jeudi 29 juin
Hier, je notais l’absence de Jean-Marc Fabiano dans le « blog Bayan » et du coup j’ai eu envie d’écouter à nouveau son disque : « Vague à lames ». Je sais que j’avais déjà eu l’occasion d’écrire quelques mots sur mes impressions relatives à ce disque. Je ne m’en souviens plus très bien, mais il me semble que j’avais été partagé entre des morceaux qui m’avaient paru difficiles d’accès et d’autres dont j’avais admiré immédiatement l’ampleur, pour ne pas dire la majesté. Je me souviens de l’accordéon de Fabiano comme d‘un instrument apparenté à l’orgue.
Curieusement, aujourd’hui, je suis entré dans l’univers de Fabiano sans aucune difficulté. J’ai même eu l’impression d’y percevoir des nuances qui m’avaient échappé jusqu’alors.
Le programme de ce disque, qui dure plus de 72 minutes, vaut la peine d’être rappelé. Il donne en effet une idée juste de l’univers qu’il propose :
- Boîte à rythmes (1999), Franck Angelis ; 4 :35
- Partita (1968), Wladislaw Zolotarjew ; 17 :37
- Mots croisés (2003), Georges Bœuf ; 8 :27
- Ave Maria (2003), d’après Tanti anni prima d’Astor Piazzolla, arrangé par J.P. Moreau ; 5 :35
- Sequenza XIII (1995), Luciano Berio ; 15 :4à
- La liberté commence là où s’arrête…, J.P. Moreau ; 3 :32
- Le vilain petit canard (1981), Daniel Goyone ; 4 :01
- Ciaccona extrait de la Partita n°2 pour violon de J.S. Bach, transcrite par F. Busoni ; 17 :00
On voit bien qu’il s’agit d’un disque que je qualifierais de disque d’ouverture : de Zolotarjew à Bach, de Berio à Piazzolla, de G. Bœuf à D. Goyone. On note aussi la présence de J.P. Moreau comme compositeur et comme arrangeur. Le livret, fort bien fait, révèle d’ailleurs l'entente existant entre lui et J.M. Fabiano. Ce livret a en effet la forme d’une interview de Fabiano par Moreau, qui est très éclairante pour la compréhension du disque. Entre autres choses, on y apprend le parcours dans l’univers des concours de J.M. Fabiano et la souffrance associée finalement à celui-ci (accordéon, ton univers impitoyable !) ; on y apprend ses doutes et sa passion pour la mer (d’où le titre avec ses doubles sens : vague, lames, l’âme) ; on y apprend son parcours de formation et les influences qui ont participé à sa formation professionnelle et personnelle ; on y apprend son travail de recherche sur son instrument en collaboration avec la famille de facteurs d’accordéons, Ballone Burini ; on y apprend aussi l’importance qu’il accorde à sa posture (« je ne prends qu’un seul appui, un seul axe décentré sur la jambe gauche et le soufflet se déploie en éventail autour de cet axe ») et celle qu’il donne au soufflet (l’accordéon comme instrument à claviers et instrument à vent : si l’on se contente d’utiliser le soufflet pour produire mécaniquement le son, dit-il, la musique manque de respiration, de couleur). On y apprend bien d’autres choses encore qui contribuent à l’écoute compréhensive de ce disque. Par exemple, la rencontre avec Mauricio Kagel et le fait que depuis lors J.M. Fabiano ne veut plus différencier une musique d’hier et une musique d’aujourd’hui, d’où la Chaconne de Bach et Mots croisés de Georges Bœuf, ni un accordéon « populaire » et un accordéon « noble ». J’ai beaucoup de sympathie pour l’idée qu’il exprime à la fin, que l’accordéon est en perpétuelle évolution, que ce soit au plan du répertoire, de l’interprétation, de l’instrument ou de son enseignement et qu’il essaie modestement d’apporter sa contribution personnelle à celle-ci. Cette dialectique entre le répertoire des oeuvres, l’interprétation qui donne vie aux compositions, la qualité technique de l’instrument et l’enseignement qui met tout cela en relation, cette dialectique donc me parait bien rendre compte de la complexité du type de travail sous-jacent au travail et aux créations artistiques. J’aime bien en particulier le lien étroit, que fait Fabiano, entre son rôle d’interprète et celui d’enseignant. Comme un Janus artiste et pédagogue, les deux faces d’un médiateur.
