vendredi 19 janvier
… les premiers crocus émergent entre les troncs des bouleaux. Il fait 18° dans les rues de Pau en début d’après-midi et les feuilles tourbillonnent sur les trottoirs, emportées par une sorte de vent du sud, sec et chaud. Je continue mes recherches à la bibliothèque municipale. Il s’agit toujours d’examiner quelles sont les définitions du mot « accordéon » que l’on trouve dans les dictionnaires usuels. J’ai pris quelques notes. Elles sont forcément incomplètes étant donné que les usuels ne sont disponibles que dans leurs dernières éditions. Je découvre d’une part que les achats ne sont pas toujours actualisés, d’autre part que les éditions anciennes sont parfois passées au pilon. Je ne tirerai donc aucune conclusion de mes notes ; tout au plus quelques enseignements et quelques réflexions sur la place faite à l’accordéon dans ces ouvrages d’usage courant. Chemin faisant, j’ajouterai des notes prises dans des corpus de référence, car ils donnent souvent le ton aux ouvrages courants qui s’en inspirent et parfois même s’en tiennent à une copie pure et simple.
Le « Petit Larousse en couleurs » de 1990 (on voit bien qu’il ne s’agit pas de l’édition la plus récente) présente les données suivantes :
- accordéon, 4 lignes ; accordéoniste, 1
- piano, 9 + photographie + schéma légendé ; pianiste, 2. On y trouve aussi piano-bar et piano-forte
- violon, 21 + schéma légendé ; violoniste, 1 ; violoneux, 1
- viole, 9 + reproduction peinture ; violiste, 1
- bandonéon, 3 ; bandonéoniste, absent
- clarinette, 3 + schéma légendé ; clarinettiste, 1
- saxophone, 7 + schéma légendé ; saxophoniste, 1
- guitare, 5 + schéma légendé ; guitariste, 1
- banjo, 3 + photographie ; banjoïste, 1
On ne peut pas dire que l’accordéon soit bien traité, en particulier si l’on considère l’absence de photographie ou de schéma légendé pour l’illustrer.
Le « Petit Larousse illustré », édition 2007, 1918 pages apporte quelques modifications et, dirais-je, améliorations :
- accordéon, 4 lignes + photographie légendée
- piano, 17 + schéma + photo
- violon, 17 + schéma légendé, suivi de violoncelle, 5 + schéma légendé
- saxophone, 6 + schéma légendé
- banjo 3 + schéma légendé.
A noter que « banjo » est sur la même page que « bandonéon » où l’on peut lire ceci : « du nom de H. Band, qui l’a diffusé. Petit accordéon possédant un soufflet de section carrée utilisé notamment dans les orchestre de tango ».
A noter aussi que dans aucun dictionnaire les définitions des notions de « chromatique » et « diatonique » ne sont référées à l’accordéon.
Le dictionnaire « Hachette » de 2007 apporte un élément nouveau : l’accordéon est défini en trois lignes comme un « instrument de musique portatif à soufflet et à anches métalliques, muni de touches » et l’article renvoie à une planche « musique » où, à côté d’autres instruments, figure en petit, en bas, à droite un Piermaria rouge à boutons.
Le « Dictionnaire historique de la langue française – Le Robert », édition 2006, confirme l’introduction du mot « accordéon » en français dans les « Mémoires d’Outre-Tombe », vers 1835. il précise : «Le mot désigne… un instrument de musique à anches métalliques, à boutons ou à clavier, et à soufflet, devenu très populaire dans quelques cultures. En France, il est au centre de la musique de danse et notamment du « musette » surtout dans la première moitié du XXe siècle ». Bon, mais qu’en est-il de la seconde moitié de ce siècle : il a disparu ou tout au contraire il s’est répandu dans d’autres domaines ? Il serait intéressant de le savoir.
A propos du « bandonéon », le même ouvrage précise que son origine vient du nom de son inventeur, H. Band, que la terminaison « eon » a été faite sur le modèle du mot « orphéon » et, plus bizarre, que le groupe « on » est sans doute une simple syllabe de renforcement. Sans cette complication, peut-être simplement euphonique, on pourrait avoir affaire au « bandéon » ? Pourquoi faire simple, puisqu’on pouvait faire compliqué ?
