mardi, janvier 09, 2007

mardi 9 janvier

Il faut que je note plein de petits bonheurs, comme des petits cailloux blancs jalonnant la journée.

- d’abord, la permanence du beau temps : à 13 heures, sur la terrasse, à l’abri du soleil, je lis 17° sur le thermomètre. En allant chercher notre pain quotidien, j’aperçois à l’horizon les Pyrénées, monumentales, imposantes, dont seuls les plus hauts sommets sont enneigés. On doit faire plus de ballades en VTT que de descentes à skis dans les stations. On en est presque à ranger les pulls d’hiver pour s’habiller avec des vêtements de printemps. Tout ça va bouleverser les soldes !
- ensuite, un échange de courriels avec Sylvie Jamet, dont l’énergie m’épate. Elle a le projet d’intervenir dans la rubrique « accordéon » de Wikipedia, en particulier dans les fiches relatives aux accordéonistes. Elle a pris des contacts avec plusieurs personnes, toutes passionnées par l’accordéon. Je suis évidemment sensible au fait qu’elle me propose de m’associer à ce projet, même si je me sens un peu « léger ». en tout cas, j’essaierai d’apporter ma contribution avec enthousiasme.
- d’autre part, à la suite d’un échange de courriels avec Caroline Philippe, j’apprends que le « Baïkal duo », qu’elle admire beaucoup, a sorti deux disques dont j’ignorais les titres : « Eclectisme » et « Souffle et souffle ». Du coup, je reprends contact avec Jacques Pellarin pour savoir s’ils sont encore disponibles. Par retour du courrier, j’apprends alors qu’il y en a de surcroit un troisième : « Vagabondages ». Voilà ce que j’appelle des petits bonheurs. Petits bonheurs, on le voit bien, qu’il serait criminel de laisser passer sans y faire attention, car ce sont eux qui donnent ses couleurs et sa tonalité à la vie. C’est bien le sens de la morale épicurienne : « Carpe diem ».
- cette commande, que j’attends déjà avec l’impatience d’un enfant, est en outre l’occasion d’un échange personnel et amical avec Jacques Pellarin, et cela, qui pourrait paraître latéral par rapport à mon intérêt pour l’accordéon, est une grande satisfaction, tant il est finalement rare d’avoir de vrais échanges avec les gens, je devrais dire avec des personnes.
- tout cela, tous ces échanges, sont accompagnés par l’écoute de « Genesia ». En fait, une écoute alternée qui me plait beaucoup. Tous les échanges de courriels dont je viens de faire état se réalisent, en écriture comme en lecture, avec « Genesia » comme fond, comme support, comme accompagnement rythmique, si je puis dire et cela, j’en suis convaincu installe une harmonie, un accord, entre leur contenu et leur forme. Mais, à deux reprises, j’ai suspendu toute autre activité pour me consacrer à l’écoute in extenso des titres de « Genesia » et j’ai trouvé la perspective de cette écoute dans un paragraphe de « Sous d’autres jazzitudes » : « Dans cet album, mon propos est de tenter de créer une passerelle entre l’improvisation et les nombreux styles que j’ai pu aborder sur scène ».
- muni de cette « focale », je note immédiatement deux titres que l’on retrouve sur les deux albums : « Free Tango » et « Tang’Astor ». Et puis, au fil de l’écoute, une image me vient à l’esprit, sans doute inspirée par l’allusion de Jacques Pellarin aux nombreux styles qu’il a abordés sur scène : celle d’un tissage où s’entrecroisent des fils (des styles) différents dont le maillage prend forme d’un « objet » singulier et multiple. Parmi ces fils, outre le tango, je note « Genesia » et « Res Nullius », « Délires Tsiganes » et « Obsessions bulgares » de François Castiello, « Les couleurs de la ville 1 et 2 » de Jean Pacalet… Autre impression qui se renforce au fur et à mesure de l‘écoute des différents titres : c’est comme si le duo jouait avec une réserve de puissance et de maîtrise extraordinaires. C’est à cela que j’attribue l’impression de fluidité qui traverse tous les styles.
- du coup, évidemment, après « Genesia » puis « Sous d’autres jazzitudes », j’imagine « Champlong » comme un disque de sérénité, avec des compositions personnelles, comme un disque d’accord profondément personnel et artistique, une sorte de voyage (je ne dirais pas de retour) vers les sources, appuyé sur l’expérience technique et la pratique du concert classique. En tout cas, je suis frappé par ce qu’il y a de rupture et de continuité entre ces deux disques. Je pense à une expression que j’affectionne particulièrement : « La goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Laissons de côté la connotation négative ou catastrophiste de celle-ci ; je retiens cette idée que de petits phénomènes, à peine perceptibles, identiques mais continûment répétés, finissent tout à coup, brutalement et parfois de manière imprévisible, par modifier la structure d’une situation. C’est ainsi qu’entre « Genesia » et « Sous d’autres jazzitudes » j’imagine un grand nombre de petits glissements, à peine sensibles au jour le jour, jusqu’au jour précisément où l’on a affaire à autre chose, à un autre disque, à un autre style. Rupture et continuité. Comme l’enfant devient adolescent, un beau jour !