dimanche, mai 04, 2008

lundi 5 mai - trentels connotations spontanées

Retour à Pau, dimanche après-midi, vers 16 heures. Il fait très chaud. L'orage menace, mais n'éclate pas. Nous avons envie, toutes affaires cessantes, de garder traces des connotations immédiates et spontanées qui nous viennent à l'esprit en évoquant ce festival, que nous aimons tant, au point que déjà nous faisons des projets pour celui de 2009. Avant toutes choses, impression d'ensemble : programmation et organisation excellentes. La programmation fonctionne aux coups de coeur d'Anne-Marie Bonneilh et ça marche. L'ensemble est éclectique quant aux styles d'accordéons, mais d'une homogénéité sans failles quant à la qualité. Longue vie à ce festival ! L'organisation est assurée par plusieurs bénévoles et ça fonctionne avec une simplicité et une affabilité sans défauts. Bientôt, je crois que j'y viendrai avec mes charentaises aux pieds, même si ça manque de réactivité pour marquer le rythme. Bref, on s'y sent bien, d'autant mieux que l'accordéon s'y déploie sous toutes ses formes pendant trois jours.
Le soir du 1er mai, concert du trio Miyasaki : violon, koto - j'en produirai une image d'ensemble ultérieurement - et accordéon. Bruno Maurice avec son Appassionata. Délicatesse. C'est une sorte de dentelle. Rencontre de trois instruments, rencontre de sonorités inattendues. Un mélange surprenant d'abord, mais plein de charme. On imagine que le trio n'est qu'au début d'un long voyage entre une inspiration extrême-orientale et une inspiration occidentale classique. une musique très écrite avec des moments d'improvisation. Les trois interprètes peuvent tout se permettre étant donné leur maîtrise technique et leur créativité. Paris-Tokyo !

Le premier concert du 2 mai est assuré par le Jean-François Baez Trio. Du jazz, comme on l'aime. Jean-François Baez, comme une sorte de Don Quichotte. Sec ! Tendu ! Tout entier dans son jeu, soutenu par ses deux complices : saxophone et contrebasse. On a l'impression qu'il laisse sa peau au fil de sa prestation. Entre les morceaux, quelques mots - il a du mal à trouver son souffle - pour situer la genèse de ce qu'il a joué ou de ce qu'il va jouer. Fascination pour ses enfants ! Tendresse pour sa femme ! Un univers intimiste et touchant. Une interprétation de la valse "Indifférence", qui nous fait le situer à un très haut niveau.


En seconde partie de soirée, Ponty Bone. Que dire ? Clifton Chenier n'est pas mort. Ou bien il est ressuscité ou bien il s'est réincarné sous l'apparence d'un bluesman texan. La tradition zydeco comme au premier jour. Inaltérable ! La vie est pleine de misères, mais quand on les raconte à la suite les unes des autres, qu'est-ce qu'on se marre...

Le 3 mai, première partie : Meriadec Gouriou. Que dire ? Un géant, un bucheron, un druide breton, la Pythie de Delphes, la Sybille, l'hydre de l'Herne, Vulcain. De la tempête avant toute choses. Le voyage en Haute Carabagne de Michaux. Mais aussi, Rabelais. A l'époque de la guerre du feu, Meriadec Gouriou devait déjà jouer de l'accordéon, la nuit face aux vents déchainés. Une musique celtique entre Nano et Pohjonen. L'accordéon et la voix, inséparables. Un mixte destiné à faire fuir les esprits malveillants ou, peut-être, à les amadouer. Il y a du shaman dans cet accordéon transformé en instrument magique. Il y a du sorcier aussi là-dedans ! A la fin, on se demande si l'on n'a pas rêvé... En tout cas, il faut quelques minutes pour retrouver des sensations auditives disons normales.




En seconde partie, les quatre accordéonistes de "Danças Ocultas". Par contraste avec le précédent, on pense à l'horlogerie suisse. Impassibles, ils enchainent les mélodies avec une rigueur impeccable. Une mécanique impressionnante, une machinerie destinée à produire une qualité d'émotion subtile et non dépourvue d'humour. On comprend qu'ils soient sollicités de toutes parts.


Finalement, nous prenons plaisir à étaler sur le sol les six cds que nous avons ramenés de Trentels :
- celui du trio Miyasaki
- le disque de Jean-François Baez, pour l'offrir à des copains amateurs de jazz, mais pas encore d'accordéon
- le dernier de Ponty Bone
- le premier de Gouriou
- deux enfin de "Danças Ocultas", l'un de 1995, l'autre de 2004.

Bon... On est bien content. Pour faire durer le plaisir, je reviendrai dans le détail sur ces concerts et sur quelques autres visites d'expositions. Apprécier l'accordéon n'exclut pas le goût pour la peinture ou la photographie.