lundi, septembre 08, 2008

lundi 8 septembre - hosgor week end

Nous avions tous envie d'un week-end à Hossegor. Françoise et Nadja pour aller une fois encore à la plage et pour la dernière corrida de la temporada dacquoise. Sébastien pour faire un tour à vélo sur les petites routes à la limite des Landes et du Pays Basque. Charlotte et Camille pour jouer sur la plage. Moi-même pour écouter de l'accordéon ou du bandonéon sur la terrasse ou sur les balcons à hauteur d'arbre. Tout le monde avait une bonne raison de faire son bagage...



Vendredi, départ de Pau pour nous vers 18 heures. J'ai choisi huit disques. Un choix éclectique. Galliano, Jbanov, Flaco Jimenez, Bolognesi, Flukt pour l'accordéon ; Glorvigen, Otros Aires, Mederos pour le bandonéon. Pour la route, "Otros aires". L'électrotango est l'une des rares musiques que j'écoute volontiers en voiture.



Le soir, nous attendons "les petits". La nuit est tombée, le fond de l'air reste agréable malgré la succession de grains plus ou moins violents apportés par la marée haute. Il n'y a pas âme qui vive dans le quartier. Parfois une voiture passe en faisant éclater les flaques qui se sont formées sur la chaussée. Aussitôt après leur passage, le silence revient, à peine troublé par le chuchotement des feuilles des chênes-lièges ou par le bruissement des aiguilles de pins. Nous attendons en écoutant "Coloriage" de Galliano et Mirabassi. Je ne l'avais pas encore écouté dans de telles conditions. C'est une découverte.


Samedi. Alternance de nuages menaçants, de grains et de soleil. Le sol est sec en quelques minutes. Les aiguilles de pins craquent sous les pas. Mon ombre me précède. Je tire mon autoportrait. Par les portes et fenêtres ouvertes me parvient l'accordéon de Flaco Jimenez. Je craque sur "Morenia Mia", que j'associe à Ibrahim Ferrer.



Le salon de jardin a déjà pris ses quartiers d'automne. "Hermetotico" de Bolognesi et Fosset, accompagnés soit par Ponthieux, soit par Sorin à la contrebasse, accompagne ma déambulation un peu nostalgique. Pas de tristesse, non, juste un moment comme un livre que l'on referme.




Comme Françoise et Nadja sont parties à Dax retrouver "Toro y Salsa", que Sébastien et les filles sont allés faire le tour du port de Capbreton, je continue mon écoute de "Hermetotico" sur le balcon de devant, les pieds en éventail dans mes vieilles baskets aux trois bandes. Elles sont confortables comme un vieux pull et, en plus, c'est assez snob. Elles sont en effet authentiques. Vingt ans d'âge au moins.




Pendant que Françoise et Nadja dînent à Dax, dans le parc des arènes, à une table d'un restaurant en plein air, et que Sébastien a amené les filles jusqu'à la plage entre Hossegor et Capbreton où est tiré le feu d'artifice de la fête du chipiron, seul dans la villa, comme dans un ilôt de lumière, j'écoute Roman Jbanov. "Intérieur". L'accordéon de concert dans la douceur de la nuit agitée par le lent mouvement des pins, c'est un plaisir divin. Vers minuit, toute la troupe débarque, les têtes pleines d'images.

Dimanche après-midi. Sébastien accumule des kilomètres de route casse-pattes. Montée, descente, montée, descente. Quand on croit que l'on est sur le plat, il s'agit d'un faux plat et si c'est un vrai plat, alors c'est le vent qui est de face. Seul dans la villa, je me suis installé sur le balcon arrière, un balcon en forêt. J'ai remplacé mes vieilles baskets trois bandes par des "Crocs", très tendance cette année. Une technologie sophistiquée au service du confort des pieds. Les pieds, en éventail, forcément en éventail. Je n'aurais jamais imaginé un tel accord entre le tango de Rodolfo Mederos et la suavité de ces chaussures du futur. Et pourtant, ça marche.

Après le départ des "petits", il est temps de fermer la villa. "Virgin and Whore" nous accompagne dans ce travail nostalgique. Le temps s'est stabilisé au beau fixe. Un regard sur la villa à travers les vitres d'une porte. L'espace devient incertain : un monde de reflets, dont on ne sait plus très bien s'ils sont les images de choses devant ou derrière.



Déjà le rideau est à moitié baissé. Atmosphère sombre et feutrée. Tango. Bach, Piazzolla. Tout cela s'accorde bien ensemble. La pénombre sied au tango.



Le store est maintenant quasi fermé. Il reste à couper le compteur d'eau et à disjoncter le compteur électrique. Un tour de clé au portail extérieur.


Pour faire le retour vers Pau en évitant les idées moroses, rien de mieux que Flukt "Stille for Stormen". Tonique en diable. On ne voit pas passer les kilomètres.
Vers 23 heures, les "petits" nous téléphonent qu'ils sont bien arrivés après une pause pique-nique. Nous sommes rassurés. Demain sera une autre semaine...