vendredi, avril 07, 2006

lundi 10 avril

- « Marc Perrone / Son éphémère passion », Rue bleue, 2004.

Ce disque, avec « Voyages », est l’un de mes préférés. Même si l’on y trouve moins de titres que dans le précédent, il y en a encore beaucoup : vingt-et-un. C’est comme si un trop-plein de vitalité devait se manifester. A moins qu’il ne s’agisse d’une autre urgence, liée aux fragilités de la santé. Quand on sait que les trois lettres du titre : S.E.P. ont été choisies pour évoquer Sclérose En Plaque, on comprend ce que signifie le mot « humour », à quel point il est l’expression d’une véritable philosophie, d’une attitude profondément existentielle. Bien plus, c’est toute une expérience de la vie et la conception de l’existence, qui en découle, qui s’expriment dans ce trait d’humour. Le choix de ce titre est à lui seul une leçon de vie, la manifestation d'une sagesse.

Mais ce titre est beau aussi parce qu’il évoque le paradoxe des mélodies et des chansons, qui à la fois ne vivent que le temps de leur interprétation et qui vivent aussi de manière latente dans nos mémoires comme des traces indélébiles. Quelque chose d’éphémère qui vit éternellement, comme une ombre, qui apparaît et disparaît, insaisissable, mais finalement est toujours là. C’est ainsi qu’ayant écouté les différents titres de ce disque, il m’est quasi impossible de les effacer de mon esprit. Comme on dit, volens nolens ça tourne dans ma tête. Je pense tout particulièrement à :

- L’échappée belle
- Son éphémère passion
- La valse d’Ania
- La valse d’Hellemes
- Les prolos
- La marche de Victor Baton


Le livret se termine par ces mots : « Repartir comme on est venu, mais dans l’autre sens, dans une autre humeur, c’est toujours la même chose mais pas pareil ». Encore la dialectique du même et de l’autre. Il y a les apparences et, sous les apparences, d’autres apparences. Ce sont encore des apparences, mais ce ne sont pas les mêmes.

Enfin… les compagnons : Marie-Odile Chantran, Jacques Di Donato, Paco El Lobo, Jean-Luc Bernard, Bernard Lubat, Arthur H, André Minvielle, Michel Peyratout. Des anciens et des nouveaux. Toujours la famille cooptée.

Un dernier mot pour la couverture : couleurs et graphismes minimalistes. Superbe ! Couverture du livret : magnifique. Economie de moyens. Tout est dit, le diatonique, la moustache, la posture. Au dos de la couverture, une photographie : le diatonique, la moustache, le sourire. Autre manière de dire qui est Marc Perrone. Trois images pour un portrait.

... mais, en fin de compte, il reste une chose qui m'étonne. Pour chaque disque, Marc Perrone indique scrupuleusement les accordéons diatoniques Castagnari qu'il a utilisés. Il en donne les caractéristiques techniques, mais pas les noms, hormis peut-être Mignon et un ou deux autres, alors que je suis persuadé que chacun de ses instruments a son identité et sa personnalité, et donc son nom propre.