mardi, juin 12, 2007

mercredi 13 juin

Hier, alors que je regardais assez distraitement la télévision, j’ai appris une chose qui n’a rien d’essentiel, mais qui cependant m’a intéressé. Un journaliste gastronomique expliquait à son interviewer qu’il était chroniqueur gastronomique et en aucune façon critique gastronomique. Il faisait remarquer que les journalistes, spécialistes de gastronomie, se différencient nettement entre les critiques et les chroniqueurs. La critique, disait-il en substance, est un examen en vue de porter un jugement d’appréciation, un jugement de goût ou si l’on veut esthétique, ce jugement pouvant être laudatif ou défavorable. La chronique, en revanche et toujours selon ce journaliste, est une rubrique régulière qui ne fait état que de jugements favorables. En gros, lire une chronique gastronomique, c’est toujours s’attendre à trouver de bonnes raisons d’aller manger dans le restaurant cité, alors que la critique peut avoir pour fin de détourner d’une table décevante ou indigne de sa réputation. Ce même journaliste ajoutait qu’il ne voyait pas l’intérêt d’écrire des critiques. Ce qui m’a déçu, disait-il à peu près, je m’empresse de l’oublier pour ne parler que de ce qui m’a fait plaisir et que je souhaite partager.

J’avoue que je ne connaissais pas ce sens du mot chronique, qui pour moi signifiait un recueil de faits rapportés suivant leur chronologie ou une suite d’articles réguliers sur quelques sujets bien définis ou, à la rigueur, un ensemble de faits historiques, comme dans les expressions « chronique scandaleuse » ou « défrayer la chronique ». Il faut donc que j'ajoute à mon vocabulaire le mot « chronique » au sens de « suite d’articles réguliers sur un sujet ou un thème donné ayant pour visée de mettre systématiquement en évidence le bon côté des choses ». Définition et attitude éminemment sympathique !

Du coup, je me rends compte que le projet fondamental de ce blog, jour après jour, est bien de l’ordre de la chronique. Je n’ai jamais vu l’intérêt en effet de faire état de mes déceptions ou de déconseiller l’achat et l’écoute de tel ou tel disque. De toute façon, je n’aurai jamais assez de temps pour dire tout le bien que je pense de ce que j’apprécie, dés lors quel serait l’intérêt de perdre de ce temps précieux pour jouer au gardien du temple ou au chien de garde ? Seul le partage des plaisirs me parait valoir la peine d’entreprendre une telle entreprise.
Ce blog est donc une chronique.

Mais, cette précision sémantique m’éclaire sur un point qui m’intriguait dans la revue « Accordéon & accordéonistes », à savoir que ce qui m’apparaissait comme des pages de critiques de disques portait le nom de « chroniques ». Tout s’éclaire. Dénommer ces pages « chroniques », c’est signifier que l’on n’y trouvera recensés que des disques jugés dignes d’éloges. Une manière de dire, « faites-nous confiance ! Vous ne regretterez pas de suivre nos enthousiasmes ! ». Une manière aussi de soutenir les créateurs et interprètes. En cela, la revue, et c’est fort sympathique, se démarque de l’attitude critique, pisse-froid, largement répandue dans le monde des lettres ou du cinéma, même si parfois, je l'avoue, la dithyrambe me parait excessive.

Bien sûr, cette distinction entre critique et chronique peut apparaître comme de peu d’importance, mais pourtant cela me réjouit d’avoir appris quelque chose, d’avoir amélioré mon vocabulaire et d’avoir pu décrypter le sens de cette rubrique « chroniques » dans la revue « Accordéon & accordéonistes ». J’ai plaisir à penser en effet que la chronique est une attitude épicurienne !