lundi 9 juillet
… reçu très récemment un courriel de Jacques Pellarin, dont j’ai dit à plusieurs reprises à quel point j’apprécie son jeu et ses compositions. Il est question dans ce courriel de son nouveau trio - accordéon, saxophones, percussions -, qui sera opérationnel à la rentrée et, à cette occasion, de ses "compositions personnelles métissées et colorées".
Cette notion de métissage est une vraie référence aujourd’hui pour beaucoup de musiciens et il vaut la peine, me semble-t-il, de s’attarder un peu sur sa signification. On sait à quel point Michel Serres a approfondi la réflexion sur cette notion. Il ne serait pas inutile de s’y référer, mais pour l’heure je me contenterai de laisser libre cours aux associations d’idées qu’elle me suggère.
J’observe que dans le mot métissage, il y a métis, bien sûr, mais aussi tissage et encore sage. Je m’en tiendrai là pour aujourd’hui.
- métis, dit le dictionnaire, désigne ce qui est mélangé ; qui est fait moitié d’une chose, moitié d’une autre. En fait, je préfère l’idée de mélange à l’idée d’être composé de deux moitiés. Pour moi, justement, est métis ce qui est fait d’un mélange tel qu’on ne peut plus l’analyser et en dissocier les parties. Est métis ce qui noue inextricablement entre elles les origines d’un existant, au point de les rendre indissociables. Est métis ce qui résiste à l’analyse. J’aime bien aussi cette idée que ce qui est métis, c’est ce qui procède d’un mélange et qui donc ipso facto n’est pas pur. Métis, mélange, non pur, complexe, voire contradictoire. Tout cela se tient.
- tissage, c’est le résultat d’un croisement de fils qui disparaissent en tant que tels pour donner existence à un objet unique et potentiellement infiniment divers suivant la manière même dont le tissage est composé. Un nombre limité d’éléments, une infinité de réalisations possibles en fonction du tour de main de l’exécutant.
- sage ! Notion importante. Il y a aujourd’hui des métissages sages, qui ne dérangent personne, lisses, sans aspérités, sans surprises. Une sorte de musique mondiale, voire mondialisée, qui peut passer sur toutes les ondes sans susciter le moindre étonnement. Mais il y a aussi des métissages qui dérangent, je dirais qui détonnent. Ceux-là seuls sont révolutionnaires, en ce sens qu’ils font émerger du nouveau radical. Quelque chose, à proprement parler, d’inouï.
- dernier mot : sans avoir fait d’enquête, j’ai l’impression que souvent le mot métissage habille des compilations, c’est-à-dire de simples juxtapositions de morceaux d’origines ou d’influences géographiques et culturelles diverses, parfois disparates et hétéroclites. Les vrais métissages, les mélanges jusqu’alors inouïs, me paraissent rares : je pense par exemple au projet de Hughes de Courson décliné dans « Mozart l’Egyptien 1 & 2», « Lambarena », « O’Stravaganza », « Lux obscura ». Dans le domaine de l’accordéon, je pense à « Luz Negra » (Tangaria Quartet) de Galliano ou encore à « Ruby, My Dear » (New York Trio) du même, avec respectivement comme titres emblématiques la « Gnossienne n°3 » et la « Gnossienne n°1 » dans ces deux albums. Et, puisque c’est un courriel de Jacques Pellarin qui a déclenché cette petite réflexion, il est un de ses titres qui pour moi illustre bien la notion de métissage. Il s’agit de « Milong-Jazz », titre 8 de « Sous d’autres jazzitudes ».
Cette notion de métissage est une vraie référence aujourd’hui pour beaucoup de musiciens et il vaut la peine, me semble-t-il, de s’attarder un peu sur sa signification. On sait à quel point Michel Serres a approfondi la réflexion sur cette notion. Il ne serait pas inutile de s’y référer, mais pour l’heure je me contenterai de laisser libre cours aux associations d’idées qu’elle me suggère.
J’observe que dans le mot métissage, il y a métis, bien sûr, mais aussi tissage et encore sage. Je m’en tiendrai là pour aujourd’hui.
- métis, dit le dictionnaire, désigne ce qui est mélangé ; qui est fait moitié d’une chose, moitié d’une autre. En fait, je préfère l’idée de mélange à l’idée d’être composé de deux moitiés. Pour moi, justement, est métis ce qui est fait d’un mélange tel qu’on ne peut plus l’analyser et en dissocier les parties. Est métis ce qui noue inextricablement entre elles les origines d’un existant, au point de les rendre indissociables. Est métis ce qui résiste à l’analyse. J’aime bien aussi cette idée que ce qui est métis, c’est ce qui procède d’un mélange et qui donc ipso facto n’est pas pur. Métis, mélange, non pur, complexe, voire contradictoire. Tout cela se tient.
- tissage, c’est le résultat d’un croisement de fils qui disparaissent en tant que tels pour donner existence à un objet unique et potentiellement infiniment divers suivant la manière même dont le tissage est composé. Un nombre limité d’éléments, une infinité de réalisations possibles en fonction du tour de main de l’exécutant.
- sage ! Notion importante. Il y a aujourd’hui des métissages sages, qui ne dérangent personne, lisses, sans aspérités, sans surprises. Une sorte de musique mondiale, voire mondialisée, qui peut passer sur toutes les ondes sans susciter le moindre étonnement. Mais il y a aussi des métissages qui dérangent, je dirais qui détonnent. Ceux-là seuls sont révolutionnaires, en ce sens qu’ils font émerger du nouveau radical. Quelque chose, à proprement parler, d’inouï.
- dernier mot : sans avoir fait d’enquête, j’ai l’impression que souvent le mot métissage habille des compilations, c’est-à-dire de simples juxtapositions de morceaux d’origines ou d’influences géographiques et culturelles diverses, parfois disparates et hétéroclites. Les vrais métissages, les mélanges jusqu’alors inouïs, me paraissent rares : je pense par exemple au projet de Hughes de Courson décliné dans « Mozart l’Egyptien 1 & 2», « Lambarena », « O’Stravaganza », « Lux obscura ». Dans le domaine de l’accordéon, je pense à « Luz Negra » (Tangaria Quartet) de Galliano ou encore à « Ruby, My Dear » (New York Trio) du même, avec respectivement comme titres emblématiques la « Gnossienne n°3 » et la « Gnossienne n°1 » dans ces deux albums. Et, puisque c’est un courriel de Jacques Pellarin qui a déclenché cette petite réflexion, il est un de ses titres qui pour moi illustre bien la notion de métissage. Il s’agit de « Milong-Jazz », titre 8 de « Sous d’autres jazzitudes ».
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