jeudi, mai 22, 2008

jeudi 22 mai - une journée ordinaire

En ce mois de mai où les orages se suivent et se ressemblent, ce mercredi est comme une parenthèse de temps délicieux. Grand ciel bleu, un léger souffle de vent. J'occupe la matinée à faire différentes courses. Les gens me paraissent détendus. Je fais le plein d'essence ; je trouve que la hausse du prix du pétrole commence à sérieusement se faire sentir, mais ça ne suffit pas à obscurcir mon moral. A midi, nous déjeunons sur la terrasse, à l'ombre du prunier dont les feuilles sont lourdes de sève et à l'abri des lauriers qui bruissent. De temps en temps, une prune de la taille d'un noyau de cerise tombe sur l'herbe. Après déjeuner, une heure passée à tondre la pelouse. Comme une odeur de foin humide. On profite de la météo favorable pour étendre la lessive de draps sur l'herbe fraichement coupée. En début d'après-midi, nous allons jusqu'à "La cueillette d'Aragnon", vaste ferme aux portes de Pau, ramasser des pommes de terre (la fourche est à disposition), des oignons frais, des fèves, des salades "feuilles de chêne" et des fraises.
Les rangées de fraisiers s'étendent à perte de vue. Des couples âgées ramassent des brouettes de fraises pour faire des confitures. Un car d'enfants se répand sur la zone et en un clin d'oeil remplit un nombre impressionnant de cagettes.

Nous choisissons nos fraises du soir une à une et Françoise remarque que plus les fraisiers sont abondants en feuilles, moins les fruits sont beaux. Plus ils sont abrités, moins ils voient le soleil. Françoise a l'esprit scientifique.

Evidemment... avec la complicité du soleil, encore un autoportrait !


Au retour, comme il fait très chaud, une chaleur moite, l'envie nous vient d'aller boire un thé glacé à la boutique "Théoucafé" dans la galerie marchande de l'hypermarché. C'est l'occasion de jeter un coup d'oeil à une exposition de photographies. Photographies réalistes et abstraites. Il s'agit des bords de l'Adour, de vagues, de forêts... Noir et blanc, argentique. Le tirage met bien en évidence que les photographies n'ont pas été retouchées. Le noir et blanc privilégie les formes sur le réalisme des couleurs. C'est en ce sens que je parle d'images réalistes (quant aux formes) et abstraites (quant aux couleurs).














Avant de retourner à la maison, évidemment, petit détour par l'espace culturel. A tout hasard. Nous écoutons plusieurs extraits, en particulier de fanfares roumaines et de musique kletzmer, mais rien ne retient vraiment notre attention. Avant de quitter ces lieux, encore une petite exploration du rayon, très riche, de musique basque. Le rock basque est d'une vitalité étonnante. Et, tout à coup, je tombe littéralement sur un disque où je reconnais immédiatement Philippe de Ezcurra, et où je lis en couverture ces deux mots : "Bahaki Bordagarrai". Bordagarrai est le nom du leader. "Bahaki" signifie je ne sais quoi... Il s'agit de chansons basques très modernes, même si elles restent fidèles à une certaine tradition, interprétées par six musiciens. Je cite : Jojo Bordagarrai, ahots nagusia, koruak ; Ph. de Ezcurra, akordeoia, bandoneoia, koruak ; Marc Tambourindeguy, pianoa, teklak, koruak ; Eric Ruiz, gitarrak, tres ; Eric Otxandaburu, kontabaxua ; Vincent Thomas, bateria.
Philippe de Ezcurra joue sur un accordéon "Mythos" de marque Pigini. J'observe qu'il est capable de jouer de l'accordéon classique en solo, du bandonéon en septet, de l'accordéon encore dans ce disque. On a l'impression que ces différentes expériences ne sont pas disjointes, mais que tout se passe comme si un jeu dialectique les reliait entre elles. La journée était consacrée, au plan mondial, à la diversité culturelle et la radio, d'émission en émission, nous a farci le chou avec des réflexions et des pseudo-réflexions sur ce thème. Je me dis que Philippe de Ezcurra, par sa pratique même, est un bon exemple, voire modèle, d'une diversité culturelle en acte. Il passe d'un univers musical, d'une vision du monde à une autre avec un égal bonheur, et l'on comprend bien en l'écoutant que la diversité peut exister sans se dégrader en inégalités et vains classements.

Plus j'écoute ce disque, plus je me convainc que l'on peut parler de jazz basque, très typé et très ouvert à la fois à maintes influences. C'est ça la culture !