dimanche, mars 25, 2007

lundi 26 mars






















A la réflexion, il me revient à l’esprit cette idée, qui m’a traversé l’esprit au cours du concert, à savoir que Raul Barboza m’apparaît comme une sorte de figure totémique. Cela tient à son visage, à son profil en particulier, à sa prestance et à l’économie de ses gestes, qui correspond bien aux thèmes primordiaux de ses compositions. Il y a quelque chose de fondamental dans sa musique. Quand on est sensible aux émotions que procure la nature, quand on est sensible aux mystères qu’elle recèle, quand on est sensible au vent sur la peau, aux couleurs du soleil, aux cris des oiseaux, aux mouvements des arbres et que l’on a conscience de la fragilité de tous ces plaisirs, alors on se sent immédiatement apparenté à Raul Barboza .

J’écrivais samedi qu’à certains moments Barboza me faisait penser à Nano ou à Pohjonen. Il me fait penser à Pohjonen par l’énergie qu’il insuffle à son instrument, par une manière de produire une puissance sonore surprenante ; il me fait penser à Nano par sa façon d’aller chercher les limites de l’accordéon, de l’obliger à sortir des sons inouïs. Avec ces deux musiciens, je trouve qu’il a en commun une sorte d’exploration des possibilités de l’instrument, qui n’est pas sans rappeler une expérience de transes. A certains moments d’ailleurs tous les trois s’accompagnent de la voix, comme si celle-ci prolongeait l’accordéon dans un même souffle vital.

Je ne voudrais pas oublier de mentionner un moment rare dans les concerts de Raul Barboza, à savoir celui où il interprète « La foule ». Chaque fois, je l’ai entendu rappeler que ce morceau, popularisé par Edith Piaf, était une composition d’Angel Cabral, que le titre original était « Que nadie sepa mi sufrir », et que son compositeur ne s’était jamais consolé de la déception amoureuse à l’origine de son inspiration. Tout se passe comme si Raul Barboza, jouant ce morceau, était envahi par l’émotion, car il y a toujours un moment où, dans un souffle, il dit : « C’est beau ! ». Et enfin, cet instant est toujours très beau et très émouvant. Le public ne s’y trompe pas.