samedi, juin 09, 2007

samedi 9 juin

Ayant fini de ranger mes cds par ordre alphabétique, je constate qu’ils sont retombés dans une sorte d’anonymat. Serrés les uns contre les autres, ils ne présentent qu’une face minimale, la tranche sur laquelle on peut lire leur nom. J’ai déjà envie de mettre en œuvre quelque comparaison et de mettre un peu de désordre dans ce classement sans saveur comme tout ce qui est trop rationnel et systématique.

Mais auparavant, si je devais ne retenir qu’un seul album ou même seulement quelques titres d’un album, quel est celui que je choisirais spontanément, par réflexe, si je puis dire ? Sans aucune hésitation, un disque que je considère comme l’un des plus beaux qui soient :

- « IF », Enja Records, 2002.

Tous les titres sont des compositions de Myriam Alter. Dino Saluzzi est au bandonéon, John Ruocco à la clarinette, Kenny Werner au piano, Greg Cohen à la contrebasse et Joey Baron à la batterie.

Ce disque est admirable, qu’il s’agisse des compositions en tant que telles, du jeu de Saluzzi, beaucoup plus délié et dynamique que dans la plupart de ses autres interprétations, souvent retenues et comme contraintes, ou encore du travail de tissage opéré par les différents instruments.

Je me rappelle avoir entendu ce disque fortuitement dans la boutique Harmonia Mundi de Toulouse, alors que je cherchais un disque d’accordéon. Quand je l’ai entendu, c’est comme si le temps s’était arrêté, comme si la succession des instants présents se réduisaient à cette seule musique, comme si rien d’autre ne pouvait exister. Depuis, j’ai écouté ce disque maintes et maintes fois ; c’est chaque fois le même enchantement : un équilibre tellement fragile et tellement solide, comme un fil d’araignée dans le vent.

On peut vivre certes sans avoir jamais écouté ce disque et je trouve un peu ridicules ces gens qui vous expliquent, injonction à l’appui, que telle ou telle œuvre est indispensable, mais en l’occurrence je suis persuadé que l’on est plus heureux si l’on a eu cette chance.