jeudi, mai 08, 2008

jeudi 8 mai - trentels retour sur...

... retour sur cette impression d'éclectisme, d'ouverture et de qualité des concerts de Trentels.
Le trio Miyazaki évoque pour moi une musique impressionniste, avec d'une part une présence forte de la nature sous une forme aimable et apaisée, d'autre part l'approfondissement de gestes subtils. "La mer au printemps" ; "Caresse". "Saï-Ko" me parait emblématique de cet impressionnisme : coloration / palpitation. Mais la tragédie n'est pas absente : "Chanson de Katioucha", ni l'humour : version japonaise d'Am-Stram-Gram. En tout cas, je perçois comme une évidence qu'il s'agit d'une musique de haute culture, qui ouvre sur des rencontres pleines de promesses entre des traditions extrême-orientales et l'occidentales, remarquablement représentées par le violon de Manuel Solans et l'accordéon de Bruno Maurice, un monument de culture et de technologie.
Jean-François Baez m'évoque plutôt une musique intimiste. Jazz et intimisme. Variations sur des sentiments d'amour. Plein de subtilité et de pudeur. On se dévoile sans se mettre à nu ni exhibitionnisme. Tendresse. Presque des chuchotements, des confidences pleines de retenue.

Curieusement, si l'on oublie le sens courant du mot "impressionnisme", on pourrait s'en servir pour qualifier la musique de Ponty Bone. Bien sûr, tout sépare son accordéon de la musique du trio Miyazaki, mais de morceaux en morceaux on peut dire de lui aussi qu'il dresse un tableau de ce sud des Etats-unis, Texas et Louisianne par touches successives. Chaque fois autre chose, chaque fois la même chose. Au total un portrait haut en couleurs, vivant, explosif et saturé d'humour sui generis.

A propos d'explosif, Meriadec Gouriou est un maître en la matière. Par opposion au trio Miyazaki et à l'accordéon de Bruno Maurice, je parlerais volontiers d'art expressionniste. Son accordéon est objet de toutes les attentions et de toutes les tortures. Contorsions en tous genres, comme s'il devait exprimer toute l'énergie de la terre. A ce sujet, Meriadec Gouriou est pour moi associé à la terre et au feu, feu destructeur et purificateur, feu de l'imprécateur, comme le trio Miayazaki est associé à l'air et à l'eau, légèreté et transparence. Le magma versus les nuages.


Quant au quatuor "Danças ocultas", je dirais que ce sont de fines lames, par analogie avec les quatre mousquetaires. Complices, complémentaires, ils dégainent sans une hésitation et font mouche à tout coup. J'avoue que j'aime beaucoup le contraste entre leur immobilité, leur calme, leur posture assez distanciée et les rythmes complexes qu'ils enchainent. Comme s'ils étaient ici et ailleurs, dans leur monde, précis (j'ai déjà évoqué cette image) comme des horlogers suisses. Un quatuor de mousquetaires portugais maniant l'accordéon comme des horlogers suisses...