mardi, décembre 11, 2007

mardi 11 décembre - à propos de titres

En revenant des concerts, il nous arrive souvent de nous interroger sur le fait, qui nous intrigue, que les musiciens annoncent très rarement et en tout cas jamais exhaustivement les titres des morceaux qu'ils jouent. J'ai noté hier comment Michel Macias expliquait et justifiait son parti pris sur ce point ; et, chemin faisant, nous nous interrogeons aussi sur ce plaisir bien particulier que nous éprouvons à retrouver parmi ces morceaux ceux que nous connaissons, que nous sommes capables de fredonner dans notre tête dès les premières notes...

Et ce matin, j'ai trouvé cette contribution de Françoise en ouvrant ma boite à courriels. Manière de mettre en forme sa réflexion, point d'appui pour d'autres discussions...

Amateur d’art, amateur de musique, amateur d’accordéon, qui es-tu ?

On nous demande souvent, d’un air entendu : vous jouez de l’accordéon. .. ?
Demande –t-on à l’aficionado s’il torée ? au lecteur de romans s’il écrit ? au passionné de peinture si « lui aussi est peintre » ?
Passionnée d’histoires, je jalouse à jamais ceux qui ont le pouvoir de les inventer, décidée à les suivre toujours…
L’aficionado et l’amateur aiment, l’amateur de musique écoute, écoute, écoute, et suit, enchanté, comme la foule envoûtée suivait le joueur de flûte, la trace des joueurs magiques, de concert en concert.

A quoi tient qu’il aime retrouver non les morceaux mais les standards que le musicien interprète, et aime en retrouver le titre?
Il ne s’agit pas réellement de reconnaître, puisque ce n’est jamais ni tout à fait le même ni tout fait un autre.
Il ne s’agit pas non plus de cuistrerie ni du plaisir intellectuel d’un savoir culturel, c’est un plaisir esthétique : reconnue, la mélodie ouvre un horizon d’attente, une délicieuse anticipation du retour des notes connues et aimées entre les méandres de la variation et les surprises de l’improvisation.
C’est le fil d’Ariane, dans le labyrinthe de l’émotion esthétique où l’on se retrouve …ou l’on se perd.