jeudi, avril 27, 2006

vendredi 28 avril

Ce jour est à marquer d’une pierre blanche. Les « petits », dans leur trajet de Toulouse à Hossegor, font étape à Pau. Camille en profite pour faire un tour de quartier dans son landau de bébé. Délices de la régression, déjà. Charlotte s’est fait faire une tresse africaine par la coiffeuse. Délices de la mondialisation, déjà. Nadja, qui a une forte angine virale, est toujours aussi attentive à tous et à chacun, comme si de rien n’était. Sébastien a choisi les vins à son habitude, sans fausse note. Il se réjouit déjà à l’idée de finir la soirée avec l’une de ses bières favorites.

Pour le repas du soir, Françoise a fait des frites pour accompagner le rôti. Elle a un tour de main particulier pour en réussir la cuisson. Merci monsieur Guérard. Au dessert, gâteau de Pâques au chocolat avec des guarriguettes. Et là, surprise… pour mon anniversaire, les « petits » m’ont apporté un énorme paquet… très lourd !

Un accordéon d’étude.

Attendez, attendez… il faut savoir que je ne suis pas musicien, que je n’ai jamais touché un instrument de musique de ma vie. Je ne compte pas en effet ces trois années d’exercices de piano, entre sept et dix ans, chez une dame à forte poitrine dont le salon sentait le rance et l’encens. Une vague odeur de rancens ! Ma grand-mère maternelle m’accompagnait. Nous prenions le tramway, le jeudi après-midi, pour un long trajet sur les boulevards de Bordeaux. C’était le jour de « L’Intrépide », que je dévorais goulûment. Je me rappelle encore la lecture de bandes dessinées, rythmée par les cahots et les bruits de métal de la motrice. J’ai appris ainsi à lire en diagonale et en trois temps : vignette initiale, vignette finale, délices de savourer le récit et les bulles en connaissant la fin. Je préférais déjà les raffinements du suspense au coup d’éclat de la surprise, suivant la distinction d’Hitchcock. J’ai fait ainsi trois années pianistiques, parce qu’un jour j’avais rêvé de jouer de l’accordéon. Mais, comme l’avait dit la dame-piano à mes parents, il fallait que je fasse d’abord mes gammes. C’est ainsi qu’à partir de ma dixième année, l’entrée en sixième m’ayant délivré des affres du solfège, je me suis adonné aux arts graphiques : dessin, aquarelle, acrylique, collages, etc… aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, je me retrouve avec un accordéon entre les mains.

L’accordéon sera obstiné ou ne sera pas. Ostinato accordion !