dimanche, janvier 07, 2007

dimanche 7 janvier

… envie d’écouter Jean-Luc Amestoy et Michel Macias. Après avoir écouté Armand Lassagne, ça me semble naturel d’avoir envie de les écouter. Il y a en effet entre eux comme une filiation. Si j’essaie d’identifier à quoi elle tient, il me semble que je trouve d’abord une impression de fluidité qu’exprime bien l’expression « ça coule de source ». Peut-être que Macias est plus citron acide qu’orange sucrée, la parenté est néanmoins patente. Mais cette fluidité ne résume pas à elle seule leur parenté. Prenons par exemple les trois disques suivants :

- « Le tournis » d’Armand Lassagne
- « Le fil » d’Amestoy Trio
- « CaïCaîCaï » de Michel Macias

Dans les trois cas, on trouve des compositions originales et des interprétations de « grands Anciens » :

- Jo Privat, Gus Viseur pour Lassagne
- Louis Ferrari, Jo Privat pour Amestoy
- Tony Murena, Gus Viseur pour Macias

On trouve aussi des influences en forme de clins d’œil, des lectures personnelles qui s’alimentent à différentes sources sans ostracisme : « Cavaquinho » ou « Igor et Natacha » pour Lassagne, « Occitchernia » ou « Karaba » pour Amestoy Trio, « Romska Elegija » ou « Biguine à Coco » pour Macias.

Dans les trois cas, il y a un climat spécifique certes, mais empreint de nostalgie et d’une sorte d’humour discret. Pour Amestoy et Macias, ce climat tient en partie, me semble-t-il, à la présence d’un instrument inhabituel : un tuba ou un quinton.

Amestoy comme Macias sont tous les deux diffusés par « Daqui » (« d’ici » en occitan), le label des Nuits Atypiques de Langon, label de coups de cœurs et de nuits multiculturelles ou transculturelles, je ne sais comment dire. L’un, Macias, apparaît sous « Daqui, Gascogne », l’autre, Amestoy, sous « Daqui Toulouse », mais dans les deux cas on sent bien qu’en étant d’ici, ils sont aussi d’ailleurs. Citoyens du monde, mais pas de nulle part. Citoyens du monde, mais d’un monde qui n’est pas celui du marché international. Monde de coups de cœurs et non de coups de bourse. J’aime bien cette idée qu’en affichant leur ancrage, Daqui, ils affirment en même temps leur appartenance à la communauté de tous ceux qui ont des racines. Communauté, et c’est bien là le paradoxe, qui nous prémunit contre les communautarismes.

Finalement, si j’essaie de savoir ce qu’écouter Amestoy et Macias hic et nunc veut dire, et surtout si j’essaie de comprendre pourquoi, aujourd’hui, je ne saurais les séparer, je crois bien que cela tient au sentiment profond que tous les deux montrent en acte la possibilité d’un monde autre, fraternel et plutôt indépendant des contraintes du marché et de la grande distribution. Les écoutant, je ne peux d’ailleurs m’empêcher de les « voir », tels que je les ai vus, « pour de vrai » en concerts avec leur assurance fragile, leur décontraction apparente, leur professionnalisme inquiet, leur humour et leur complicité avec leurs « collègues », suivant l’expression d’Amestoy. Je revois aussi leurs accordéons : le noir de l'Accordiola de Macias, le soufflet rouge et les touches pianos interminables de celui d'Amestoy. Les écouter, c’est assurément aussi les revoir, avec toutes les particularités de leurs postures… en espérant les revoir bientôt.