dimanche, janvier 28, 2007

mardi 30 janvier

Il y a quelques jours, en allant acheter une clé USB à la Fnac, mon attention a été attirée par un disque de la collection « Jazz in Paris » (Gitanes Jazz Productions) :

- « Gus Viseur, De Clichy à Broadway »

C’est une compilation de 2002, que j’avais eu l’occasion d’emprunter à la médiathèque de Toulouse. C’est un disque plein de charme. A l’intérieur, on voit Gus Viseur avec son Fratelli Crosio. Je suis fasciné par sa main droite, par la puissance de son poignet et par la position de ses doigts dominateurs. Ce sont de véritables instruments de percussion. Autre image touchante : en couverture, une place autour de laquelle tournent des bus et des voitures que je situe plutôt dans l’entre-deux guerres. Les titres sont tirés de deux LP Barclay enregistrés respectivement en mai 1955 et juin 1962 à Paris. Les titres 01 à 12 sont référencés avec G. Viseur, à l’accordéon, et son orchestre, en particulier Boulou Ferré à la guitare et Roger Paraboschi à la batterie. Les titres 13 à 16 portent la mention : Gus Viseur, accordéon, personnel inconnu. Cette indication est à elle seule pleine du charme d’une autre époque.

J’aime bien aussi cette citation de Jo Privat : « Au Petit Jardin, arriva un soir un grand escogriffe en costume clair, sur le crane un Mossant gris, aux pieds des chaussures deux tons comme en portaient les Siciliens. Il avait de longues et fines mains : Gustave Viseur, dit Tatave dans le milieu des musiciens… La valse musette se teintait sous son doigté d’une tonalité particulière avec ce rien de swing en plus, assez pour ajouter à la valse en mineur une autre respiration. Une autre couleur ».

Autre témoignage de Louis Vola : « Un jour, à ses débuts, il (Django Reinhardt) rencontra par hasard l’accordéoniste Gus Viseur, très célèbre à l’époque. Tous deux s’enfermèrent une nuit entière dans la cave de celui-ci, barricadèrent toutes les ouvertures pour n pas être dérangés par les bruits extérieurs et jouèrent jusqu’à l’aube ».

Evidemment, après avoir lu ce portrait et ce témoignage, on n’écoute pas sans quelque émotion « Le bal du petit jardin », « Jeannette », « Ballade rabouine », « Nuages », « Lorsque Django jouait », « Swing Valse », « Flambée montalbanaise », « Geneviève », etc…

Le disque se termine par quatre titres consacrés à Paris et cela aussi est émouvant : « Paris je t’aime », « Ménilmontant », « Quel temps fait-il à Paris ? » et « Revoir Paris ». Je ne peux m’empêcher de penser que la musique de Gus Viseur, malgré « 46e avenue », est ancrée dans un territoire, qui lui donne sa force et son style. C’est une musique sédentaire. A l’inverse, je qualifierais volontiers celle de Richard Galliano de musique nomade, qui trouve son énergie et son inspiration dans le voyage, avec son corollaire, le mélange.

Je repense à ce propos de Galliano : « … pour swinguer et avoir de la dynamique, il ne faut pas que l’accordéon dépasse les dix ou onze kilos. Surtout lorsque l’on joue debout. Essayez donc de swinguer en tenant à bout de bras un buffet de cuisine avec la vaisselle à l’intérieur… ». Cette image m’amuse car chaque fois que je vois une photographie de Gus Viseur avec son accordéon je ne peux m’empêcher de penser qu’il swinguait en tenant à bout de bras un buffet avec la vaisselle à l’intérieur…

1 Comments:

Blogger Marcel Cuivre said...

oui je sens le swing dans l'accordéon de Gus Viseur bien que je ne sois ni un spécialiste de jazz, ni d'accordéon. A faire entendre aux néophites du genre.

5:20 PM  

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