lundi, mars 26, 2007

mercredi 28 mars


A mon retour du centre gériatrique de l’hôpital de Pau (j’y vais tous les soirs, à l’heure du repas, et c’est une telle habitude que je ne le note plus), Françoise et moi, nous avons feuilleté encore une fois un album de Doisneau. C’est une façon de rompre avec les soucis de la journée et d’entrer dans la soirée par une porte artistique. Pages 306 et 307 de ce « Doisneau Paris », nous découvrons à droite une photographie de deux accordéonistes et à gauche une autre photographie accompagnée de ce commentaire : « Mémorable virée rue de Lappe. J’accompagnais Emile Vacher et Péguri, accueillis dans chaque bal musette comme les rois de l’accordéon. En attendant le tour de chant de Jane Chacun, j’ai posé le Rolleiflex sur le parquet, pour garder le souvenir des plus jolies jambes de la Boule Rouge ».

Hasard du feuilletage. Un petit moment de plaisir. Le contraste entre la taille des deux instruments nous réjouit. Une fois de plus on vérifie que la qualité d’une photographie résulte de la rencontre entre l’instant d’une histoire et la géométrie rigoureuse de l’espace où il s’inscrit.
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… reçu un courriel de Jacques Pellarin, qui me donne quelques information sur les dernières péripéties de la sortie de « Champlong ». Depuis de nombreuses années j’ai toujours porté le plus grand intérêt aux arts graphiques, à la peinture en particulier ; en revanche, mon intérêt pour la musique, notamment pour l’accordéon ne date que de quelques années, quatre ou cinq. A l’occasion de ce courriel, je prends conscience d’une différence considérable entre la pratique de la peinture et la musique. Le peintre dépend certes de son fournisseur de pigments ou de supports, il dépend aussi de son galeriste et des conditions matérielles de l’exposition de ses œuvres, mais pour le reste il dépend de lui et son travail est essentiellement solitaire. Pensant au processus qui a donné lieu à « Champlong », je prends conscience de ce qu’il implique de travail collectif. C’est une force certes, c’est aussi la possibilité de contraintes et de points de fragilités multiples. A partir de l’inspiration initiale, quel parcours, combien d’étapes et d’enchainements avant d’arriver à ses fins, l’œuvre donnée en public ou enregistrée et diffusée en cd ou par des radios! En fait, il a fallu ce courriel pour que je prenne vraiment conscience de cette différence, qui se manifeste en particulier dans le fait que la peinture est l’œuvre d’un seul créateur, alors que l’œuvre musicale est le plus souvent produite par plusieurs interprètes, même si le compositeur – concepteur est unique.

Il faudra que j’approfondisse un peu cette différence : le tâtonnement solitaire du peintre, d’un côté, de l’autre les tâtonnements collectifs inhérents à l’expression musicale… Le peintre n’a besoin que de lui-même et de ses instruments pour donner forme à son projet, alors que le compositeur a besoin d’interprètes et souvent de tout un dispositif technique et des techniciens compétents qui seront capables d’en tirer le meilleur parti.

A ce sujet, j’ai noté que Richard Galliano et Raul Barboza remercient toujours les techniciens du son et des lumières à un moment de leur concert.