vendredi 26 janvier - addenda 2
Avant d’aller au concert, nous avons fait un tour à pieds vers le canal Saint-Martin, à deux pas de notre hôtel. Depuis la passerelle piétonne, j’ai fait une photographie de « l’hôtel du Nord ». En se tournant de l’autre côté, on pouvait voir l’eau froide et noire entre les deux quais du canal, et sur les deux rives les tentes rouges et bleues des « Enfants de Don Quichotte ». Je n’ai pas fait de photographie. Cela me paraissait d’autant plus impossible que cette longue théorie d’abris précaires n’est pas dépourvue d’une certaine beauté esthétique. Il ne s’agissait pas de détourner les yeux ; il ne s’agissait pas non plus de réduire à un spectacle la déréliction de nos semblables. Pas de trace donc du canal Saint-Martin.
En revanche, j’ai photographié la table où nous avons dîné dans une brasserie, face à la gare de l’Est. Choucroutes à tous les étages. Des valises de voyageurs partout. Je ne sais pourquoi, mais cet entassement de bagages me fait penser, pendant out le repas, qu’un attentat ferait de gros dégâts. Cette idée me vient de l’observation de la présence policière, qu’on ne peut pas ne pas remarquer avec sa double composante rassurante et inquiétante. Je ne compte pas le nombre de fois où nous avons été priés d’ouvrir nos sacs pour divers contrôles. Je ne compte pas le nombre de cars de police que nous avons vu stationner…
Nous sommes allés visiter le musée du Quai Branly, qui devait s’appeler musée des Arts Premiers. Une richesse inouïe. Nous n’avons l’attention ni ethnologique, ni informative. Nous faisons trois fois le tour des objets exposés pour le plaisir des yeux. Nous passons du temps devant les tapis du Maroc. Nous en reconnaissons l’origine avec émotion. Nous avons vécu en effet quelques années à Marrakech, d’où nous avons ramené plusieurs tapis achetés dans les souks ou dans des bourgades, comme Béni-Mellal, Erfoud, Zagora, Azrou, Asni, etc… Leurs couleurs se fanent avec le temps et nos passages quotidiens. Ils auront accompagné une grande partie de notre vie. Mais il est interdit de faire des photographies dans ce musée. Pour garder trace de notre visite, je m’en tiendrai donc à une image inspirée par Marcel Duchamp et dont on pourrait dire à l’instar de Magritte : « Ceci n’est pas des vécés ! »
Françoise voulait voir la verrière du Grand Palais. Nous avons profité d’une nocturne jusqu’à vingt-deux heures pour aller voir ce chef-d’œuvre de l’art des ingénieurs du XIXe. Il y avait une exposition, fort bien documentée et présentée, sur les trésors de l’Egypte engloutie, résultats de recherches sous-marines dans le delta du Nil. Ici aussi, interdiction de photographier. Profitant d’un détour par les toilettes, j’ai donc pris une photographie, autorisée je pense, de l’arrière de l’exposition. Je trouve la construction des échafaudages d’une belle géométrie. Le formalisme de la structure et l’éclat de la lumière blanche me font penser à Mondrian ou à quelques peintures de formalistes russes.
Pendant que j’écris ces lignes, nous écoutons « Luz Negra », avec un plaisir toujours recommencé. D’écoute en écoute, « Chat pitre » me fait penser avec évidence à l’écriture de Satie. Quand je repense à l’émotion de Richard Galliano annonçant la « Gnossienne n°3 », je me dis que le rapprochement n’est peut-être pas fortuit, ni sans fondement.
En revanche, j’ai photographié la table où nous avons dîné dans une brasserie, face à la gare de l’Est. Choucroutes à tous les étages. Des valises de voyageurs partout. Je ne sais pourquoi, mais cet entassement de bagages me fait penser, pendant out le repas, qu’un attentat ferait de gros dégâts. Cette idée me vient de l’observation de la présence policière, qu’on ne peut pas ne pas remarquer avec sa double composante rassurante et inquiétante. Je ne compte pas le nombre de fois où nous avons été priés d’ouvrir nos sacs pour divers contrôles. Je ne compte pas le nombre de cars de police que nous avons vu stationner…
Nous sommes allés visiter le musée du Quai Branly, qui devait s’appeler musée des Arts Premiers. Une richesse inouïe. Nous n’avons l’attention ni ethnologique, ni informative. Nous faisons trois fois le tour des objets exposés pour le plaisir des yeux. Nous passons du temps devant les tapis du Maroc. Nous en reconnaissons l’origine avec émotion. Nous avons vécu en effet quelques années à Marrakech, d’où nous avons ramené plusieurs tapis achetés dans les souks ou dans des bourgades, comme Béni-Mellal, Erfoud, Zagora, Azrou, Asni, etc… Leurs couleurs se fanent avec le temps et nos passages quotidiens. Ils auront accompagné une grande partie de notre vie. Mais il est interdit de faire des photographies dans ce musée. Pour garder trace de notre visite, je m’en tiendrai donc à une image inspirée par Marcel Duchamp et dont on pourrait dire à l’instar de Magritte : « Ceci n’est pas des vécés ! »
Françoise voulait voir la verrière du Grand Palais. Nous avons profité d’une nocturne jusqu’à vingt-deux heures pour aller voir ce chef-d’œuvre de l’art des ingénieurs du XIXe. Il y avait une exposition, fort bien documentée et présentée, sur les trésors de l’Egypte engloutie, résultats de recherches sous-marines dans le delta du Nil. Ici aussi, interdiction de photographier. Profitant d’un détour par les toilettes, j’ai donc pris une photographie, autorisée je pense, de l’arrière de l’exposition. Je trouve la construction des échafaudages d’une belle géométrie. Le formalisme de la structure et l’éclat de la lumière blanche me font penser à Mondrian ou à quelques peintures de formalistes russes.
Pendant que j’écris ces lignes, nous écoutons « Luz Negra », avec un plaisir toujours recommencé. D’écoute en écoute, « Chat pitre » me fait penser avec évidence à l’écriture de Satie. Quand je repense à l’émotion de Richard Galliano annonçant la « Gnossienne n°3 », je me dis que le rapprochement n’est peut-être pas fortuit, ni sans fondement.
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