lundi, janvier 08, 2007

lundi 8 janvier

… reçu ce matin un courriel fort sympathique de Raymond Brovarone, qui a eu connaissance de ce blog par Jacques Pellarin, qui déjà il y a quelques semaines m’avait permis de prendre contact avec Jean Pacalet. Petit à petit, un réseau se tisse. A l’occasion de ce courriel, je me rends compte que je n’ai jamais fait mention du blog de Raymond Brovarone, que pourtant je consulte souvent avec curiosité et intérêt. Sans doute est-ce parce que spontanément je m’en suis tenu à l’écoute de disques ou à des notes de concerts. Mais justement, je profite de cet échange de courriels pour donner ici l’adresse de ce blog, véritable trésor photographique dédié à l’accordéon. Pas moins de sept albums thématiques pour un total d’au moins huit cents photographies. Parmi ceux-ci, je dois avouer ma fascination naïve pour les timbres postes, qui sont une sorte de reconnaissance institutionnelle de l’accordéon sous toutes ses formes.

http://cyrildemian.spaces.live.com/


… écouté ce matin (toute la matinée) le disque de Michel Macias :

- « Tout et son contraire », 2005, Daqui Gascogne, Harmonia Mundi

Hier, en rangeant « CaïCaïCaï », j’ai pris conscience que je connaissais beaucoup moins bien cet autre disque de Michel Macias. Je ne l’ai pas moins écouté, mais j’en ai un souvenir moins vivace, plus flou, un peu lointain. Mais d’abord, que signifie ce titre : « Tout et son contraire » ? On trouve cette expression dans des phrases comme « on ne peut vouloir tout et son contraire » ou encore « on ne peut pas dire tout et son contraire ». C'est-à-dire qu’il faut choisir au nom de la cohérence logique ou au nom du principe de réalité entre les possibles. On ne peut tout vouloir ; on ne peut se contredire. Choisir, dit on parfois, c’est renoncer. Tenir un discours, c’est construire un chemin logique, non s’égarer dans trente-six… Avec son titre donc, je comprends que Michel Macias veut nous dire qu’il refuse de choisir, qu’il refuse une cohérence ou une unité réductrice. On sent une sorte d’inspiration venue de soixante-huit : soyez réalistes, demandez l’impossible. C’est du moins ainsi que je m’apprête à écouter « Tout et son contraire ».

Et en effet, quand Michel Macias ouvre sa musette, ou quitte le musette, ça part dans toutes les directions, comme un feu d’artifice : valse, tango, cajun, biguine, airs bulgares, mazurka, jazz et parfois rock, sans compter un rondeau, « Rondeau de la fin du monde » et un menuet, « Menuet de l’an 2001 ». Admirables ! Sans oublier des airs traditionnels revisités, comme on dit aujourd’hui. Au détour des différents morceaux, presque tous signés Michel Macias, ce qui donne son unité d’interprétation et d’inspiration à l’ensemble, on croit croiser Raul Barboza ou Bernard Lubat. Musique profondément enracinée dans un terroir ; esprit du jazz gascon.

A plusieurs reprises, on entend la voix de Michel Macias avec son accordéon. Les deux procèdent d’un même souffle et respirent ensemble.

Mais, pour saisir l’origine du plaisir que j’ai pris ce matin à écouter ce disque, comme si je le découvrais, je dois mentionner les conditions particulières de cette écoute. Après le départ des « petits », qui étaient venus passer quelques jours à Pau au moment des fêtes de fin d’année, nous nous sommes retrouvés, Françoise et moi, devant un monceau de draps, taies d’oreillers, housses de couette, nappes, serviettes de table et de toilettes, etc… Toutes ces choses, une fois lavées, s’entassent dans un panier en attendant d’être repassée. Françoise, d’habitude, fait cela à merveille. Mais, en jardinant, elle s’est fait mal au dos. Je me suis donc collé à la tâche. Le linge plat, je sais faire. J’ai donc installé la table de repassage au milieu du séjour, à trois mètres des baffles, avec un niveau sonore élevé… Cette activité un peu mécanique m’a laissé tout loisir d’apprécier les différents morceaux de « Tout et son contraire » et, comme je le notais plus haut, de véritablement les découvrir. Bien sûr, je n’en tire aucune loi sur les rapports entre l’activité de repassage et l’écoute de l’accordéon, mais je constate hic et nunc leur accord et le plaisir qui en découle.