vendredi, juin 08, 2007

vendredi 8 juin

Saint-John-Perse a intitulé un de ses recueils de poèmes « Amers », au sens de repères fixes par rapport auxquels on peut orienter une navigation. Je viens de classer mes cds d’accordéon par ordre alphabétique et à l’instant où j’ai terminé ce rangement commode, mais qui les place tous sur un même plan, je me demande quels sont pour moi les amers par rapport auxquels je construis mon parcours d’écoute et qui balisent la culture que j’essaie de me donner.

Il y aurait d’abord, deux pôles opposés : d’une part, Aimable, le petit vin blanc, l’accordéon paillettes et Email Diamant, la fiesta, les danses populaires. Limite audible. D’autre part, Pascal Contet, l’accordéon expérimental, l’improvisation contrôlée. L’accordéon comme forme d’art conceptuel. Limite audible.

Et puis il y aurait Jean Pacalet, l’accordéon de concert contemporain, une musique strictement écrite, chargée de culture. L’instrument, unique, est inséparable du compositeur. Il y aurait aussi Bruno Maurice, l’accordéon de concert classique, les transpositions. Encore une musique strictement écrite. La partition est au cœur du concert. Une musique de haute tradition. L’instrument, unique, est inséparable de l’interprète.

Enfin, évidemment Richard Galliano. Maîtrise technique, créativité, énergie et métissage. Une sorte de référence absolue. Le même sous l’infinie multiplicité de ses expériences et l’infinie variété de ses compagnonnages. L’instrument, pour lui aussi, est inséparable de son art. Si l’on ne peut l’assimiler à une personne, on peut cependant dire qu’il a une vraie personnalité. Comme Aimable, Richard Galliano joue de l’accordéon debout… mais, à part ça, quoi de commun entre les deux ?