vendredi 8 août - la goutte d'eau qui fait déborder le vase
Hossegor, prononcer « Hosgor » ou, plus tendance, « Ozgor », est une ville pleine d’attraits. La villa, entre l’océan et le lac, est aussi pleine de charmes. La présence des « petits » et des « petites » est un enchantement. J’ai une tendresse particulière pour les moments de repas :
- le petit-déjeuner sur la terrasse, où chacun arrive à son tour les yeux embrumés de sommeil, où l’on boit un grand verre de jus de fruits glacé, où l’on se répartit entre buveurs de thé et buveurs de café, où l’on engloutit quantité de tartines grillées, où l’on fait ensemble le planning de la journée,
- le déjeuner, vers 14 heures, toujours sur la terrasse, avec ses salades et ses grillades, ses fromages et ses glaces… et ses petits rosés des Landes ou ses Gamay bien frais… et le moment de débarrasser que l’on retarde le plus possible,
- le dîner enfin, charcuteries, salades, fromages, etc… accompagnés des mêmes vins ou de bières assez rares, que l’on trouve dans une boutique située dans la zone industrielle à côté des magasins d’entreprises de marques comme Quicksilver, Oxbow, Roxy, Billabong, toutes mondialement connues et qui ont surgi dans un périmètre de moins d’un hectare. Zone de frime et de fric. Le dîner où Charlotte et Camille peuvent tout à loisir nous raconter leurs exploits, leurs émerveillements et nous faire part de leurs interrogations…
Parmi les derniers émerveillements de Charlotte et Camille, la plantation de deux petits pins, que nous soignions depuis deux ans dans des pots, qu’ils étaient sur le point de faire éclater pour donner place à leurs racines. Deux petits pins ramenés de la forêt et qui semblent vouloir s’acclimater avec bonheur. D’ici vingt-cinq ou trente ans, j’espère, Charlotte et Camille, alors âgés de trente à trente-cinq ans auront plaisir à suivre les ébats des écureuils sur les branches de leurs arbres. Quant à moi, j’aurai contribué à les choisir, à les entourer de soins et d’affection et à les planter…
Oui, mais voilà, cette vie communautaire n’est guère compatible avec une écoute de l’accordéon telle que je la conçois. Ecouter ou vivre avec les petits, il faut choisir. Le choix est certes facile. Mais au bout de cinq jours, j’ai eu envie d’entendre en toute quiétude quelques disques dont je devais me contenter de regarder la pochette et d’en parcourir les titres. Retour à Pau sous le prétexte facile que la pelouse doit être tondue et le jardin repeigné après les orages violents de ces derniers jours. Je comptais écouter le choix que j’avais emporté à Hossegor, comprenant Flaco Jimenez (pour Ibrahim Ferrer), « Cryptonique » (pour « la valse à deux balles »), « Virgin and Whore », « Musique à la mode » (pour « Rhapsody in Blue » et « Flamenco-Valse » par Marcel Azzola et Lina Bossatti), « Mikea » de Gizavo, « Champlong » de Jacques Pellarin (pour les deux versions de « L’éphèmére » et la « Milonga de l’espoir »), « Coloriage » de Galliano et Mirabassi (pour tout !)… En fait, depuis le début de l’après-midi, « Luz Negra » tourne en boucle. Tout est admirable : les mélodies, les musiciens… Tout ! Je croyais connaître ce disque, mais c’est comme une révélation. Je reconnais tous les morceaux et pourtant c’est comme s’ils étaient nouveaux.
Tout en écoutant sans cesse ce disque, le même et à la fois un autre, je repense à cette expression que j’ai toujours trouvée d’un intérêt extrême : « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». En général, on l’associe à une connotation négative, mais si l’on met celle-ci entre parenthèses reste l’idée que la répétition d’un même phénomène, par son accumulation quantitative, finit par provoquer une mutation de structure ou de configuration. La goutte qui fait déborder le vase est identique à celles qui l’on précédée, sauf qu’elle déborde et que les autres, ses suivantes, vont aussi déborder… jusqu’à ce que l’accumulation de celles-ci finisse par provoquer par exemple un court-circuit et un incendie, bref une nouvelle configuration radicalement différente de celle qui la précédait. Eh bien, il en est de même pour « Luz Negra ». J’ai écouté, écouté et écouté ce disque. Chaque morceau, évidemment, dure le même temps ; chaque fois je reconnais bien chaque morceau et leur succession… mais, aujourd’hui, phénomène bizarre, j’entends quelque chose d’autre, je perçois mieux le lien entre tous les titres, la dimension « système » du disque m’apparaît plus clairement. Je pense ici à Art Van Damme, là à Gus Viseur. La présence de Mejias me frappe comme jamais auparavant. Parmi toutes ces écoutes, il a suffi d’une pour que se dévoile tout à coup un jeu de sensations que je ne soupçonnais pas jusqu’ici.
