vendredi 5 janvier

… écouté « Sous d’autres jazzitudes » de Jacques Pellarin. Oui, mais, en l’occurrence, "écouter", qu’est-ce que cela veut dire ?

Dans un court texte de présentation, il écrit ceci : « Après un parcours exaltant de dix-huit ans sur les scènes internationales de l’Accordéon de concert (Bayan russe) au sein du « Baïkal Duo », je fus contraint par la vie à mettre un terme à ma carrière de concertiste « classique ». Cette décision déchirante m’a permis de mieux me connaître et m’a révélé d’autres facettes musicales enfouies en moi sans pour autant renier mes premières amours.
Dans cet album, mon propos est de tenter de créer une passerelle entre l’improvisation et les nombreux styles que j’ai pu aborder sur scène.
L’heureuse rencontre avec des musiciens passionnés, toujours prêts à rebondir sur mes idées, m’a fortement réconforté et encouragé à persévérer dans cette nouvelle quête musicale ».

De ces lignes, je retiens quelques termes qui vont orienter mon écoute, dès lors que je les ai lus. En quelque sorte, choisir de lire ces lignes juste avant d’écouter ce disque, c’est comme choisir une focale pour faire des photographies.

Je retiens donc, sans souci d’exhaustivité :

- la tonalité profondément affective, voire émouvante, du propos en forme de confession (parcours exaltant, décision déchirante, premières amours, musiciens passionnés, réconfort et encouragement)
- concertiste classique
- accident de la vie, rupture
- travail de connaissance de soi, l’accident jouant le rôle de révélateur de soi-même et de ses potentialités à découvrir et à explorer
- rupture et continuité : il est question de passerelle entre le jeu d’improvisation et de nombreux styles abordés sur scène, et donc maitrisés. Hier et aujourd ‘hui : être le même et autre. Ce thème résonne comme un défi à retrouver justement l’articulation entre l’improvisation et ces styles. Les titres y aident : Free Tango, Song for Co, A Pesar de las Appariencias, Le swing des Carpates, Milong-Jazz, Tang’Astor, Valse pour François, etc…
- rencontre avec des musiciens qui sont de véritables interlocuteurs : partage et dialogue
- nouvelle quête… la vie continue. Il s’agit bien de quelque chose de vital (la quête n’est pas simple recherche) qui est en jeu dans l’écoute des différents morceaux de ce disque.


Finalement, j’écoute ce disque avec une certaine gravité, car je sens bien que les enjeux ne sont pas anodins. C’est un peu comme si Jacques Pellarin me proposait la partie émergée d’un travail sans doute douloureux mais nécessaire d’introspection. A moi d’imaginer au moins une partie de ce qui est immergé. De tout le texte que je citais, je garderai finalement un terme : rebondir… associé à l’idée de dialogue de l’accordéon avec les autres musiciens. Parcours indissolublement personnel, introspectif, et collectif. Un autre terme, chargé de signification, me vient à l’esprit : accompagnement… avec, en écho, compagnon.