Dans ce dictionnaire, on trouve :
- accordéon, 13 lignes
- piano, 50
- bandonéon, 10
- banjo, 15
- violon, 16, avec ce commentaire étonnant : « les contextes usuels vont de la musique noble (« classique » et jazz) à la danse et à la musique rurale ». On imagine en souriant un commentaire du même type pour l’accordéon…
Dans « Le Robert, dictionnaire de la langue française », 1985, on trouve ces trois exemples :
- « jouer de l’accordéon dans un bal musette »
- « la musique populaire russe fait grand usage de l’accordéon »
- « musique d’accordéon. On entendait un accordéon lointain, plaintif »
Pourquoi ne pas imaginer des exemples « alternatifs » ? Par exemple :
- « jouer de l’accordéon en improvisant sur un standard de jazz »
- « les accordéonistes russes de concert sont très réputés »
- « musique d’accordéon. On entendait un accordéon puissant et festif »
Ces phrases ne me semblent pas moins pertinentes que les exemples donnés.
Quand on pousse l’investigation, on trouve dans l’ouvrage de référence, « Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue du XIXe siècle et XXe siècle », édition de 1971 (impossible d’avoir plus récent !) des informations bien intéressantes :
- accordéon, instrument de musique, populaire, portatif, dont le son est produit par l’action simultanée d’un soufflet et d’un clavier sur des anches métalliques.
- première occurrence en français : Chateaubriand, « Mémoires d’Outre-Tombe », tome 4, 4e partie, 1, 9, 481. Entre 1833 et 1848. « Le maître de poste de Schlan venait d’inventer l’accordéon ».
- article « remarques » : dans la littérature noble l’instrument ne passe pas pour particulièrement musical, comme en témoignent des syntagmes fréquents à connotation péjorative : accordéon geignard, vulgaire, grêle musique d’accordéon, etc… et les exemples du dictionnaire de l’académie de 1878, maintenus en tome 1 de l’édition de 1932 : le son de l’accordéon a peu de volume. Les accordéons sont plutôt des jouets que des instruments de musique. Syntagmes plus récents : accordéon plaintif, touchant… et, dans « Larousse encyclopédie » : L’accordéon s’améliora et, grâce à des virtuoses, acquit le droit de compter dans l’art musical ».
Rien n’est perdu donc, puisque l’on termine sur une note de reconnaissance de l’accordéon comme un instrument qui compte dans l’art musical. Reste qu’un travail de dépoussiérage s’impose et que des « syntagmes » nouveaux pourraient remplacer les anciens et donner ainsi à l’accordéon sa juste place dans le monde musical… et dans le monde tout court.
Le « Petit Larousse en couleurs » de 1990 (on voit bien qu’il ne s’agit pas de l’édition la plus récente) présente les données suivantes :
- accordéon, 4 lignes ; accordéoniste, 1
- piano, 9 + photographie + schéma légendé ; pianiste, 2. On y trouve aussi piano-bar et piano-forte
- violon, 21 + schéma légendé ; violoniste, 1 ; violoneux, 1
- viole, 9 + reproduction peinture ; violiste, 1
- bandonéon, 3 ; bandonéoniste, absent
- clarinette, 3 + schéma légendé ; clarinettiste, 1
- saxophone, 7 + schéma légendé ; saxophoniste, 1
- guitare, 5 + schéma légendé ; guitariste, 1
- banjo, 3 + photographie ; banjoïste, 1
On ne peut pas dire que l’accordéon soit bien traité, en particulier si l’on considère l’absence de photographie ou de schéma légendé pour l’illustrer.
Le « Petit Larousse illustré », édition 2007, 1918 pages apporte quelques modifications et, dirais-je, améliorations :
- accordéon, 4 lignes + photographie légendée
- piano, 17 + schéma + photo
- violon, 17 + schéma légendé, suivi de violoncelle, 5 + schéma légendé
- saxophone, 6 + schéma légendé
- banjo 3 + schéma légendé.
A noter que « banjo » est sur la même page que « bandonéon » où l’on peut lire ceci : « du nom de H. Band, qui l’a diffusé. Petit accordéon possédant un soufflet de section carrée utilisé notamment dans les orchestre de tango ».
