mardi, avril 29, 2008

mardi 29 avril - paris jazz corner (8)

Depuis quelques semaines, comme mes étagères où ranger mes cds étaient saturées, j’avais accumulé mes dernières acquisitions sur un coin de mon bureau, puis sur un autre coin et finalement sur la plus grande partie. Il fallait prendre une décision, car certains équilibres devenaient fragiles. Première décision suivie immédiatement d’effet : deux étagères de livres, vestiges de mon travail professionnel, sont entassées dans des caisses destinées à finir chez Emmaüs. Chez Emmaüs et pas à la déchetterie pour la tranquillité de mon âme. Quant à savoir qui sera intéressé par quatre années complètes de la « Revue française de pédagogie », peu me chaut. L’important, c’est d’avoir fait de la place pour mes cds sans domicile fixe. Deuxième décision : ranger les « équilibristes » parmi les « sédentaires » suivant l’ordre alphabétique, que j’ai adopté parce qu’il m’a paru être le plus commode, quoiqu’insatisfaisant. Cependant, avant de procéder à cette opération nécessaire, mais un peu fastidieuse, je m’avise qu’il ne s’agit pas de traiter ces cds comme de simples objets. Les ranger pour avoir la satisfaction de les contempler au garde-à-vous, les uns à côté des autres, ce ne serait pas les traiter convenablement.

C’est ainsi que je me rends compte que j’ai empilé successivement sur mon bureau tous les cds que j’ai commandés à « Paris Jazz Corner » sans jamais les considérer dans leur ensemble. Avant de les mettre à leur place, c’est l’occasion de les rassembler et de les écouter. Je les reprends donc suivant l’ordre d’arrivée, si je puis dire, avec comme règle d’écouter un titre de chaque. Titre choisi au hasard ou d’après tel ou tel souvenir qui me vient à l’esprit. J’attends de cette méthode des rapprochements, des comparaisons, des discontinuités, des surprises et des plaisirs inattendus.

Premier colis :
- « Ballad for Anne », Frank Marocco Groups. Un premier titre d’une suavité délicieuse ; une sorte de jazz latino : “Spain” de Chick Corea.
- « Histoires de Jo », titre 1, « Balajo » avec Marcel Azzola à l’accordéon. J’aurais pu choisir bien d’autres morceaux, mais il faut s’en tenir au principe.

Deuxième colis :
- « Reed Song », Will Holshouser Trio. Titre 5, “Inside The Park”. Accordéon, trompette, contrebasse pour une musique qui évoque Fellini, Kurt Weill et Nino Rota revus par des new-yorkais un peu froids.
- « Hradcany », avec David Venitucci à l’accordéon. Trompette, saxophones et flûte, accordéon pour un orient imaginaire. Les bords du Bosphore fantasmés. Titre 4, « Salman ».
- « Arthur Street », Angelo Di Pippo. Je retiens “Wave” d’Antonio Carlos Jobim.

Troisième colis :
- « Yamandu + Dominguinhos ». Guitare et accordéon. Titre 3 : « Joao e Maria ». Au cœur du Brésil. Un duo, rien qu’un duo.
- « Sabido », Luis Gonzaga. Des enregistrements des années 40. Titre 12 : « Saudade de San Joao del Rei ».

Quatrième colis :
- « Bouts de souffles », Andy Emler et Pascal Contet. Toujours autant de difficulté à apprécier. Toujours cette impression d’un accordéon contraint et quasi asthmatique. Quelque chose m’échappe. Encore un effort. J’ai une affection particulière pour ce disque, car il ne me touche pas et je ne le comprends pas, ce qui signifie que j’ai encore à apprendre et à découvrir des espaces qui me sont encore inaccessibles.
- « Swinguette », Marc Leseyeux Quartet. Titre 9, très gallianesque, « Tango sur Seine ».

Cinquième colis :
- « Sivuca Symphonico », Sivuca et son accordéon face à plus de soixante-dix musiciens de l’orchestre symphonique de Recife. Et encore le titre 3, « Joao e Maria ». Comme un accordéon au milieu d’une forêt tropicale.

Sixième colis :
- « Moving Landscapes », Lelo Nika. Jazz et Bayan. Titre 10 : « R.A.P. »

Septième colis :
- « Clifton Chenier, 60 minutes with the King of Zydeco ». Je retiens le titre 2 : “Louisiana Blues”. Acidité garantie.
- « Hollywood-Paris ». « La Pugnada », duo d’Ildo Patriarca et Raul Barboza. Magnifique.

Ce parcours m’a conduit à travers différents territoires. J’ai des images sonores et visuelles plein la tête. J’ai déjà envie de recommencer d’autres explorations parallèles. C’était une bonne idée !