Je me dis qu’en écoutant encore et encore… une autre audition me permettra de passer un autre seuil et de découvrir tout un nouvel univers de sensations. « Luz Negra » comme un oignon inépuisable…
- le petit-déjeuner sur la terrasse, où chacun arrive à son tour les yeux embrumés de sommeil, où l’on boit un grand verre de jus de fruits glacé, où l’on se répartit entre buveurs de thé et buveurs de café, où l’on engloutit quantité de tartines grillées, où l’on fait ensemble le planning de la journée,
- le déjeuner, vers 14 heures, toujours sur la terrasse, avec ses salades et ses grillades, ses fromages et ses glaces… et ses petits rosés des Landes ou ses Gamay bien frais… et le moment de débarrasser que l’on retarde le plus possible,
- le dîner enfin, charcuteries, salades, fromages, etc… accompagnés des mêmes vins ou de bières assez rares, que l’on trouve dans une boutique située dans la zone industrielle à côté des magasins d’entreprises de marques comme Quicksilver, Oxbow, Roxy, Billabong, toutes mondialement connues et qui ont surgi dans un périmètre de moins d’un hectare. Zone de frime et de fric. Le dîner où Charlotte et Camille peuvent tout à loisir nous raconter leurs exploits, leurs émerveillements et nous faire part de leurs interrogations…
Parmi les derniers émerveillements de Charlotte et Camille, la plantation de deux petits pins, que nous soignions depuis deux ans dans des pots, qu’ils étaient sur le point de faire éclater pour donner place à leurs racines. Deux petits pins ramenés de la forêt et qui semblent vouloir s’acclimater avec bonheur. D’ici vingt-cinq ou trente ans, j’espère, Charlotte et Camille, alors âgés de trente à trente-cinq ans auront plaisir à suivre les ébats des écureuils sur les branches de leurs arbres. Quant à moi, j’aurai contribué à les choisir, à les entourer de soins et d’affection et à les planter…
Oui, mais voilà, cette vie communautaire n’est guère compatible avec une écoute de l’accordéon telle que je la conçois. Ecouter ou vivre avec les petits, il faut choisir. Le choix est certes facile. Mais au bout de cinq jours, j’ai eu envie d’entendre en toute quiétude quelques disques dont je devais me contenter de regarder la pochette et d’en parcourir les titres. Retour à Pau sous le prétexte facile que la pelouse doit être tondue et le jardin repeigné après les orages violents de ces derniers jours. Je comptais écouter le choix que j’avais emporté à Hossegor, comprenant Flaco Jimenez (pour Ibrahim Ferrer), « Cryptonique » (pour « la valse à deux balles »), « Virgin and Whore », « Musique à la mode » (pour « Rhapsody in Blue » et « Flamenco-Valse » par Marcel Azzola et Lina Bossatti), « Mikea » de Gizavo, « Champlong » de Jacques Pellarin (pour les deux versions de « L’éphèmére » et la « Milonga de l’espoir »), « Coloriage » de Galliano et Mirabassi (pour tout !)… En fait, depuis le début de l’après-midi, « Luz Negra » tourne en boucle. Tout est admirable : les mélodies, les musiciens… Tout ! Je croyais connaître ce disque, mais c’est comme une révélation. Je reconnais tous les morceaux et pourtant c’est comme s’ils étaient nouveaux.
Tout en écoutant sans cesse ce disque, le même et à la fois un autre, je repense à cette expression que j’ai toujours trouvée d’un intérêt extrême : « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». En général, on l’associe à une connotation négative, mais si l’on met celle-ci entre parenthèses reste l’idée que la répétition d’un même phénomène, par son accumulation quantitative, finit par provoquer une mutation de structure ou de configuration. La goutte qui fait déborder le vase est identique à celles qui l’on précédée, sauf qu’elle déborde et que les autres, ses suivantes, vont aussi déborder… jusqu’à ce que l’accumulation de celles-ci finisse par provoquer par exemple un court-circuit et un incendie, bref une nouvelle configuration radicalement différente de celle qui la précédait. Eh bien, il en est de même pour « Luz Negra ». J’ai écouté, écouté et écouté ce disque. Chaque morceau, évidemment, dure le même temps ; chaque fois je reconnais bien chaque morceau et leur succession… mais, aujourd’hui, phénomène bizarre, j’entends quelque chose d’autre, je perçois mieux le lien entre tous les titres, la dimension « système » du disque m’apparaît plus clairement. Je pense ici à Art Van Damme, là à Gus Viseur. La présence de Mejias me frappe comme jamais auparavant. Parmi toutes ces écoutes, il a suffi d’une pour que se dévoile tout à coup un jeu de sensations que je ne soupçonnais pas jusqu’ici.
Je me dis qu’en écoutant encore et encore… une autre audition me permettra de passer un autre seuil et de découvrir tout un nouvel univers de sensations. « Luz Negra » comme un oignon inépuisable…
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