jeudi 4 janvier
… écouté « Douces illusions » d’Ivan Paduart.
- « Douces illusions », Ivan Paduart, Sowarex, 2004.
Tous les titres ont été composés par Ivan Paduart, sauf « Giselle » de Richard Galliano. Les musiciens sont, outre Paduart au piano et Galliano à l’accordéon, Ph. Aerts, contrebasse, B. Castellucci, batterie, G. Lisein, percussions, et l’Ensemble Musique Nouvelle de cordes.
Et toujours la même question : « Qu’est-ce qu’écouter cet album et en particulier l’accordéon de Richard Galliano veut dire ? ».
Dans un paragraphe de commentaires, Ivan Paduart évoque, avec ce disque, la continuation d’un projet de dix ans avec Richard Galliano, projet concrétisé déjà par deux autres disques : « Illusions sensorielles » et « Folies douces ». Les titres donnent une bonne indication sur le registre des sensations mises en jeu ou sur le climat sensoriel. C’est une manière d’orienter explicitement l’écoute. Il s’agit d’illusions, d’erreurs perceptives, de fausses apparences, mais sans aller jusqu’à l’hallucination, de mirages, de visions erronées ; il s’agit de folies au pluriel et douces de surcroit, par opposition à la folie furieuse qui, elle, est inquiétante. On est donc dans un monde un peu incertain, en demi-teinte, un monde d’imperceptibles glissements. On pense à des aquarelles. A noter qu’en trois titres, on trouve deux fois illusions et deux fois douces. Cette insistance ne peut être l’effet du hasard.
Mais Ivan Paduart va plus loin que le commentaire. Il donne un conseil d’écoute : « Pour entrer dans l’univers de Douces illusions, je crois qu’il est indispensable de fermer les yeux et de laisser les images défiler… Invitation au rêve donc ». Pour ma part, je dirais rêverie plutôt que rêve, celui-ci étant plus inconscient et moins contrôlé que celle-là, car il s’agit bien de solliciter l’activité de l’écoutant et pas seulement une attitude passive de simple réception. Fermer les yeux donc pour ne pas être troublé par les perceptions visuelles du monde environnant. Ivan Paduart, lui-même, comme pour montrer ce qu’il veut dire, est photographié les yeux fermés, le visage tendu, tout entier attentif à son monde. Laisser les images défiler. Oui, mais quelles images ? Sûrement pas des images sonores puisque les sons du disque remplissent tout l’espace et toute la durée des sensations sonores. Alors, des images visuelles ? Mais que signifie « laisser défiler des images (visuelles) ? ». Là encore, il ne peut s’agir d’une attitude purement et simplement passive. En fait, c’est un véritable travail créatif qui est demandé comme travail d’écoute. Ce que l’on écoute est le résultat d’une création conjointe entre le compositeur, les interprètes et l’écoutant. C’est dire que la qualité de l’écoute et donc du plaisir que l’on en tire dépend en grande partie de la capacité créatrice de l’écoutant, en l’occurrence de sa capacité à produire des images. Le plaisir de l’écoute dépend donc de l’imagination de l’écoutant.
Pour ma part, au début, en écoutant « Douces illusions », j’ai « vu » Galliano, Paduart et les cordes de Toulouse, un soir de « carte blanche » à Marciac. Mais ces images, heureuses et fortes, ont vite laissé la place à d’autres images issues d’une rêverie semi-contrôlée. Les yeux fermés, sur mon écran imaginaire, défilent des images de côte landaise avec un ciel incertain et un soleil voilé, des images de marche en forêt avec un vent chaud qui s’engouffre dans les chemins entre les pins, des images de déambulation dans les rues presque vides de Toulouse, un soir de jour férié… et tout cela, curieusement, en noir et blanc, jusqu’aux moments où l’accordéon intervenant, les images se colorent et s’animent. Ecouter « Douces illusions », c’est donc, pour moi, « me faire mon cinéma » avec l’impulsion de la musique et de l’accordéon comme catalyseurs d’images visuelles tirées de ma mémoire.
