lundi, mars 19, 2007

mardi 20 mars

Une journée étrange. J’ai passé l’après-midi dans le service gériatrique de l’hôpital de Pau, non pas à titre d’usager (usagé ?), mais d’accompagnant. Les portes des chambres étaient ouvertes, la télévision déversait paroles et musiques dans une sorte de cacophonie. La traversée des couloirs m’a fait penser à des images de Jérôme Bosch. Tous ces corps inertes, souffrants, appareillés, c’est un spectacle plutôt déprimant. Je trouve qu’il y a un écart certain entre les statistiques triomphales relatives à l’allongement de la durée de vie et ce qu’il en est en réalité de cet allongement, de cette vie après la vie. Parcourir les couloirs s’apparente à un slalom entre les chariots de soins des infirmières, les chariots des repas ou des goûters et les chariots des personnels d’entretien. Parfois, des gémissements ou des plaintes. Parfois un cri de souffrance.

Quand je suis arrivé dans le hall d’entrée du service, j’ai cru d’abord avoir des visions. Il faut imaginer un grand cercle de fauteuils médicaux, dont la moitié des occupants semblent absents, assoupis, chargés de sédatifs divers. Au milieu, une table fleurie pleine de jus de fruits et de gâteaux. A un bout de la table… un accordéoniste, de la même génération que ses auditeurs. Autour de la table, virevoltant, trois danseuses orientales, jeunes, vêtues de fins tissus aux couleurs violentes. Je me demande encore si ce n’était pas un rêve, une fantaisie de mon inconscient. L’accordéoniste jouait, me semble-t-il, une musique qui avait beaucoup bourlingué depuis les faubourgs de Bucarest ou de Brasov.

A plusieurs reprises, le ciel a viré au sombre, couleur encre de Chine ; des orages de grêle ont éclaté avec brutalité et beaucoup de coups de tonnerre. Il a plu et la pluie a lavé le gazon couvert de grêlons. Mais l’herbe était fripée. Et puis, en fin d’après-midi il y a eu des bourrasques de neige. Une neige humide et collante qui s’est accrochée sur les voitures. Plusieurs ambulances sont arrivées aux « Urgences ».

Alors, le soir venu, j’ai eu envie de me changer les idées et j’ai demandé à Marcel Loeffler de se charger de cette tâche.

- « Source Manouche », Marcel Loeffler / Le Chant du Monde, 2005.

Source Manouche… Retour aux sources.

Un accordéon, Marcel Loeffler ; une contrebasse, Gautier Laurent ; deux guitares rythmiques, deux Loeffler, Cédric et Joselito. Des invités : Biréli Lagrène, guitare ; Marcel Azzola, accordéon ; Yorgui Loeffler, guitare solo ; Lisa Doby, chant. Voilà pour les présents. Et puis, juste derrière, Django Reinhardt, Gus Viseur, Art Van Damme. Paraphrasant Mallarmé, je pense : « Donner un sens nouveau aux sons de la tribu ». C’est une musique qui a une âme et qui sait raconter des histoires un peu tristes, mais pas trop. Le disque s’achève sur une « Ballade irlandaise », douce - amère