- « Vague à lames », Jean-Marc Fabiano, enregistrement réalisé du 17 au 21 février 2003 à l’Eglise de Bon Secours, Paris Xe, Partenariat Zig-Zag Territoires et Mécénat musical Société Générale, Harmonia Mundi distribution. Peintures originales d’Anne Peultier.
Notons, mais on s’en serait douté, que la maison Ballone Burini est sise Via Camerano à Castelfidardo…
Curieusement, aujourd’hui, je suis entré dans l’univers de Fabiano sans aucune difficulté. J’ai même eu l’impression d’y percevoir des nuances qui m’avaient échappé jusqu’alors.
Le programme de ce disque, qui dure plus de 72 minutes, vaut la peine d’être rappelé. Il donne en effet une idée juste de l’univers qu’il propose :
- Boîte à rythmes (1999), Franck Angelis ; 4 :35
- Partita (1968), Wladislaw Zolotarjew ; 17 :37
- Mots croisés (2003), Georges Bœuf ; 8 :27
- Ave Maria (2003), d’après Tanti anni prima d’Astor Piazzolla, arrangé par J.P. Moreau ; 5 :35
- Sequenza XIII (1995), Luciano Berio ; 15 :4à
- La liberté commence là où s’arrête…, J.P. Moreau ; 3 :32
- Le vilain petit canard (1981), Daniel Goyone ; 4 :01
- Ciaccona extrait de la Partita n°2 pour violon de J.S. Bach, transcrite par F. Busoni ; 17 :00
On voit bien qu’il s’agit d’un disque que je qualifierais de disque d’ouverture : de Zolotarjew à Bach, de Berio à Piazzolla, de G. Bœuf à D. Goyone. On note aussi la présence de J.P. Moreau comme compositeur et comme arrangeur. Le livret, fort bien fait, révèle d’ailleurs l'entente existant entre lui et J.M. Fabiano. Ce livret a en effet la forme d’une interview de Fabiano par Moreau, qui est très éclairante pour la compréhension du disque. Entre autres choses, on y apprend le parcours dans l’univers des concours de J.M. Fabiano et la souffrance associée finalement à celui-ci (accordéon, ton univers impitoyable !) ; on y apprend ses doutes et sa passion pour la mer (d’où le titre avec ses doubles sens : vague, lames, l’âme) ; on y apprend son parcours de formation et les influences qui ont participé à sa formation professionnelle et personnelle ; on y apprend son travail de recherche sur son instrument en collaboration avec la famille de facteurs d’accordéons, Ballone Burini ; on y apprend aussi l’importance qu’il accorde à sa posture (« je ne prends qu’un seul appui, un seul axe décentré sur la jambe gauche et le soufflet se déploie en éventail autour de cet axe ») et celle qu’il donne au soufflet (l’accordéon comme instrument à claviers et instrument à vent : si l’on se contente d’utiliser le soufflet pour produire mécaniquement le son, dit-il, la musique manque de respiration, de couleur). On y apprend bien d’autres choses encore qui contribuent à l’écoute compréhensive de ce disque. Par exemple, la rencontre avec Mauricio Kagel et le fait que depuis lors J.M. Fabiano ne veut plus différencier une musique d’hier et une musique d’aujourd’hui, d’où la Chaconne de Bach et Mots croisés de Georges Bœuf, ni un accordéon « populaire » et un accordéon « noble ». J’ai beaucoup de sympathie pour l’idée qu’il exprime à la fin, que l’accordéon est en perpétuelle évolution, que ce soit au plan du répertoire, de l’interprétation, de l’instrument ou de son enseignement et qu’il essaie modestement d’apporter sa contribution personnelle à celle-ci. Cette dialectique entre le répertoire des oeuvres, l’interprétation qui donne vie aux compositions, la qualité technique de l’instrument et l’enseignement qui met tout cela en relation, cette dialectique donc me parait bien rendre compte de la complexité du type de travail sous-jacent au travail et aux créations artistiques. J’aime bien en particulier le lien étroit, que fait Fabiano, entre son rôle d’interprète et celui d’enseignant. Comme un Janus artiste et pédagogue, les deux faces d’un médiateur.
- « Vague à lames », Jean-Marc Fabiano, enregistrement réalisé du 17 au 21 février 2003 à l’Eglise de Bon Secours, Paris Xe, Partenariat Zig-Zag Territoires et Mécénat musical Société Générale, Harmonia Mundi distribution. Peintures originales d’Anne Peultier.
Notons, mais on s’en serait douté, que la maison Ballone Burini est sise Via Camerano à Castelfidardo…
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