dimanche 18 mars
Il y a quelques jours, je l’avais entendu en traversant un cours piétonnier. Je l’avais aperçu, debout, avec son accordéon, à l’angle de la rue Serviez et de la place Clémenceau, c’est-à-dire au centre géographique et commercial de Pau.
Peu de temps après, en débouchant en voiture de la rue Serviez vers la place Clémenceau, je l’avais vu adossé à une bijouterie. Au même endroit, avec une petite corbeille à ses pieds pour recueillir la monnaie des passants.
Hier, en allant faire un tour à la Fnac, je pensais le voir encore à la même place. Vide ! J’ai pensé qu’il devait être forcément dans les environs. Il était en effet de l’autre côté de la place Clémenceau toujours en travaux. Il était adossé à des clôtures de sécurité, sur le passage vers le centre commercial du Palais des Pyrénées. A ses pieds, la corbeille à monnaie. En face de lui, appuyés contre la vitrine d’un bistrot, deux compatriotes.
Je les observe quelque temps. Il joue toujours le même air. Quelque chose venu de l’est. Roumain ? Moldave ? Macédonien ? En tout cas, quelques mesures venues de très loin, très simples comme une forme matricielle, quelque chose comme une forme-mère. Puis il ramasse les pièces tombées dans sa corbeille. Ils discutent quelques minutes, puis il reprend son accordéon et joue à nouveau le même air. Et ainsi de suite. Au bout de quelques répétitions de cette séquence, ils rassemblent leurs sacs, puis se mettent en route. Je les suis avant de revenir sur mes pas. Ils vont vers le boulevard des Pyrénées. Ont-ils quelques stations habituelles sur les trottoirs des nombreux bistrots face à la montagne aujourd’hui enneigée ? Je reprendrai mon enquête plus tard.
En revenant vers le parking, je me dis que quelques années après la guerre, j’ai vu apparaître à ma grande surprise des clochards dans les rues de Bordeaux ; ces clochards sont devenus si nombreux qu’on leur a donné pour nom un sigle : « SDF ». Bientôt ils seront une classe sociale. Puis, de ces « SDF » avec leurs chiens et leurs packs de bière, j’en ai vu de plus en plus dans les rues de Pau. Les rues se sont chargées de fumées aux odeurs inconnues. Odeurs et parfums plus ou moins orientaux, en tout cas exotiques. Aujourd’hui, à côté des gitans et autres gens du voyage, je vois des personnes, comme cet accordéoniste, qui me semblent pouvoir être qualifiées de personnes déplacées, de réfugiés, de demandeurs d’asile politique ou économique… La société se nomadise. Il y a de plus en plus de passe-frontières. C’est comme si une partie du corps social devenait fluide, mouvant, sans frontières pendant qu’une autre partie se protège derrière ses murs, ses barrières et ses portails électriques. Il ne se construit plus de lotissements ou de résidences à Pau, actuellement, sans un système de protection et la télécommande qui va avec. Le point de rencontre de ces mondes ? La corbeille destinée à recueillir la monnaie d’euros… E la nave va…
A quoi pense-t-il l’accordéoniste de Pau quand il joue toujours ce même air venu de l’est méditerranéen ? Peut-être que justement ça l’aide à ne penser à rien. Juste à vivre.
Peu de temps après, en débouchant en voiture de la rue Serviez vers la place Clémenceau, je l’avais vu adossé à une bijouterie. Au même endroit, avec une petite corbeille à ses pieds pour recueillir la monnaie des passants.
Hier, en allant faire un tour à la Fnac, je pensais le voir encore à la même place. Vide ! J’ai pensé qu’il devait être forcément dans les environs. Il était en effet de l’autre côté de la place Clémenceau toujours en travaux. Il était adossé à des clôtures de sécurité, sur le passage vers le centre commercial du Palais des Pyrénées. A ses pieds, la corbeille à monnaie. En face de lui, appuyés contre la vitrine d’un bistrot, deux compatriotes.
Je les observe quelque temps. Il joue toujours le même air. Quelque chose venu de l’est. Roumain ? Moldave ? Macédonien ? En tout cas, quelques mesures venues de très loin, très simples comme une forme matricielle, quelque chose comme une forme-mère. Puis il ramasse les pièces tombées dans sa corbeille. Ils discutent quelques minutes, puis il reprend son accordéon et joue à nouveau le même air. Et ainsi de suite. Au bout de quelques répétitions de cette séquence, ils rassemblent leurs sacs, puis se mettent en route. Je les suis avant de revenir sur mes pas. Ils vont vers le boulevard des Pyrénées. Ont-ils quelques stations habituelles sur les trottoirs des nombreux bistrots face à la montagne aujourd’hui enneigée ? Je reprendrai mon enquête plus tard.
En revenant vers le parking, je me dis que quelques années après la guerre, j’ai vu apparaître à ma grande surprise des clochards dans les rues de Bordeaux ; ces clochards sont devenus si nombreux qu’on leur a donné pour nom un sigle : « SDF ». Bientôt ils seront une classe sociale. Puis, de ces « SDF » avec leurs chiens et leurs packs de bière, j’en ai vu de plus en plus dans les rues de Pau. Les rues se sont chargées de fumées aux odeurs inconnues. Odeurs et parfums plus ou moins orientaux, en tout cas exotiques. Aujourd’hui, à côté des gitans et autres gens du voyage, je vois des personnes, comme cet accordéoniste, qui me semblent pouvoir être qualifiées de personnes déplacées, de réfugiés, de demandeurs d’asile politique ou économique… La société se nomadise. Il y a de plus en plus de passe-frontières. C’est comme si une partie du corps social devenait fluide, mouvant, sans frontières pendant qu’une autre partie se protège derrière ses murs, ses barrières et ses portails électriques. Il ne se construit plus de lotissements ou de résidences à Pau, actuellement, sans un système de protection et la télécommande qui va avec. Le point de rencontre de ces mondes ? La corbeille destinée à recueillir la monnaie d’euros… E la nave va…
A quoi pense-t-il l’accordéoniste de Pau quand il joue toujours ce même air venu de l’est méditerranéen ? Peut-être que justement ça l’aide à ne penser à rien. Juste à vivre.
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