dimanche 15 juin - espace / temps (suite)
Après avoir pris connaissance de mon blog de mercredi, Françoise m’a fait quelques commentaires qui m’ont ouvert de nouvelles pistes de réflexion :
- d’abord, la différence radicale entre l’audition d’un morceau directement sur cd et l’audition de ce même morceau après l’avoir entendu en concert. Dans ce second cas en effet, Françoise m’explique qu’elle se représente la « source » musicale et surtout la « composition » au sens de disposition relative des différents musiciens. C’est comme si le concert permettait de se représenter comment se construit la musique, par opposition à l’écoute exclusivement par l’intermédiaire d’un cd, écoute que l’on pourrait qualifier d’abstraite par opposition à l’autre situation que l’on pourrait qualifier de concrète.
- ensuite, elle m’explique, à propos de la partition écrite, qui est en fait de la musique dans un espace conventionnel et codé, qu’elle a toujours eu ce « vieux rêve » d’entendre de la musique directement « dans sa tête », sans passer par la médiation d’un instrument. Comme un court-circuit entre l’écrit et la conscience sonore. Je pense à l’analogie avec la lecture verbale où le sens est construit ou peut être construit directement en parcourant les mots du regard sans avoir la nécessité de les oraliser pour accéder au message. Sauf que la musique, c’est du son, pas du sens. Ou, si c’est du sens, de la signification, on n’est pas dans le même registre sémantique que dans le verbal. Le rapport du signe au sens n’est pas le même dans l’un et l’autre cas. En tout cas, il faudra creuser la question. Pour l’instant, je m’interroge : dans le cas d’un message verbal, on peut passer immédiatement de l’espace page et de ses signes au sens, qu’en est-il dans le cas de la lecture d’une partition et des signes qu’elle contient dans son espace pour celui qui sait lire la musique ?
- enfin, autre question dérivée, qui préoccupe Françoise depuis qu’un jour Philippe de Ezcurra a parlé de musique écrite devant nous. Que signifie cette expression de « musique écrite » ? Ecrite, donc stable, permanente, oui, mais pas intangible si j’en juge par le rôle de l’interprétation. Je pense à cette idée que j’avais rencontrée un jour chez un musicien de jazz, je crois. Il disait que la différence entre un musicien classique et un musicien de jazz, c’est que le premier se demande sans cesse comment il va jouer telle note, alors que le second se demande quelle note il va jouer. Piste à explorer.
- d’autre part, j’ai reçu de Sylvie Jamet un courriel relatif à ma page blog de mercredi. Courriel d’autant plus intéressant que justement Sylvie pratique la musique et sait la lire : « ai lu avec beaucoup de plaisir ton article musique /espace / temps /éloignement / présence... très bien vu. Vu de l'intérieur de la musique, j'ai bien les mêmes sensations quasi schizophrènes; Visualisation de la musique graphiquement devant soi, dans le volume de la pièce, et dans le monde imaginaire qu'on se construit à l'écoute (parce que même en tant qu'émetteur, on reste principalement un récepteur réceptacle) qui est autre et peut donner l'impression de fugacité comme le plus profond sentiment d'éternité, dans la contemplation ou le bien être ou dans l'énergie ou dans la folie la plus pure ! ». J’aime beaucoup ces quelques lignes car elles se situent sur le double registre de l’analyse (bien fondée) et de l’intuition, et il me semble que c’est bien en tenant les deux pôles de ce double registre que l’on peut et que l’on doit réfléchir à cette question des rapports entre musique, espace et temps. L’analyse seule en effet manque de densité expérientielle, mais l’intuition seule, a contrario, risque de se diluer en simple subjectivité.
- d’abord, la différence radicale entre l’audition d’un morceau directement sur cd et l’audition de ce même morceau après l’avoir entendu en concert. Dans ce second cas en effet, Françoise m’explique qu’elle se représente la « source » musicale et surtout la « composition » au sens de disposition relative des différents musiciens. C’est comme si le concert permettait de se représenter comment se construit la musique, par opposition à l’écoute exclusivement par l’intermédiaire d’un cd, écoute que l’on pourrait qualifier d’abstraite par opposition à l’autre situation que l’on pourrait qualifier de concrète.
- ensuite, elle m’explique, à propos de la partition écrite, qui est en fait de la musique dans un espace conventionnel et codé, qu’elle a toujours eu ce « vieux rêve » d’entendre de la musique directement « dans sa tête », sans passer par la médiation d’un instrument. Comme un court-circuit entre l’écrit et la conscience sonore. Je pense à l’analogie avec la lecture verbale où le sens est construit ou peut être construit directement en parcourant les mots du regard sans avoir la nécessité de les oraliser pour accéder au message. Sauf que la musique, c’est du son, pas du sens. Ou, si c’est du sens, de la signification, on n’est pas dans le même registre sémantique que dans le verbal. Le rapport du signe au sens n’est pas le même dans l’un et l’autre cas. En tout cas, il faudra creuser la question. Pour l’instant, je m’interroge : dans le cas d’un message verbal, on peut passer immédiatement de l’espace page et de ses signes au sens, qu’en est-il dans le cas de la lecture d’une partition et des signes qu’elle contient dans son espace pour celui qui sait lire la musique ?
- enfin, autre question dérivée, qui préoccupe Françoise depuis qu’un jour Philippe de Ezcurra a parlé de musique écrite devant nous. Que signifie cette expression de « musique écrite » ? Ecrite, donc stable, permanente, oui, mais pas intangible si j’en juge par le rôle de l’interprétation. Je pense à cette idée que j’avais rencontrée un jour chez un musicien de jazz, je crois. Il disait que la différence entre un musicien classique et un musicien de jazz, c’est que le premier se demande sans cesse comment il va jouer telle note, alors que le second se demande quelle note il va jouer. Piste à explorer.
- d’autre part, j’ai reçu de Sylvie Jamet un courriel relatif à ma page blog de mercredi. Courriel d’autant plus intéressant que justement Sylvie pratique la musique et sait la lire : « ai lu avec beaucoup de plaisir ton article musique /espace / temps /éloignement / présence... très bien vu. Vu de l'intérieur de la musique, j'ai bien les mêmes sensations quasi schizophrènes; Visualisation de la musique graphiquement devant soi, dans le volume de la pièce, et dans le monde imaginaire qu'on se construit à l'écoute (parce que même en tant qu'émetteur, on reste principalement un récepteur réceptacle) qui est autre et peut donner l'impression de fugacité comme le plus profond sentiment d'éternité, dans la contemplation ou le bien être ou dans l'énergie ou dans la folie la plus pure ! ». J’aime beaucoup ces quelques lignes car elles se situent sur le double registre de l’analyse (bien fondée) et de l’intuition, et il me semble que c’est bien en tenant les deux pôles de ce double registre que l’on peut et que l’on doit réfléchir à cette question des rapports entre musique, espace et temps. L’analyse seule en effet manque de densité expérientielle, mais l’intuition seule, a contrario, risque de se diluer en simple subjectivité.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home