jeudi 15 mars
… lu, dans la revue « Sciences Humaines », [n° 181, avril 2007, pp. 48-53], un article de Jean-François Dortier, intitulé « Sciences de la Forme, une histoire oubliée ». J’en retiens le passage suivant :
« Pour les psychologues de la forme, la perception mobilise des formes qui organisent et donnent sens aux éléments perçus. Dans tout acte mental, le sens émerge de la perception de la totalité de la situation et passe donc inaperçu si l’on se contente de décomposer puis d’additionner les éléments qui composent l’acte en question. C. von Erhenfels donne l’exemple célèbre de l’écoute d’un morceau de musique : l’on ne perçoit pas la juxtaposition des notes d’une mélodie, mais un ensemble structuré. C’est la forme globale de la mélodie qui compte, d’ailleurs on reconnaît la mélodie si on la transpose dans une autre tonalité ou si l’on y introduit des variantes : l’air reste reconnaissable car la « forme » générale persiste. Tel est le sens de la formule fondamentale de la psychologie de la forme : « Percevoir, c’est reconnaître une forme ». L’esprit humain obéirait à des lois universelles de perception, grâce auxquelles il appréhende et organise naturellement ce qu’il perçoit. La « mise en formes » de la perception a de très nombreuses applications qui ne se limitent pas à la simple perception : on peut l’appliquer à la mémoire et à l’apprentissage, donc, plus généralement à l’intelligence ».
« Dans ce sens très général, la notion de forme est voisine de toute une série de concepts en sciences humaines – schéma, schème, type, modèle et structure – auxquels elle peut servir de notion fédératrice ».
Ces deux paragraphes me donnent à penser qu’en effet l’écoute musicale est toujours d’abord synthétique et seulement ensuite éventuellement analytique. La perception est prioritairement perception de formes, non d’éléments. Bien plus, l’élément n’existe en tant que tel qu’inséré dans une forme qui lui donne sens. D’autre part, cette notion de forme me semble annoncer la notion de système et cette idée si forte que, dans un système (ce qu’est par exemple une chanson ou une composition musicale), « il y a plus dans le tout que dans la somme des parties » et réciproquement que « si les parties sont dans le tout, le tout est aussi dans chaque partie ». C’est ainsi par exemple que dans un album, qui ne se réduit pas à une simple compilation ou juxtaposition de titres, chaque titre a sa spécificité et prend sens dans l’ensemble des titres, mais réciproquement la totalité de « l’esprit » de l’album se retrouve en chaque titre particulier. Dernier point enfin : l’auteur de l’article parle de lois universelles de perception, grâce auxquelles l’esprit humain appréhenderait et organiserait naturellement ce qu’il perçoit. Pour ma part, je dirais plutôt que par ce processus de mise en forme l’esprit humain appréhende et organise culturellement ses perceptions. Autant je crois en effet que ce fonctionnement de mise en forme est naturel, autant je crois que les modalités de ces mises en forme sont culturelles et donc variées et variables dans l’espace et dans le temps. C’est pour cela que la perception qui conduit au plaisir esthétique implique une éducation. Cette éducation étant essentiellement l’acquisition de la capacité à mettre en formes de plus en plus complexes ses perceptions.
Peut-être que le plaisir esthétique est finalement directement fonction de cette capacité à savoir mettre en formes ses perceptions. Capacité qui implique qu’on a acquis ces formes, qu’on est capable de les reconnaître, qu’on les a mémorisées et donc qu’elles ont fait l’objet et qu’elles font l’objet d’un apprentissage continu, sans fin. C’est ainsi que la psychologie de la forme pourrait fonder et justifier l’éducation esthétique, et en suggérer l’orientation générale.
« Pour les psychologues de la forme, la perception mobilise des formes qui organisent et donnent sens aux éléments perçus. Dans tout acte mental, le sens émerge de la perception de la totalité de la situation et passe donc inaperçu si l’on se contente de décomposer puis d’additionner les éléments qui composent l’acte en question. C. von Erhenfels donne l’exemple célèbre de l’écoute d’un morceau de musique : l’on ne perçoit pas la juxtaposition des notes d’une mélodie, mais un ensemble structuré. C’est la forme globale de la mélodie qui compte, d’ailleurs on reconnaît la mélodie si on la transpose dans une autre tonalité ou si l’on y introduit des variantes : l’air reste reconnaissable car la « forme » générale persiste. Tel est le sens de la formule fondamentale de la psychologie de la forme : « Percevoir, c’est reconnaître une forme ». L’esprit humain obéirait à des lois universelles de perception, grâce auxquelles il appréhende et organise naturellement ce qu’il perçoit. La « mise en formes » de la perception a de très nombreuses applications qui ne se limitent pas à la simple perception : on peut l’appliquer à la mémoire et à l’apprentissage, donc, plus généralement à l’intelligence ».
« Dans ce sens très général, la notion de forme est voisine de toute une série de concepts en sciences humaines – schéma, schème, type, modèle et structure – auxquels elle peut servir de notion fédératrice ».
Ces deux paragraphes me donnent à penser qu’en effet l’écoute musicale est toujours d’abord synthétique et seulement ensuite éventuellement analytique. La perception est prioritairement perception de formes, non d’éléments. Bien plus, l’élément n’existe en tant que tel qu’inséré dans une forme qui lui donne sens. D’autre part, cette notion de forme me semble annoncer la notion de système et cette idée si forte que, dans un système (ce qu’est par exemple une chanson ou une composition musicale), « il y a plus dans le tout que dans la somme des parties » et réciproquement que « si les parties sont dans le tout, le tout est aussi dans chaque partie ». C’est ainsi par exemple que dans un album, qui ne se réduit pas à une simple compilation ou juxtaposition de titres, chaque titre a sa spécificité et prend sens dans l’ensemble des titres, mais réciproquement la totalité de « l’esprit » de l’album se retrouve en chaque titre particulier. Dernier point enfin : l’auteur de l’article parle de lois universelles de perception, grâce auxquelles l’esprit humain appréhenderait et organiserait naturellement ce qu’il perçoit. Pour ma part, je dirais plutôt que par ce processus de mise en forme l’esprit humain appréhende et organise culturellement ses perceptions. Autant je crois en effet que ce fonctionnement de mise en forme est naturel, autant je crois que les modalités de ces mises en forme sont culturelles et donc variées et variables dans l’espace et dans le temps. C’est pour cela que la perception qui conduit au plaisir esthétique implique une éducation. Cette éducation étant essentiellement l’acquisition de la capacité à mettre en formes de plus en plus complexes ses perceptions.
Peut-être que le plaisir esthétique est finalement directement fonction de cette capacité à savoir mettre en formes ses perceptions. Capacité qui implique qu’on a acquis ces formes, qu’on est capable de les reconnaître, qu’on les a mémorisées et donc qu’elles ont fait l’objet et qu’elles font l’objet d’un apprentissage continu, sans fin. C’est ainsi que la psychologie de la forme pourrait fonder et justifier l’éducation esthétique, et en suggérer l’orientation générale.
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