jeudi, novembre 23, 2006

jeudi 23 novembre - impressions

Je suis tellement immergé dans l’écoute de « 7x7 » et dans les émotions de la découverte de ce qui, au sens propre, est manifestement une œuvre, que je n’ai guère de recul par rapport à celles-ci. De toute façon, je n’ai aucune intention ni critique, ni analytique. Et cela pour deux raisons au moins : la première, que la distance critique ne m’intéresse pas, la seconde, que mon inculture musicale m’interdit toute velléité de traduire mes sentiments ou jugements immédiats en mots et en discours.

C’est pourquoi je préfère d’une part m’en tenir à l’expression aussi juste que possible de ce que je ressens et d’autre part essayer de fixer quelques correspondances qui me viennent spontanément à l’esprit :

- « 7x7 » est évidemment par définition une œuvre musicale, mais c’est aussi un objet esthétique total : musique, photographies, texte, typographie, etc… De ce point de vue, je regarde les deux partitions de couvertures du livret comme de l’écriture musicale, comme du dessin et comme du texte. On croirait voir un dessin de P. Klee.
- « 7x7 » est une œuvre à méditer et par conséquent à mériter. La profondeur et l’humour y cohabitent.
- j’ai relevé avec satisfaction, dans le livret, que « pour se sentir tout à fait entier et sans manque, il faut… un bon bistro à proximité". Ce n’est pas moi, avec mon « bistrot des accordéons » qui vais dire le contraire. Cet accord me ravit…
- « 7x7 ». Ce titre même évoque pour moi les travaux de l’OuLipo et, de manière générale toutes les créations et tous les créateurs qui se donnent des contraintes formelles fortes pour mettre à l’épreuve leur créativité
- c’est la première fois que je fais l’expérience d’un plaisir pur à l’écoute de musique contemporaine. Pour reprendre la distinction de R. Barthes, j’ai toujours pris contact avec les œuvres contemporaines par le studium (l’intérêt intellectuel ou cognitif). Ici, le punctum (l’émotion qui touche d’un coup, qui frappe instantanément) a fonctionné d’emblée. J’ai pu passer avec le temps du studium au punctum en écoutant Contet, Küstner, Farmer, Anzellotti… Avec Jean Pacalet, le punctum était présent dès les premières mesures. Pour être tout à fait exact, seul peut-être Guy Klucevsek, en quelques occasions, m’avait donné une telle sensation.
- le verso de couverture porte cette mention [49 miniatures pour accordéon]. Pour ma part, je pense non à des morceaux mais à des pièces… d’un puzzle.
- quant aux équivalences, j’ai pensé à Queneau et à ses « Exercices de style », à Pérec et à « La vie mode d’emploi, romans » (j’ai vérifié, c’est bien romans, au pluriel), à Desnos de « Chantefleurs, Chantefables », à des sonnets de Baudelaire, à des sonnets de Mallarmé ou encore de Verlaine ; j’ai pensé aussi à Klee, à Soulages, à Fautrier, à Tobey, en particulier pour leurs œuvres lithographiques ; j’ai pensé aux planches-contact de photographes comme Cartier-Bresson, Duane Michals, William Klein ou Sophie Calle. A plusieurs reprises, à l’écoute de ces « miniatures », l’évocation de Satie m’est venue à l’esprit.

Je voulais garder traces de tout cet afflux de sensations. Je ne voulais pas classer, trier, ordonner, organiser : je ne voulais pas tomber dans un discours. C’est fait : brut de décoffrage. Je n’ai pas fini d’y revenir…