- « Douces illusions », Ivan Paduart, Sowarex, 2004.
Tous les titres ont été composés par Ivan Paduart, sauf « Giselle » de Richard Galliano. Les musiciens sont, outre Paduart au piano et Galliano à l’accordéon, Ph. Aerts, contrebasse, B. Castellucci, batterie, G. Lisein, percussions, et l’Ensemble Musique Nouvelle de cordes.
Et toujours la même question : « Qu’est-ce qu’écouter cet album et en particulier l’accordéon de Richard Galliano veut dire ? ».
Dans un paragraphe de commentaires, Ivan Paduart évoque, avec ce disque, la continuation d’un projet de dix ans avec Richard Galliano, projet concrétisé déjà par deux autres disques : « Illusions sensorielles » et « Folies douces ». Les titres donnent une bonne indication sur le registre des sensations mises en jeu ou sur le climat sensoriel. C’est une manière d’orienter explicitement l’écoute. Il s’agit d’illusions, d’erreurs perceptives, de fausses apparences, mais sans aller jusqu’à l’hallucination, de mirages, de visions erronées ; il s’agit de folies au pluriel et douces de surcroit, par opposition à la folie furieuse qui, elle, est inquiétante. On est donc dans un monde un peu incertain, en demi-teinte, un monde d’imperceptibles glissements. On pense à des aquarelles. A noter qu’en trois titres, on trouve deux fois illusions et deux fois douces. Cette insistance ne peut être l’effet du hasard.
Mais Ivan Paduart va plus loin que le commentaire. Il donne un conseil d’écoute : « Pour entrer dans l’univers de Douces illusions, je crois qu’il est indispensable de fermer les yeux et de laisser les images défiler… Invitation au rêve donc ». Pour ma part, je dirais rêverie plutôt que rêve, celui-ci étant plus inconscient et moins contrôlé que celle-là, car il s’agit bien de solliciter l’activité de l’écoutant et pas seulement une attitude passive de simple réception. Fermer les yeux donc pour ne pas être troublé par les perceptions visuelles du monde environnant. Ivan Paduart, lui-même, comme pour montrer ce qu’il veut dire, est photographié les yeux fermés, le visage tendu, tout entier attentif à son monde. Laisser les images défiler. Oui, mais quelles images ? Sûrement pas des images sonores puisque les sons du disque remplissent tout l’espace et toute la durée des sensations sonores. Alors, des images visuelles ? Mais que signifie « laisser défiler des images (visuelles) ? ». Là encore, il ne peut s’agir d’une attitude purement et simplement passive. En fait, c’est un véritable travail créatif qui est demandé comme travail d’écoute. Ce que l’on écoute est le résultat d’une création conjointe entre le compositeur, les interprètes et l’écoutant. C’est dire que la qualité de l’écoute et donc du plaisir que l’on en tire dépend en grande partie de la capacité créatrice de l’écoutant, en l’occurrence de sa capacité à produire des images. Le plaisir de l’écoute dépend donc de l’imagination de l’écoutant.
Pour ma part, au début, en écoutant « Douces illusions », j’ai « vu » Galliano, Paduart et les cordes de Toulouse, un soir de « carte blanche » à Marciac. Mais ces images, heureuses et fortes, ont vite laissé la place à d’autres images issues d’une rêverie semi-contrôlée. Les yeux fermés, sur mon écran imaginaire, défilent des images de côte landaise avec un ciel incertain et un soleil voilé, des images de marche en forêt avec un vent chaud qui s’engouffre dans les chemins entre les pins, des images de déambulation dans les rues presque vides de Toulouse, un soir de jour férié… et tout cela, curieusement, en noir et blanc, jusqu’aux moments où l’accordéon intervenant, les images se colorent et s’animent. Ecouter « Douces illusions », c’est donc, pour moi, « me faire mon cinéma » avec l’impulsion de la musique et de l’accordéon comme catalyseurs d’images visuelles tirées de ma mémoire.
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