mardi, août 21, 2007

mardi 21 août

Mon épicier est un type étonnant. Dans une page précédente j’avais raconté comment pendant plusieurs semaines il avait fait la promotion d’une vente de fraises à moitié prix. Moitié de quoi ? Peu importe ! Ce qui compte, c’est l’effet produit : moitié prix. Et dire qu’on aurait pu payer le double de cette moitié ! Son annonce informait ses clients que cette promotion s’appliquerait le samedi suivant. Suivant quel jour ? Quelle date ? Justement, toute l’astuce est dans l’absence de précision. C’est imparable ! Tout samedi a un samedi suivant, celui de la prochaine semaine. Et ainsi passent les jours, sonnent les heures… sans que le client ne voit rien venir. Si je lui demande des explications, il me dit qu’il est désolé mais que ses fournisseurs sont décidément des gens sans foi, ni loi, qui refusent obstinément de lui vendre à perte. Voilà pourquoi il ne peut, à son corps défendant, réaliser la promotion qu’il annonce en toute bonne foi. Mais là où je le trouve gonflé, c’est lorsqu’il annonce en plus de sa promotion que le port sera gratuit. Livraison gratuite à domicile ! Oui, mais objecté-je s’il n’y a pas de fraises comment proposer une livraison gratuite ? Décidément, je ne comprends rien au commerce d’aujourd’hui. Me regardant à la fois désolé et apitoyé, il me dit : "C’est ça le commerce virtuel ! C’est ça l’avenir". De toute façon, la saison des fraises est finie et celles qui seraient importées à grands frais de l’autre bout du monde, qui voudrait en manger tant leur saveur est fade et leur texture flasque…
Mon épicier connaît sans doute bien les stratégies d’Alapage. Promotion sur la sortie du disque de Tangaria, live in Marciac. Des semaines de promotion. Le temps des commandes venues, changement de registre : les fournisseurs ne fournissent plus. A chaque demande d’explication, j’ai affaire à des correspondants désolés du retard… mais incapables de m’en donner les raisons et non moins incapables de me mettre en contact avec un responsable, même un tout petit responsable. Le temps passe, mais l’offre persiste et signe : en commande sous trois jours environ… Humour du commerce virtuel ! Bien plus, un jour apparaît une nouvelle offre : port gratuit, alors même que l’on m’explique que ma commande ne pourra être honorée. Rupture de stock chez les fournisseurs.
Ce matin enfin, Alapage m’annonce l’annulation de ma commande. Les mots sont choisis avec délicatesse et courtoisie. C’est un plaisir de recevoir une telle lettre ! Mon épicier a tout compris ; il est petit, mais il deviendra grand : le commerce virtuel, c’est ça !

Du coup, je suis allé acheter le disque de Tangaria, live in Marciac : 17,99 euros au lieu des 13,45 d’Alapage. La différence ? J’écoute actuellement le disque sur mon lecteur et avec mes oreilles. Ce n’est ni une étiquettette sur un écran, ni une simple possibilité, ni une virtualité… et ça change tout, même si le désir y perd en trouvant sa réalisation. Merci Alapage d’entretenir le désir pendant six semaines ; merci Monsieur Leclerc de me permettre de le réaliser.

Un dernier mot cependant pour dire que sur ce coup Alapage m’est apparu sous un aspect particulièrement minable. Absence de coordination, de cohérence, de contrôle, de feed-back… que sais-je ? Une grosse machinerie anonyme de qualité fort médiocre.