vendredi, juin 22, 2007

vendredi 22 juin



Dès le lever, ce matin, nous avons remis « Accordion Project » sur le lecteur. Petit déjeuner accompagné par les vingt-deux morceaux du disque. C’est dire qu’une bonne partie de la matinée a été consacrée à cette écoute. Après les orages d’hier soir, le ciel est lavé de frais, les nuages volent haut, le vent est aimable et les oiseaux s’en donnent à cœur joie dans le prunier. Au fur et à mesure de l’écoute de ce disque des mots me viennent à l’esprit, comme des bulles que je laisse remonter à la surface sans chercher à en rendre raison. Juste les accueillir. Il me vient donc à l’esprit « exercices de style ». Je pense immédiatement en effet à l’ouvrage de Raymond Queneau, pour lequel j’ai une très grande admiration. Une idée, originelle et originale, et, à partir de là, un jeu indéfini de variantes ou de variations, tant sur la forme que sur le thème. La plaquette de présentation parle de « 1 mesure de jungle, 2 larmes de fado de Lisbonne, 1 pincée de Forro de Sao Paulo, 1 soupçon de musette-électro, 1 bonne dose de jazz latin-jazz-électro, 2 dés de bossa Nova, tango électro, 2 brins de Valse, Boléro électro, 3 gouttes de Latin Funk, Latin-Celtic et Latin-Reggae »… sans oublier Chopin ! Ces quelques lignes donnent une idée assez juste de ce que ce disque donne à entendre, mais pour ma part je suis surtout sensible, au-delà de ces influences multiples (le texte se revendique de la notion de melting pot), au son du Victoria de Toucas, comme un fil rouge. Plus j’écoute les différents morceaux, plus je suis fasciné par ce jeu de tissage entre ce fil rouge, cet élément de permanence et d’unité, et les différentes variantes ou variations qui se succèdent, chaque fois surprenantes. A la réflexion, je rattache cette fascination à l’articulation, conceptualisée par Barthes, entre « studium » et « punctum », pour rendre compte du plaisir esthétique. La dimension « studium » est dans la description informative, technique et stylistique de chaque morceau, la dimension « punctum » est dans la façon dont le son du Victoria et le jeu de Toucas me touchent. Chemin faisant, en écoutant les morceaux se succéder tout en parcourant leur descriptif systématique, c’est la notion de « miniature » qui me vient à l’esprit. Non pas miniature au sens d’objet de petite taille, mais au sens d’objet travaillé et peaufiné dans le moindre détail avec un souci de maitrise extrême. Jean Pacalet désigne ainsi les pièces de son album « 7x7 » et je trouve que cela convient bien aux morceaux, en l’occurrence mieux nommés pièces, comme dans un puzzle, qui constituent ce cd.

Curieusement, cette représentation des différents morceaux comme les pièces du puzzle « Accordion Project » modifie mon écoute initiale et je sens bien, en entamant, une nouvelle écoute que mon attention s’est déplacée. Comme si j’avais changé de focale, pour utiliser ici un langage photographique.