A noter aussi que dans aucun dictionnaire les définitions des notions de « chromatique » et « diatonique » ne sont référées à l’accordéon.
Le dictionnaire « Hachette » de 2007 apporte un élément nouveau : l’accordéon est défini en trois lignes comme un « instrument de musique portatif à soufflet et à anches métalliques, muni de touches » et l’article renvoie à une planche « musique » où, à côté d’autres instruments, figure en petit, en bas, à droite un Piermaria rouge à boutons.
Le « Dictionnaire historique de la langue française – Le Robert », édition 2006, confirme l’introduction du mot « accordéon » en français dans les « Mémoires d’Outre-Tombe », vers 1835. il précise : «Le mot désigne… un instrument de musique à anches métalliques, à boutons ou à clavier, et à soufflet, devenu très populaire dans quelques cultures. En France, il est au centre de la musique de danse et notamment du « musette » surtout dans la première moitié du XXe siècle ». Bon, mais qu’en est-il de la seconde moitié de ce siècle : il a disparu ou tout au contraire il s’est répandu dans d’autres domaines ? Il serait intéressant de le savoir.
A propos du « bandonéon », le même ouvrage précise que son origine vient du nom de son inventeur, H. Band, que la terminaison « eon » a été faite sur le modèle du mot « orphéon » et, plus bizarre, que le groupe « on » est sans doute une simple syllabe de renforcement. Sans cette complication, peut-être simplement euphonique, on pourrait avoir affaire au « bandéon » ? Pourquoi faire simple, puisqu’on pouvait faire compliqué ?
Dans ce dictionnaire, on trouve :
- accordéon, 13 lignes
- piano, 50
- bandonéon, 10
- banjo, 15
- violon, 16, avec ce commentaire étonnant : « les contextes usuels vont de la musique noble (« classique » et jazz) à la danse et à la musique rurale ». On imagine en souriant un commentaire du même type pour l’accordéon…
Dans « Le Robert, dictionnaire de la langue française », 1985, on trouve ces trois exemples :
- « jouer de l’accordéon dans un bal musette »
- « la musique populaire russe fait grand usage de l’accordéon »
- « musique d’accordéon. On entendait un accordéon lointain, plaintif »
Pourquoi ne pas imaginer des exemples « alternatifs » ? Par exemple :
- « jouer de l’accordéon en improvisant sur un standard de jazz »
- « les accordéonistes russes de concert sont très réputés »
- « musique d’accordéon. On entendait un accordéon puissant et festif »
Ces phrases ne me semblent pas moins pertinentes que les exemples donnés.
Quand on pousse l’investigation, on trouve dans l’ouvrage de référence, « Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue du XIXe siècle et XXe siècle », édition de 1971 (impossible d’avoir plus récent !) des informations bien intéressantes :
- accordéon, instrument de musique, populaire, portatif, dont le son est produit par l’action simultanée d’un soufflet et d’un clavier sur des anches métalliques.
- première occurrence en français : Chateaubriand, « Mémoires d’Outre-Tombe », tome 4, 4e partie, 1, 9, 481. Entre 1833 et 1848. « Le maître de poste de Schlan venait d’inventer l’accordéon ».
- article « remarques » : dans la littérature noble l’instrument ne passe pas pour particulièrement musical, comme en témoignent des syntagmes fréquents à connotation péjorative : accordéon geignard, vulgaire, grêle musique d’accordéon, etc… et les exemples du dictionnaire de l’académie de 1878, maintenus en tome 1 de l’édition de 1932 : le son de l’accordéon a peu de volume. Les accordéons sont plutôt des jouets que des instruments de musique. Syntagmes plus récents : accordéon plaintif, touchant… et, dans « Larousse encyclopédie » : L’accordéon s’améliora et, grâce à des virtuoses, acquit le droit de compter dans l’art musical ».
Rien n’est perdu donc, puisque l’on termine sur une note de reconnaissance de l’accordéon comme un instrument qui compte dans l’art musical. Reste qu’un travail de dépoussiérage s’impose et que des « syntagmes » nouveaux pourraient remplacer les anciens et donner ainsi à l’accordéon sa juste place dans le monde musical… et dans le monde tout court.
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