lundi, juin 02, 2008

mardi 3 juin - langon : éléments géométriques

En introduction concert d’ouverture des « Scènes d’été », un débat. Quatre professionnels de l’action culturelle jouent les rôles de témoins à partir de leurs expériences et de leurs points de vue. Quatre points de vue convergents et complémentaires. On sent bien qu’ils se connaissent de longue date. Ils dissertent, chacun à son tour. Sans doute se connaissent-ils trop pour produire de l’interaction. Les idées passent ; les images restent. Malgré moi, j’accorde plus d’attention aux photographies en noir et blanc qui défilent derrière eux qu’à leurs propos destinés, me semble-t-il, d’abord aux professionnels dans la salle. Professionnels qui se connaissent entre eux et qui connaissent bien les débatteurs. Parmi ces photographies, Bernard Lubat.

En observant attentivement les trois moments du concert, j’ai noté des différences du point de vue géométrique, du point de vue de l’occupation de l’espace par les musiciens. Je ne saurais en tirer de conclusions, mais je sens bien que ces différences ne sont pas sans effet sur ma perception musicale.

Michel Macias est inscrit dans un cercle lumineux, qui se découpe sur l’environnement noir de la scène. Il est assis. Il a fait remplacer la chaise métal qui lui était destinée par un siège en forme de coque, de couleur rouge pâle. Harmonie en noir et blanc. Noir de la scène, blanc du cercle défini par le projecteur fixé dans les cintres, noir de son habillement, de ses cheveux et de sa barbe. Du centre à la périphérie, comme une cible, noir / blanc / noir. L’image de la cible me suggère par association d’idées celle de l’archet : tension extrême de l’énergie jusqu’au paroxysme, détente explosive. Pulsations. Alternance de concentrations et d’explosions.



Le trio Amestoy occupe la scène de manière frontale. C’est à peine si le bassiste est un peu en retrait. Trois instrumentistes sur un même plan. Ils sont assis. Mon regard va de l’un à l’autre jusqu’au moment où il est attiré par les pieds nus de Marc Dechaumont. Parcours du regard entre quatre points fixes : les trois interprètes et ces pieds nus qui marquent la mesure.






Le trio Miyazaki occupe l’espace comme les trois sommets d’un triangle. Violon et accordéon au premier plan, à droite et à gauche, le koto en arrière-fond. Les trois musiciens sont debout. Verticalité du violon et de l’accordéon ; horizontalité du koto. Des kotos devrais-je dire. Bruno Maurice avec son accordéon est comme le sommet mobile de ce triangle. Parfois, il le réduit en se rapprochant de l’un ou l’autre de ses collègues ; parfois, il le dilate en s’en éloignant jusqu’à sortir de la surface du projecteur. Un triangle à géométrie variable.
















Comme je l’ai écrit plus haut, il serait prématuré de vouloir tirer quelque conclusion de cette observation ; en revanche, je suis certain que cette géométrie propre à chaque moment du concert a eu quelque influence sur ma perception auditive et donc sur la manière dont mon plaisir s’est construit. A suivre…