jeudi 11 janvier
Hier, en fin d’après-midi, pour ne pas être démuni, je suis allé acheter un paquet de 500 feuilles de papier à l’hypermarché. C’est le seul achat que j’avais à faire. Quand je suis arrivé sur le parking, il y avait des voitures garées partout et des mouvements de caddies surchargés dans tous les sens. A l’intérieur, c’était pire. Parfois, je me demande dans quel monde je vis. J’avais juste oublié que c’était le premier jour des soldes. Après avoir réglé par carte bancaire le prix de mon paquet de feuilles pour imprimante, je ne pouvais me résoudre à partir sans faire un détour par l’espace culturel… histoire de voir s’il n’y aurait pas quelque chose d’intéressant. D’entrée, ce ne sont que bacs immenses de disques improbables et personnes affairées à la recherche de la perle rare. Un beau désordre.
En furetant du côté du rayon de jazz, rien ; du côté des musiques traditionnelles, rien ; du côté du tango, deux disques retiennent mon intérêt : le disque de la musique de « Sur » et un disque, « Astor Piazzolla, Vuelvo al Sur », qui fait partie d’une collection éditée par Milan, « Edicion Piazzolla ». On y trouve entre autres « Otono Porteno », « Libertango », « Muerte del Angel », « Adios Nonino », etc…
La collection est de facture soignée, même si les informations qui accompagnent les cds sont succinctes. « Vuelvo al Sur » m’intéresse, car on y trouve un florilège d’œuvres majeures de Piazzolla : Adios Nonino, Mumuki, Libertango, Verano Porteno, etc… et surtout différentes formations, elles-mêmes magistrales : le quintette avec guitare acoustique, le quintette avec guitare électrique et le sextette. Celui-ci comporte deux bandonéons, soit Daniel Binelli, soit Julio Pane. Tous les enregistrements ont été réalisés en direct, sauf l’extrait de la bande originale de « Sur », à Buenos Aires, à Mar del Plata, à Lugano, à Lausanne. Les dates vont de 1973 à 1989, suivant un ordre non chronologique dont le principe m’échappe un peu. C’est en cela que le livret, réduit à trois pages, me parait un peut court. La présentation parle de florilège. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les choix qui ont présidé à sa construction. Ceci, comme aurait dit Roland Barthes, pour la dimension « studium ».
Quant à la dimension « punctum », elle est bien présente dès les premières mesures. Mais j’observe à quel point mon écoute est orientée par les propos de Piazzolla, tirés d’une interview sur France Inter, que j’avais entendus sur le cd2 de l’album « Astor Piazzolla, L’amour du tango, l’album d’une vie ». Il y disait à quel point son intérêt presqu’exclusif le portait vers la composition symphonique. Même si les orchestrations varient en fonction des formations, mon attention se focalise naturellement sur la dimension « écriture » des pièces que j’écoute. D’une certaine façon, la perception de la rigueur et de la précision l’emporte sur toute autre perception. Je pense au travail d’organisation de Juan-José Mosalini avec son grand orchestre. Mais en même temps, au fur et à mesure des écoutes, un autre sentiment émerge, à savoir celui d’une tension extrême, qu’il s’agisse des interventions du violon ou du bandonéon. Comme quelque chose qui est, à chaque instant, sur le point de se rompre. Une sensualité sombre, presque tragique. Musique de ruptures. Je me rends compte que, par une sorte de mimétisme avec l’écriture de Piazzolla, mon écoute elle-même est tendue. Musique non point angoissante, mais que je dirais anxieuse.
En furetant du côté du rayon de jazz, rien ; du côté des musiques traditionnelles, rien ; du côté du tango, deux disques retiennent mon intérêt : le disque de la musique de « Sur » et un disque, « Astor Piazzolla, Vuelvo al Sur », qui fait partie d’une collection éditée par Milan, « Edicion Piazzolla ». On y trouve entre autres « Otono Porteno », « Libertango », « Muerte del Angel », « Adios Nonino », etc…
La collection est de facture soignée, même si les informations qui accompagnent les cds sont succinctes. « Vuelvo al Sur » m’intéresse, car on y trouve un florilège d’œuvres majeures de Piazzolla : Adios Nonino, Mumuki, Libertango, Verano Porteno, etc… et surtout différentes formations, elles-mêmes magistrales : le quintette avec guitare acoustique, le quintette avec guitare électrique et le sextette. Celui-ci comporte deux bandonéons, soit Daniel Binelli, soit Julio Pane. Tous les enregistrements ont été réalisés en direct, sauf l’extrait de la bande originale de « Sur », à Buenos Aires, à Mar del Plata, à Lugano, à Lausanne. Les dates vont de 1973 à 1989, suivant un ordre non chronologique dont le principe m’échappe un peu. C’est en cela que le livret, réduit à trois pages, me parait un peut court. La présentation parle de florilège. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les choix qui ont présidé à sa construction. Ceci, comme aurait dit Roland Barthes, pour la dimension « studium ».
Quant à la dimension « punctum », elle est bien présente dès les premières mesures. Mais j’observe à quel point mon écoute est orientée par les propos de Piazzolla, tirés d’une interview sur France Inter, que j’avais entendus sur le cd2 de l’album « Astor Piazzolla, L’amour du tango, l’album d’une vie ». Il y disait à quel point son intérêt presqu’exclusif le portait vers la composition symphonique. Même si les orchestrations varient en fonction des formations, mon attention se focalise naturellement sur la dimension « écriture » des pièces que j’écoute. D’une certaine façon, la perception de la rigueur et de la précision l’emporte sur toute autre perception. Je pense au travail d’organisation de Juan-José Mosalini avec son grand orchestre. Mais en même temps, au fur et à mesure des écoutes, un autre sentiment émerge, à savoir celui d’une tension extrême, qu’il s’agisse des interventions du violon ou du bandonéon. Comme quelque chose qui est, à chaque instant, sur le point de se rompre. Une sensualité sombre, presque tragique. Musique de ruptures. Je me rends compte que, par une sorte de mimétisme avec l’écriture de Piazzolla, mon écoute elle-même est tendue. Musique non point angoissante, mais que je dirais anxieuse.
1 Comments:
Oui Michel, la musique d'Astor Piazzolla est toujours une "tension" pure, extrême, d'un bout à l'autre de la pièce.
Une dimension qui provient de cette danse, le tango, qui exprime de si passionés sentiments, la passion, tout en étant structuré dans une forme quasi classique.
Ce tango que Piazzola a revisité pour en faire le "New tango", au grand dam de ces contemorains argentins qui à l'époque trouvaient qu'il dénaturait leur tango...
Incontournable musicien.
Cette tension perpétuelle, c'est ce qui fait, pour le musicien, la difficulté lors de l'interprétation de Piazzola. L'une des solutions pour pouvoir réussir à obtenir un résultat qui colle à cette musique, c'est de trouver quelle est la "bonne énergie" qui correspond au résultat attendu. Là alors les pires difficultés de rythmes, de phrasé, d'articulations, vont miraculeusement "passer toutes seules", d'elles-mêmes, s'imposer...
C'est au delà d'une recherche d'un état d'esprit, c'est trouver "quelle forme d'énergie" correspond à cette musique et se mettre dans "cet état d'énergie-là".
Je me dis que c'est un peu comme quand dans la vie on fait un choix et qu'ensuite on décide de l'énergie que l'on doit mettre dans nos actes en fonction de la décision que l'on a prise en amont...
Sylvie
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