jeudi, janvier 18, 2007

jeudi 18 janvier




… aller-retour Pau / Hossegor pour régler quelques affaires. Départ de Pau à 8 heures ; température : 3°. Durant le parcours, les Pyrénées, sur notre gauche émergent de la brume au fur et à mesure que le soleil, rouge, monte au-dessus de l’horizon. Quand nous traversons le pont de Lamarquèze sur l’Adour, il éclabousse le rétroviseur comme une orange sanguine.

Entre 13 et 14 heures, après un repas « plat du jour » dans une pizzeria d’Hossegor, nous faisons quelques pas dans le sable humide du bord du lac. Sa surface, à la rencontre du soleil et de l’eau, est comme du métal en fusion. Les ombres s’allongent démesurément et je ne résiste pas au plaisir de photographier la rencontre de ma tête avec une bouée, rouge, de mareyeur. Je trouve ce goût pour mon ombre en forme d’auto-portrait tout à fait puéril et donc je n’ai aucune raison de ne pas y céder. Sur le bord du lac envasé, il fait 18°.

Durant le parcours du retour, les Pyrénées, sur notre droite, se confondent plus ou moins avec le ciel dans une brume indistincte bleue et grise. A la sortie de certains virages, on croirait voir un paysage imaginaire. Il fait 16°.

A l’aller comme au retour, contrairement à notre habitude de ne pas écouter de musique en voiture, nous n’avons pas cessé de « faire tourner » l’album « Vagabondages » du duo Baïkal. Nous l’avons finalement écouté trois fois en totalité. Sur l’autoroute, avec une circulation fluide, à une vitesse régulière de 130, et avec les Pyrénées comme environnement, nous prenons grand plaisir à cette écoute. Quelques mots échangés au début de chaque morceau, quelques mots échangés à la fin… à notre retour à Pau, nous nous rendons compte que nous connaissons par cœur la liste des douze titres et que nous trouvons à chacun des qualités diverses et particulières, qu’il s’agisse de l’introduction avec « Détournement roumain » de Castiello, de la conclusion avec « Eleanor Rigby », des morceaux d’Ennio Morricone ou de Nino Rota, des interprétations de Piazzolla (« Tanguedia », « Oblivion », Libertango » ou « Biyuya ») ou encore des compositions originales de Jacques Pellarin, « Série Noire » et « Vagues à lames ». Sans oublier « Isalou » de Claude Hazan et Tony Colls ou « Pas si simple » de Sébastien Lehuic, compositeurs que nous ne connaissions pas.

En fin de journée, je suis revenu à la bibliothèque municipale pour continuer ma recherche sur la définition du mot « accordéon » dans les dictionnaires usuels. J’ai eu quelques difficultés à faire comprendre mon projet et donc mon objet. C’est ainsi par exemple qu’une bibliothécaire voulait à tout prix me donner un dictionnaire étymologique puisque je cherchais selon elle l’histoire du mot. Une autre m’a apporté un exemplaire du dictionnaire de l’Académie Française antérieur au XIXe pour vérifier que le mot que je cherchais n’y apparaissait pas encore… Bref, j’apprends ainsi beaucoup de choses que je ne cherchais pas à savoir… et je n’arrive pas à savoir ce que je cherchais. Tout de même, j’ai appris, mais c’est à vérifier, que le mot « accordéon » semble avoir été introduit en français par Chateaubriand dans ses « Mémoires d’Outre-Tombe », dans les années 1830. J’aimerais bien retrouver le texte original. Je présume, étant donné les milieux fréquentés par Chateaubriand, qu’il doit s’agir de l’apparition de l’instrument dans des milieux de la « haute société », peut-être dans quelque salon « snob »…

En attendant les ouvrages que l’on m’a ainsi apportés avec beaucoup de gentillesse, j’ai pu consulter quelques usuels, j’ai pris quelques notes, mais je pense les avoir oubliées sur un coin de table. Je ne les retrouve pas. Mais je reviendrai. En attendant, la consultation à la maison du « Petit Robert », un dictionnaire que j’apprécie beaucoup pour son sérieux, me donne quelques indications que je pourrai comparer à celles que proposent d’autres dictionnaires courants. Je m’en tiens aux aspects quantitatifs et à des traits de surface. J’ai comparé les définitions de quatre instruments choisis de manière intuitive au départ : piano, violon, saxophone et accordéon. Je n’ai retenu que le nombre de ligne consacré à leur définition, à l’exclusion des expressions imagées comme « les chaussettes en accordéon », « le chef devant son piano » ou « passer la nuit au violon ». Résultats :

- piano : 22 lignes ; pianiste : 8. Il faut y ajouter piano-bar et piano-forte, qui augmentent le nombre des lignes
- violon : 27 lignes ; violoniste : 3.
- saxophone : 4 lignes ; saxophoniste : 2.
- accordéon : 4 / 5 lignes ; accordéoniste : 2. A noter que la définition du mot renvoie vers bandonéon, signalé comme un mot ayant un grand rapport de sens avec accordéon. C’est en cela que je parle du sérieux de ce dictionnaire, d’autres ne donnant pas ce lien, un autre encore proposant bandonéon comme un synonyme d’accordéon, ce qui est plutôt de nature à introduire de la confusion dans l’esprit de celui qui cherche à s’informer.

Notons enfin que le « Petit Robert » définit le terme « accordéoniste » comme désignant une « personne qui joue de l’accordéon » et l’illustre par l’exemple suivant : « une excellente accordéoniste ». Bel hommage rendu aux femmes. On trouvera de même « une grande violoniste » ou « elle est une très bonne pianiste ». L’hommage à la gent féminine n’était donc pas un hasard, ni un fait isolé. Preuve du sérieux que j’attribue à ce dictionnaire. En revanche, pas de trace du mot « bandonéoniste », ce qui peut laisser penser qu’on a un instrument mais pas de musicien pour en jouer.

Dernier point, qui ne me parait pas anodin. Pour préciser la définition du terme « accordéon », on trouve ceci : « accordéon à clavier, à touches, à boutons. Accordéon chromatique, diatonique. L’accordéon du bal musette ». Ce qui m’intéresse et qui justement me parait d’importance, c’est que l’on puisse lire « l’accordéon du bal musette », ce qui est conforme à une vision commune et fondée de l’instrument, mais que l’on ne trouve pas, par exemple, « l’accordéon de concert », qui aurait ouvert un autre horizon et d’autres pistes d’information. D’autant plus que l’on trouve, sous la rubrique « piano », des expressions présentées comme familières et construites par analogie, à savoir «piano à bretelles » ou « piano du pauvre » qui désignent l’accordéon. On a pu parler de l’accordéon comme d’une sorte d’orgue portatif, pourquoi cela n’apparaît-il nulle part ? La relation accordéon / orgue serait pourtant de nature à changer son image telle qu’elle est véhiculée par un dictionnaire courant à travers une définition qui est lue comme vraie, objective et indubitable, alors qu’elle est incomplète et non exempte de choix idéologique. Et encore, je parle ici d’un bon dictionnaire, exact dans ce qu’il donne… même s’il ne donne pas tous les renseignements utiles.