tient sans cesse dans la tension entre deux pôles a priori opposés et qui prennent des figures diverses : tradition et modernité, exil et enracinement, voyage et permanence, mouvement et immobilité, savant et populaire, écriture et spontanéité, ouverture et clôture, joie et tristesse… Mais il ne s’agit pas de dépasser ces contradictions en une sorte de synthèse dialectique de pure forme, ni de trouver une illusoire conciliation entre elles. Il s’agit tout au contraire de s’installer au cœur de leurs tensions, car c’est là que se trouve la source de la créativité. Méditation à la fois sereine et crispée, nostalgique et audacieuse.

Musique qui s’inscrit dans une tradition conçue non comme un réservoir de formes à reproduire à l’infini, mais comme un dynamisme générateur de formes nouvelles. La tradition comme force de renouvellement et non comme formes à vénérer. Dialectique du même et de l’autre.

Pendant le trajet de retour vers Pau, dans la nuit noire éclairée par la pleine lune et par les phares de la voiture, nous nous disions, Françoise et moi, en évoquant nos impressions pour les partager, qu’il fallait absolument garder trace de ce moment de création artistique, d’un tel moment où quelque chose se manifeste, qui aurait pu ne pas exister, mais qui une fois là apparaît avec la nécessité d’une évidence. C’est ce que je viens d’essayer de faire.








1 Comments:

Blogger Sylvie Jamet said...

Cadeau, puisque Michel tu aimes le bandonéon
(et puisque je sais que tu aimes Astor Piazzolla) :

Une vidéo, en noir et blanc, d'Astor Piazzolla,
interprétant au bandonéon solo

un arrangement du tango "Mi Refugio" :

http://www.youtube.com/watch?v=U4Os9G7RP2I&mode=related&search=

(sur le site de "You tube").


c'est à pleurer d'émotion.

Bien musicalement,
Sylvie Jamet
http://sylviejamet.over-blog.com/article-6394722.html

9:31 PM  

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